L’opposition à l’Accord national interprofessionnel (ANI), une nouvelle réforme du contrat de travail, révèle les limites du mouvement social. Les syndicats et les partis défendent tous une société du plein emploi dans laquelle le travail devient quasiment sacralisé. Le Front de gauche incarne cette aspiration au petit bonheur conforme avec son logement pavillonaire, son amour routinier et son indispensable CDI.
Mais une partie du mouvement ouvrier révolutionnaire n’a pas toujours défendu cette conception du bonheur étriqué et ennuyeux. Le droit au travail semble moins important que le droit à la paresse. Les éditions allia s'attachent à publier des textes percutants qui dressent l'apologie de l'oisiveté.
« Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste »,
ouvre un texte de 1881 : Le Droit à la paresse écrit par le socialiste Paul Lafargue. « Cette folie est l’amour du travail, la passion moribonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de
l’individu et de sa progéniture », poursuit le texte. Même la classe ouvrière subit cette religion du travail. Pourtant les prolétaires doivent s’émanciper pour libérer l’humanité du
salariat et du capitalisme. Surtout cette classe sociale subit fortement les conséquences du travail. « Toutes les misères individuelles et sociales sont nées de sa passion pour le
travail », résume Paul Lafargue.
Le travail doit éradiquer les sentiments de fierté et d’indépendance des ouvriers. Le docteur Villermé décrit les problèmes de l’Alsace manufacturière. Il observe la destruction par le travail.
Cette activité particulièrement dure et pénible ne permet même pas de se loger et de vivre confortablement. « Introduisez le travail de fabrique, et adieu joie, santé, liberté ; adieu
tout ce qui fait la vie belle et digne d’être vécue », souligne Paul Lafargue. Son analyse économique précède celle de l’économiste John Maynard Keynes. Paul Lafargue observe que le travail débouche vers une surproduction. Les produits fabriqués en
grande quantité ont peu de débouchés, en raison d'une faible consommation. Ce qui alimente une crise économique.
Les ouvriers doivent s’extraire de la morale chrétienne. Contre les Droits de l’Homme, qui ne se préoccupent pas des conditions sociales d’existence, les ouvriers doivent proclamer un Droit à la
paresse. Selon Paul Lafargue le travail doit se limiter à trois heures par jours pour devenir « un condiment de plaisir de la paresse, un exercice bienfaisant à l’organisme humain, une
passion utile à l’organisme social ».
Les machines ne permettent pas à l’ouvrier de se reposer, mais l’obligent au contraire à devenir plus actif et productif. Les prolétaires doivent accepter le travail et l’abstinence pour assurer
à la bourgeoisie son mode de vie confortable. Le travail permet l'exploitation du prolétariat au profit du capitalisme. Mais il s'agit également d'une forme d'aliénation qui permet
d'accepter les normes, les contraintes et la routine de la vie quotidienne.
L’écrivain Robert Louis Stevenson propose Une apologie des oisifs. Il s’inscrit dans le sillage d’une critique radicale du travail et de l’exploitation capitaliste. Son article est publié pour la première fois dans le Conrhill Magazine en 1877. Il écrit dans le contexte du développement industriel de l’Angleterre, avec son travail en usine et sa misère sociale. Mais sa critique radicale du travail semble toujours pertinente et actuelle.
« Cette prétendue oisiveté, qui ne consiste pas à ne rien faire, mais à faire beaucoup de choses qui échappent aux dogmes de la classe dominante, a tout autant voix au chapitre que le travail », résume Robert Louis Stevenson. Il dénonce une société de spécialistes dans laquelle chacun reste cantonné à sa petite activité séparée. Le refus du travail provoque une marginalisation de ceux qui refusent de se soumettre aux règles.
Le romancier développe une critique de l’école. La soumission à la discipline scolaire laisse alors peu de temps pour penser. « Si vous vous repenchez sur votre propre instruction, je suis sûr que ce que vous regrettez, ce ne sont pas les heures passées à faire l’école buissonnière, car elles auront été exaltantes, instructives et bien remplies remplies. Vous préféreriez effacer le souvenir des heures monotones perdues à somnoler en classe », ironise Stevenson. L’école de la rue et de la vie permet davantage une découverte sensualiste du monde, contre la science officielle, glaciale et ennuyeuse. « Mais c’est autour de vous, et au prix d’un simple regard, que vous apprendrez la chaleur palpitante de la vie », précise le romancier. L’école permet surtout d’apprendre la discipline, tandis que l’oisiveté permet de développer l’imagination et la créativité. L’art de vivre demeure le domaine d’étude le plus passionnant et indispenble.
Pour Stevenson, « la faculté d’être oisif est la marque d’un large appétit et d’une conscience aiguë de sa propre identité ». Au contraire le travail consiste à s’enfermer dans la routine et l’ennui. Ceux qui travaillent se révèlent souvent passifs et creux. « Ils ne sont curieux de rien ; ils ne se laissent jamais frapper par ce que le hasard met sur leur chemin ; ils ne prennent aucun plaisir à exercer leurs facultés gratuitement », souligne l’écrivain. Ils développent alors un rapport détaché, voire comateux, à leur propre existence. Dans leur petite vie étriquée, ils ne pensent qu’aux affaires et au respect du professionalisme.
Au contraire, l’oisiveté permet de s’ouvrir à la rencontre, à l’imprévu, à l’aventure. « Et voilà soudain qu’ils se retrouvent à quarante ans, apathiques, incapables d’imaginer la moindre façon de s’amuser », raille Stevenson. Ils subissent une existence terne et monotone, sans plaisir ni passion. « Ce n’est pas vraiment ce que j’appelle réussir sa vie », résume l’écrivain. La logique de la contrainte et du sacrifice prime sur la recherche du plaisir et du bonheur. « Par conséquent, si l’on ne peut être heureux qu’en étant oisif, restons oisifs », résume Robert Louis Stevenson.
La critique du travail remet en cause le capitalisme et l’exploitation, mais aussi tous les autres domaines de la vie. L’existence ne doit pas se réduire à une routine monotone. Au contraire, il semble plus épanouissant de privilégier l’oisiveté dans le plaisir et la jouissance.
Sources:
Paul Lafargue, Le Droit à la paresse, Allia, 2012
Robert Louis Stevenson, Une apologie des oisifs suivi de Causerie et causeurs (Traduit de l’anglais par Laili Dor et Melisandre Fitzsimons), Allia, 2012
Articles liés:
Ecole, discipline et répression des désirs
Insurrection des désirs dans l'Italie des années 1970
Fissurer l'emprise du capital sur la vie
Pour aller plus loin:
Brochures "Critiques du travail" sur le site Infokiosques.net
"Résistance au travail / Refus du travail" sur le site mondialisme.org
Revue en ligne Variations n°17, "Critique du travail", Automne 2012
tiré de l'excellent blog: http://zones-subversives.over-blog.com
Récit de la journée Sème ta zad !
Les champs sont encore bien humides pour une grande action agricole, mais cela fait fait quelques jours que ça fourmille un peu plus encore partout sur la zone : préparation des chantiers, des scènes, des gâteaux, dégagement de certains chemins, signalisation… Puisque la commission du dialogue conseille de poursuivre le projet d’aéroport, mais que le gouvernement risque de ne pas oser se lancer dans de nouvelles expulsions avant d’avoir révisé quelque peu la copie, notre réponse immédiate sera d’asseoir l’occupation à long terme de la zone par de nouveaux projets agricoles.
En préambule à la journée “sème ta zad”, bonne surprise hier soir puisque vers 22h, la préfecture a décidé de retirer ses troupes du carrefour de la Saulce, point central au cœur de la zone menacée par l’aéroport. Cela fait 141 jours que l’on vit avec une occupation policière permanente : harcèlements, ralentissements et perturbations de nos allées et venues avec le choix de contourner à pied par les champs ou de se faire contrôler, fouiller et humilier. On peut donc dire que leur départ de la Saulce est un sacré soulagement. Immédiatement, le joyeux message passe, par la radio, par les chemins, d’une maison à l’autre… Tant et si bien qu’assez vite une fête s’improvise sur la route, avec quelques chicanes et brasero. La fête est quelque peu perturbée par la présence de deux camions de gendarmerie restés en retrait dans un chemin attenant, qui appellent leurs collègues en renfort et finissent par balancer quelques lacrymos et grenades assourdissantes au Carrefour. Ce samedi matin alors que les cortèges se préparent à partir, plus de traces de gendarmes. Comme pour le 17 novembre on dirait qu’ils ont choisi de faire profil bas ou de faire comme si il n’y avait pas une occupation militaire quand les caméras débarquent. Il s’agit maintenant d’être attentif-ve-s à ce qu’ils ne reviennent pas dès lundi et à ce qu’ils nous lâchent définitivement les basques.
Au départ de la manifestation “sème ta zad”, la surprise est moins agréable puisqu’il pleut généreusement. Le printemps a décidé paresseusement d’attendre un jour de plus pour s’installer. Malgré ce léger désagrément, pas mal de monde arrive petit à petit fourche, pioche, pelle en main… À l’est, à la sortie de la Paquelais, des tracteurs s’installent avec des bennes de fumier ou des outils, plants et matériaux déposés par les manifestants. Radio Klaxon commence à rediffuser en direct sur les enceintes des sons de la manifestation, de la disco ou de vieux chants révolutionnaires… Une batukada de bidons, de bric et de broc s’installe en tête, derrière une banderole “sème ta zad – cultiver, occuper, résister”, une tête de “tanouki” masqué et entonne une chanson de geste hypnotisante sur les hauts faits des mois passés. Le cortège s’enfile sur la d281. Pour ceux qui ne sont pas passés depuis quelques mois ou qui découvrent, c’est un moment un peu surréaliste. Cette route qui en octobre était quoitidiennemement asphyxiée par un millier de policiers est devenue le cauchemar de tout aménageur du territoire. On y découvre une architecture défensive et sauvage : barricades et chicanes, tour de guets et barraques posées au milieu du bitume, pneux, palettes et panneaux de circulation détournés de leur usage règlementaire. La DDE en mode zad oblige tout un chacun à zigzaguer et ralentir un brin mais ça passe. Tout au long du parcours, des panneaux et chemins protégés indiquent l’accès à diverses cabanes. Quelques grandes plaques de bois commémoratives rappellent la bataille du Sabot, ferme maraîchère occupée dans une manifestation similaire en 2011 et détruite en octobre. Quelques dizaines de minutes plus tard, la manifestation arrivent sur les ruines des Planchettes, ancien lieu d’acceuil et d’organisation collective. La pluie est toujours là mais on doit être maintenant un bon millier.
Sur le cortège ouest, le départ a pris un peu plus de temps. 5 voitures de gendarmerie attendaient les premiers arrivés aux Ardillères. Ils se mettent à fuir à l’arrivée d’un bouc, essaient de se remettre un peu plus loin sur le carrefour mais en sont empêchés. Aujourd’hui, c’est nous qui leur bloquons la route et les obligeons à contourner. Qui aurait pu résister de toute façon à une troupe emmenée par des banderoles annonçant “jacquerie !”, “nul terre sans guerre” ou encore “Vinci dégage, la terre on la partage”, ainsi que par les chants tonitruants des Aveyronnais venus construire une cabane sur les terres de Saint-Jean-du-Tertre. À l’arrivée au hameau du Liminbout, un panneau “village en résistance”, une grosse pause collective à la buvette pour franchir la dernière ligne droite et se retrouver un millier à la Ferme de Bellevue, occupée en février par le collectif “Copain” — regroupement d’organisations agricoles en lutte contre l’aéroport.
Les deux manifestations se terminent par des prises de parole de l’assemblée paysanne qui a initié “sème ta zad” et de COPAIN. Une déclaration de solidarité avec la lutte à Notre-Dame-des-Landes envoyée par la coordination des mouvements paysans indiens est lue, d’autres invitent à venir occuper des terres agricoles menacées par un projet routier le 27 avril à Avignon. Nul besoin de rappeler trop longtemps que, plus qu’une manifestation de masse, l’objectif de cette journée est cette fois de permettre un moment d’action collective et de chantier participatif : des petits groupes s’éparpillent rapidement une carte à la main sur les différents nouveaux projets agricoles en gestation sur la zone. Des bétaillères font la navette jusqu’à Saint-Jean-du-Tertre au rythme d’une bourrée, d’autres partent explorer à pied. Malgré la pluie qui continue l’ambiance est au partage et aux sourires. Certains chantiers ont dû être reportés mais ça bosse dans tous les sens : cassage de bois et isolation de la Vache rit, montage de buttes, plantation de fraisiers et patates aux Cent noms, couverture et montage de serre au potager rouge et noir ou à la Wardine, drainage et préparation des sols pour acceuillir des petits fruits et légumes à la Bellich’ ou au Sabot, réhabilitation d’une baraque abandonnée à Saint-Jean-du-Tertre en attendant qu’il fasse un peu plus sec pour démarrer les cultures de blé ou les plantations de vigne, phyto-épuration aux Cent noms ou au Gourbi, cuisson de pain à Bellevue, nettoyage de chemins et fossés et création de chemins pour ne pas abîmer les champs et éviter la police. Dès que la fatigue, la faim ou l’humidité se font trop sentir, un tas de cantines et buvettes dispersées sur la zone proposent de grandes assiettes de légumes, des crêpes et autres dégustation de vins et fromages… Et puis il est toujours possible de se poser pour des discussions sur les semences, des ateliers sur les plantes médicinales, des états des lieux de la lutte ou pour regarder des photos sur les expulsions au dôme “bowl y wood”. Pour beaucoup c’est aussi un moment pour re-découvrir la zone, les barricades et sigmates des batailles, la beauté du bocage et tous les nouveaux habitats construits ces derniers mois. Certain-e-s rêvent déjà d’organiser une journée mensuelle “Sème ta zad” avec des chantiers ouverts réguliers. En attendant il est possible de revenir demain et les jours prochains, en plein soleil pour continuer les chantiers initiés aujourd’hui. Il est déjà tard et temps d’aller danser au Fest noz ou sur quelques bon vinyls. La journée d’aujourd’hui l’a encore prouvée, dans quelques mois ou quelques années, si ils tentent de nouveau de faire passer l’aéroport en force, nous serons encore plus nombreux et déterminés.
Sorry, récit tardif et vite fait — Plus d’images demain.
Des participant-e-s à “Sème ta zad !”
Zone à défendre, 14 avril 2013
Le carrefour de Fosses noires / chemin de suez est reprise par les flics
… tout est dans le titre…
Après des affrontements pendant 2 heures et des pluie des grenades assourdissantes et lacrymo.
Tôt ce matin sur les chicanes sud direction Vigneux, ils ont été harcelé par les ami-e-s qui ont été rechargé après.
Cette “jeu” duré quelques moments, pour finir en situation habituelle : les flics sont sur le carrefour !
On Rappel l’appel d’hier : Soit ils nous virent, soit ils se cassent ! (et s’ils nous virent, on revient !)
On vous donne des nouvelles pendant la journée !
RENDEZ-VOUS EST DONNÉ À 16H DEVANT LA PRÉFECTURE DE NANTES
Zone à défendre, 15 avril 2013 – 9h06
Soit ils nous virent, soit ils se cassent ! (et s’ils nous virent, on revient !)
La veille de la manifestation “Sème Ta ZAD”, le carrefour de Fosses Noires / Chemin de Suez, est liberé de la présence des gendarmes mobiles…
Pendant 2 jours, ce carrefour, nombril de la zad, est spontanément redevenu ce qu’il était : un endroit de passage, où l’on se croise, s’echangent des nouvelles, un point de rencontre. Ces jours-ci, la ZAD fut parcouru par des centaines de personnes outils en main.
Le dimanche, nous avons fêté la fin de l’occupation militaire. Rêve éphémère ou réalité des jours à venir ?
Depuis plus de 141 jours nous sommes, habitant-e-s du centre ZAD, pris au piège par les deux barrages de flics. Notre quotidien, c’est du bleu. Pas un matin, midi au soir sans être confronté.e.s à leur présence. Sans être contrôlé.e.s, fouillé.e.s, humilié.e.s. Nous n’avons pas le choix de les éviter. Nos enfants vont à l’école, nous avons pour certain-e-s des activités professionnelles. Fini les balades à vélo, fini les marches tranquilles, les rencontres avec les voisin.e.s et les ami-e-s qui n’osent plus venir. L’endroit où nous et nos enfants vivons, est devenu une zone d’enfermement, dans le silence, depuis le weekend du 15 décembre 2012.
Doit-on continuer à subir sans réagir alors qu’il n’y a aucune légitimité et utilité à leur présence ? Nous ne le pensons pas ! Alors il faut relever la tête, s’unir et refuser cette mascarade !
Le prétexte officiel de bloquer le carrefour n’a jamais empêché d’apporter des denrées sur la ZAD, du gaz, des matériaux inflammables ou de construction. Le réel objectif est plutôt de donner l’illusion qu’ils contrôlent la zone, de faire pourrir la situation tout en tentant de contenir la lutte aux frontières de la ZAD, d’établir une pression psychologique et de créer une répression constante qui provoque un climat de tension permanente. Enfin, lors d’un contrôle, quand on craque et qu’on exprime notre ras le bol, la réponse des flics est systématique : “vous n’avez qu’à partir”. Ce qui représente une autre forme d’expulsion, plus insidieuse, à l’heure où la commission du dialogue avait demandé la fin des interventions pendant la durée de son mandat…
Leur petite comédie de “commission du dialogue” a pris fin, maintenant la conclusion doit être claire : soit ils nous virent, soit ils se cassent !
Il est évident que nous ne nous laisserons plus occupé.e.s de la sorte : s’ils reviennent chez nous, nous irons chez eux !
Il y a quelques mois, un appel à occuper les lieux de pouvoir avait été lancé en cas d’attaque sur la ZAD. Or, la ZAD est habitée sur toute sa surface et on n’habite pas un endroit sans ses routes, ses champs et les liens qu’ils génèrent. Nous considérons donc que la réoccupation militaire du carrefour serait une attaque directe de notre lieu de vie. Nous appelons en conséquence à des actions décentralisées, que ce soit par des occupations de lieux de pouvoirs et de carrefours de circulation stratégiques, ou par toute autre type d’actions jugées pertinentes !
Les habitant.e.s qui résistent
Zone à défendre, 14 avril 2013
Rencontres sans frontières
Samedi 4 mai 2013 à partir de 13 heures
Au transfo, 57 avenue de
la république, Bagnolet 93 ! M.9 robespierre ou M.3
gallieni
Les frontières sont omniprésentes sur chaque portion de territoire. Fichiers internationaux, rafles, vidéo surveillance… chaque contrôle peut aboutir à l’enfermement et à l’expulsion. Parallèlement, aux quatre coins du monde, les frontières qui séparent les pays se technologisent et se militarisent. Face à cela des individus, avec ou sans papiers, résistent et se révoltent.
La question des luttes contre les frontières se pose partout : de la Grèce, où des personnes s’organisent avec des migrant-e-s contre les fascistes et les flics, à l’Italie où les prisons pour étranger-e-s sont fréquemment détruites de l’intérieur, en passant par le nord de l’Afrique où les révolutions ont facilité le départ de nombreux harragas vers les métropoles européennes.
De plus, des sabotages petits ou grands viennent enrayer la machine à expulser : de la destruction des centres de rétention aux révoltes individuelles ou collectives ; de l’attaque des charognards humanitaires, capitalistes et politiciens qui se renforcent grâce aux frontières jusqu’aux divers actes quotidiens de résistance au contrôle et à l’enfermement…
En région parisienne, le 16 novembre 2012, une manifestation a eu lieu devant le centre de Vincennes, suite à laquelle une assemblée de coordination contre les centres de rétention et la machine à expulser s’est créée et s’est tenue pendant quelques mois. Dans le même temps, départs de feu, mobilier cassé, évasions se sont succédés à Vincennes et à Palaiseau. Si cette assemblée n’existe plus aujourd’hui, plusieurs de ces participant-e-s continuent à lutter contre la machine à expulser et ont voulu proposer ces rencontres sans frontières.
Des compagnon-ne-s de Turin, Marseille et Bruxelles seront présent-e-s pour partager leurs parcours de lutte, passés ou présents, à partir desquels pourront notamment s’approfondir les points suivants :
Comment tenter de construire un parcours autonome. Un parcours qui ne laisse pas de place aux partis et aux syndicats, qui tente de s’attaquer sans médiation à la machine à expulser. Un parcours avec sa propre temporalité et ses propres perspectives, qui suive une continuité. Un parcours qui permette d’avoir les outils pour faire face aux moments d’intensification des luttes tels une révolte dans un centre ou l’arrivée en nombre de migrant-e-s.
L’importance de construire un rapport de solidarité avec les luttes à l’intérieur des prisons pour étranger-e-s, d’être attentifs/ives à ce qu’il s’y passe. Comment créer des liens de confiance entre l’intérieur et l’extérieur ne servant pas seulement à la contre-information mais permettant d’apporter une solidarité concrète aux révoltes et de fournir des bases solides pour nos luttes.
Ce sera l’occasion de confronter nos approches des luttes, prendre le recul nécessaire, ainsi que de nous nourrir d’expériences pour en élaborer de nouvelles. L’occasion de rencontrer des complices et de créer des liens sur des bases anti-autoritaires.
Parce que s’affronter aux frontières permet de construire des luttes dépassant la question spécifique des migrant-e-s et des centres de rétention, en articulant cette question avec celles des prisons, du travail, de la ville. Pour s’en prendre à quelques-unes des racines de ce monde basé sur le pouvoir et la marchandise et en finir avec.
Parce que tant qu’il y aura des frontières, des centres de rétention, des prisons, perdureront les États, le pouvoir et l’argent.
Nous invitons à ces rencontres tou-te-s celles et ceux qui désirent lutter contre les frontières et la machine à expulser.
Les discussions pourront se poursuivre le dimanche.
Pour plus d’infos, nous contacter
Le 4 mai à Barcelone manif !
En 2004 dans la prison des 4 Chemins les prisonniers se révoltent à la suite de mauvais traitements… certains prendront 17 ans de taule en plus d’autres moins mais qu’importe un jour en prison c’est un jour de trop ! Le lundi pour la première fois en Espagne des matons passent en procès pour abus et torture… on ne fais pas confiance à la justice alors le 4 mai soyons à Barcelone pour mettre la pression…
Pas de justice pas de paix
Marseille Infos Autonomes, 4 avril 2013
JUICIO A LOS TORTURADORES
LA DEMOCRACIA NECESITA DE LA TORTURA PARA PERPETUARSE
Este próximo 6 de mayo comienza el macrojuicio en la Audiencia Provincial de Barcelona (Pg Lluís Companys, Sección 5ª) a 13 carcelerxs imputadxs por torturas sistemáticas a raíz del llamado motín de Quatre Camins de 2004. También testificarán lxs tecnócratas responsables en ese momento de la dirección general carcelaria, para aclarar las torturas y la brutal represión que hasta el día de hoy siguen sufriendo los compañeros presos siendo dispersados por las diferentes cárceles del estado, algunos de ellos en Régimen FIES 1CD, en aislamiento y un sinfín de torturas más.
El motín de 2004 surgió de forma espontánea cuando los carceleros agredieron a los presos y los presos tuvieron que ejercer la legítima defensa para proteger su vida. Además en la cárcel de Quatre Camins los carceleros torturaban cotidianamente a los presos con total impunidad. Las torturas estaban siendo denunciadas a las instituciones de la democracia asesina que siniestramente amparaba y ampara a lxs torturadores.
Toda la impunidad de los carcelerxs les es otorgada desde los poderes del estado, el poder ejecutivo, el poder legislativo y el poder judicial.
En un primer juicio que se celebró en diciembre de 2008, los compañeros, inocentes de las acusaciones del montaje judicial, fueron duramente condenados a muchos años de cárcel, a un total de más de 100 años. Varios de ellos sumaron a sus condenas 19 años más, convirtiéndose su situación penitenciaria en una cadena perpetua encubierta, simplemente por el hecho de no dejarse aislar y torturar en celdas de aislamiento. Los presos hartos de ser torturados a manos de los carceleros, hartos de denunciar las torturas y hartos de ver cómo éstas eran archivadas y sobreseídas, se encontraban en un callejón sin salida desde donde tuvieron que ejercer la autodefensa.. Es por sus actos de resistencia que hoy nos encontramos en un contexto político con 13 carcelerxs imputadxs por torturas.
Los sindicatos UGT-Presons, CC.OO y CATAC, ejercen la defensa legal de los torturadores, siendo parte del brazo armado del estado que tortura y asesina desde sus corporativas sindicales.
Xavier Martínez, subdirector médico de Quatre Camins en 2004, está imputado con una petición fiscal de años de cárcel por haber participado y organizado las torturas a los presos. Un caso evidente de la colaboración y el encubrimiento de las torturas por parte de los servicios médicos carcelarios dentro del sistema penitenciario.
El Síndic de Greuges, defensor del pueblo de Catalunya, ante un episodio tan grave de torturas decidió mirar a otro lado y no presentarse como acusación particular en el proceso judicial. En estos últimos años han gobernado en el Síndic de Greuges dos conocidos tecnócratas carceleros, Ignasi García Clavel y Ángel Gómez Muñoz, siendo el primero ex director general de serveis penitenciaris de Catalunya y el segundo ex subdirector en el departamento de traslados y dispersión de presxs.
Las cárceles son la herramienta de los privilegiados para acabar con cualquier forma de disidencia que ponga en peligro sus privilegios. Es por ese motivo que las cárceles encierran a los pobres, a los desposeídos que no se resignan y se rebelan ante el poder, el orden y las leyes.
Por ellxs, por nosotrxs y por la destrucción de todo aquello que nos oprime.. Ni cárceles, ni CIES, ni centros de menores, ni psiquiátricos. Hacemos un llamamiento a la solidaridad con los represaliados por este caso y con todas las personas presas que son sometidas a torturas en todas las cárceles del estado y del mundo.
SÁBADO 4 DE MAYO
17:30h MANIFESTACIÓN en Rambla del Raval frente a UGT-Presons.
LUNES 6 DE MAYO
09:00h CONCENTRACIÓN a las puertas de la Audiencia Provincial de Barcelona. Día que declararán los represaliados.
SEMANA DEL 13 DE MAYO
Acciones descentralizadas dentro y fuera de las cárceles.
¡DINAMITEMOS LOS MUROS DE TODAS LAS CÁRCELES!
¡ACABEMOS CON TODAS LAS FORMAS DE DOMINIO!
¡NI JUICIOS NI CONDENAS ACABARÁN CON LA REVUELTA!
¡AUTODEFENSA!
TRIAL AGAINST TORTURE-GUARDS
DEMOCRAZY NEEDS TORTURE TO PERPETUATE
In December 2008 started the trial against 13 prisoners for their participation at the prison-riot in “Quatre Camins” (Barcelona) 2004, where the subdirector of the prison was seriously hurt and another prison-guard was kidnapped.
At this trial where the prisoners were judged, some of them were sentenced to until 17 years of prison. 7 of the prisoners were sentenced for intent to kill. 11 prisoners were sentenced for wounding, 2 for “illegal arresting” and 3 more for smaller delicts and attacks. 3 prisoners became free because the provincial court of Barcelona couldn’ t proof their participation in the riot.
But the Quatre Camins trial has another part which will start on May 6th 2013, against 13 prison-guards at provincial court of Barcelona. The accusations are abuse, tortures, malthreatments against the prisoners who took part in the prison-riot 2004.
The riot exactly took part because of these insoportable abuses and during the trial were proofed that it were the guards who started the violence, and so it`s possible to explicate the reaction of the prisoners when they saw that one of their comrades was beaten up of the guards and and all of them were objects of more threats and humillations.
Just when the trial against the guards (inclusing the prison-doctor) is near we want to remember that in 2002 in Quatre Camins prison took part another prisoner protest a “strike of hanging arms” because of various dead prisoners in prison, and the mass-media difuse the image of a economicly reasoned“riot”…
The tortures and malthreatments are continuing all the time when prisons do exist, and not at all it’ s just a group of guards; it’ s an institutional practice to continue the terror.
Against the threat to injure your physical health everybody have the right of selfdefense.
The prison is no solution, it’ s part of the problem.
Stop tortures!
LETS DINAMITE THE WALLS OF ALL PRISONS!
STOP ALL FORMS OF DOMINATION!
NO TRIALS NO SENTENCES WILL STOP THE REVOLT!
SELFDEFENSE!
SATURDAY MAY 4th
DEMONSTRATION AGAINST TORTURES
BARCELONA – RAMBLA RAVAL – 18.00h
MONDAY MAY 6th
CONCENTRATION AT THE DOORS OF THE PROVINCIAL COURT (BCN)-9.00h (Day of declaration of the tortured prisoners)
WEEK OF MAY 13th
DESCENTRALIZED ACTIONS INSIDE AND OUTSIDE OF PRISONS
PS: Please translate that communique in your language and mobilize! Solidarity for the struggle against all prisons! See you in Bcn!
2 mois sans news sur le site ,e signifie pas pour autant qu'il ne s'est rien passé, au contraire, c'est le retour des RAKAÏ ANARCHIST PARTY (R.A.P), interventions Hip-hop pour la propagation de la Kulture de Klasse (à ne pas confondre avec kes Rakaï Komunist Party - RKP - compilations des morceaux de la Radio Klandestine Permanente).Ces événements sont l'occasion de réunir sur scène les comparses du Kollektif H-WAR ( ERETIK, ENEDEKA MASKA, UNIKOGREE, WESSI) avec d'autres rappeurs SHAI-HULUD, et MOMAC qu'on a pu déjà entendre dans les projets signé COUTO ENTRE LES DENTS ( dont on a déjà venté les mérites ici).
Aussi on remercie le squat du Transfo pour nous avoir permis de délivré une Rakaï Anarchist Party # 7, le 23 Mars 2013, à l'occasion d'un concert de soutien à Squat.net.
prochaine interventions:
RAKAI ANARCHIST PARTY# 8
à la Miroiterie rue Ménilmontant
ENEDEKA MASKA - UNIKOGREE
SHAI HULUD -MOMAC
ERETIK- WESSI
+ guests
Si pour l'instant les denières interventions ont eu lieu lors de concert organisé par d'autres orgas, le but est bien d'organiser également par nous même de prochains évènements 100% HipHop au cours desquels on aura l'occasion pourront nous rejoindre d'autres rappeurs MC KLANDESTINO ( ex: The KING), SOSO, OPIKANOBA ou JIMMY JUSTINE. Autant de talents qu'on invitera avec plaisir à rejoindre la dynamique qui s'est re-lancé dernièrement.
UN MAXI DE ENEDEKA MASKA A TELECHARGER LIBREMENT DEVRAIT EGALEMENT VOIRE LE JOUR
UNE SORTE DE TEASER AU RADIO KLANDESTINE VOLUME # 4 (RK4) ATTENDU DEPUIS PLUS D'UN AN MAINTENANT.
NIIK
I RAP II KLASS
L'occasion de découvir des morceaux plus récents et plus "propre" que ceux que l'on vous fait découvrir au court des Radio Klandestine Parmanente qui présentent des titres plus ou moins récent, ou plus ou moins bien produit (les démos), l'accent étant plus mis sur le propos que sur la qualité du son dans ces cas là. Mais loin de nous l'idée de croire que l'un est incompatible avec l'autre comme on a l'a déjà démontré au cours de différents projets. Si on attend pas de sortir de studio et une super production pour sortir des albums .ça et là on s'attèle aussi à faire vivre un rap de qualité dans le fond et la forme. Et vous inquiétez pas...evc force et détermination, nos stakanovistes du son parviennent à faire monter le niveau même avec le peu de moyen du bord.Sans pour autant s'interdire de lacher quelques free-style et / ou démo comme lors des RKP ou quand l'urgence qu'on prête à la situation ne nous laisse pas l'occasion de faire autrement ( quand il s'agit par exemple de répondre sur le moment à des faits d'actualité);
Ecrit autour de 2010 et censé à la base sortir la même année, le projet "Anatomie de la Haine" portait toute une réflexion sur ce début de millénaire et à ce qu'il annonçait à l'instar de "2.0.10 HARDCORE".Le RKP#26 revient lui sur LA FURIE DE NOS ANNES 2000...pas de fausse nostalgie, si on sort les mouchoirs ce sera pour les imbiber d'essence et les enfoncer aux gouleaux des seuls cocktails que méritent chaque journée de ce nouveau siècle...pour tout c'qui nous reste à cramer!
LE FEU MARCHE AVEC NOUS
RADIO KLANDESTINE PERMANENTE # 26
LA FURIE DE NOS ANNEES 2000
Lyrics: Enedeka Maska / instru: ENO KAES / Enregistrement-mix (demo): Unikogree
Certains rêvaient d'un "empire de mille ans" et toi de quoi rêvais tu pour tes années 2000 hein? / Certains rêvaient d'un "empire de mille ans" et toi de quoi rêvaient tu pour tes années 2000 hein? /petit tu croyais qu'y aurait des voitures qui volent, en 2000, plus de villes, plus d'oxygène dans l'atmosphère / et en 2000 pour te nourrir c'est dans les magasins qu'tu voles et pour trouver un toit il faut ouvrir avant l'hiver / Kho rappelles toi de tes années 2000 en cette dixième année de cette décennie qui se termine, des années décimées pour dessiner un avenir / l'heure a sonné de les désosser pour le meilleur et pour le pire /ainsi va l'temps, j'vais 20 ans et en vain tant de vin a coulé dans les gosiers / à débattre de nos déboires, à coups de battes et à s'égosiller : p'tits futés, j'ai luttés contre les putes les joueurs de fluttes et / sans jamais baisser mon fûte, j'ai suivis mon but affronté ces brutes é/paisses à la main leste de la police et des GPIS / des BAC aux RG en passant par les CReuS et jusqu'aux 'leurs je les déteste / laisse des rues entières en cendres,que les porcs aillent se pendre, prés à les niquer jusqu'en grèce /j'suis pas v'nu pour me vendre, j'suis pas prés à me rendre, , j'ai pris des coups dûr à encaissee.
C'était la furie de nos annes de nos années 2000 / à s'démener à déminer des rutes où tout peu se terminer/ des annes de mauvaises mines, on se tappe l'avant bras pour les mimer.
J'ai su monté les gammes sans apprendre à lire une partition, déçus de descendre des grammes à me pendre ivre en perdition / Les porcs dans la ligne de mire, pas du genre à faire des pétitions, j'ai pas de martyres à admir', du genre à m'battre à coups de tesson / quand les dés sont jetés, y a plus dété sur la jeté/ y a aucun souvenir à jeter, j'me rappelle des squats ou j'étais / faut pas se rappeler que des drames mais aussi des fou rires/ trop de choses tristes sont comme des arbres qui cachent la forêt / avec Jael ou Ogree on en a passé du temps à goleri / à s'tapper des trips sur Ötzi, jpense aux 400 000 autres aussi / aux silences que laissent nos disparus, absences si denses qui se tressent comme une triste parure / que l'on porte autour du cou pour toujours s'en souvenir / on les transporte avec du coups jusqu'au jour ou ce sera à nous de venir...
En attendant vogue la galère / lutte pour remplir le frigidaire / ceux qui n'ouvrent plus avant l'hiver, taffent pour engraisser l'propriétaire / qu'on soit marré qu'on aît souffert on a dit au monde entier d'aller se faire c'est dans l'effort et les enfers que j'ai su reconnaitre mes frères!
Cétait le furie de nos années 2000 / j'les ais touché dans le mille ces années de mines / à s'démener à déminer des routes où tout peut se terminer / des années de mauvaises mines, on s'tappe l'avant bras pour les mimer
Dédicacé aux 400 000 , aux pigeons morts, à l'Anti-France, aux Femmes Pirates et à toutes la mif....Les vrais savent
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O-V-P
Squateur- Kasseur-Paris
Il se trouve encore des gens, parfois complètement intégrés dans le « paysage médiatique », pour défendre Dieudonné, qui serait « victime de l’ambiance de l’époque ». Soi-disant Desproges et Coluche faisaient des trucs qu’on ne pourrait plus faire aujourd’hui, qu’ils ont pu faire des blagues sur les Juifs sans susciter les mêmes réactions que Dieudonné.
Sauf que Desproges ou Coluche n’ont jamais invité des nazis dans leur théâtre1 (ou alors pour leur faire un procès) ont toujours entretenu une large distance avec l’extrême droite, quand Dieudonné s’y est complètement intégré. Lorsque Coluche a fait sa campagne présidentielle et s’est rapproché du poujadiste Gérard Nicoud , ça lui a déjà un peu flingué son projet (qui n’était déjà pas forcément sérieux) et ça lui a été reproché. Et pourtant ça restait très soft par rapport aux fréquentations de Dieudonné.
Ce que tu ne comprends pas Alexandre Astier, c’est que Dieudonné ne peut pas être considéré, comme tu le voudrais « uniquement pour ce qu’il fait sur scène ».
« La quenelle », à vomir…
Il ne se contente pas de faire des salut nazis « pour rire » sur le plateau de Fogiel mais aussi en vrai, avec cet élégant détournement de la « quenelle » que l’on « glisse ». C’est à dire qu’on pointe le bras vers le bas et qu’on en simule l’introduction dans l’anus, façon de dire « et ouais je fais un salut nazi mais pas complètement donc je te le mets profond » (« Glisser une quenelle » peut aussi signifier avoir réussit à faire passer un sous-entendu anti-sémite dans un média sans être trop explicite et donc inattaquable2 ou plus généralement faire un sale coup à quelqu’un) . Salut repris par avec enthousiame au sein de l’extrême-droite politique admiratrice de Dieudonné (Soral, Le Pen…) ainsi que ses nombreux fans. Il est également fait de façon plus surprenante par les sportifs Tony Parker ou Teddy Riner. Mouloud Achour, avait quant à lui déclaré prévoir une petite « quenelle » (pourtant dans un clash contre Jean-Marie Lepen)3. Savaient-ils de quoi il s’agissait exactement ?
Yannick Noah ne fait pas le salut de la Quenelle mais s’affiche hilare en compagnie de Dieudonné après avoir visiblement assisté à son spectacle (Tweet de Dieudonné le 22 mars 2013).
Coluche et Desproges ne sont pas allés à Téhéran rencontrer Mahmoud Ahmadinejad avec Yahia Gouasmi ; ni à Damas rencontrer Manaf Tlass avec Meyssan et Chatillon. Ils n’ont pas fait financer leurs films par l’Iran.
Ils ne s’affichent pas au quotidien avec Alain Bonnet de Soral, bourgeois prétendument punk et ex-PCF auteur de pamphlets et vidéos franchement racistes et antisémites,machiste et antiféministe notoire qui justifie le viol dans « Sociologie du dragueur ». Coluche et Desproges n’ont jamais émis l’hypothèse (dans le cadre tout à fait sérieux d’un entretien chez Ardisson le 11 décembre 2004) que le Sida était « une invention [peut être des Israëliens « il faudrait faire une enquête »] pour anéantir le peuple noir d’Afrique»
Non, Coluche comme Desproges se sont contentés de faire de l’humour, des chroniques, pas toujours drôles, un peu de bienfaisance, ou des expériences politiques bancales mais toujours très loin des fréquentations que peuvent être celles de la galaxie Dieudonné.
Et non Dieudonné n’est pas « interdit de médias » parce qu’il est noir et qu’un noir ne pourrait pas dire ce qu’il veut (sa défense victimaire favorite). Il suffit de voir les sketchs (franchement pas drôles d’ailleurs) débordant de sexismes et de clichés de Cavannagh, la déclaration de Fabrice Éboué sur le féminisme4, ou encore le bon gros dérapage raciste anti-asiatique de Thomas Ngijol chez Ruquier le 16 octobre 2010. Parce que ce contenu (ni drôle, ni innocent) n’est pas érigé en vérité ni défendu via une organisation, parce qu’un comique est là dans le rôle du beauf et du bouffon, et non théoricien ou bailleur de groupes fascistes.
Ça ne veut pas dire qu’un humoriste ne peut pas à l’occasion être engagé, faire de la politique (même si ils ne sont généralement pas bons), cela veut dire que, lorsque l’on chemine avec des groupes antisémites, racistes (comme Kémi Séba5 ou Thomas Werlet6 ), on ne peut pas prétendre ensuite que ses sketchs sur les Juifs, son ovation à Faurisson, serait juste « de l’humour borderline ».
Si un jour on voit Cavannagh ou d’autres traduirent le contenu beauf/raciste/sexiste de leurs sketchs dans leurs quotidiens, si on les voit se rendre à des manifs racistes/sexistes/homophobes, à la fête Bleu-Blanc-Rouge , donner des interviews au journal fasciste Rivarol ou faire baptiser leurs enfants dans une église intégriste, on ne les verra différemment. Idem si ils faisaient applaudir sur leur scène un individu condamné pour négationnisme.
« Je ne prononce pas le mot juif. Après mes différents procès, j’ai compris qu’il pouvait y avoir interprétation sur ce mot alors que sur sioniste, il n’y a pas d’interprétation possible. » Dieudonné, 2005.
Finalement qu’importe que Dieudonné ait ou non du talent, qu’il fasse rire des milliers de personnes.
On s’en fiche. Il est clair que Dieudonné ne peut prétendre faire « juste de l’humour ». A travers ses spectacles, ses films, et surtout avec ce qu’il développe autours (politiquement : liste « antisioniste », soutien à Kemi Seba pour son procès, séjour avec les dignitaires antisémites de régimes dictatoriaux), Dieudonné est aujourd’hui avant tout un militant d’extrême droite. Et depuis longtemps maintenant.
Il serait temps que Alexandre Astier, Tony Parker, Teddy Riner, Pierre Menès7, Bruno Gaccio8, Mouloud Achour, Yannick Noah et d’autres s’en rendent compte.
1 Thomas Werlet, leader du groupuscule néonazi « Droite-Socialiste » participe à uneconférence avec Dieudonné et le centre Zara au Théâtre de la Main d’or. Le Service d’ordre de la « Droite Socialiste » était assuré par le groupe « Nomad88 » une bande de Boneheads nazis condamnés dans le mitraillage d’une cité dans l’Essone.
2 Taper « Glisser une quenelle » dans un moteur de recherche donne un aperçu édifiant.
3 Et ça fait rire tout le plateau du Grand Journalhttp://www.dailymotion.com/video/xtnysx_mouloud-achour-reagit-apres-la-provocation-de-jean-marie-le-pen_news?start=2#.UUdDCBwS00g
4 « Le féminisme, c’est pas seulement des femmes autoritaires ou des mal-baisées, c’est aussi des lesbiennes ! »
5 Accueilli pour sa prestation « Politik Street Show : Sarkophobie » au Théâtre de la Main d’or de Dieudonné en 2007
6 Cf 1ère note
7 « Le meilleur, c’est Dieudonné » déclare-t-il, quoiqu’un peu géné, sur France 4 le 18/11/10
8 Auteur avec Dieudonné (qu’il soutient) du livre « Peut-on tout dire ? »