TARTUFFE: «Couvrez ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils objets les âmes sont blessées, et cela
fait venir de coupables pensées.» DORINE: «Vous êtes donc bien tendre à la tentation, et la chair sur vos sens fait grande impression!
Certes je ne sais pas quelle chaleur vous monte. Mais à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte, et je vous verrais nu du haut jusques en bas, que toute votre peau ne me tenterait pas.»
Molière
C'est donc du point de vue de Dorine plutôt que de celui de Tartuffe que part ma modeste réflexion sur le piètre article de Mona Chollet, Femen partout, féminisme nulle part,
paru le 12 mars 2013 dans Le Monde diplomatique et qui se répand comme une trainée de poudre à travers de
nombreux médias traditionnels et sociaux.
Non pas que les problèmes relevés par les détracteurs des Femen ne soient pas pertinents, mais c'est que,
alignés les uns à la suite des autres sans aucune pensée critique ou objectivité journalistique de la part de l'auteure, cet article est entièrement à charge contre les Femen, jugées coupables de tout d'un bout à l'autre. Pour Mme Chollet, ce mouvement Femen ne serait qu'une ombre portée sur ces «femmes habillées» qui luttent pour leurs droits, un spectacle quasiment
dégoûtant qui se conformerait et valoriserait les «critères dominants de jeunesse, de minceur, de beauté et de fermeté» et qui s'inclinerait devant la domination masculine à travers un discours
creux, voire désastreux car antiféministe. Sans trop la paraphraser, les militantes Femen ne sont que
des bimbos minces et blondes, commercialisables, surtout très «sottes», qui «soupirent» lorsqu'on leur
demande d'écrire un véritable discours! C'est rare de lire un texte aussi méprisant. Mme Cholet semble avoir trouvé un coupable au peu d'engouement populaire actuel pour le féminisme et à la
situation catastrophique des femmes dans le monde: les Femen!
Comme le pense une autre journaliste, Martine Gozlan, la vive réaction contre
les Femen n'est pas uniquement une histoire de gens peu éduqués: les gestes des Femen ont eu le génie de «débusquer les blocages terribles des conservateurs comme de ceux qui se disent émancipés», même
parmi les féministes. Que reste-t-il de la révolution sexuelle et du formidable essor du féminisme en occident dans les années 60-70? Peu ou pas grand chose lorsqu'on regarde d'assez près la
condition actuelle des femmes dans le monde!
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Féminisme: des suffragettes aux
Femen
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DR
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Tartuffe contre Dorine, deux compréhensions du mouvement Femen qui s'opposent
La première consiste à voir à travers ces seins nus un symbole de la féminité, mais surtout reliée à la marchandisation de la nudité féminine, au marché de la pornographie, à une image servile,
dégradante et réductrice de la femme. Qu'on le veuille ou non, cette perception, même si elle est partagée par les femmes, n'en est pas moins une vision limitée résultant de la domination
masculine... qu'une femme, qu'une poitrine de femme ne peut être autre chose qu'une matière commercialisable pour homme libidineux, qu'un homme, comme une femme, ne peut y voir que cela. Certes,
c'est la vision que la plupart des médias partagent ou entretiennent et une technique de communication qu'ils utilisent sciemment pour attirer l'œil de votre pervers de mari mesdames, mais
devons-nous pour autant, afin de lutter contre cela, comme Tartuffe, cacher ces seins qu'ils ne sauraient voir?
La seconde consiste à voir à travers l'image de ces seins le symbole de la féminité, mais cette fois-ci en tant que symbole de l'émancipation du corps des femmes, de leur droit d'en disposer à
leur guise, sexuellement aussi, sans que cela soit dicté par un homme, ou en s'en servant comme étendard pour y inscrire leurs revendications! Il y a beaucoup de pudibonderie et d'hypocrisie
autour de la dénonciation de cette nudité... Voir des seins de femme, trop souvent molestés par les opposants à ce mouvement, sur lesquelles est écrit «Non à l'esclavage des femmes!»: ça excite
qui au juste mis à par les cochons impénitents et ça énerve qui mis à part les religieux et les pudibonds? Posons-nous personnellement la question avant de nous demander ce que notre pervers de
voisin en penserait, émancipons-nous aussi de ce regard... Comme Dorine, je ne pense pas que nous sommes tous prompts à la convoitise sexuelle et n'en déplaise à Mme Chollet, ceci est une vision
féministe... En d'autres termes, tous les hommes ne sont pas sexistes et toutes les femmes, consciemment ou non, ne sont pas exemptes de ce genre de regard et d'attitude envers les autres femmes
qui sont regardées par les hommes...
Un féminisme radical et transgressif
Contrairement à ce que laisse penser Mme Chollet qui se permet de juger ce qui fait partie ou non du féminisme, ce dernier n'est pas un bloc monolithique qui détiendrait un large consensus de la
part des femmes. Les Femen en sont une version radicale compte tenu de l'urgence de la situation et, au grand
regret de Mme Chollet, si elles ne sont pas des «Grandes femmes de plumes», elles sont des femmes d'actions qui, je la rassure, savent lire, réfléchir et même écrire, ce qu'elle aurait pu savoir
en faisant correctement son travail de journaliste au lieu d'écrire un paragraphe entier sur leur supposé illettrisme - voir Femen, le livre.
Au commencement, en 2008, les Femen dénonçaient la prostitution forcée, violente, massive et mafieuse qui
s'opérait dans leur pays, l'Ukraine. Leurs premiers objectifs étaient donc de promouvoir les droits des femmes et d'alerter la population à chaque fois que ceux-ci étaient bafoués. Très vite ce
mouvement a dépassé les frontières de l'Ukraine et les Femen luttent maintenant aussi pour d'autres causes en
faveur de la démocratie et des droits humains (notamment pour la liberté de la presse et contre la corruption, la pauvreté, la violence conjugale ou encore des formes de discriminations telles
que le sexisme, le racisme ou l'homophobie), mais, surtout, elle remettent en cause la place des religions dans nos sociétés, qui véhiculent et institutionnalisent ouvertement des valeurs
misogynes et certains comportements qui peuvent s'avérer être mortels pour les femmes. Outre le fait d'exposer leurs slogans sur leurs seins nus, elles brulent des drapeaux islamiques,
tronçonnent des croix chrétiennes en bois - symbole selon elles de l'oppression millénaire de l'église catholique sur les femmes -ou encore habillées en nonnes, elles aspergent les extrémistes
catholiques de liquide blanc à l'aide de contenants sur lesquels est écrit «sperme». Radicales et transgressives, elles sont prêtes à tout sauf à la violence sur autrui car leur consigne
est «de ne jamais rendre un coup»! Elles s'en prennent aux
symboles religieux ou machistes à la différence de leurs adversaires qui portent directement atteinte à leur intégrité physique.
Toute la philosophie d'action des Femen se résume et se justifie à travers ces quelques mots: la nécessité
fait loi - ou encore, la fin justifie les moyens - un besoin extrême peut justifier le fait qu'on passe outre les obligations conventionnelles, les lois, généralement établies par les hommes et,
a fortiori, les religieux. La condition des femmes dans le monde est à ce point désastreuse qu'il n'est plus question pour elles que la voix des femmes soit muselée, si peu entendue ou si peu
prise en compte. Certes, les réalités sont multiples dans nos sociétés, mais il y en a une qui est particulièrement écrasante: la domination des institutions gouvernementales et religieuses, des
médias et des grandes entreprises par les hommes. Bref, tout ce qui nourrit et influence essentiellement les valeurs de nos sociétés... Les Femen utilisent bel et bien les médias pour exister dans ce monde tel qu'il est, à défaut d'être simplement oubliées,
écartées des débats, dans le seul et unique but de parler au nom de celles que la mise au silence tue chaque jour. Nous serons quasiment tous d'accord pour dire que sans l'exposition de leurs
poitrines aux médias, leur mouvement n'aurait pas la force qu'il a aujourd'hui. La faute à qui?
Une paire de seins comme symbole et moyen de communication: une nudité problématique, mais pas ambigüe
Cela ne trompe personne, les Femen utilisent sciemment leur nudité pour faite entendre leur cri païen. On
pourrait alors leur reprocher d'utiliser le pouvoir traditionnellement associé à leur sexe - celui de manipuler les hommes, comme les médias dont ces derniers sont les principaux propriétaires, à
travers leurs seuls attributs sexuels - plutôt que de chercher à sortir de cette dynamique. Force est de constater que les marges de manœuvre des femmes sont bien plus limitées que celles des
hommes qui s'octroient généralement toute la légitimité intellectuelle et le pouvoir de décision - ce phénomène est particulièrement flagrant dans les pays machistes et, plus encore, religieux.
Dès lors, il ne faut pas s'étonner ou encore moins être choqué si «les femmes développent des outils militants sexués en rapport avec la place qu'on leur attribue» comme le souligne Ophélie Rillon. C'est un moyen pour elles de sortir de leurs rôles de mère nourricière et de femme
objet - souvent abusée -, de sortir de la sphère domestique pour aller vers le politique et forcer les hommes non seulement à les écouter mais aussi à les considérer.
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Les Femen à Davos en Suisse
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AFP
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Avons-nous déjà oublié les manifestations de femmes seins nus - ou carrément nues - qui ont eu lieu dans de nombreux pays dans les années 60 en Occident lors de la révolution sexuelle et leurs
messages sur leur corps? Ces dernières réclamaient leur émancipation sexuelle, et ce, contre l'ordre bourgeois et patriarcal qui les maintenait dans leur cuisine sans mot dire et qui les rendait
entièrement dépendantes de leurs maris. Ou encore ces femmes africaines maintes fois dans la rue seins nus au cours de l'histoire? «Parce qu'elles sont indignées, des femmes africaines n'hésitent
ni à choquer ni à défier les autorités en exhibant une partie de leur corps. N'est-ce pas l'un des principes-phares des happening organisés par le mouvement des Femen à travers le monde?», comme le rappelle Nadéra Bouazza.
D'autres leur reprocheront de vendre le féminisme comme un produit de consommation - a-t-on reproché à Greenpeace de vendre l'écologie comme un produit de consommation pour subventionner leurs actions? - ou comme le dit la
sociologue Tetyana Bureychak, de faire
la promotion «de ce contre quoi on combat, lorsqu'elles protestent contre le tourisme sexuel en se déguisant en prostituées». Si le fait de s'exposer de la sorte peut tout à fait être jugé
paradoxal, il ne faudrait pas pour autant être de mauvaise foi en détachant leur posture - et leurs seins - du message qui lui est intimement relié et qui enlève définitivement à cette nudité
toute ambigüité. Si elles exhibent leurs seins, elles en détournent le sens et le but qu'on leur attribue habituellement: ce n'est pas pour vendre du yaourt, des magazines ou pour promouvoir la
pornographie, mais au contraire pour dénoncer sans détour l'utilisation scabreuse que certains hommes font de l'image de la femme, voire, plus immonde, du corps des femmes. Comme le souligne la
journaliste Mylène Wascowiski, les Femen sont «parvenues à tourner ce que certains hommes peuvent considérer comme un fantasme à leur avantage».
Qu'on se le dise, la nudité n'est pas qu'une expression d'une sexualité commercialisable, mais également de la simplicité, du naturel, de la liberté et, en ce qui concerne les Femen, de la vulnérabilité physique des femmes face à la violence de certains hommes. Pour Geneviève Fraisse, philosophe et historienne de la pensée féministe, le groupe des Femen produit «un nouveau discours, global», qui «s'inscrit parfaitement dans la tradition féministe» et où «la nudité a
plutôt rapport avec la vérité. On dit dévoiler la vérité, en philosophie...».
Enfin, face à ces horreurs commises contre les femmes, réfléchissons un peu et demandons-nous aussi quel symbole autre qu'une paire de seins les Femen auraient pu utiliser pour prôner la pleine réappropriation de leur corps et de leur sexualité dans cette situation:
Une fleur? Une colombe rose ou - plus conventionnel - un tablier et une poêle? Certains diront peut-être qu'elles manquent d'imagination... c'est discutable! Une chose est sûre:
les Femen sont jeunes, elles jouent plus facilement avec les médias et sont moins perturbées par l'effet
paradoxal de l'image que ces derniers véhiculent d'elles que nous pouvons l'être...
Coupables d'êtres belles et minces?
Les fondatrices des Femen sont belles et minces, que peut-on faire contre cela? Auraient-elles dû se
fracasser le visage sur un mur, ne surtout pas se maquiller et se gaver de McDonald pendant des mois avant de prendre la parole? Qu'elles utilisent les stéréotypes de beauté pour parvenir à leurs
fins, c'est leur moyen d'action, mais ça ne prend que quelques secondes de navigation sur Internet pour constater que les manifestantes de Femen ont différentes silhouettes. Ce que montrent les «journalistes» de leurs manifestations ne correspond pas à la réalité, si les gens se contentent d'avaler les informations des «gros médias
machistes» sans prendre le temps de se renseigner correctement, elles n'en sont pas responsables! Avant de leur faire un procès d'intention, a-t-on un seul témoignage de femme qui aurait été
exclue des Femen à cause de sa physionomie? Non! Il est certain aussi que les femmes moins complexées par les
dictats de la mode soient moins réfractaires à se dénuder que les autres...
Certes, les Femen s'aliènent certaines femmes, mais il faut être courageuse pour faire partie des Femen: assumer les idées de ce mouvement, mais aussi assumer son corps de femme, quel qu'il soit,
radicalement (voir photos)!
Afin de contredire cette image pour le coup vraiment réductrice de leur mouvement, les Femen ne cessent
d'appeler les femmes plus complexées à se libérer de l'image que les hommes attendent d'elles, cela fait partie intégrante de leur message comme le souligne Anna Houtsol, l'une des fondatrices du mouvement : «Il n'y a pas de critère de beauté pour intégrer
les Femen. En russe, belle signifie plutôt ''rayonnante'', ''pleine de vie''». Ajoutons qu'elles ne forcent pas non plus toutes les manifestantes ou les supportrices à montrer leurs seins.
De la provocation gratuite et inutile?
Certain(e)s auront l'outrecuidance de dire que les Femen font ce qu'elles font dans l'unique but de faire
parler d'elles - par besoin d'attention ou, pire, par plaisir - alors qu'elles risquent leur vie compte tenu des coups qui leurs sont portés lors de leurs manifestations, des séjours en prison ou
des épouvantables séances de tortures que certaines d'entre elles ont dû subir, comme enBiélorussie par exemple.
Dernièrement, une pétition pour sauver Amina, la
première Femen tunisienne, vient d'être créée. Pour avoir mis une photographie d'elle seins nus
sur Facebook, cette jeune femme a été enlevée par sa famille, frappée par son cousin, placée dans un hôpital
psychiatrique, fortement médicamentée et demeure depuis séquestrée chez ses parents après sa condamnation à mort par les fanatiques religieux. Voilà à peu près ce qu'il en coûte à ces femmes
d'avoir transgressé les lois et les traditions - masculines - qui régissent la nudité et de n'avoir pas respecté «leur» culture.
D'autres diront qu'elles ne font qu'attiser la haine et
qu'elles ne réfléchissent pas aux conséquences de leurs actes! Devrais-je rappeler qu'il n'y a pas de fumée sans feu et que le mouvement des Femenest né de la violence, de celle faite aux femmes. Loin de moi l'idée d'inciter à
répondre à la violence par la violence, mais il faut comprendre que dire que ces femmes attisent la haine, c'est accepter implicitement que ce qu'elles font est mal - qu'elles ne disposent pas de
leur corps librement - et reconnaître les valeurs et l'autorité des extrémistes religieux, les limites qu'ils imposent souvent violemment aux femmes (comme aux hommes). En d'autres mots, c'est
maintenir ces femmes sous le régime de la terreur sous prétexte de ne pas vouloir déranger ces monstres ou de ne pas vouloir les exciter...
Irrespectueuses les Femen? Essayez donc de comprendre la notion de respect que partagent ces hommes (et certaines
femmes) et vous serez pris d'un vertige mortel! Regardez donc quelques unes des milliers de vidéos de violences faites aux femmes comme celle de Najiba, 22 ans, exécutée car soupçonnée d'adultère en Afghanistan ou encore écoutez les commentaires des femmes de la maison qui cautionnent les actes violents de leurs maris après que l'un d'eux ait coupé le nez
de sa femme parce qu'elle ne se comportait pas comme il le désirait.
Les images du Topless Jihad
Day des Femen Le billet de Jean-François Mauger se poursuit après la galerie
Qu'est-ce qui est vraiment le plus provocant: les propos de ces hommes qui, en groupe, ont violé cette jeune femme dans un bus en Inde prétextant qu'elle n'était pas assez vêtue ou l'image des
seins des Femen qu'elles adressent aux religieux névrosés qui veulent couvrir le désir que génère sur eux le
corps d'une belle femme? Les Femen se servent de l'image de leurs seins pour leur rappeler leur bestialité! Il n'y a aucune ambiguïté dans leur message!
Les Femen font-elles de l'ombre aux femmes habillées? Ne soyons pas aveugles, le traitement réservé aux
femmes rebelles est le même: que ce soit les Femen aux seins nus qui se font frapper le visage à coup de
pieds dans les rues de Paris alors qu'elles s'opposent aux groupes chrétiens d'extrême droite lors de la manifestation
contre le mariage gay ou que ce soit ces femmes afghanes
voilées qui se font également tabasser et lancer des pierres pour avoir osé manifester en 2009 contre une loi qui «légalise le viol d'une femme par son mari». La vérité, c'est que les médias
parlent abondamment des premières et très peu des secondes... Si les actions des Femen peuvent être
discutables, elles auront au moins l'avantage de montrer à quel point ces hommes, à la vue de tout le monde et sous les projecteurs des médias, sans aucune gêne, sont de véritables monstres. Il
semblerait que la violence contre les femmes - habituellement contenue derrière les murs de leurs maisons - se montre désormais dans les rues. Mais, comme Meriam, les Femen ont la ferme intention de ne pas se plier devant leurs persécuteurs et ne se laisseront pas rattraper par la peur, car
la peur, elles la vivent déjà au quotidien : «Je connais les risques d'être une Femen! Je savais qu'en
m'engageant, j'aurais des problèmes ! Pour l'instant, je ne reçois que des insultes et des menaces... Vous savez ça ne change pas vraiment de celles qu'on me lançait lorsque j'étais à Kasserine
ou à Monastir.»
La situation catastrophique des femmes dans le monde ou l'échec d'un féminisme «conventionnel»
Aurions-nous l'inconscience de dire comme la sociologue ukrainienne Tetyana Bureychak que «cette manière de défiler seins nus est beaucoup plus choquante que les pratiques que les manifestantes sont censées dénoncer»? Vu d'ici, du Québec, où la
condition des femmes s'améliore lentement, il est presque «normal» que les actions des Femen soient perçues
comme excessives, mais cet «excès» n'en est plus un si on observe la situation des femmes dans le monde qui est littéralement catastrophique comme nous le rappelle une récente enquête de l'ONU: « jusqu'à 70 % des femmes sont victimes de la violence au cours de leur vie. Selon les données de
la Banque mondiale, le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand pour une femme âgée de 15 à 44 ans, que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme
réunis. (...) Entre 500 000 et 2 millions de personnes font l'objet de traite tous les ans à des fins de prostitution, de travail forcé, d'esclavage ou de servitude, selon les estimations.
Les femmes et les filles représentent près de 80 % des victimes découvertes
Malgré des avancées certaines, globalement, le féminisme comme la laïcité est en recul constant à travers le monde, les femmes voilées n'ont jamais été aussi nombreuses depuis ces dernières
années. Nos gouvernements ressemblent de plus en plus à des parodies de démocratie, pour ne pas dire que certains, comme la Russie, ne sont plus que d'immenses dictatures. Et là où la démocratie
recule, les droits des femmes reculent d'abord et plus encore que ceux des hommes. Pas un jour ne passe sans que nous n'apprenions le terrible sort réservé aux femmes : une pauvreté plus accrue
que celles des hommes, la prostitution forcée, les mariages forcés et les mutilations, les viols, les lapidations et les meurtres sont autant de «sports» très virils - «d'honneur» nous dit-on -
qui se multiplient sans cesse dans le monde.
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Les meilleurs et les pires pays pour les
femmes selon le Forum économique Mondial
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Comme dans la plupart des pays d'Amérique Centrale et d'Amérique du Sud où la situation des femmes est alarmante et les féminicides particulièrement inquiétants, comme au Mexique où 34 000 femmes ont été assassinées pour le seul fait d'être une femme au cours des 25 dernières années.
Comme en Turquie où «sans contradiction possible, les statistiques démontrent que les violences faites aux femmes suivent la même courbe que celle de l'islamisation de la Turquie.
Pendant les sept premières années du pouvoir AKP, des assassins, tous du genre masculin, ont tué quatre mille cent quatre-vingt-dix femmes dans le pays. Le nombre de victimes de féminicide se
situe, pour l'année 2009, à mille cent vingt-six tuées, tandis qu'il était seulement de soixante-six, il y a neuf ans... Et la courbe n'est pas prête de décliner». Ou encore en Égypte où les
femmes n'ont plus le droit de manifester sous peine d'être battues ou violées (voir vidéo).
Comme en Asie où chaque année des centaines de femmes subissent des agressions à l'acide ou au kérosène.
Parfois pour simple soupçon d'adultère.
Comme en occident, en France par exemple, berceau des droits de l'homme, où une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son mari...
Bref, la liste des atrocités commises contre les femmes semble aussi insoutenable qu'interminable et couvre TOUTE la planète!
Ces «putes», ces «chiennes» ou ces «femmes maudites»!
Si vous avez encore du temps, faites donc un petit tour sur le site des Femen ou sur leurs pagesFacebook pour y lire les milliers de monstruosités écrites par tous ceux et celles pour qui la nudité est exclusivement
sale, révoltante, voire satanique! La virulence abjecte des commentaires et la réaction en général aux activités des Femen est un indice certain que les Femen appuient là où ça fait mal. La preuve, comme le souligne les militantes, «que la misogynie, l'homophobie et
l'intolérance que nous dénonçons continue d'exister et de sévir, en France, à Kiev, et ailleurs».
Au sein des grandes religions monothéistes, leurs plus hauts représentants n'ont de cesse de prôner l'aliénation de la femme : que ce soit les chefs musulmans extrémistes qui pensent que les
hommes ont un droit de vie et de mort sur leurs femmes et qui limitent considérablement leurs libertés (interdiction de conduire, de se dévoiler, de parler à d'autres hommes, de circuler dans
certains lieux, etc.), ou que ce soit les catholiques dont le nouveau pape, François, a déclaré à Buenos Aires en juin 2007: «Les femmes sont naturellement inaptes à exercer des rôles politiques. L'ordre naturel et les faits (sic) nous enseignent que
l'homme est l'être politique par excellence; les Écritures nous démontrent que la femme est toujours l'appui de l'homme pensant et agissant, mais rien de plus que cela».
Ce 10 avril 2013, sera prononcé le verdict du procès des “Zwewla”. Rappelons les faits
:
Le 3 novembre dernier, à Gabès, deux jeunes artistes, Oussema Bouagila et Chahine Berriche, du mouvement « Zwewla » [« Pauvres » - NdJL] ont tagué un mur à Gabès. Ils furent arrêtés et accusés, tenez-vous
bien : de propagation de fausses informations portant
atteinte à l’ordre public (outre deux autres chefs d’accusations).
A shipment of teargas canisters from the United States arrived at the Abadeya Port in
Suez on Sunday, according to official documents obtained by Al-Masry Al-Youm.
Five containers carrying 140,000 teargas canisters were shipped to the Interior Ministry by Aramex International, a courier service based in Alexandria.
The shipping documents stipulate that only the Egyptian government may use the canisters, and that they are forbidden to re-export the shipment or sell it to third parties.
The shipment sailed from the port of Wilmington, Pennsylvania on 14 March on board the SS Jamestown. A letter of credit was forwarded without specifying the name of the bank, and the Egyptian
government paid the freight fees.
In February, Al-Masry Al-Youm reported that the Interior Ministry agreed to import the canisters for US$2.463 million (LE17.241 million), to be shipped by an Egyptian military cargo plane.
Interior Ministry spokesperson Hani Abdel Latif said that the ministry imported the grenades in order to protect state facilities.
Leur presse (Al-Masry Al-Youm via EgyptIndependent.com, 8 avril 2013)
Commentaire / Dernière info en provenance d’Égypte
En ce moment (mardi 9 avril 2013) l’armée essaie de forcer les conducteurs à retourner
au travail, essentiellement en appelant les conducteurs à faire leur service militaire et les enrôler comme conducteurs de trains (la plupart des hommes entre 18-42 en Égypte font légalement
partie de la force de réserve). Les chauffeurs en grève ont fait une déclaration selon laquelle ils ne se conformera pas et ne retourneront pas au travail.
Ce matin, l’armée a essayé de faire pression sur les travailleurs en grève pour
retourner au travail en mettant l’armée en état de mobilisation et donc les travailleurs devraient soit retourner au travail ou faire face à un procès militaire. Après cet échec et que les travailleurs aient refusé de retourner au travail, l’armée
leur a demandé d’envoyer des représentants pour les négociations. Les travailleurs ont envoyé 90 d’entre eux pour négocier, l’armée a arrêté les représentants, et nous nous attendons à ce qu’il
ait des poursuites militaires contre eux tout moment. La grève se poursuit, mais il est soumis à une forte pression.
Egypt’s railways see biggest strike in almost 30 years
A nationwide train conductors strike continued into its second day on Monday, in
protest against the “government neglect of their demands for higher salaries.”
An official source at the National Railway Authority estimated its losses at about LE4 million due to the cancellation of nearly 1,100 train trips, and giving ticket refunds to passengers.
Since the start of the strike, passengers have been lining up at ticket booths to get their money back, while transportation police forces have spread around stations to secure the facilities and
calm angry crowds.
The strike was initially scheduled for 1 April but was put on hold for negotiations between a delegation of train drivers with the Transport Ministry, Labor Ministry, the National Railway
Authority and the Shura Council’s Transportation Committee. The meetings broke down on Saturday evening, leading to widespread dissatisfaction among thousands of railway worker, and on Sunday
morning, thousands of train conductors launched the largest such work stoppage since the historic railway strike of 1986.
The train conductors declared that they would not call off their strike until their demands are met.
The strike has paralyzed the country’s transportation lifeline, and resulted in work stoppages for all sectors of railway employees — whether they had intended to participate in the strike or
not. The NRA is said to employ around 73,000 workers nationwide.
Hussein Zakariya, director of National Railway Authority, announced “an immediate bonus to committed train drivers who are doing their job and care for the interests of the Railway
Authority and ordinary citizens.”
Legal action will be taken against striking conductors, Zakariya added. The Railway Authority has made several attempts to overcome the crisis, including refunding tickets and guiding passengers
to alternative means of transportation.
“Although we’ve had some limited strikes in 2008 and 2009, this is clearly the largest and longest-lasting strike of railway workers since 1986,” says a control tower worker, who wished to remain
anonymous.
On Saturday, NRA officials had offered protesting train drivers a 10 percent bonus that would come into effect in May. However, this did not appease the disgruntled drivers, who had put forth a
list of clear demands and grievances.
Workers are demanding bonuses according to hours of actual work per month, a realistic pay-scale according to kilometres driven, food compensation payments and eight paid days of rest per month.
“This so-called bonus would have increased our monthly wages by a meagre LE 20 to LE70. This is not what we are demanding,” says train driver Ashraf Momtaz.
“We are demanding our basic rights. We demand bonuses according to the number of hours of work and overtime work which we contribute,” he adds. “The NRA insists on paying us only 10 piasters
[about 1 US cent] for each kilometer we drive. This is beyond exploitation, as the only subunit of the Egyptian pound in circulation at the moment is the 25 piaster coin.”
Momtaz adds that train drivers are demanding eight paid days of rest per month, “just like the metro conductors receive.”
While he does agree that the NRA is cash-strapped and low on resources, he attributes this financial crisis to the “corruption and mismanagement of the NRA by its authorities.”
“We could have enough money for our demands, if there a maximum wage cap was imposed on the NRA’s leaders,” he argues.
Dissatisfied drivers claimed that the top 18 railway officials are paid an aggregate of LE1.4 million pounds per month.
NRA officials could not be reached for comment to validate this figure.
Sitting next to Momtaz in the train drivers’ lockerroom at the Ramses railway station, conductor Tareq Mahmoud comments, “Beyond our payments and holidays, we are demanding that the NRA
properly maintain its tractors, carriages, machinery, train tracks, stations and railway crossings.”
“Drivers, employees and commuters alike have their lives threatened on a daily basis by the operation of these outdated and disintegrating railway networks,” Mahmoud adds. “There’s not a single
train tractor which is fit for service.”
Fellow train driver Ibrahim Abdallah believes their demands can be realised by going on strike. “We’ve tried protesting and we’ve entered into repeated negotiations, to no avail.”
Abdallah adds that metro workers embarked on a strike on 14 November 2012 and within three hours were granted increased wages, and also won the dismissal of their “corrupt chief” from the metro
authority.
Some conductors also demand profit-sharing, as is the case with metro workers. However, it’s unclear how this would work, as the NRA has been reporting annual losses of millions of pounds.
However, “nobody except the top administrators of the NRA are aware of how much the railways are making or losing. There is a total lack of transparency,” claims the anonymous tower control
operator.
“We control workers didn’t announce our participation in today’s strike; it is only the train drivers who launched this strike action,” he adds.
As trains piled up in Cairo’s central Ramses station, the worker explains that he, along with all other sectors of railway employees were caught up in this strike whether they agreed with it or
not.
“Not all train drivers were involved in this strike. We had drivers operating trains from Upper Egypt this morning, but when they arrived in Ramses they were paralyzed by other drivers’ strikes
in Cairo and the Nile Delta. As a result, everything came to a standstill, including the control towers,” he points out.
“Although we did not directly involve ourselves in this strike, I still support the right to strike … If the demands of the train drivers are met, then we also want our demands to be realized. We
all want improved wages and working conditions, together with safer and more secure railway networks. We will demand equity in rights, like those of the drivers,” he continues.
Authorities and the state-owned media had claimed that the Armed Forces would take over operations in case of a train drivers’ strike, but “neither the army nor the police are capable of driving
or operating these trains” claims Momtaz. “We even operate the army trains for the Armed Forces.”
In March 2012, the military had operated alternate bus services during the Delta Bus workers’ strike, but they appear unable to fill the same function of strikebreaker during this railway strike.
The Railway Authority sought to find replacements for the strikers among metro conductors, but they reportedly refused out of solidarity.
Meanwhile, chaos prevailed in numerous railway stations across the country on Sunday, as virtually all railway operations came to a complete standstill. Bus and microbus stations became
overburdened as throngs of stranded commuters sought other means of transport. Crowds of commuters had to struggle amongst themselves to find spaces on these buses. In Assiut, university students
blocked the streets around the main train station in protest against the strike, with some demonstrators entering the station to hurl stones at the striking conductors and demanding that they get
back to work.
Railway Authority officials and security authorities have threatened to fire the conductors and press criminal charges against them if they do not end the strike.
“We are aware that the country’s railways have been negatively affected by these protests. We ourselves have been affected it, and we also know that the NRA is losing millions as a result,”
Momtaz states.
“But we are doing this for the sake of our rights, and for the sake of improved trains and services for all commuters. This is our last resort, as we have exhausted all other means of
negotiations with the NRA.”
Leur presse (Jano Charbel, MENA via EgyptIndependent.com, 8 avril 2013)
Jano Charbel est un
journaliste du travail au Caire qui se définit comme anarcho-syndicaliste [NdJL].
Students protest against train strike in Assiut
Dozens of Assiut and Al-Azhar University students blocked the roads in front of the
Assiut train station on Monday, protesting against the train conductor’s strike that has continued into its second day.
Clashes erupted between the students and local drivers, angry with the students for blocking the roads. Hundreds forced their way into the station and hurled stones at the train conductors,
demanding that they do their job.
Several train conductors said they the railway directors and security authorities had threatened to fire them and press charges against them if they did not end their strike.
Assiut Governor Yehia Keshk said the municipality had provided 300 buses and microbuses as an alternative source of transport in the absence of trains. More vehicles would be provided across the
governorate according to need, he added.
One hundred buses were also provided to transport Assiut residents to other governorates. Microbus drivers increased their fares as compensation for the extra work.
Leur presse (Al-Masry Al-Youm via EgyptIndependant.com, 8 avril 2013)
Pute, pédé , drogué, immigré, ancien d'Act Up, il vit à Londres om il est devenu président de la branche sex work du troisième syndicat du Royaume-Uni, le GMB. Co-fondateur de la Pute Pride
et du Syndicat du Travail Sexuel, directeur pour l’Europe du Global Network of Sex Work Projects. Il a coécrit le livre manifeste Fières d’être Putes.
Sur Minorités, on aime faire le lien entre les différents groupes opprimés. L’alliance politique entre féministes et LGBT semble évidente depuis les années 1970, or depuis
quelques temps, certains féministes en viennent à tenir des propos homophobes et transphobes, comme si les nouveaux piliers du patriarcat étaient les gays et les trans.
L
es sujets de discorde sont en effet de plus en plus nombreux : mariage, GPA, travail sexuel, sexualité, SM, porno, questions trans, tant de questions qui traversent aussi bien les
mouvements féministes eux-mêmes mais dont la responsabilité politique est soudainement incombée à la trop grande et mauvaise influence des gays.
Récemment, sur une liste emails francophone bien connue de chercheurs féministes et en études de genre, un incident pas si anodin a conduit un homme féministe basé au Canada à être
interpellé pour ses propos homophobes et transphobes. Un militant queer avait transféré le communiqué de soutien du Pink Bloc aux 3 militantEs arrêtés pour avoir arraché les tracts des
homophobes anti mariage pour tous: « (....) Nos deux militants sont sortis du commissariat un peu avant minuit avec une plainte pour coups et blessures qui sera
surement classée sans-suite puisque sans fondements réel : ils n’ont fait que crié des slogans anti-homophobes et arraché les tracts à une bigote… » L’homme féministe répondit
ceci : « Oui, les classements sans suite des agressions masculines contre des femmes, c'est effectivement la norme. »
Alors que chacun s’attendait à des réactions de soutien aux militants queers gardés à vue, la réponse fut cinglante. Mais surtout, elle montra le visage d’un féminisme essentialiste pour
lequel une femme, même militante anti droits LGBT, est toujours une victime du côté des opprimés, tandis qu’un homme, quand bien même se définissant queer, est toujours un agresseur du côté
des dominants. De plus, cet homme féministe se maintient comme à son habitude dans le rôle de chevalier blanc défenseur de ces dames, posture assez paternaliste et hétéro-normative à mon
avis.
On pourrait penser que les militants queer et trans apportent un intérêt aux luttes féministes puisqu’ils et elles vivent ou expérimentent des formes de transgressions de genre dans le
système patriarcal et sont régulièrement punis pour cela. Cet apport est pourtant souvent combattu. Soit on est accusé de renforcer des stéréotypes de genre négatifs sur les femmes et de
violer leurs espaces non-mixtes, soit de trahir son sexe en passant du côté des hommes dominants.[1]
Féminisme ≠ Trans ???
Les militants trans s’organisent de plus en plus pour contrer les préjugés transphobes de certaines féministes dites « radicales ». La jeune bloggeuse Koala a écrit un texte très
éclairant sur les différents arguments transphobes avancés.[2] Il s’agit souvent d’une peur de l’indifférenciation sexuelle,
comme s’il était très important de pouvoir continuer à identifier qui est homme et qui est femme, qui sont les gentils et qui sont les méchants. Rien sur ce que sont les rapports sociaux
entre les sexes, mais tout sur ce qu’on a entre les jambes. Logique qui conduit à une obsession sur les opérations de changement de sexe, appelées par ailleurs souvent mutilations génitales
par les féministes dites « radicales ».
Le corps humain et en particulier celui des femmes doit rester pur de toute intervention extérieure car elles seraient toujours au profit des hommes. J’ai entendu par exemple des féministes
reprocher aux gays de travailler massivement dans les industries de la mode, du cosmétique, des arts ou de la musique qui définissent les codes de beauté féminins qui oppriment les femmes,
sans peur de tomber dans une généralisation excessive... que ce soit à l’encontre des gays, ou de ces métiers.
Là où le problème se corse c’est quand des féministes lesbiennes qui se veulent être militantes LGBT se mettent elles aussi à tenir des propos homophobes. Dans sa nouvelle grande croisade
contre la prostitution, Christine Le Doaré a bien identifié la majorité des militants gays comme des complices du patriarcat. D’après certaines féministes qui m’ont directement interpelé
sur la question, les hommes ne seraient jamais légitimes sur le sujet, même s’ils sont eux-mêmes travailleurs du sexe, car la majorité des prostituées sont des femmes. En revanche, les
féministes même non putes, seraient toujours plus légitimes parce que femmes, et parce que selon elles, toute femme est potentiellement « prostituable ». Les femmes trans seraient
elles non plus non légitimes car nées hommes, et donc du côté des dominants.
Lors d’une conférence qu’elle a tenue pour le mouvement du NID, Le Doaré a repris les propos écrits également sur son blog. Un passage en particulier est teinté d’homophobie dans
lequel elle sous entend que les établissements gays cachent souvent des activités de proxénétisme: «ceux qui exercent cette activité via Internet ont souvent commencé en fréquentant des
boites et bars gays où il arrive que des patrons, semble t-il sans en retirer de bénéfices directs et donc risquer d’être accusés de proxénétisme, les mettent en contact avec leur
clientèle. Il s’agit alors d’une forme de parrainage subtil et trouble dans lequel chacun prétend trouver son compte. Des Patrons de boîtes ou bars gays mettent en contact leurs protégés,
avec les clients potentiels, à commencer parfois, par eux-mêmes. L’escort fait boire les clients, en échange, une chambre lui est mise à disposition. »[3]
Queer = Violence contre les femmes ???
Récemment elle publie sur sa page Facebook un lien vers un article intitulé : « La théorie queer et la violence contre les femmes ».[4] On
note donc dès le titre le lien probable entre les queers et la violence contre les femmes… En effet, beaucoup de pratiques sexuelles associées au queer, notamment le SM, sont analysées
comme normalisant la violence contre les femmes.
Non seulement Le Doaré critique des établissements gays pour être « bel et bien d’une forme de proxénétisme qui ne dit pas son nom », mais dans le texte de Sheila
Jeffreys qu’elle publie sur sa page on peut lire le passage suivant sur les lieux de drague gays en extérieurs: «Le sexe est une affaire privée et au-delà de l’analyse, même si le
courant queer revendique, pour les hommes gais, la possibilité d’avoir accès à des secteurs importants de l’espace public pour y pratiquer leur sexualité « privée ». Ces espaces,
où l’on pousse les femmes à se sentir mal à l’aise ou insécures, qui leur semblent trop dangereux pour s’y aventurer, parce que la délicieuse sensation de peur et de danger, chargée de
silence et d’incertitude, que les hommes gais entretiennent dans leurs lieux de drague, sont maintenant officiellement reconnus comme des « environnement sexuels publics »,
allant, par exemple, jusqu’à faire partie des politiques municipales de lutte contre le SIDA en Ecosse. Ainsi, les hommes gais se sont appropriés d’importantes parties des parcs, des quais,
des rues comme si cela leur appartenait. »[5]
Ni en sex-clubs, ni en plein air, les lieux de baise gays ne sont donc pas convenables. Aussi, les gays seraient responsables du danger qui règne dans leurs lieux de baise parce que cela
les exciterait et non pas parce que des homophobes les attaqueraient sans que les pouvoirs publics s’en soucient. Si ces propos avaient été tenus par des hétérosexuels, je crois bien que la
communauté gay aurait réagi et dénoncé cela comme de l’homophobie, mais venant de Le Doaré, on préfère ne pas insister au risque qu’elle continue de se poser en victime de la misogynie des
gays.
Ironiquement, les lesbiennes ne sont pas non plus épargnées par ces discours. Toutes celles qui se retrouvent dans les mouvements queer en particulier, alors qu’elles peuvent partager des
critiques, je pense notamment sur l’institution du mariage qui ne les intéresse souvent pas pour elles-mêmes. Elles sont accusées de trop suivre les garçons dans leurs jeux sexuels et les
performances de genre, de s’investir dans la lutte contre le sida et donc de soutenir les revendications des hommes plutôt que celle des femmes, de ne pas défendre le féminisme qu’il
faudrait, etc. Par exemple, lors d’une manifestation féministe, la présidente d’Act Up Cécile Lhuillier, s’est vue prise à partie par des féministes qui lui scandaient au mégaphone
l’insulte de « bouffonne à pédé ». On comprend donc dans ce slogan que les pédés sont l’ennemi et les lesbiennes qui les soutiennent des traitresses à la cause des femmes.
Dans tous ces débats, les alliances entre féministes et LGBT existent. Mais une petite partie du mouvement féministe a décidé que tout ce qui n’allait pas et avec lequel elles n’étaient pas
d’accord provenait de gays qui seraient forcément antiféministes. C’est une dérive dangereuse contre laquelle j’espère, LGBT et féministes, nous ferons tous attention.
Le ministère israélien de la Santé a admis avoir pratiqué des injections d'un agent contraceptif aux Juives falashas immigrées. À leur insu.
Le mystère est enfin levé sur l'étonnante baisse de 50 % du taux de fécondité des Juifs éthiopiens d'Israël depuis 2000. Après cinq années de
démentis successifs, le gouvernement israélien a admis qu'il avait instauré un système de contraception des femmes immigrées d'origine éthiopienne avant leur arrivée en Israël. L'affaire a fait
grand bruit en décembre dernier, après la diffusion par la télévision israélienne d'un reportage dans l'émission d'éducationVacuum.
Trente-cinq immigrées éthiopiennes y affirment avoir été forcées d'accepter, il y a huit ans, une injection de Depo-Provera, un agent contraceptif de longue durée, au risque de ne pas être
autorisées à pénétrer sur le territoire israélien. "Ils nous disaient qu'il s'agissait d'un vaccin", raconte une femme interrogée par la journaliste Gal Gabbay, rapporte dimanche le quotidien
israélien Haaretz. "Ils nous disaient que les gens qui ont beaucoup d'enfants souffrent." "Nous leur disions que nous ne voulions pas l'injection", affirme de son côté Emawayish, une autre Éthiopienne.
"Nous étions effrayées" (immigrée éthiopienne)
"Ils nous répondaient que, si nous n'en voulions pas, nous n'irions pas en Israël. Et que nous ne serions pas autorisées non plus à accéder au bureau du Joint [American Jewish Joint Distribution
Committee, la plus grande organisation humanitaire juive, NDLR] et que nous ne bénéficierions pas d'aides ou de soins médicaux. Nous étions effrayées, insiste-t-elle. Nous n'avions pas le choix."
D'après le reportage, l'"opération" avait lieu dans des ateliers situés dans des camps de transit. La pratique était ensuite répétée tous les trois mois après l'arrivée des femmes dans l'État
hébreu.
Des accusations qui, en décembre, ont été formellement démenties par le Joint. D'après l'organisme, cité par Haaretz, les ateliers de planning
familial faisaient partie des services fournis aux immigrants afin de leur apprendre à espacer les naissances d'enfants. "Nous ne leur conseillons pas d'avoir de petites familles", affirmait à l'époque le Joint. "C'est une question
personnelle, mais nous les informons de cette possibilité."
Volte-face
Même son de cloche du côté du ministère israélien de la Santé, qui jure, en décembre, "ne pas recommander ou ne pas essayer d'encourager l'usage du Depo-Provera". Toutefois, le ministère ajoute que, si ces injections ont réellement
été administrées, cela s'est fait sans son consentement. La diffusion du reportage a en tout cas provoqué l'ire de l'Association pour les droits civiques en Israël(ACRI), qui, dans une lettre, a demandé la "fin immédiate" des injections et le lancement d'une
enquête.
Six semaines plus tard, le professeur Roni Gamzu, directeur général du ministère de la Santé, intime l'ordre de mettre un terme
à la pratique, a révélé Haaretz. Dans une directive officielle, il demande
à tous les gynécologues du pays de "ne pas renouveler les prescriptions de Depo-Provera pour les femmes d'origine éthiopienne ou d'autres femmes qui, pour toutes sortes de raisons, ne comprennent
pas les implications de ce traitement". Le ministère souligne néanmoins que cette consigne "ne constitue pas une prise de position ni un constat des faits" à propos de cette contraception forcée.
Discriminations
Pour le porte-parole de l'ACRI, Marc Grey, cette lettre constitue "un aveu important que ce phénomène a bien existé". Une mauvaise publicité dont l'État hébreu se serait bien passé. Lui qui a
déjà été épinglé en 2012 pour ses campagnes haineuses d'expulsion de réfugiés
africains ne l'avait pas été jusqu'ici concernant les Juifs falashas (ou Beta Israël), et donc citoyens israéliens. Longtemps coupés des autres communautés juives, les Juifs d'Éthiopie n'ont été reconnus comme tels qu'en 1975 par le gouvernement israélien. Celui-ci a organisé, notamment dans les années 1980 et 1990, deux
vastes opérations de rapatriement, permettant à 35 000 d'entre eux de s'installer en Israël.
D'après l'AFP, ils seraient aujourd'hui plus de 120 000, dont 80 000 sont nés en Afrique, mais nombreux sont encore ceux à devoir affronter d'énormes différences culturelles et des
discriminations au sein de la société israélienne.
En une année, plus de 3 000 lettres de dénonciation ont été reçues par les services des allocations familiales. Lues et conservées, elles peuvent être utilisées contre les personnes qui ont été
dénoncées.
En dégainant son numéro vert garantissant l’anonymat à toute personne susceptible de fournir des informations à la police, le préfet de Marseille n’a rien inventé. Il a perpétué une vieille
tradition qui a connu son heure de gloire sous l’Occupation et qui continue de distraire d’honnêtes citoyens en mal de justice et d’équité: Sa Majesté la délation.
Pratiques de l'ombre
Pour la seule année 2011, la Caisse nationale des affaires familiales (Cnaf) a enregistré pas moins de 3 200 lettres de dénonciation récoltées par ses 102 antennes départementales. «Elles ne sont
pas jetées, elles sont lues et peuvent être utilisées si elles apportent des faits éclairants», explique un porte-parole de la Cnaf.
À en croire Anne-Lise Ulmann, maître de conférences au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et coauteure de Citoyens et délateurs (éditions Autrement, 2005, 218 pages, 19,30 euros),
ce mal social embarrasserait au plus haut point cette institution. «Pratiques de l’ombre par excellence, ces lettres gênent parce qu’elles font obstacle à l’idéal de transparence humaniste,
relève-t-elle. Face à ce phénomène, les contrôleurs que j’ai pu rencontrer sont partagés entre la volonté d’ignorer et le sentiment d’accomplir, grâce à ces lettres, une action de rééquilibrage
salutaire. On prend aux fraudeurs pour redistribuer à ceux qui en ont vraiment besoin.» Faut-il encore se mettre d’accord sur la définition du mot «fraudeur». «Un retard dans la mise à jour de
votre situation, un courrier confus et vous pouvez rapidement vous retrouver dans cette case», avertit-elle.
"Un bon Français"
Dans les lettres qu’Anne-Lise Ulmann a manipulées, apparaissent le plus souvent «des situations de concubinage non déclarées ou des revenus cachés». «Le papier utilisé peut être une petite
feuille arrachée d’un carnet à spirales, une feuille quadrillée de cahier», et, toujours selon elle, la syntaxe incohérente et les phrases incomplètes trahiraient «la passion indignée» ou la
«frustration insupportable» de l’auteur. Si ces délateurs ont un problème de forme, pas de souci. Ils peuvent se tourner vers Internet et demander, par exemple : «Comment dénoncer anonymement une
personne à la CAF?» Les utilisateurs des nombreux forums de discussion (Aufeminin, Yahoo…) en sont particulièrement friands. Et avec seulement 4 euros en poche, ils pourront s’offrir un «modèle
de lettre de dénonciation» (sic) auprès du site marchand Modele-lettre.com. En plus de l’orthographe et de la syntaxe, les délateurs s’achèteront une bonne conscience. Jugez plutôt : «Il est tout
à fait révoltant de constater de telles tricheries qui mettent en péril notre système de solidarité nationale envers les personnes les plus démunies et portent atteinte aux contribuables et
citoyens honnêtes que nous sommes», conclut, sans rire, la lettre type adressée à «Monsieur l’inspecteur de la CAF». Et signée «Un bon Français»!
Montants minimes
«Les dénonciations sont des lettres de désespoir», corrige Anne-Lise Ulmann. «Avec la baisse des moyens, de moins en moins d’intervenants vont voir ces personnes perdues, isolées et qui ne
connaissent souvent pas leurs droits.» En face, on trouve des dénoncés souvent tout aussi largués et qui vont devoir rembourser des sommes vitales. «En plus, les montants sont généralement
minimes», note l’enseignante. Aux finances et à la répression des fraudes, ça dénonce aussi. Mais là-bas, on a fait le choix de ne pas communiquer sur ce phénomène. «Les lettres, pas des tonnes
quand même, sont reçues par les directions départementales, mais nous n’avons pas de politique précise en la matière», affirme une porte-parole de la Direction générale de la répression des
fraudes (DGCCRF). Étonnant, d’autant que les témoignages de commerçants «victimes» de dénonciations ne tarissent pas. Mais on ne vous filera pas leurs noms: on n’est pas des balances.