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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 17:48

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 17:35
MATHIEU RIGOUSTE : « MÊME LA TERREUR D’ÉTAT INDUSTRIELLE NE PEUT RIEN CONTRE UN PEUPLE UNI ET RÉSOLU »

Dans Les Marchands de peur(éditions Libertalia), Mathieu Rigouste retrace par le détail l’itinéraire emblématique de quelques omniprésents « experts » de la peur (Alain Bauer, Xavier Raufer, François Haut...) et documente l’avènement triomphant du capitalisme sécuritaire. Un ouvrage fouillé et passionnant, qu’il évoquait dans cet entretien accordé à Article11 en début d’année.

Cet entretien a été publié dans le numéro 3 de la version papier d’Article11. On profite de sa publication en ligne pour t’inciter à te rendre au débat organisé au café associatif La Commune (3, rue d’Aligre, Paris) sur le thème des Marchands de peur, jeudi à 20h30 en présence de Mathieu Rigouste. Plus d’infos ici.

***

C’est un petit livre valant parfait vade-mecum des temps ultra-sécuritaires. Il retrace précisément les itinéraires d’Alain Bauer, de Xavier Raufer et de quelques autres acteurs français du business de la peur. Et explore méthodiquement « le champ de production du contrôle », mécanique complexe permettant d’assurer de confortables profits à ceux qui en tirent les ficelles et de perpétrer l’ordre inégalitaire du monde. Le portrait d’Alain Bauer et de ses amis est ainsi l’occasion de documenter l’avènement d’un « nouveau stade de développement de l’impérialisme  » : le capitalisme sécuritaire.

Ce canevas, Mathieu Rigouste le déroule brillamment dans Les Marchands de peur : la bande à Bauer et l’idéologie sécuritaire (aux éditions Libertalia), peinture vivante autant qu’analyse fouillée. Dans un précédent opus paru il y a deux ans, L’Ennemi Intérieur1, l’auteur décrivait déjà comment une stratégie militaire totale, la «  doctrine de la guerre révolutionnaire », mise en œuvre par la France dans ses guerres coloniales, avait progressivement contaminé les champs politique et médiatique jusqu’à devenir mode de gouvernement. Cette fois, il explique à qui profite le crime – un « conglomérat complexe de producteurs de contrôle et de marchands de menaces  ». Derrière les deux livres, une même ambition : que la compréhension du monde serve d’arme à ceux qui veulent le mettre bas.

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La trajectoire d’Alain Bauer évoque celle d’un Rastignac de la sécurité. Sa montée en puissance, ces trente dernières années, a été pensée de façon stratégique ?

Alain Bauer est décrit par tous ses amis comme un « homme de réseaux » ayant, depuis sa jeunesse, brigué des postes d’influence et qui a toujours cherché à évoluer dans les « hautes sphères du pouvoir  ». Rappelons qu’il entre au parti socialiste à 15 ans et qu’il participe rapidement à la construction d’une gauche anticommuniste autour du soutien à Michel Rocard. Dès qu’il arrive à l’université, il rejoint la nouvelle Unef-ID et se fait élire comme représentant étudiant à la présidence de la Sorbonne – il n’a que 20 ans, et ce titre va lui permettre un temps de laisser entendre qu’il aurait été « vice-président de la Sorbonne »... Il intègre aussi à cette époque certains réseaux élitistes de la franc-maçonnerie, dans lesquels il essaie de se faire une place.

Il a donc rapidement développé une stratégie misant sur la connexion des réseaux d’influence économique et politique. Parce qu’il a compris très tôt, par sa formation politique et syndicale (qu’il recommande d’ailleurs à tous les chefs d’entreprise), que le capitalisme sécuritaire allait avoir besoin de passeurs comme lui. Il a effectivement mis en œuvre une stratégie qui lui a permis de devenir l’un des architectes de la transformation des appareils de contrôle.

Est-il pour autant le résultat exact de cette stratégie ? Je ne crois pas. Il est de toute évidence assez malléable pour se laisser apprivoiser, à gauche comme à droite, à la télévision comme dans les arcanes de la Françafrique. Alain Bauer est avant tout le nom d’une manière de penser et d’agir dont le capitalisme sécuritaire s’est saisi et qu’il manipule. Les grandes Écoles fabriquent chaque année des centaines de prototypes prêts à remplir les mêmes fonctions.

Cet homme s’est construit sur un perpétuel mélange des genres...

La bande à Bauer – citons, entre autres, Xavier Raufer, François Haut, Christophe Naudin, Yves Roucaute... – a su articuler progressivement un faisceau d’activités correspondant précisément aux intérêts politiques et économiques du développement sécuritaire. Elle réunit des inventeurs de notions qui fonctionnent comme des marchandises, des colporteurs et des promoteurs qui diffusent ces notions-marchandises dans les grands médias, des entrepreneurs de sécurité et de guerre qui cherchent à dominer le marché, des politiciens qui leur ouvrent des voies juridiques, des universitaires qui leur fournissent une légitimité d’ « experts »... Cette bande est finalement organisée de la même façon que ce que j’appelle «  le consortium de la peur  », conglomérat mondial et complexe de producteurs de contrôle et de marchands de menaces.

Bauer lui-même combine les différentes activités que je viens d’évoquer : il est « expert en sécurité » pour les médias, responsable de l’Observatoire national de la délinquance pour le compte du gouvernement, chargé de la chaire de criminologie du Conservatoire national des Arts et métiers, conseiller influent au PS et à l’UMP, patron d’une entreprise de sécurité qui porte son nom (AB Associates), et il vit des peurs qu’il propage. Il est à la fois le symptôme et l’un des principaux architectes de ce processus d’accumulation de profits et de transformation de l’État, centré sur les marchés du contrôle.

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Quel a été son rôle dans le virage sécuritaire du Parti socialiste ?

Bien intégré aux réseaux de la gauche atlantiste, anticommuniste et néolibérale au début des années 1990, Alain Bauer est formé en 1993 par la SAIC, une vitrine de la CIA et du complexe militaro-industriel nord-américain. À son retour, il met tout en œuvre pour appliquer les recettes qu’on vient de lui enseigner, pour développer en France des marchés et des structures équivalents à ceux que les industries du contrôle ont mis en place aux États-Unis. Depuis son passage comme secrétaire général du World-Trade Centre Paris La Défense2, il est reconnu comme un « expert de la sécurité urbaine ».

Il quitte finalement le PS en 1994, mais continue à participer à des commissions de réflexion. Face à la montée électorale du FN, la gauche tente alors de s’approprier ses thématiques politiques, et notamment « l’insécurité ». Et des maires rocardiens ont recours à l’ « expertise » d’Alain Bauer ; à Vitrolles, par exemple, il s’occupe de la « sécurisation » et fait investir dans un coûteux système de vidéo-surveillance. Cela fonctionne si bien que le FN finit par prendre la ville...

C’est d’ailleurs pour ce contrat qu’il crée AB Associates, sa firme de consulting en sécurité. L’affaire se révélant juteuse, il reprend son travail de lobbying auprès du PS et mène la réflexion de 1997, qui axe la campagne du parti sur la sécurité. Celui-ci gagne les législatives au printemps et invite Alain Bauer à organiser le colloque de Villepinte, qui consacre à la rentrée de 1997 la conversion du PS à l’ordre sécuritaire. Le parti met alors en œuvre les recommandations de Bauer, et en particulier ces Contrats locaux de sécurité (CLS) qui réunissent tous les acteurs de la sécurité d’une municipalité autour des « experts ». Les CLS obligent les maires à réaliser des « diagnostics de sécurité » et des « enquêtes de victimation » pour mesurer le sentiment d’insécurité. Et AB Associates multiplie ses bénéfices en devenant l’une des principales firmes fournissant ces « services » auprès des municipalités.

Cet exemple montre bien comment s’articulent les politiques et les marchés de la sécurité. C’est une métaphore du marché de la peur, qui montre que la distinction entre les partis de gouvernement n’a aucune consistance concernant la logique de développement du capitalisme sécuritaire.

En quoi l’alliance des marchands de peur et des marchands de canons est-elle nouvelle ?

La peur a toujours été un outil fondamental pour les classes dominantes, bien avant le capitalisme. Mais tout s’est accéléré avec la transformation du contrôle en marché au cours du XXe siècle. Jusque-là, la fonction de marchand de peur était occupée par des « entrepreneurs de morale », qui permettaient de justifier périodiquement la répression des indisciplines et des révoltes. Mais ce sont les complexes militaro-industriels, édifiés dans le courant des deux guerres mondiales, qui ont généré les marchés du contrôle, devenus florissant entre les guerres coloniales et la contre-révolution post-1968.

Depuis lors, il est devenu indispensable que des professionnels de la terrorisation travaillent constamment pour définir les « menaces » – qui permettent le fonctionnement de cette économie de la provocation/répression – et les « nouvelles menaces », qui délimitent chaque fois de nouveaux secteurs d’accumulation de profits. Les marchands de peur ne sont plus seulement des légitimateurs, ils s’imposent désormais comme des acteurs économiques et politiques très puissants. À l’image de la bande à Bauer, ils sont vecteurs, mais aussi ingénieurs, entrepreneurs et gestionnaires. Ils ont même fini par jouer le rôle d’architectes sociaux et se conçoivent désormais, répètent-ils, comme les bâtisseurs d’une « sécurité globale face au chaos de la mondialisation ».

C’est une entreprise de domination totale ?

Ils parlent de « sécurité globale », mais ça ne veut rien dire. C’est juste de la rhétorique, une manière de convoquer des énergies dans un projet sans fin ; c’est une notion-marchandise, une combinaison de propagande et de publicité. Je ne connais pas non plus d’exemple de « domination totale ». Même dans l’esclavage et à l’intérieur d’un camp, il reste des traces de résistance. La totalité est un fantasme tyrannique, un mirage qui permet de faire courir éternellement ceux le poursuivent.

Cela ne signifie pas qu’il faut sous-estimer les idéologues prêchant pour une « domination totale », mais que nous ne devons pas en avoir peur : ce serait travailler gratuitement pour eux. Rappelons-nous que toute mécanique a ses limites. Et qu’à mesure que les marchés de la sécurité augmentent, les inégalités et les révoltes se développent. Au fond, les contrôleurs ne sont que les serviteurs zélés d’intérêts qui les dépassent : leurs idées et leurs corps ne leur appartiennent pas, ils sont des fusibles. Et il importe de rappeler que les machines complexes peuvent être sabotées pour peu qu’on comprenne bien leur mécanique. Cette compréhension réduit la peur qu’elles nous inspirent, elle les rend moins efficientes.

Pour saboter la peur, l’esclave commence parfois par ridiculiser le maître. C’est une forme d’insoumission et de subversion magique, qui prépare souvent le moment où il trouve la force de se libérer. Cela n’apparaît pas dans le livre, mais nos deux terribles contrôleurs, Xavier Raufer et Alain Bauer, ont reçu des petits noms dans leurs milieux : respectivement « Bonne Soupe » et « Gros Bobo ». Comme quoi on peut manger tous les soirs « à la table des grands3 », tout en restant le triste bouffon des fins de repas.

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Tarnac

La construction policière de l’affaire de Tarnac est emblématique du pouvoir de nuisance de ces gens. Son fiasco final, en l’espèce, ne vaut-il pas large désaveu ?

C’est un montage étrange, en effet. Il a révélé certains mécanismes et certaines stratégies dans le bloc de pouvoir. Il a suscité de larges débats et de nombreuses rencontres, des déplacements de ligne dans certains couches sociales. Ce n’est pas rien.

Pour être efficace, un montage doit théoriquement être basé sur un « choc » émotionnel, qui fait régresser le spectateur et le prépare à digérer la propagande. Or là, «  ralentir des trains », ça n’allait pas faire frémir dans les chaumières... L’essentiel repose en fait dans ce qui s’est passé ensuite - fichage de tous ceux qui apportent leur soutien aux inculpés, visualisation des réseaux de solidarité et de résistance à l’antiterrorisme. Tarnac n’est pas une barbouzerie mal ficelée, c’est un avertissement, une démonstration, l’expérimentation d’une contre-insurrection de basse intensité.

Il n’est pas très gênant pour le souverain de laisser savoir qu’il est prêt à employer la tromperie. Dévoiler la surface du contrôle fait partie de la propagande, il faut laisser percevoir la perversité des montages pour diffuser la peur et générer de l’auto-contrôle. Pour mieux en masquer la mécanique interne.

Reste la grande question au sujet de la contre-insurrection : est-ce que ça marche ? Je crois que cela dépend des intérêts dont on parle, pour qui et pour quoi faire, de comment on règle cette contre-insurrection et de comment on s’en sert. Bref, du rapport de force et de la situation. Par exemple, au sujet de l’Irak et de l’Afghanistan, les théoriciens de la contre-insurrection passent leur temps à discuter de son amélioration, hésitent entre l’axer sur la propagande ou sur la terreur4, preuve qu’elle ne leur paraît jamais vraiment convenable. La contre-insurrection est en expérimentation et en rénovation constante dans le capitalisme sécuritaire. C’est un peu son programme fétiche.

Ce qu’il faut retenir, c’est que les gestionnaires du montage de Tarnac ont perdu sur le plan de la propagande et que ce n’est pas lié à une panne de leur technologie mais plutôt à une sorte de sabotage collectif. De nombreux inconnus, un peu partout en France, se sont réunis par simple solidarité avec les inculpés, ils se sont rencontrés et entraidés pour critiquer le monde qui les entoure, le démasquer et imaginer mieux. Ce type d’amitié politique est une contre-attaque.

A la fin de l’ouvrage, tu fais un parallèle avec la stratégie de la tension à l’italienne : c’est ce qui nous attend dans les années à venir ?

Que ce soit dans cette enquête ou lors de mes travaux sur l’ennemi intérieur, mes recherches me ramènent souvent à cette stratégie de la tension qu’on a identifiée aux années de plomb italiennes ou aux méthodes du ministre français de l’Intérieur de 1968, Raymond Marcellin. Ce n’est pas un hasard, il semble que la dynamique provocation/répression (qui a dû être employée occasionnellement partout et chaque fois que l’on a voulu gouverner des peuples) a été saisie par un système de forces dans la deuxième partie du XXe siècle. Le capitalisme sécuritaire, ce nouveau stade de développement de l’impérialisme, vit – politiquement, économiquement et socialement – en générant des désordres gérables qu’il se donne pour mission de réprimer parce qu’il en tire des profits. Cette dynamique préexistait au capitalisme, mais elle l’a accompagnée et est devenue, avec l’ouverture des marchés du contrôle au cours du XXe siècle, l’une des trames principales de son développement. À moins que nous en finissions rapidement avec l’État et le capitalisme, il y a donc peu de chances que cela change dans les années à venir. Par contre, la tension change de forme en fonction de l’ennemi visé. En Italie, les attentats fascistes attribués aux anarchistes visaient l’insurrection ouvrière. Aujourd’hui, on pourrait dire que la BAC5assure une tactique de la tension continue contre les formes de l’insoumission populaire.

Cette logique va devoir se perfectionner, se rationaliser. D’un côté, les marchés du maintien de l’ordre sont en train de se gaver de commandes en provenance de tous les gouvernements du monde effrayés par les soulèvements en Tunisie, en Égypte, en Libye... De l’autre, on peut imaginer que les mafias gouvernementales du premier monde vont aussi commencer à se méfier des forces populaires avec lesquelles elles jouent. Et qu’elles vont comprendre, cinquante ans après de Gaulle, que même la terreur d’État industrielle ne peut rien contre un peuple uni, résolu et qui n’a rien à perdre. Comme je l’explique à la fin du livre, le capitalisme sécuritaire est un système en réalité extrêmement fragile ; organisé autour de cette logique de tension, il joue en permanence avec les forces susceptibles de le renverser. Tant qu’il arrive à diriger les colères sociales contre des cibles erronées, il reste protégé. Tant qu’il évolue, aussi : par exemple, l’antiterrorisme italien des années 2000 a fini par prendre conscience que la répression brutale des anarchistes jouait parfois contre lui. Depuis, il expérimente la combinaison de la brutalité et de ce qu’il appelle des méthodes douces.

La stratégie de la tension va devoir trouver un nouvelle manière d’équilibrer le rapport entre la propagande et la somme de l’oppression et de la répression – car ceux qui la subissent ont commencé à construire une mémoire des luttes qui permet de repérer cette stratégie et de chercher des moyens de la tordre. La nouvelle figure du « casseur » mi-anar mi-lascar, qui a été déployée pendant le mouvement contre la réforme des retraites, est une illustration de ce renouvellement. Lorsque des opprimés s’associent, la tension doit changer de masque.

Tu parlais de « marchés du maintien de l’ordre en train de se gaver » : à quoi penses-tu ? Aux offres de service sécuritaire d’Alliot-Marie à un régime tunisien sur le point de tomber, par exemple ?

Des journalistes ont l’air de s’émouvoir que la France exporte du matériel de maintien de l’ordre à des dictatures – « en pleine révolution en plus ! ». Mais depuis un siècle, l’impérialisme français entretien et protège des dictatures qui le lui rendent bien, son complexe militaro-industriel vend du matériel de guerre et de contrôle, ainsi que des techniques de terreur d’État, partout où il le peut. Il continue et continuera, bien évidemment.

Pour les complexes militaro-industriels, ce « printemps des peuples arabes » est l’occasion d’une gigantesque série de transactions, de prêts et d’investissements, en terme de recherche et de développement, de fabrication, d’approvisionnement et de maintien en condition opérationnelle. C’est aussi une expérimentation gigantesque de tous ces matériels et techniques, conçus et vendus dans la dernière décennie. Khadafi aurait même testé des avions de chasse en contrôle des foules... Pour l’ensemble du monde contre-insurrectionnel, c’est passionnant : le dictateur a mené la machine au bout de sa capacité répressive, juste avant le sociocide. Il essaie finalement de répondre à la question afghane : face à l’insoumission massive et à l’insurrection généralisée, est-il efficace ou suicidaire d’arrêter complètement d’investir dans la propagande et de tout miser sur la terreur d’État ? Les gouvernements du monde entier veulent connaître la réponse. Parce qu’ils savent que leur tour viendra.



1 Aux éditions La Découverte. Ouvrage abordé ici.

2 Créée en 1969, la World Trade Center Association développe un réseau de centres d’affaires dans le monde où «  les États-Unis, les marchés étrangers et les intérêts financiers peuvent se rencontrer », « favoriser et accélérer des transactions  », « promouvoir la prospérité par le commerce et l’investissement  » (selon leur site wtcaonline.com). Le centre d’affaires de La Défense (92) en est l’un des pôles français.

3 «  Il faut choisir de rester à la table des grands – donc déceler, diagnostiquer, puis prévenir ou riposter – ou devenir une simple force supplétive.  » Alain Bauer, cité dans David Servenay, « Mission Bauer : comment gérer les crises depuis l’Élysée », Rue89, 4 septembre 2007.

4 On trouve un éventail des grands débats en cours dans Georges-Henri Bricet des Vallons, Faut-il brûler la contre-insurrection ?, Choiseul, 2010.

5 Brigade anti-criminalité.

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 17:20

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 15:19
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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 14:50

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 14:48

Pour la quatrième année consécutive, le groupuscule « identitaire » qui a usurpé le nom lyonnais de « Rebeyne » descend dans la rue le 8 décembre, sous le paravent d’une de ses multiples associations-écrans « Les Petits Lyonnais » (!). Une nouvelle manifestation par les organisateurs de la « Marche des Cochons » qui avait provoqué des violences racistes à Lyon.

Petit décryptage des groupes fachos lyonnais.

Le 8 décem­bre

Si le 8 décem­bre est aujourd’hui la vitrine mer­can­tile de la ville de Lyon (l’événement est orga­nisé par la mairie depuis 1989), la tra­di­tion popu­laire est pré­sente depuis bien plus long­temps, même si elle n’a jamais pris l’ampleur que cer­tains et cer­tai­nes vou­draient lui donner, ni l’ancien­neté qui lui est sou­vent prêtée.

Loin de remon­ter jusqu’aux épidémies de peste du XVIe siècle comme cer­tains l’affir­ment par­fois, c’est l’inau­gu­ra­tion d’une statue à la basi­li­que de Fourvière en 1852, à l’ini­tia­tive et payée par les bour­geois et nota­bles réac­tion­nai­res de la ville, qui marque le début de cette « tra­di­tion » qui n’a donc rien de popu­laire à l’ori­gine, puis­que le groupe social à l’ini­tia­tive de la statue entre­te­nait dans le même temps l’exploi­ta­tion des canuts et appe­lait à leur répres­sion.

Le sens reli­gieux a depuis long­temps dis­paru en dehors des pro­ces­sions orga­ni­sées par le dio­cèse de Lyon, les­quel­les ne ras­sem­blent plus que quel­ques dizai­nes de per­son­nes.

Les Identitaires ne se joi­gnent pas à la pro­ces­sion catho­li­que mais orga­ni­sent une mani­fes­ta­tion sépa­rée. Le néo-paga­nisme irri­gue en effet depuis long­temps déjà leur cou­rant poli­ti­que, entre­te­nant des oppo­si­tions avec le reste de l’extrême-droite catho­li­que. Pour appa­raî­tre le 8 décem­bre, ils met­tent donc en avant l’aspect tra­di­tion­nel et pré­ten­du­ment popu­laire d’un événement pour­tant bour­geois et reli­gieux... mais pas­sons, leur but est avant tout de pro­fi­ter de la foule pour se faire voir, et faire par­ti­ci­per des per­son­nes qui ne les rejoin­draient pas si les idées poli­ti­ques des Identitaires s’expri­maient au grand jour lors de cette mani­fes­ta­tion.

« Les Petits Lyonnais » La manifestation « lugdunum suum » en 2009 Créée en 2008, cette énième émanation des Identitaires sert avant tout à orga­ni­ser cette mani­fes­ta­tion. A part cette der­nière, elle ne compte à son actif qu’un net­toyage de plaque com­mé­mo­ra­tive et des arti­cles sur l’his­toire lyon­naise (sou­vent très orien­tés) publiés également sur Novopress, Fdesouche ou le site Rebeyne. L’URL du site de cette asso­cia­tion (Culturelyon, pré­sente sur les tracts) ren­voie en réa­lité sur un blog de l’héber­geur Haut et Fort, lequel est notam­ment connu pour héber­ger de très nom­breux blogs d’extrême-droite, et entres autres le pre­mier site des Identitaires à Lyon, car comme d’habi­tude, il s’agit d’une asso­cia­tion para­vent.

La stra­té­gie n’est pas neuve pour les Identitaires : faire venir du monde à leur idées par du cultu­rel (cari­ca­tu­ral), du spor­tif (combat uni­que­ment), de l’asso­cia­tif (rare­ment au-delà de la décla­ra­tion de façade) ou, à la limite, de l’huma­ni­taire (pure­ment sym­bo­li­que et sur-média­tisé par leurs soins). Ce qu’ils appel­lent de la méta-poli­ti­que (sic !) reste avant tout une façon un peu hon­teuse de ne pas mon­trer ce qu’ils sont vrai­ment.

Les Identitaires aime­raient d’ailleurs faire croire que leurs idées sont cou­ran­tes parmi la popu­la­tion. Dans ce but, ils mul­ti­plient les struc­tu­res de façade pour leurs diver­ses acti­vi­tés pour faire croire à un réel foi­son­ne­ment de leur milieu poli­ti­que. De Novopress [1], agence de presse fic­tive des Identitaires, à SDF (« Solidarité des Français » - sic) ou encore « Solidarité Kosovo » [2], les grou­pes sont légion mais regrou­pent tou­jours les mêmes per­son­nes. Et faire le tour des bureaux décla­rés de cha­cune de ces asso­cia­tions ou des per­son­nes déte­nant les droits des sites inter­net cor­res­pon­dants est une véri­ta­ble partie de rigo­lade : les mêmes noms se sui­vent, voire s’échangent d’une région à l’autre.

Une anec­dote illus­tre bien notre propos : une autre émanation iden­ti­taire avait orga­nisé il y a quel­ques temps à Lyon un « apéro Facebook » « sau­cis­son-pinard », mais vou­lait faire croire à une ini­tia­tive popu­laire qui ne soit pas pré­pa­rée par des mili­tants.

Les orga­ni­sa­teurs dudit apéro prévu dans le quar­tier de la Guillotière sont inter­viewés par France 3. Parmi les per­son­nes inter­viewées se trouve un jeune homme roux reconnais­sa­ble et bien connu pour faire partie de la direc­tion lyon­naise de « Rebeyne ». Il s’en cache bien pen­dant l’inter­view, et lors­que le jour­na­liste, l’ayant reconnu, le ques­tionne sur son statut au sein des Identitaires et donc le rap­port de son groupe poli­ti­que avec l’ini­tia­tive, il refuse de reconnaî­tre les faits, bafouille et s’emmêle les pin­ceaux dans ses expli­ca­tions.

Derrière ces asso­cia­tions, tou­jours les mêmes : les Identitaires Manifestation des identitaires à Paris le 23/10/2010. Rebeyne à Lyon, Nissa Rebela à Nice ou Projet Apache à Paris, il s’agit en réa­lité des anciens grou­pes des Jeunesses Identitaires : même diri­geants, mêmes mili­tants, mêmes types de pro­pa­gande, pré­sen­tés aujourd’hui comme des grou­pes com­plè­te­ment auto­no­mes et plus axés sur des thé­ma­ti­ques régio­na­lis­tes.

Cette nou­velle déno­mi­na­tion tente de dif­fé­ren­cier dans l’opi­nion publi­que les « Jeunesses Identitaires » du « Bloc Identitaire ». Les pre­miers ayant vu leur pré­si­dent, Phillipe Vardon, condamné par la cour d’appel d’Aix-en Provence pour « recons­ti­tu­tion de ligue dis­soute » en sep­tem­bre 2008. Le Bloc Identitaire, aux pré­ten­tions électoralistes, ne désire évidemment pas qu’on se rap­pelle le passé des mem­bres des deux struc­tu­res au sein d’Unité Radicale, dis­soute par déci­sion de jus­tice suite à la ridi­cule ten­ta­tive d’assas­si­nat de Jacques Chirac par l’un de ses mem­bres, Maxime Brunerie.

Les Jeunesses Identitaires ne se sont pas pour autant trans­for­mées en grou­pes indé­pen­dants, la struc­ture natio­nale a dis­paru devant une autre appe­lée « Une Autre Jeunesse » dont la prin­ci­pale appa­ri­tion s’est résu­mée en une mani­fes­ta­tion de 250 per­son­nes à Paris en octo­bre 2010. Côté déci­sion­nel, les ordres et la hié­rar­chie interne à ces grou­pes res­tent sen­si­ble­ment les mêmes.

Ces chan­ge­ments de déno­mi­na­tion, de struc­tu­res, et par­fois même de choix stra­té­gi­ques met­tent tou­jours en avant la même pro­pa­gande, cen­trée essen­tiel­le­ment sur le trip­ty­que Immigration-Islam-Sécurité, si cher à l’actuel gou­ver­ne­ment. Autant dire que la poli­ti­que actuelle offre une vul­ga­ri­sa­tion de leurs idées à peu de frais... Prenons un moment pour reve­nir sur les gran­des lignes de leur idéo­lo­gie.

Identitaires ? Du réchauffé idéo­lo­gi­que sous une couche de publi­cité

Passons sur le dis­cours policé sur l’iden­tité euro­péenne, natio­nale et régio­nale qui masque mal un racisme vis­cé­ral, l’absur­dité de parler d’« iden­tité char­nelle » comme ils le font nous parait assez claire sur le fond. Cherchons plutôt du côté des prin­ci­pes théo­ri­ques (l’ethno-dif­fé­ren­cia­lisme, expli­ca­tion sur Wikipédia rela­ti­ve­ment biai­sée, on revien­dra plus tard sur cette notion par­ta­gée en partie par d’autres grou­pes consi­dé­rés comme « de gauche ») et de leurs sour­ces (la Nouvelle Droite, la Nouvelle Revue d’Histoire, etc.).

Ces théo­ries ne sont pas arri­vées par hasard au sein de l’extrême-droite. Conscients que se trim­bal­ler les vieux refrains éculés d’une extrême-droite plus tra­di­tion­nelle n’est pas vrai­ment ven­deur, les Identitaires pio­chent du côté de la Nouvelle Droite, émanation du GRECE (pour Groupement de recher­che et d’études pour la civi­li­sa­tion euro­péenne. Dépasser le natio­na­lisme par l’iden­tité euro­péenne, tout en s’oppo­sant à l’Union Européenne. Depuis la fin des années 60 l’extrême-droite s’essaie, sans grand succès, à l’inter­na­tio­na­lisme régio­na­lisé en res­sor­tant le vieux fan­tasme d’un peuple euro­péen cohé­rent. C’est aussi le GRECE qui a élaboré au début des années 70 la théo­rie de la « méta­po­li­ti­que » qui pousse les Identitaires et d’autres à mul­ti­plier les asso­cia­tions pour « faire de la poli­ti­que hors de la poli­ti­que » : l’idée de base de cette théo­rie était de contre­car­rer le fait que leurs idées n’ont pas d’échos posi­tifs dans la popu­la­tion quand elles appa­rais­sent clai­re­ment. On retrouve ainsi parmi les ins­pi­ra­teur des Identitaires des anciens du GRECE comme Guillaume Faye.

La per­cep­tion socio­lo­gi­que, anthro­po­lo­gi­que, des Identitaires est donc des plus nau­séa­bon­des. Leur per­cep­tion his­to­ri­que vaut également le détour. Développant une fas­ci­na­tion pour le « roman natio­nal », notam­ment à tra­vers la vision biai­sée que peut donner de l’his­toire des revues aussi peu sérieu­ses que la NRH (Nouvelle Revue d’Histoire), les Identitaires s’ins­cri­vent dans la droite ligne de l’extrême-droite fran­çaise, celle qui n’a jamais réussi à pren­dre pied chez les his­to­riens et les archéo­lo­gues en raison de sa vision archaï­que de l’his­toire natio­nale. Mais les Identitaires ont également mis en avant une volonté de s’appro­prier des sym­bo­les his­to­ri­ques plus mar­qués à gauche, plus popu­lai­res, comme les canuts à Lyon ou les « apa­ches » à Paris. La situa­tion donne des résul­tats sur­pre­nant puis­que par exem­ple le 8 décem­bre, les Identitaires se récla­mant des révol­tés du XIXe siècle lyon­nais en fêtent les bour­reaux [3]. Dur de trou­ver une cohé­rence his­to­ri­que là-dedans...

Rebelles, mais pas trop...

Finissons sur une note iro­ni­que, si les Identitaires aime­raient être les « apa­ches » de notre société, il n’en oublient pour­tant pas d’appe­ler « la police avec nous » alors qu’ils mani­fes­taient dans les rues de Lyon après les émeutes de l’automne 2010 (on ne les a guère vus venir nous voir pen­dant). Ces rebel­les moder­nes venaient donc « aider la police » à « finir le tra­vail ».

Ils sont tel­le­ment rebel­les qu’ils en vien­nent doré­na­vant à par­ti­ci­per aux élections, à l’image de leur modèle ita­lien (la Ligue du Nord). Ainsi le Bloc Identitaire, la struc­ture « propre », s’est-elle implan­tée à Lyon en plus de Rebeyne, et elle par­ti­cipe déjà ailleurs aux élections loca­les. Après avoir par­ti­cipé aux élections à Nice (seule élection où leur score ne fut pas ridi­cule) ils avaient annoncé la can­di­da­ture d’un « jeune euro­péen de souche », aux élections pré­si­den­tiel­les de 2012, c’est chose faite, et Arnaud Gouillon, ce vain­queur en puis­sance n’aura fina­le­ment tenu que quel­ques mois avant de se reti­rer « pour rai­sons finan­ciè­res », entre la ren­contre de Fabrice Robert (pré­si­dent des Identitaires) avec l’état-major du FN, et l’inca­pa­cité de ces der­niers à récu­pé­rer les 500 signa­tu­res tant dési­rées...

On pour­rait passer des heures à détailler leur évolution poli­ti­que, notam­ment le pas­sage de cer­tains de leurs mem­bres de l’anti­sé­mi­tisme d’Unité Radicale au pro-sio­nisme, leur logi­que vis-à-vis du marché du RAC (Rock Against Communism, scène musi­cale néo-nazie) autour du label Alternatives, ou encore leurs ten­ta­ti­ves d’implan­ta­tion dans le milieu Hooligan… Mais ils ne valent pas la peine que nous nous étendions ici sur ces points, tout juste cet arti­cle aura-t-il eu pour but de remet­tre dans un contexte plus large l’ini­tia­tive Lugdunum suum ; ceux qui dési­re­raient aller plus loin trou­ve­ront ci-des­sous des liens pour appro­fon­dir la ques­tion.

Aujourd’hui comme hier : no pasa­ran !

Pas de fachos dans nos quar­tiers, Pas de quar­tier pour les fachos !

Suite sur Rebellyon

http://rebellyon.info/Les-fachos-identitaires-dans-la.html

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 14:46
Lu, vu, entendu : vide-grenier automnal

par Un collectif d’Acrimedle 29 novembre 2011

DSK, suites – Petites annonces gratuites – On ne meurt qu’une fois – Informations triomphales – Fascinant David Abiker – ImpayableFigaro

Il nous avait beaucoup manqué, mais…

I. DSK, suite(s) : France Soir, es-tu là ?

Si, par malheur pour ses salariés, la version papier du journal France Soir risque de disparaître, les recettes qui ont assuré au quotidien « populaire » le succès que l’on sait ne sont pas perdues pour tout le monde…

…Ni pour Libé, qui peut concourir, au concours des meilleures « Unes » sur l’ « Affaire DSK » et ses « suites », dans la même catégorie :

…Ni pour Le Figaro, qui approfondit l’« enquête sur les clubs échangistes » [1] de France Soir, avec de nouvelles révélations :

II. Petites annonces gratuites

- Qu’on se le dise : Chez Bouygues, on embauche !

Ce n’est pas tout à fait une petite annonce, mais plutôt une publi-interview avec photo parue dans le gratuit Métro, où un jeune salarié du groupe Bouygues fait la promo du patron. Gratuitement…

Dans la livraison du 10 octobre de l’édition française de Métro, propriété à 100% de TF1 (propriété de Bouygues), on trouve en page 18 une interview du dénommé M. B., salarié depuis peu chez… Bouygues. Le titre de l’interview est d’un optimisme qui fait chaud au cœur en ces temps de crise : « Embauché dans le BTP dès sa fin de stage ». En effet, l’heureux M. B. « n’a pas connu le chômage. Ni la recherche d’emploi, d’ailleurs : il a été embauché à l’issue de son stage de fin d’études chez Bouygues Constructions en tant qu’ingénieur de travaux », nous dit-on en introduction. L’interview proprement dite nous apprend la motivation centrale de ce jeune cadre : « Je voulais faire un métier concret, qui me permette de voir les résultats de son travail ». Mais il n’y a pas que le résultat qui compte : « C’est une profession passionnante, où les relations humaines sont très importantes… On croit souvent qu’on est là pour tirer des câbles, mais ce n’est pas le cas ! » Et… on peut inviter les copains ? Mais oui : « Une fois embauché chez Bouygues, j’ai pu constater qu’il y avait une demande énorme quand on m’a dit : "Tu peux appeler tes amis de promo car on va embaucher" ». Bref, dans cette publi-interview d’une remarquable efficacité, un salarié de Bouygues fait l’éloge de Bouygues dans une publication du groupe Bouygues. Même Dassault n’avait pas osé avec son Figaro. Mais il n’est peut-être pas trop tard. Ou nous avons oublié…

- 17 octobre 1961 : 50 ans et 20 minutes plus tard

… 20 Minutes qui, le 17 octobre 2011 accorde une place significative à la commémoration du massacre : l’événement est évoqué dans une brève de cinquante mots, consacrés, pour l’essentiel, aux déclarations de Claude Guéant, ministre de l’Intérieur. Cinquante mots, et un chiffre : ce massacre a fait « deux morts ». Cinquante ans plus tard, 20 minutes en est donc resté à l’information fournie par ce qu’un « gratuit » dans son genre, s’il avait alors existé, se serait sans doute contenté de délivrer au public le lendemain du massacre : le communiqué de presse de Papon du 18 octobre 1961.

II. Scoop : On ne meurt qu’une fois

Mais il faut que cela se sache…

- Bill Gates en avance

Le Nouvel Obs.com ou plus exactement un blog hébergé par le Nouvel Obs.com, à l’annonce de la mort de Steve Jobs, s’emmêle un peu les pinceaux :

Cruelle rencontre, cette bévue est surmontée d’une audacieuse promesse : « tout savoir avant tout le monde ». Tout et n’importe quoi ?

- Kadhafi, trois fois mort…

L’information est importante, n’en doutons pas. Mais les chaînes d’info en continu qui font des émissions spéciales sur les informations qu’elles continuent à diffuser s’exposent à donner quelque impression de… saturation.

- … et en direct ?

Une regrettable collision, « indépendante de notre volonté », sans doute. Mais indice d’un idéal journalistique ?

III. Informations triomphales

- Excès de précipitation ?

Le Monde.fr est très « primaires »

Le site du quotidien du soir a veillé tard, ce samedi 15 octobre, pour nous faire vivre en direct le second tour de la primaire socialiste. À commencer par cet événement fondateur : l’ouverture des premiers bureaux de vote, dans « certains collectivités d’outre-mer », qui fait tout naturellement la « Une » :

Il faut dire que ce à quoi nous assistons, c’est un triomphe. Quel triomphe ?

La gauche irréaliste appréciera.

- L’erreur est humaine : la CNN est très humaine

...Et ne s’améliore guère en géographie. Nous avions signalé ça :

Arrêt sur Images a signalé ça :

À suivre…

IV. Fascinant David Abiker

Europe 1, « Des clics et des claques », mercredi 12 octobre : retour sur la « polémique » autour de l’apparition d’Audrey Pulvar aux côtés d’Arnaud Montebourg au soir du premier tour de la primaire socialiste. Du débat intitulé « journalistes-politiques : liaisons dangereuses ? », on retiendra la conclusion de David Abiker, qui tient à dire « trois choses ». Il aurait mieux fait de s’arrêter à la première.

Ça ne démarrait en effet pas si mal : « la relation entre Montebourg et Pulvar est connue, et que si aujourd’hui on peut la discuter, c’est que les choses avaient été rendues publiques […] Je ne veux pas vous dire combien de bisous j’ai comptés le matin, le soir, le midi, entre des interviewers jugés totalement indépendants et leurs propres invités. Quand je dis des bisous, c’est que ça se claque la bise tous les matins, entre journalistes indépendants et politiques. Non mais il faut le dire ! ». C’est dit. Et noté.

C’était le premier point. Le deuxième, « c’est que pour l’instant on n’a qu’un seul cas d’école » : le cas où « les journalistes sont féminines et les politiques masculins ». David Abiker parvient à dominer le brouhaha des commentaires pour poser le vrai problème : « Qu’est-ce qu’elles ont toutes ces andouilles à tomber amoureuses d’hommes politiques à chaque fois qu’elles les voient ? »

« Ils sont plein de testostérone, c’est connu », commente une voix féminine dont le site internet d’Europe 1 n’a pas pris la peine de préciser l’identité. « Bonne question ! », approuve quant à lui Guy Birenbaum. Et David Abiker de nous offrir sa bonne réponse : « Je renvoie aux femmes qu’elles sont fascinées par le pouvoir ! Et qu’elles se débrouillent avec ça ! »

Heureusement, la publicité a empêché David Abiker [2] de nous confier la troisième « chose » qu’il avait sur le cœur.

V. Impayable Figaro

... Qui, dans un article agrémenté d’infographies, publié le 10 novembre sur son site internet, prétend tester la valeur des prévisions sondagières à six mois des élections présidentielles, en tirant le bilan des précédentes éditions. Mais on le sait, l’amour est aveugle. Et mauvais en calcul : 
- En 1965 : « De Gaulle l’emporte mais son score est très éloigné des premières prévisions faites par les sondages. » 
- En 1981 : « Le favori s’incline. » 
- En 1988 : « Chirac l’emporte dans des proportions à peu près équivalentes aux prévisions. » 
- En 95 : « En se trompant sur l’identité des deux finalistes, les sondages réalisent la plus mauvaise estimation de l’histoire des présidentielles. » 
- En 2002 : « Le favori l’emporte mais les sondages se trompent sur l’identité du deuxième finaliste. » 
- En 2007 : « Le favori s’incline. »

Conclusion du Figaro ? « Depuis l’élection de 1965, les sondages voient juste. Une fois sur deux. » CQFD !

Notes

[1] Enquête « en marge de l’Affaire DSK », comme le précisait la « Une » des 11-12 juin. Sur toute l’ « Affaire », retrouvez notre dossier ici et sur papier dansMédiacritique(s).

[2] Dont on avait déjà pu apprécier les qualités d’expert ès sexisme, à l’occasion des États généraux de la femme organisés en mai 2010 par le magazine Elle.

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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 23:21

« Il est interdit de crier des slogans politiques. Il est interdit de monter une tribune. Il est interdit à tout parti politique d’entrer sur la place » : les révolutionnaires égyptiens ont érigé en lettres rouges les règles de « Tahrir » sur des bâches en plastiques amarrées au terre-plein central. Un par un, les hommes politiques de tous bords qui se sont aventurés, depuis le 19 novembre, sur le « cœur battant de la révolution égyptienne » s’en sont fait expulser sans concession.

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Avec une détermination chaque jour plus forte, la place Tahrir cultive un tropisme politique qui subjugue les analystes. Les jeunes révolutionnaires qui l’animent refusent obstinément les règles du jeu politique tel qu’elles ont été établies par le Conseil supérieur des forces armées et les partis. Pour eux, la révolution ne fait que commencer. Il ne s’agit pas d’une « transition vers la démocratie », mais de la mise à plat d’un système. Battre les cartes et les redistribuer, inventer une nouvelle grammaire politique. (…)

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Après quelques semaines d’une campagne largement improvisée, même ceux qui se sont aventurés dans l’arène politique le temps d’un tour de cirque médiatique sont de retour sur la place pour crier leur rejet du cadre politique dans lequel doivent se jouer les élections, prévues le 28 novembre.

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(…) face aux abus de pouvoir du CSFA et à l’opportunisme des Frères musulmans, il n’y a qu’une carte à jouer : Tahrir. Au contraire de la dispersion des révolutionnaires en politique, la place est en effet un espace de cohésion inédit, où les leaders sont malvenus mais où il règne une véritable organisation spontanée. « Un rêve d’anarchie », soupire Fadi, qui y fête ses 33 ans. C’est la force de Tahrir, et son pouvoir d’attraction.

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Quand la nuit tombe, les irréductibles se répètent le défi de Tahrir. « Cette fois-ci, les Frères ne sortiront pas indemnes de s’être désolidarisés de Tahrir. Ils en paieront les frais aux élections… quand il y aura de vraies élections », murmurent les ombres sur la place, emmitouflées dans leurs duvets.

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Leur presse (Claire Talon, Le Monde), 26 novembre 2011.

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