Il y a 40 ans déjà :
Le Front Homosexuel d'Action
Révolutionnaire !
Adresse à ceux qui se croient
“normaux“
Vous ne vous sentez pas oppresseurs. Vous
baisez
comme tout le monde, ça n’est pas votre
faute s’il y a des
malades ou des criminels. Vous n’y pouvez
rien, dites-vous,
si vous êtes tolérants. Votre société
-car si vous
baisez comme tout le monde, c’est bien la
vôtre- nous a
traité comme un fléau social pour l’Etat,
l’objet de mépris
pour les hommes véritables, sujet
d’effroi pour les mères
de famille. Les mêmes mots qui servent à
nous désigner
sont vos pires insultes.
Avez-vous jamais pensé à ce que nous
ressentons, quand
vous mettez à la suite ces mots « salaud,
ordure, tapette,
pédé » ? Quand vous dites à une fille : «
sale gouine » ?
Vous protégez vos filles et vos fils de
notre présence
comme si nous étions des
pestiférés.
Vous êtes individuellement responsable de
l’ignoble
mutilation que vous nous avez fait subir
en nous
reprochant notre désir.
Vous qui voulez la révolution, vous avez
voulu nous
imposer votre répression. Vous combattiez
pour les noirs
et vous traitiez les flics d’enculés,
comme s’il n’existait
pas de pire injure.
Vous, adorateurs du prolétariat, avez
encouragé de toutes
vos forces le maintien de l’image virile
de l’ouvrier, vous
avez dit que la révolution serait le fait
d’un prolétariat
mâle et bourru, à grosse voix, baraqué et
roulant des
épaules.
Savez-vous ce que c’est, pour un jeune
ouvrier, que d’être
homosexuel en cachette? Savez-vous, vous
qui croyez à
la vertu formatrice de l’usine, ce que
subit celui que ses
copains d’atelier traitent de pédale
?
Nous le savons, nous, parce que nous nous
connaissons
entre nous, parce que nous seuls, nous
pouvons le savoir.
Nous sommes avec les femmes le tapis
moral sur lequel
vous essuyez votre conscience.
Nous disons ici que nous en avons assez,
que vous
ne nous casserez plus la gueule, parce
que nous nous
défendrons, que nous pourchasserons votre
racisme
contre nous jusque dans le
langage.
Nous disons plus: nous ne nous
contenterons pas de nous
défendre nous allons attaquer.
Nous ne sommes pas contre les « normaux
», mais contre
la société « normale ». Vous demandez : «
Que pouvonsnous
faire pour vous? » Vous ne pouvez rien
faire pour
nous tant que vous resterez chacun le
représentant de la
société normale, tant que vous vous
refuserez à voir tous
les désirs secrets que vous avez
refoulés.
Vous ne pouvez rien pour nous tant que
vous ne faites
rien pour vous-mêmes.
Avril 1971
« 1er étudiant : Et si je veux être
amoureux de toi ?
5ème étudiant : A ta guise. Je te le
permets et je te porte
sur mes épaules au milieu des
rochers.
1er étudiant : Et nous détruirons
tout.
5ème étudiant : Les foyers et les
familles. »
Federico Garcia Lorca.
TIRE DE:http://lecridudodo.blogspot.fr/