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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 10:37

Dans la presse vous entendrez beaucoup parler des trois gendarmes blessés mais, peu des personnes subissants les violences physiques et psychologiques de cette opération militaire.

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En tant qu’équipe medic on voulait transmettre ce que l’on a vu aujourd’hui. Alors qu’hier on celebrait la libération du carrefour de la Saulce deux jours plus tôt par un pique-nique festif sans autres blessures que des coups de soleil, ce matin les gendarmes sont revenus en nombre reprendre le carrefour, réinstaurer leur occupation militaire. Dans ce cadre-là, on a vu de nombreux tirs tendus de flashball et grenades assourdissantes a courte distance, qui ont infligé de nombreuses blessures dont certaines pris en charge par l’équipe médic :

• impacts par flashball :

→ œdèmes et hématomes :
- trois personnes dans les jambes
- une personne dans le bras
- une personne dans les épaules
- trois personnes dans le thorax
- une personne dans le dos

→ un impact dans la tête entrainant une plaie ouverte du crâne nécessitant cinq points de suture

→ un impact dans le visage provocant un arrachement important de l’arcade et un enfoncement des sinus accompagné par une hémoragie importante nécéssitant une prise en charge par les pompiers

• impacts par des grenades assourdissantes :

→ plaies, brulures et corps étrangers faits par les éclats de grenade :
- trois personnes dans les jambes
- une personne dans une fesse

→ blaste :
- multiples personnes choquées (désorientations, acouphènes)
- une personne plus gravement atteinte malgré la présence d’une palette la protégant des impacts des éclats

• des nombreuses intoxicationes liées à l’emploi massif de gaz lacrymogène et poivré

Les pompiers ayant evacué la personne ont eté bloqué par les gendarmes qui leur ont refusé l’accès et ne les ont laissé passer qu’après l’insistance d’occupants présents. Ils ont de nouveau empêché leur départ afin de contrôler la personne blessée, retardant en tout plus de vingt minutes la pris en charge des secours.

Une occupation militaire ne s’installe jamais sans violence. Cette liste non-exhaustive ne voudrait pas oublier toute la violence psychologique d’un tel déployement policier ainsi que celles subies au quotidien dues à leur présence permanente et leurs agissements.

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Zone à défendre, 15 avril 2013

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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 10:33

L’annonce du camp de Bricquebec contre le départ de Mox pour le Japon était donc un poisson d’avril.

Quoi de mieux que cette réunion de Nucléopolis le jeudi 28 mars aux Pieux pour lâcher quelques tracts et voir le poil de nucléocrates répugnants se dresser. Faire planer le spectre de ce camp à Bricquebec pour stopper le convoi de MOX, pouvait, on l’espèrait, les dissuader de mener leur sinistre besogne à son terme. Rappelons que, il y a deux ans, ce transport de MOX vers le Japon avait été annulé pour cause de catastrophe en cours à Fukushima. Areva n’étant pas à une marque de cynisme près, il n’aura fallu que quelques mois pour qu’elle s’autorise à reprendre son trafic mortifère. Pourtant, la totalité des centrales fonctionnant au MOX sont à l’arrêt au Japon et la majorité de la population japonaise refuse la relance du nucléaire. De plus, le MOX d’AREVA stocké dans les piscines en lambeau des réacteurs de Fukushima menace chaque jour ce pays d’une extinction et même le gouvernement japonais, pourtant lui non plus pas dénué de cynisme, refuse dans ce contexte de recevoir ce cadeau empoisonné.

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En tout cas, une chose est sûre, les médias étaient bien contents d’avoir une info croustillante à se mettre sous la dent. Et hop, revoilà les « antinucléaires musclés de Stop Castor » prêts à dégainer leurs cagoules pour faire fuir le combustible irradié. Et ça va duOuest-torchon au Figaro, en passant par le Nouvel Obs : « ils sont déjà 50 sur place » diront certains. Les voilà tous qui reprennent la même info, mettent le lien vers le site et, on l’imagine, rêvent déjà de sensationnelles images des « indignés du nucléaire » qui n’ont rien contre cette industrie mais « veulent en découdre avec les forces de l’ordre et veulent s’attaquer à l’ordre établi », dixit la sous-préfette de la Manche lors du camp de Montabot en juin 2012.

Et bien les charognards du spectacle se retrouveront le bec dans l’eau, et c’est non sans plaisir que nous voulons maintenant leur clouer le bec. Au moins, ils auront été contraints d’évoquer l’existence de ce transport qui serait sinon, resté beaucoup plus confidentiel. De cette initiative, nous pouvons nous enorgueillir d’avoir tiré les leçons du « spectacle de Valognes-2011 ». Les médias, eux, auront continué leur train-train quotidien du traitement sensationnel de l’actualité. Aucune recherche n’aura ainsi été menée pour savoir ce qu’il en retournait de ce projet de camp à Bricquebec. Il est clair pour nous que ce n’est pas un quelconque coup d’éclat devant les caméras qui permettra d’interrompre ce commerce de matière radioactive.

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Une cargaison de MOX sous escorte rejoignant le port de Cherbourg avant un embarquement pour le Japon, le 4 mars 2009

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Ainsi, nous ne viendrons pas et nous ne ferons pas de camp à Bricquebec. Nous en avons soupé des rendez-vous donnés aux flics pour venir se jeter dans la gueule du loup. Nous savions pertinemment qu’un blocage réel du convoi allait devoir faire face à un déploiement policier et militaire encore plus conséquent qu’à Valognes en novembre 2011. Ne serait-ce que du fait qu’il s’agit d’un transport de plutonium, élément radioactif le plus dangereux et pouvant servir à l’élaboration de bombes. Nous savions donc que la répression face à une réelle intention de blocage ne pouvait qu’être désastreuse pour les militant-e-s. Rappelez-vous les dizaines de blessé-e-s, dont plusieurs gravement, du côté des militant-e-s anti-THT lors de l’action du 24 juin 2012 à Montabot.

Les succès et les échecs relatifs du renouveau de la lutte antinucléaire depuis deux ans ont créé une force et une expérience collective sur ce qui nous semble stratégiquement pertinent ou non d’organiser. Nous ne serons pas là où vous nous attendez. Les cibles sont nombreuses car l’industrie nucléaire possède quelques talons d’Achille : que ce soit ces transports, de MOX ou de toute autre matière radioactive, ou concernant la distribution de l’énergie et les pylônes.

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Des assemblages de Mox entreposés dans le bateau Pacific Heron lors d’un transport en mars 2009.

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Vérification d’un convoi de MOX arrivé dans le port de Omaezaki en mars 2009.

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Arrivée de MOX en octobre 1999 à la centrale de Takahama.

Nous avons conscience qu’il est délicat de s’autoriser ce type de canular qui peut prêter à sourire alors que ce transport de MOX vers le Japon concerne l’avenir d’une population entière déjà condamnée à vivre en milieu contaminé et à compter les becquerels.

Mais, nous espérons que les militant-e-s antinucléaires comprendront qu’il n’était pas inutile de faire frémir M. Adolphe Colrat, préfet de la Manche, et sa clique de gendarmes. Il n’est pas interdit d’imaginer qu’ailleurs qu’à Bricquebec, le train-train quotidien du nucléaire sera perturbé. Notre détermination reste intacte.

Solidarité avec les anti-nucléaires japonais !

Le collectif Brique-Bec stop MOX, 15 avril 2013 – 22h29

 

Convoi de MOX: enquête après une intrusion sur le port de Cherbourg

CHERBOURG – Huit à dix personnes ont été surprises et mises en fuite lundi vers 05H00 du matin sur la zone portuaire de Cherbourg interdite au public où Areva doit prochainement charger du MOX, combustible contenant du plutonium, destiné au Japon, a-t-on appris lundi auprès du parquet.

Selon Greenpeace, qui a dit à l’AFP ne pas être au courant de cette intrusion, le convoi de MOX doit partir de l’usine Areva mardi vers 23H00.

Les personnes mises en fuite avaient visiblement l’intention d’occuper une grue qui doit servir au chargement du combustible, a-t-on appris de source judiciaire.

Les services de sécurité du port ont fait état d’une intrusion sur la zone des Mielles (où se font les chargements Areva, ndlr), dont le procureur de la République de Cherbourg, Éric Bouillard, a dit à l’AFP ne pas connaître les circonstances exactes. Des investigations sont en cours. Il n’y a pas d’éléments permettant de constater que des dégradations ont été commises, a indiqué M. Bouillard.

Selon une source proche des forces de l’ordre, les personnes ont utilisé une échelle pour accéder à cette zone interdite au public.

Selon cette source, la zone va être surveillée de près car la crainte des forces de l’ordre est que d’autres personnes soient restées cachées sur place.

Le convoi de MOX est vivement contesté car il comprend du plutonium, le plus grand radiotoxique du monde, selon Greenpeace, et intervient alors que la Corée du Nord a menacé la Corée du Sud de guerre thermonucléaire et que les problèmes se multiplient à la centrale japonaise de Fukushima, deux ans après la catastrophe du 11 mars.

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Ils étaient une trentaine de militants anti-nucléaires à avoir répondu ce lundi 15 avril à l’appel de Greenpeace, du Crilan et du NPA pour manifester contre l’envoi d’un convoi de Mox depuis Cherbourg vers le Japon.

Greenpeace, Europe Écologie les Verts et le réseau Sortir du nucléaire appelaient à manifester contre ce convoi lundi et mardi à 18H00 à Cherbourg, mais pas à le perturber.

Un collectif, qui avait fortement perturbé le retour de déchets nucléaires allemands en 2011 en dégradant une voie ferrée, a appelé à bloquer le convoi. Il appelle à la formation d’un camp à Bricquebec, à 23 km au sud de Cherbourg, 24 heures avant le départ des camions de MOX de l’usine Areva de Beaumont-Hague pour le port.

Areva a confirmé que du MOX allait prochainement partir au Japon, sans plus de précisions.

Presse atomique (Agence Faut Payer, 15 avril 2013 – 17h05)

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Published by coutoentrelesdents - dans ECOLOGIE
16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 10:28

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12h33 : De nombreuses offensives policières sur le chemin de Suez. La 1re cabane/barricades des Lascars est en feu… Il semble qu’ils soient vraiment déterminés à reprendre leur place sur le carrefour et à controler les axes qui y mènent. (ZAD)

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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 10:26

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16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 10:25

Redoine Faïd : les mystères d’une incroyable cavale

Perfectionniste et expert de la dissimulation, ce braqueur soupçonné d’assassinat a profité de complicités.

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Redoine Faïd est redevenu, pour la seconde fois en deux ans, l’homme le plus recherché de France après son évasion spectaculaire, samedi, de la prison de Sequedin (Nord).

Avec une déconcertante facilité, Redoine Faïd, pointure du grand banditisme, s’est esquivé samedi de la prison de Sequedin (Nord) dès que sa surveillance s’est relâchée. Incarcéré à l’origine à Fleury-Mérogis, ce prisonnier classé « DPS », c’est-à-dire « détenu particulièrement surveillé », était en effet géré en permanence par une équipe de quatre surveillants qui suivait ses moindres faits et gestes. « Depuis son transfert dans le Nord il y a environ six mois, son escorte personnelle avait été supprimée, confie un surveillant de la maison d’arrêt. Comme tous les caïds d’envergure, il avait su se faire discret en étant poli et respectueux avec le personnel. Avec un surveillant pour 120 détenus dans certaines coursives, personne n’a plus le temps de voir avec qui nos pensionnaires discutent et ce qu’ils mijotent, Redoine comme les autres… »

Grâce à de solides complicités, peut-être au sein même de la prison où se mêlent gardiens, livreurs, associatifs ou encore des employés du privé en charge de la cantine ou du linge, le braqueur de haut vol a pu se procurer derrière les barreaux un pistolet automatique de calibre 9 mm et assez d’explosifs pour faire sauter avec méthode les parois de la prison.

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« Acte de guerre »

Menée comme un véritable « acte de guerre » selon les syndicats de gardiens, l’opération a été orchestrée en trente minutes avec la précision d’un horloger suisse. Vers 8h30, Redoine Faïd, bonnet vissé sur le crâne et porteur d’un sac à dos, sort de sa cellule et se dirige vers la zone des parloirs. Là, il dégaine soudain son arme de poing et tire une balle en l’air. Puis, il tient en respect quatre surveillants, médusés. Sans hésiter, le voyou entraîne ses otages sur un circuit manifestement balisé avec une stupéfiante minutie. L’alerte est donnée mais cinq portes blindées sont détruites les unes après les autres. « On a bien essayé de ralentir la progression, grimace un gardien, mais il était trop risqué de tenter quoi que ce soit quand des collègues sont retenus par un type qui travaille à l’explosif. »

Après avoir revêtu une tenue de gardien pour sortir de l’enceinte, Redoine Faïd abandonne trois de ses otages et s’engouffre avec le dernier à l’arrière d’une Peugeot 406 noire, stationnée non loin sur la RN41 et dans lequel l’attend un complice. Cette voiture « relais » est incendiée sur l’A25 à hauteur de Ronchin, où, après avoir relâché le dernier gardien, il grimpe à bord d’un second véhicule, semble-t-il de couleur blanche qui reste introuvable. En dépit de l’emploi d’un hélicoptère et de la mobilisation d’une centaine de policiers et de gendarmes lancés à ses trousses. Faïd redevient, pour la seconde fois en deux ans, l’homme le plus recherché de France. Soupçonné d’être à l’origine d’un projet d’attaque à main armée ayant coûté la vie à la policière municipale Aurélie Fouquet, 26 ans, en mai 2010 à Villiers-sur-Marne, il avait été arrêté en juin 2011 près de Lille.

Soucieux de « ne négliger aucune piste », les hommes de la PJ de Lille ont placé en garde à vue dimanche le frère de Redoine Faïd, mesure qui a toutefois été levée dans la soirée. Visiteur régulier, l’homme était présent samedi matin au parloir sans avoir eu un contact avec son frère. Visé par un mandat d’arrêt européen et une demande d’arrestation émise par Interpol, le braqueur, surnommé le « Doc » et considéré comme « intelligent et dangereux », est passé maître dans l’art de la dissimulation. Une de ses précédentes cavales avait amené ce rejeton des cités de Creil jusqu’en Israël, où il s’était fondu dans le décor, allant jusqu’à porter la kippa.

Étoile montante du banditisme, puis « repenti » médiatique, Redoine Faïd, sorti de prison en 2009, avait écrit un livre de témoignage, intitulé Braqueur, des cités au grand banditisme. Il y racontait qu’il avait braqué une banque comme dans Reservoir Dogs et des fourgons blindés en mettant des masques de hockey, à l’image de Robert De Niro dansHeat.

Christiane Taubira critiquée par les surveillants

L’évasion de Redoine Faïd à coups d’explosif et la prise en otages  de quatre surveillants ont suscité  la colère des syndicats de la pénitentiaire. Déjà très remontés, certains réclament la démission de la garde des Sceaux, Christiane Taubira. Apportant un « soutien indéfectible aux collègues choqués », FO-pénitentiaire « dénonce avec vigueur la politique de la direction de l’Administration pénitentiaire et  du ministère de la Justice, qui occulte délibérément le volet sécuritaire de notre profession, abandonnant ainsi les personnels à la vindicte d’une population pénale toujours plus radicale dans la violence ». Christiane Taubira, interrogée sur l’absence  de fouilles systématiques au parloir, réfute toute « faille » administrative. Loin d’être un établissement dépotoir, la maison d’arrêt de Sequedin a été livrée en 2005. Mais 800 détenus viennent s’y entasser, pour 630 places disponibles. « Face à la surpopulation, nous demandons des scanners corporels qui nous sont refusés pour des raisons de coût, déplore Emmanuel Gauthrin, secrétaire général de FO. Mme Taubira,  qui devrait savoir que la sécurité a un prix, est pro-détenus : lors de sa conférence de consensus, elle a même proposé de créer des groupes de parole de prisonniers sans imaginer que ces pseudo-syndicats seront emmenés par les caïds qui tiennent déjà les bâtiments. »

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Christophe Cornevin, LeFigaro.fr, 14-15 avril 2013)

 

Redoine Faïd : Un braqueur érigé en mythe dans son quartier d’origine

FAITS DIVERS – Le malfrat en cavale est présenté comme un héros par des jeunes de la cité de Creil (Oise) où il a grandi…

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La cité Guynemer à Creil (Oise) où le braqueur en cavale Redoine Faïd a grandi, le dimanche 15 avril 2013.

« Un loup en fuite », un « guerrier », « un héros », « un mythe »… Les qualificatifs élogieux ne manquaient pas dimanche dans le quartier d’origine de Redoine Faïd pour décrire le braqueur de 40 ans en cavale depuis samedi matin. Rue Guynemer, à Creil (Oise), où il avait emménagé avec sa famille en 1975 dans un appartement HLM de 120 m², le malfrat qui se disait repenti est érigé en véritable figure du quartier. « De toute manière, on n’a qu’une seule personne connue ici. C’est lui », explique un garçon. « Nous les jeunes, on ne le connait pas vraiment car il n’est pas de notre génération », indique-t-il. « Mais c’est un peu un mythe. Il a mis en avant le quartier Guynemer ! », lâche-t-il avant d’être rejoint par des amis.

Une jeune maman qui se présente comme « une ex-belle-sœur de Redoine Faïd » poursuit l’éloge. « C’est un gars bien, très intelligent. Il n’a jamais eu de problème à Creil. Sans doute a-t-il vraiment essayé de se repentir. Mais la prison n’est pas faite pour se réintégrer », estime-t-elle. A-t-elle une idée où il pourrait se trouver ? « Il doit déjà être bien loin. En tout cas, je l’espère pour lui », souffle-t-elle.

« Personne n’ira le dénoncer »

C’est à Creil, ville de près de 35.000 habitants avec un taux de chômage en 2009 de 21,2% selon l’Insee, que le spécialiste des attaques de fourgons blindés, surnommé « Doc », a ses premiers faits d’armes. D’un profil de petit caïd des cités, il endosse assez rapidement le costume taillé pour le grand banditisme. En décembre 1995, lui et quatre autres individus séquestrent le directeur d’une BNP de Creil, sa compagne et leurs enfants. Déguisés en père Noël ou portant des masques de personnalités politiques, ils parviennent à extorquer, à l’issue de cette prise d’otage, près de 30.000 euros.

Cette image de « Robin des Bois » continue de le suivre encore aujourd’hui, d’autant qu’il aurait, selon les enquêtes des policiers, abondamment recruté dans son quartier d’origine. « S’il a besoin de dormir une nuit ou deux par ici, vous êtes certain que personne n’ira le dénoncer. Ce sera même un honneur, pour ses amis, de le recevoir », lâche cette ancienne membre de la famille Faïd qui ne souhaite pas révéler son nom.

« Vivre avec l’angoisse de se faire arrêter »

Sur le plateau Rouher, un autre quartier de Creil, où Redoine Faïd a habité un quatre pièces jusqu’à l’âge de quatre ans, quelques trentenaires assis sur un banc public profitent du soleil dominical. « C’est fort. Vraiment fort », reconnaît avec un brin d’admiration l’un d’entre eux qui a appris son évasion dans la matinée. « Là, ce qu’il a fait, c’est encore plus que Heat », s’exclame-t-il faisant référence au film réalisé par Michael Mann, dont le braqueur a souvent dit être un grand fan. Alors même qu’il est soupçonné de meurtre d’une policière, ses admirateurs n’en démordent pas. « Les policiers ont voulu lui mettre dessus du sang qu’il n’a pas fait couler », affirme-t-on.

Si la plupart des jeunes habitants rencontrés ce dimanche à Creil semblent admiratifs du parcours émaillé d’ennuis judiciaires de Redoine Faïd, certains prennent la mesure de la difficulté d’une cavale. « Il a fait des années de taule. Il va devoir vivre avec l’angoisse de se faire arrêter. Ça ne va pas être facile », estime un garçon croisé dans le quartier de la gare. « À sa place, je crois que j’aurais préféré encaisser les années de prison. Puis reconstruire après ma vie. »

C’est pourtant ce que Redoine Faïd avait annoncé vouloir faire en se lançant à 37 ans dans l’écriture d’un livre paru en 2010, où il exprimait des regrets. On y apprenait, entre autres, que Jacques Mesrine était une figure qui l’avait marquée. « Pour des gens comme nous, [il] était le représentant du petit peuple face aux puissants », écrivait-il alors. Dans le quartier Guynemer, à Creil, il a d’ores et déjà gagné cette image auprès de certains jeunes du quartier.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (William Molinié à Creil, 20Minutes.fr, 14 avril 2013)

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Published by coutoentrelesdents - dans PRISON
16 avril 2013 2 16 /04 /avril /2013 10:21

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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 13:14

De 19h à minuit

avec : 
- Bitpart (Noisy Power Pop) 
- Tulamort (Street Punk) 
- Tweez (Noise Punk) 
-  Black Shabbat (Punk HxC)

Au Transfo 57 avenue de la république - Bagnolet

Métro Robespierre (ligne 9 - Robespierre) / ligne 3 - Gallieni)

Toujours à prix libre

Caisse d’Autodéfense Juridique Collective

Quand on participe à des luttes ou à des mouvements sociaux (sans-papiers, mal logés, chômeurs, travailleurs...) on est souvent confronté à la répression. Face à elle, on ne se retrouve pas tous dans la même situation. La justice fonctionne comme le reste de la société : dans un rapport de classe.

La caisse d’autodéfense juridique collective est un outil pour élaborer ensemble un discours public permettant de continuer à défendre les raisons de la lutte, se réapproprier les stratégies de défense et ne pas les laisser exclusivement aux spécialistes du droit, mutualiser les moyens de défense (contacts avocats, argent pour les premières dépenses), partager nos expériences et débattre sur la justice, le droit et la manière de réagir face à la répression.

Brochure au format pdf

Contact : cadecol -at- riseup.net

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Published by coutoentrelesdents - dans EVENEMENT
15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 12:44

paru dans CQFD n°109 (mars 2013), par Nicolas de La Casinière, illustré par Nicolas de la Casinière 

Exclu de l’indemnisation, considéré comme fraudeur, condamné à rembourser, le chômeur n’a pas supporté. Il s’est immolé devant Pôle emploi. Officiellement, tout a été fait « avec humanité ».

Par Nicolas de La Casinière {PNG}

Désespéré, le peuple a mis fin à ses jours. C’est arrivé le 13 février. Djamel Chaab s’est immolé devant l’agence Pôle emploi qui refusait de l’indemniser. Chaab, en arabe, ça peut se traduire par « le peuple ». Il est venu en bus. Descendu à l’arrêt dans une rue adjacente à l’agence pour l’emploi. C’est comme ça qu’on disait, autrefois. Pour l’emploi. Pas contre les gens qui n’en ont pas. Aujourd’hui, les agences de radiation sont devenues des pôles de gestion du chiffre sensible du nombre de chômeurs en France.

Djamal Chaab a déposé ses clés sur le trottoir. Personne dans la rue de ce quartier de bureaux à quatre étages, en paquets, cernés de parkings au pied. Il a vidé sur lui une bouteille d’eau de Javel pleine d’essence. Une flamme a suffi. Il a couru vers l’entrée de l’agence, surprenant les trois policiers et le vigile en faction. On avait pourtant bien protégé les locaux.

Il avait 42 ans. Fils d’un tailleur réputé de Sidi Bel Abbès, Djamal Chaab a travaillé en Algérie à la fabrication de décors de théâtre. Puis il a rencontré Nicole. Mariés, il se sont installés là, pas si loin de cette antenne de Pôle emploi. Il s’était impliqué auprès de la famille nantaise de l’un des otages enlevés au Niger, aidait à faire des traductions en arabe.

Lundi, l’agence lui a signifié un rejet de droits alors qu’il aurait travaillé 720 heures. Il revient le lendemain. L’agence est fermée. Il téléphone, dit qu’il vient d’avaler des médicaments. Les pompiers sur place, il n’a rien pris. Puis il prévient à nouveau Pôle emploi qu’il va venir se suicider à l’intérieur de l’agence.

600 euros à rembourser

Pôle emploi avait donc décidé de le sanctionner, le renvoyant à l’allocation minimum, des ressources réduites à presque rien. Sa « faute », pour l’administration, c’est de ne pas avoir déclaré une mission d’intérim en août, alors qu’il a déclaré toutes les autres. Il avait travaillé tout le mois de décembre. Manutention de nuit dans une boîte de transports. Son erreur lui vaut la double peine, on ne peut plus normal pour la machine Pôle emploi. Malgré sa période travaillée, aucun droit à indemnisation. Deuxième sanction : il doit rembourser ce qui est considéré comme un « trop perçu ». Soit 600 malheureux euros. Pourtant comme tout salarié du privé, il a cotisé pour cela.

Au même moment, un certain Carlos Ghosn qui émarge à 36 000 euros par jour, propose de se sacrifier un peu, se « limitant » à 26 000 euros par jour si les ouvriers acceptent son chantage à la « compétitivité ». Au même moment, une fraude réelle, authentique tromperie à l’échelle industrielle parle de bœuf qui n’en est pas et de mauvais cheval. La crise broie les salariés comme du vulgaire minerai de bidoche que l’agro-business utilise dans de troubles assemblages, agglomérats mixant des bas morceaux de viande, des tissus graisseux, du collagène.

Humanité, humanité, humanité !

Pôle emploi ne recolle aucun morceau mais a tenu à faire savoir que son action a été irréprochable. Le ministre du Travail est venu le soir même sur les lieux du drame réconforter le personnel. « Tout a été fait, ce qui s’est passé ici est exemplaire », a lâché Michel Sapin. Les règles d’indemnisation ? Respectées, « appliquées avec l’humanité qui convient, avec les explications nécessaires mais il y a parfois des moments où on est dans une telle situation, qu’on ne comprend plus les explications ». Fermez le ban. Simple aléa de la communication. Le contrôle social généralisé des précaires s’accommode pourtant assez mal du terme d’« humanité ». Sa femme Nicole a dénoncé « une administration qui a perdu toute humanité » et des salariés retranchés derrière leurs ordinateurs. Le lendemain de la mort de Djamal Chaab, le big boss de Pôle emploi, Jean Bassères, s’est fendu d’une circulaire à ses directeurs régionaux, chargés de retransmettre au petit personnel dont le grand patron salue de loin « professionnalisme, courage et humanité ». Il tient à rassurer : « Tous les services publics qui, comme Pôle emploi, ont pour mission d’aider nos concitoyens les plus en difficulté sont inévitablement exposés à des situations semblables. » Il rappelle à propos de la victime que « l’examen de son dossier de demande d’allocations avait fait apparaître qu’il ne justifiait pas d’une durée d’affiliation suffisante » et que « tous les services publics qui, comme Pôle emploi, ont pour mission d’aider nos concitoyens les plus en difficulté sont inévitablement exposés à des situations semblables ». Sinon, si ça se reproduit, il faut prévenir police et pompiers, et « informer par mail la direction “Maîtrise des risques” de la direction générale ». La vie des gens se voit réduite à une gestion technocratique de risques à maîtriser. Officiellement, le message martèle « l’humanité ». C’est le maître mot de la communication de crise. Pour François Hollande, « le service public de l’emploi a été, je crois, exemplaire, il n’est nul besoin d’aller chercher une responsabilité. Quand nous avons des règles, nous devons les faire comprendre. »

La machine à faire comprendre a comme des ratés. Mais Pôle emploi et police n’ont rien à se reprocher. « On n’a rien pu faire », a dit Philippe Cussac, directeur départemental de le sécurité publique. Le patron des flics a dépêché trois hommes, un à l’intérieur de l’agence, un à la porte (où Pôle emploi avait aussi embauché un vigile pour interdire l’accès à Djamal Chaab), un troisième policier aux abords de cette entrée. Cette protection centrée sur les locaux n’a pas pu arrêter celui « qui a surgi à l’angle de la rue », mourant avant qu’une couverture lancée par le vigile n’éteigne les flammes et que les policiers utilisent un extincteur. Le dispositif, comme disent les flics, a été déjoué par Djamal Chaab « Algérien avec un titre de séjour en règle de dix ans, inconnu des services », rappelle Cussac sans réussir à se départir de ce regard policier qui porte le filtre de la suspicion sur toute personne impliquée dans un drame, même si elle est victime de bout en bout.

On peut cogner, chef ?

Trois jours plus tard, une marche pacifique, silencieuse, sans slogan, accompagne des proches de la victime. En fin de cortège, elle croise des abrutis réacs anti-mariage pour tous, beuglant leurs slogans, klaxonnant à vélo devant le monument aux morts. Quelques invectives aux manifestants homophobes servent de prétexte à la police, cette fois très présente version anti-émeute, pour cogner dans le tas, épargnant miraculeusement les cathos, sans s’interposer, fonçant bille en tête contre les participants au cortège en hommage à Djamal Chaab. Coups de matraque, nuages de lacrymo, giclées de sang. Un participant à cet hommage à un chômeur s’est fait frapper au visage à coups de tonfa, une femme était projetée violemment à terre par les casqués de la république. Un journaliste d’Ouest-France a excusé ce déchaînement policier : ceux qui ont été l’objet de ce dispositif policier n’avaient pas eu la décence de retirer leurs badges contre le projet d’aéroport à Notre Dame-des-Landes. Ce qui suffit donc à justifier la violence d’État. Comme s’il n’y en avait pas eu assez, de violence, dans cette histoire que les dirigeants trouvent « exemplaire ».

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Published by coutoentrelesdents - dans CAPITALISME
15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 11:57
C’est presque un sujet du bac de philo : le langage forme la pensée. Pour un monde moins sexiste, il faudrait donc rendre les femmes plus visibles dans la langue. Voyons comment.

Dans l’introduction du Deuxième Sexe, Simone de Beauvoir décrivait la femme en tant qu’Autre, face à un homme qui est « le Sujet », « l’Absolu ». Cette observation se traduit parfaitement dans la langue française, où il n’existe pas de genre neutre et où c’est le masculin qui remplit cet office. Ainsi quand l’Académie française refuse la féminisation de certains noms en arguant que le masculin est « le genre non marqué », cela ne fait que confirmer ce que de Beauvoir dénonçait.

Les féministes et les militant·e·s queer ont trouvé des moyens de contrer cette « invisibilisation » du genre féminin, lorsque l’on parle d’un groupe de personnes ou de quelqu’un dont le sexe n’est pas connu (par exemple, « l’usager » dans un texte administratif).

Le plus simple est d’utiliser des mots épicènes, c’est-à-dire non marqués par le genre, pouvant être employés indifféremment au féminin ou au masculin. Je pourrais par exemple parler des « personnalités politiques » plutôt que des « hommes politiques ». L’avantage de cette méthode est de ne pas gêner la lecture par des bizarreries typographiques ; elle peut par contre conduire à des périphrases qui alourdissent le texte.

La typographie du langage non sexiste

Pour ce qui est des « bizarreries typographiques », on a vu depuis un moment apparaître des « lycéen(ne)s », des « musicien(ne)s » et des « député(e)s ». Cet usage plein de bonne volonté peut pourtant être jugé discriminant : on met littéralement le féminin entre parenthèses. C’est également le cas de la barre oblique (« instituteurs/trices ») car elle sépare les deux genres.

Que peut-on alors utiliser ? Beaucoup préfèrent le point médian (« les personnes  motivé·e·s »), neutre typographiquement. Il s’obtient en maintenant la touche Alt enfoncée et en tapant 250 sur le pavé numérique – sur les claviers Mac c’est en tapant Alt+majuscule+F. Apprécié également : le trait d’union, qui est littéralement… un trait d’union (cela donne « chanteurs-euses »). Enfin le E majuscule (« intelligentEs »), très usité en Allemand, est controversé car il met davantage l’accent sur le féminin.

Guide du langage non sexiste 2532624859 d35095b9b7 z« Le féminisme est l’idée radicale que les femmes sont des personnes »

Les néologismes

Le niveau supérieur, c’est de créer des mots trans-genres : « illes » ou « els » au lieu de « ils » (masculin générique) ou « ils et elles » (doublage, qui peut devenir lourd s’il est utilisé tout au long d’un texte). Ces mots surprennent au premier abord, mais s’ils sont utilisés régulièrement ils alourdiront moins le texte qu’un doublage systématique.

On peut également écrire « celleux » ou « ceulles » pour « celles et ceux », ou encore « chercheuseurs » ou « chercheureuses » (bon, ça fait un peu « heureuse ») pour « chercheuses et chercheurs ». Plus fluide, un syndicat québécois a créé le néologisme épicène de « professionnèles » (sur le modèle de « fidèle », naturellement épicène) : on l’appelle désormais la Fédération des professionnèles.

Pour désigner quelqu’un sans connotation de genre (« ni il, ni elle », par exemple pour une personne qui ne s’identifie ni au féminin ni au masculin) on peut utiliser « elli » ou « yel » – mais il est extrêmement rare de rencontrer ces mots.

La grammaire

Dernier niveau, qui nécessiterait une grosse révision de la langue française : modifier la règle « le masculin l’emporte sur le féminin ». L’année dernière plusieurs associations avaient lancé une pétition pour revenir à la règle de proximité (qui a eu cours jusqu’au XVIIIe siècle) : un adjectif se rapportant à plusieurs noms s’accorde au nom le plus proche. Selon ce principe, la pétition s’appelait « que les hommes et les femmes soient belles ».

Là encore, la conservation de la règle actuelle est justifiée par le fait que le masculin est le neutre. Un argument qui n’en est pas vraiment un, puisqu’il entérine dans le langage des schémas sexistes.

Pour mémoire, ce sujet avait été abordé sur les forums de madmoiZelle, avec un sondage demandant « Faut-il en finir avec notre grammaire sexiste ? ». Un tiers des répondantes avaient choisi « Oui, c’est essentiel pour l’égalité homme-femme » tandis que 15% avaient jugé que « La langue c’est sacré », 27% que « Ces revendications féministes sont ridicules » et 24% que « Le débat [était] sans intérêt ».

La grammaire française n’évoluera probablement pas à ce sujet avant un bon moment, mais les initiatives plus modestes évoquées plus haut peuvent se propager naturellement. Allez-vous essayer de les utiliser, ou trouvez-vous qu’elles sont inutiles et ne font qu’alourdir les textes ?

Ça vous a plu ? Faites tourner

 

 tiré de http://www.madmoizelle.com Pondu par Lady Dylan le 12 juin 2012 

 

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Published by coutoentrelesdents - dans GENRE
15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 11:32

Un point de vue sur le fétichisme partant d'une critique de la considération de Debord ("La société du spectacle, etc.) sur le sujet.

 

Voir le Fichier : L_eternel_probleme_du_fetichisme__RS.pdf

 

spectacle.jpg

 

L'éternel problème du fétichisme

 

 

Extrait de l'ouvrage de Roland Simon, théorie du communisme Volume I, Fondements critiques d'une théorie de la révolution, éd. Senonevero, 2001, pp. 503 à 509

 

 

Le problème de Debord, ce qui le fait « patiner » et produire une tautologie, est le problème théorique « classique » du statut de l'  « observateur » dans la théorie du fétichisme, et qui n'est pas du tout ici un problème d'épistémologie mais porte sur la nature même de la contradiction dans le mode de production capitaliste. C'est à partir de son article sur 'La loi sur les vols de bois » (Oeuvres philosophiques, t. 5, Costes) , que Marx commence à utiliser le concept de fétichisme. Il le sort de son domaine ethnologique initial (De Brosses, Du culte des dieux fétiches, 1760, inventeur du concept, et dont le goût pour les « chairs molles et tactiles » des peintures baroques italiennes aurait ravi un autre utilisateur de son concept, cf. « Les lettres italiennes », dans Yves Florence, le président De Brosses, Mercure de France, où l'on trouve quelques pages du livre sur le fétichisme) pour l'utiliser à l'analyse de phénomènes dans la société dont l'analyste lui-même est membre (le texte de Marx montre qu'il avait lu le livre de De Brosses, dont il reprend des exemples). Toute la difficulté est alors contenue dans le fait que : « L'observateur n'appartient pas seulement à l'observation [comme dans la problématique ethnologique d'origine, NDA], mais aussi au phénomène observé » (Iacono, le Fétichisme. Histoire d'un concept, PUF, p. 76). Toute analyse du fétichisme semble donc avoir besoin de se construire un poste d'observation extérieur au fétichisme lui-même. Comme disait Auguste Comte : « On ne peut pas être à la fenêtre et se regarder passer dans la rue. » Dans le Capital, ce poste d'observation, ce serait la comparaison historique des modes de production, ou la construction de situations imaginaires (la « société des producteurs associés »), de toute façon, une méthodecomparative ; le terme même de fétichisme, utilisé analogiquement, produisant cet effet de comparaison. Dans le chapitre sur la valeur, Marx fait plusieurs fois référence, pour faire entendre la forme valeur, au mode de production féodal ou à la famille paysanne patriarcale, il utilise également des situations théoriquement produites : « l'île de Robinson », « la réunion d'hommes libres ». Pour rendre compte du fétichisme, il se place idéalement dans un système opposé, mais ce ne serait encore finalement qu'une utilisation nouvelle de la technique des Lettres persanes, qui nous donne autant une satire de la société du XVIII éme siècle, que l'expression de la propre idéologie rationaliste de ce siècle. Le déplacement de l'observateur conduisant à une interprétation critique du monde qui est le sien ne nous dit pas comment ce déplacement lui-même est possible et peut être interprété comme une nouvelle « ruse » du fétichisme.

 

Lukàcs (Histoire et conscience de classe), Mannheim (Idéologie et utopie), Kosik (la Dialectique du concret) Gabel (la Fausse Conscience), Althusser et Balibar (Lire le Capital) ont cherché, avec des réponses aussi diverses que d'un intérêt très inégal, le point de vue « juste ». Du « point de vue de classe », jusqu'à la « science », en passant par l' « homme sans attache » et l' « intentionnalité ». La théorie la plus intéressante étant bien sûr celle de Lukàcs – la particularité de la marchandise force de travail fondant le prolétariat à poser l'identité du sujet et de l'objet – que nous critiquerons ultérieurement. Tous ces points de vue ont en commun de présupposer une pensée ou une conscience qui connaissent directement le réel, et corollairement un réel, objet en soi de connaissance, existant indépendamment de cette conscience (il est évident que nous considérons ici la conscience ou la pensée comme l'être conscient). Toute définition d'un point de vue « juste » (neutre, scientifique, ou de classe) est un postulat idéologique. Il ne s'agit pas de rechercher un point de vue sur le fétichisme, c'est le fétichisme lui-même en tant que tel se donne pour ce qu'il est, de façon interne, naïvement, parce qu'il n'est pas un voile sur la réalité, mais une pratique sociale définissant cette réalité. Concrètement, on serait tenté d'écrire empiriquement, les classes sociales et leur contradiction ne se construisent pas et n'apparaissent pas à elles-mêmes en dévoilant le fétichisme mais grâce à lui, dans son mouvement (encore une fois, soyons spinozien et ne cherchons pas l'être en dehors de ses attributs).

 

« les rapports de valeur, apparaissent dans l'échange des produits du travail en tant que marchandises, expriment essentiellement non des propriétés des choses ou des relations entre elles, mais des rapports sociaux entre les hommes concourant à la production des choses. La société bourgeoise n'est autre que cette forme particulière de la vie sociale où les relations fondamentales qui s'instaurent entre les hommes dans le cadre de la production sociale de leur existence ne sont perçues par eux qu'après coup, et seulement sous la forme inversée de rapport des choses entre elles. Soumis dans leurs actes conscients à de pareilles représentations imaginaires, les membres de la société « civilisée » sont dominés par le travail de leurs mains, de la manière même dont le sauvage l'est par le fétiche » (Karl Korsch, Karl Marx, champs libre, p. 144). Après avoir clairement dit que « la société bourgeoise n'est autre que cette forme particulière de la vie sociale, etc. », Korsch replonge dans la problématique illuministe de la conscience obscurcie par des représentations imaginaires. La difficulté dans l'analyse du fétichisme à se dégager d'une problématique illuministe, et donc de la recherche du « point de vue » qui donnera l'image du monde exacte, réside dans le fait que l'on considère que « la forme de la marchandise restitue [souligné par nous] aux hommes le caractère social de leur travail, mais cette restitution se manifeste comme si (ibid.) ces caractères sociaux étaient des propriétés naturelles des choses » (Iacono, op. cit., p. 86) et puis on ajoute : ceci n'existe que dans un certain type de société. Si « ceci » n'existe que dans un certain type de société, cet « homme », c'est le travailleur et plus précisément le travailleur salarié, et alors la marchandise ou le capital ne restitue pas aux « hommes » le caractère social de leur travail, marchandise et capital construisent réellement ce caractère et ce caractère n'existe qu'en eux. Le fétichisme n'est pas un miroir déformant l'image de telle sorte que celui qui serait reproduit dans le miroir non seulement ne se reconnaîtrait pas mais en plus n'aurait même plus l'idée de s'y chercher. Le caractère social du travail n'existe pas une première fois dans le travailleur et une seconde fois comme reflet de la première dans la forme marchandise (de la même façon, comme nous l'avons montré précédemment, les forces sociales du travail n'existent pas dans le travail en tant que tel, puis dans le capital, elles n'existent que comme capital). À considérer le fétichisme comme un miroir, on le ramène, comme le fait Korsch, à l' « aliénation de soi » et en conséquence on postule quelque chose de préexistant et qui s'aliène : « Ce que Marx appelle, en ces pages du Capital, « fétichisme du monde de la marchandise » n'est que l'expression scientifique qui lui sert à désigner le phénomène qu'il décrivait précédemment, au cours de sa période hégéliano-feuerbachienne, par le terme d' « aliénation de soi » et qui, de fait, avait déjà formé, dans le cadre hégélien, la base réelle de cette calamité particulière qui, à un certain point de son évolution, était advenue à « l'Idée » philosophique » (Korsch, op. cit., p. 144). Nous voilà prêts à assister de nouveau à la petite scène bien connue de la remise de Hegel sur ses pieds, lui qui, revendiquant explicitement de « marcher sur la tête » (préface de la Phénoménologie de l'Esprit), a verrouillé tout son système pour qu'il en soi ainsi. Lorsqu'on veut remettre Hegel sur ses pieds en remplaçant l'Idée par une substance « plus réelle », on fait l'antipodiste avec lui.

 

Le caractère fétiche de la marchandise est la caractérisation, comme existence sociale, de l'ensemble des travaux individuels dans un cadre historique particulier. Ce caractère fétiche est le mouvement et le résultat de deux processus fondamentaux : le caractère social comme valeur des travaux particuliers ne vient pas refléter et masquer des rapports sociaux immédiats ; la « découverte scientifique » de la valeur ne dissipe pas le fétichisme, parce que le fétichisme, s'il n'est pas un miroir, n'est pas non plus un masque.

 

« Le caractère d'égalité des travaux humains acquiert la forme de valeur des produits du travail ; la mesure des travaux individuels par leur durée acquiert la forme de la grandeur de valeur des produits du travail ; enfin les rapports des producteurs, dans lesquels s'affirment les caractères sociaux de leurs travaux, acquièrent la forme d'un rapport social des produits du travail. Voilà pourquoi ces produits se convertissent en marchandises, c'est-à-dire en choses qui tombent et ne tombent pas sous le sens, ou choses sociales » (Marx, le Capital, Livre I, t. 1, Éd. Sociales, pp. 84-85). Cela pourrait encore paraître assez « simple » et renvoyer à une théorie de la mystification des rapports sociaux immédiats entre les producteurs si l'on ne tient pas compte du fait qu'il n'y a pas de caractère social du travail (et des travaux) en dehors de cette « acquisition ». Les choses se compliquent lorsque Marx, après avoir facilement éliminé l'hypothèse selon laquelle le « caractère mystique de la marchandise » proviendrait de se valeur d'usage, ajoute : « Il ne provient pas d'avantage des caractères qui déterminent la valeur[souligné par nous] » (ibid). D'abord, en effet, si variés que puissent être les travaux utiles ou les activités productives, c'est une vérité physiologique qu'ils sont avant tout des fonctions de l'organisme humain et que, toute fonction pareille, quels que soient son contenu et sa forme, est essentiellement une dépense du cerveau, des nerfs, des muscles, des organes, des sens, etc., de l'homme. En second lieu, pour ce qui sert à déterminer la quantité de la valeur, c'est-à-dire la durée de cette dépense ou la quantité de travail, on ne saurait nier que cette quantité de travail se distingue visiblement de sa qualité. Dans tous les états sociaux, le temps qu'il faut pour produire les moyens de consommation a dû intéresser l'homme, quoique inégalement, suivant les diverses degrés de la civilisation. Enfin dès que les hommes travaillent les uns pour les autres, leur travail acquiert aussi une forme sociale » (ibid). Le caractère mystique de la marchandise ne provient donc pas des caractères qui déterminent la valeur, mais de la forme marchandise elle-même. C'est-à-dire que l'égalité des travaux humains qui en elle-même n'a rien de mystérieux devient la forme de valeur des produits du travail, la forme d'un rapport social des produits du travail. « Mais la forme valeur et le rapport de valeur des produits du travail n'ont absolument rien à faire avec leur nature physique. C'est seulement un rapport social déterminé des hommes entre eux qui revêt ici pour eux la forme fantastique d'un rapport des choses entre elles » (ibid). C'est cet « absolument rien à faire » que la théorie du fétichisme comme reflet et/ou comme masque n'arrive pas à admettre. Le caractère social du travail serait donné deux fois. Une première fois comme « les caractères qui déterminent la valeur », une seconde fois comme « rapport social des produits du travail », la seconde voilant, mystifiant la première. Les travaux privés ne se manifestent en réalité comme division du travail social que par les rapports que l'échange établit entre les produits du travail et, indirectement, entre les producteurs et n'acquièrent une existence sociale que par ces rapports. Il en résulte que, pour ces producteurs, « les rapports de leurs travaux privés apparaissent ce qu'ils sont [souligné par nous], c'est-à-dire non des rapports sociaux immédiats des personnes dans leurs travaux mêmes, mais bien plutôt des rapports sociaux entre les choses » (ibid). C'est en apparaissant « ce qu'ils sont » qu'ils sont « fantastiques » ; le fétichisme est un révélateur.

 

Le fétichisme consiste dans le fait qu'il soit tout aussi naturel que les choses aient de la valeur que les corps de la pesanteur. C'est donc, pour revenir à la définition classique, les rapports sociaux que les hommes définissent entre eux qui apparaissent comme rapports entre les choses. Mais ces rapports sociaux n'existent en tant que tels qu'en apparaissant ainsi, qu'à partir du moment où ils sont rapports entre des choses, ainsi ils apparaissent ce qu'ils sont : des non-rapports sociaux immédiats. Le fétichisme ne masque rien. Il n'est pas une transposition, ou plutôt c'est tout le rapport social qu'est la valeur qui est précisément cette transposition de l'activité immédiate des hommes en activité sociale comme rapport entre des choses. Lorsque l'on dit que l'activité révolutionnaire du prolétariat peut se résumer toute entière dans l'abolition de l'échange, de la marchandise, de la valeur, c'est toute activité et représentation de la société, existant en dehors des individus, qu'il s'agit d'abolir et il s'agit pas de libérer une activité sociale existante de la forme aliénée capitaliste, de la débarrasser du fétichisme (par exemple, Boukharine dans le débat sur l' « accumulation socialiste » soutenait la thèse selon laquelle l'abolition de la valeur c'est la planification au sens où, rendant la loi de la valeur consciente, elle en abolit le fétichisme auquel elle est réduite).

 

Si l'on passe de la valeur au capital, c'est le même phénomène de devenir social (et non de masque de la socialité) de l'activité du travailleur que l'on observe. « La conversion du travail (activité vivante et efficiente) en capital résulte directement de l'échange entre le capital et le travail qui confère au capitalisme le droit de propriété sur le produit du travail (le commandement sur le travail). Mais cette conversion se réalise seulement dans le procès de production. Il est donc absurde de se demander si le capital est productif ou ne l'est pas. Le travail lui-même n'est productif que s'il est recueilli au sein du capital qui constitue la base de la production dont le capitaliste est le commandant. La productivité du travail devient force productive du capital, tout comme la valeur d'échange générale des marchandises se cristallise dans l'argent. Le travail n'est pas productif s'il existe pour le travailleur lui-même en opposition au capital, s'il a une existence immédiate extérieure au capital. Il n'est pasproductif comme activité directe du travailleur parce qu'il n'aboutit alors qu'à la circulation simple où les transformations ont un caractère purement formel. Certains prétendent que la force productive attribuée au capital est une simple transposition de la force productive du travail ; mais ils oublient que le capital est précisément cettetransposition, et que le travail salarié implique le capital de sorte qu'il est, lui aussi, transsubstantiation, c'est-à-dire une activité qui semble étrangère à l'ouvrier » (Marx, Fondements..., t. 1, p. 256). Le procès que Marx analyse à propos du caractère productif du travail dans le cadre du rapport du capital est identique à celui de son caractère social dans le cadre de la loi de la valeur et de la forme marchandise, il ne s'agit pas d'une analogie dans la mesure où ce caractère productif est d'être productif de valeur et de plus-value. Le travail ne devient travail social que dans la forme marchandise et le fétichisme qui lui est inhérent, de la même façon qu'il ne devient travail productif qu'en étant incorporé dans le capital, mais, dans un cas comme dans l'autre, il est absurde de se demander si le travail est social en dehors du rapport fétichiste des marchandises entre elles, ou s'il est productif en dehors du capital, dans les deux cas, le rapport fétichiste ou le capital sont eux-même cette transposition.

 

Il n'y a donc pas de « point de vue » qui permette de transpercer le voile du fétichisme dans la mesure où le fétichisme est la réalité de cette société. Il n'y a pas de partie (le prolétariat, le vécu, la vie...) dans la totalité du spectacle, dont Debord reconnaît que le fétichisme constitue la base théorique, qui lui échappe et permettrait non seulement de le connaître mais aussi de le faire éclater. La connaissance du fétichisme (sans parler de son abolition) n'est pas la connaissance du « vrai monde » qu'il cache, parce qu'il n'y a pas de « vrai monde », mais seulement un « monde » comme activités humaines concrètes.

 

« La découverte scientifique faite plus tard que les produits du travail, en tant que valeurs, sont l'expression pure et simple du travail humain dépensé dans leur production, marque une époque dans l'histoire du développement de l'humanité, mais ne dissipe point la fantasmagorie qui fait apparaître le caractère social du travail comme un caractère des choses, des produits eux-même. Ce qui n'est vrai que pour cette forme de production particulière, la production marchande, à savoir : que le caractère social des travaux les plus divers consiste dans leur égalité comme travail humain, et que ce caractère social spécifique revêt une forme objective, la forme valeur des produits du travail, ce fait, pour l'homme engrené dans les rouages et les rapports de la production des marchandises paraît, après comme avant la découverte de la nature de la valeur, tout aussi invariable et d'un ordre tout aussi naturel que la forme gazeuse de l'air qui est restée la même après comme avant la découverte de ses éléments chimiques. […] La détermination de la quantité de valeur par la durée de travail est donc un secret caché sous le mouvement apparent des valeurs des marchandises ; mais sa solution, tout en montrant que la quantité de valeur ne se détermine pas au hasard, comme il semblerait, ne fait pas pour autant disparaître la forme qui représente cette quantité comme un rapport de grandeur entre les choses, entre les produits eux-même du travail » (Marx, le Capital, Livre I, t. 1, pp. 86-87). La « disparition » de cette forme, c'est la prise en compte de son caractère historique. Cette prise en compte historique, c'est, à l'intérieur de ce monde fétichisé, la contradiction que représente la lutte de classes entre le prolétariat et le capital. Elle en montre le caractère historique parce qu'elle oppose le prolétariat à sa propre existence sociale en dehors de lui comme capital et en ce que lui-même implique cette extériorisation dont le capital n'est pas seulement le résultat mais le procès lui-même. Il faut que la séparation entre les travaux privés et leur caractère social se soit développée comme contradiction entre des classes pour qu'apparaisse ce caractère historique de la forme marchandise. Jusque là, on peut avoir percé le mystère de la loi de la valeur, avoir ramené la valeur à la mesure du temps de travail abstrait, il n'en reste pas moins que ce travail abstrait continue à apparaître comme une propriété naturelle des choses, parce qu'ainsi il satisfait à la pratique de tous les échangistes et qu'il est ainsi la construction de leur monde dans leurs activités concrètes. La forme marchandise en se développant comme capital ne se « dévoile » comme fétichisme que dans la mesure où elle apparaît comme historique dans la lutte du prolétariat en tant que classe, c'est-à-dire que dans la mesure où ne se « dévoile » pas la « vérité » d'un monde existant, mais la réalité possible d'un autre monde dans la destruction de la réalité du fétichisme. La démarche de Marx n'est pas « comparative », ou alors la comparaison n'est qu'une détermination d'une démarche expressément historique (ou « génétique » comme il qualifie lui-même sa méthode dans le Théorie sur la plus-value, t. 3, p. 589), parce que l'histoire est là, dans le fétichisme, comme la contradiction entre le prolétariat et le capital, comme abolition de ce qui existe. Seule cette contradiction peut poser le fétichisme pour lui-même à l'intérieur du fétichisme, c'est-à-dire au-delà de la simple compréhension du secret de la loi de la valeur.

 

La lutte de classe du prolétariat n'est pas révélation et déchirement du fétichisme découvrant le « vrai », mais, en tant que mouvement du communisme en ce qu'elle a pour contenu et but l'immédiateté sociale de l'individu, c'est-à-dire l'abolition de toute extériorité du caractère social de l'individu, elle est construction d'un « autre monde » en tant qu'activités humaines concrètes. Le prolétariat ne connaît pas le monde « vrai » sous le fétichisme, il connaît le monde comme praxis parce qu'il le construit ainsi en se comprenant lui-même comme appartenant au monde du fétichisme devenu le monde d'une contradiction entre les classes, et parce qu'il se comprend ainsi. Debord a besoin d'un « point de vue » parce qu'il comprend le fétichisme comme le voile d'une réalité vraie, démarche inhérente à la théorie du spectacle : « L'apparence fétichiste de pure objectivité dans les relations spectaculaires cache leur caractère de relation entre hommes et entre classes : une seconde nature paraît dominer notre environnement de ses lois fatales » (Debord, op. cit., thèse 24). Mais, par ailleurs, il est parvenu à la conception du spectacle comme totalité de la réalité existante, il a lui-même exclu qu'il puisse y avoir dans la société spectaculaire un « point de vue » non spectaculaire (contrairement aux conceptions plus immédiates de Vaneigem, Frey ou Garnault). « La séparation est l'alpha et l'oméga su spectacle. » Il s'oblige par là à concevoir un « point de vue » abstrait, c'est-à-dire une nature humaine qui serve de point référentiel pour pouvoir dire « il y a spectacle ». À savoir une référence qui en tant que telle ne soit qu'une abstraction et ne possède aucune existence immédiate dans le spectacle.

 

Le spectacle est chez Debord un substitut aux relations vivantes « normales » entre les hommes, mais qui ne laisse pas subsister ces relations. Le cercle vicieux dans lequel s'enferme Debord provient de sa conception « classique » du fétichisme comme voile ou comme masque, alors qu'il n'en accepte pas la conclusion : l'existence immédiate d'une « réalité vrai ». Les relations sociales sont remplacées par des relations entre les choses ; les choses-marchandises sont une représentation de l'activité sociale. La conclusion classique consiste à dire : la manière dont les choses-marchandises représentent les relations sociales est impropre, car le travail mort se substitue aux relations vivantes. Mais Debord ne conclut pas ainsi : le spectacle façonne à son image le monde qu'il représente, la représentation n'est pas impropre (cf. la suite de la thèse 24). Alors, qu'est-ce que le spectacle masque, et comment puis-je même dire que le spectacle masque quelque chose ?

Par Max L'Hameunasse
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Published by coutoentrelesdents - dans CAPITALISME

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