Cultiver du cannabis avec la bénédiction des autorités. C'est le projet des Cannabis Social Clubs, qui souhaitent être reconnus comme des associations comme les autres. Comme elle l'avait annoncé, la Fédération des Cannabis Social Clubs Français(FCSCF) a déposé lundi ses statuts à la préfecture d'Indre-et-Loire. "Ça s'est passé sans difficulté, explique son porte-parole, Dominique Broc, à Metro. Le dossier administratif était complet. Reste à attendre la publication au Journal officiel."

Le militant est optimiste : il n'y rien d'illégal dans les statuts de la FCSCF, assure-t-il. Elle n'est là que pour fédérer les Clubs, ceux qui produisent effectivement le cannabis. Ils devront, eux, déposer leurs statuts le 25 mars. Et là, c'est une autre histoire. "Bien sûr qu'ils seront rejetés. Mais si l'Etat reste sur ses positions, on fera valoir nos droits", affirme Dominique Broc.

Recours au niveau européen

Selon lui, la France est en infraction avec une décision-cadre européenne du 25 octobre 2004. Car si cette dernière prévoit l'interdiction de la culture illégale de cannabis, elle précise que "les auteurs qui s’y livrent exclusivement à des fins de consommation personnelle ne sont pas concernés". Dominique Broc est donc prêt à poursuivre le combat devant la justice européenne, certain que l'Etat va payer "des millions d'euros d'amende". Dommage, en temps d'austérité, remarque-t-il malicieusement.

Les Cannabis Social Clubs français s'inspirent de groupes existant déjà à l'étranger, notamment en Espagne. En échange d'une cotisation et d'une participation aux frais de production, l'herbe cultivée est répartie entre les membres. Une différence de taille cependant : là-bas, la consommation de cannabis n'est pas illégale. Les groupes français rassembleraient pourtant déjà des milliers d'usagers.

Couper l'herbe sous le pied des trafiquants

Selon leurs promoteurs, les Cannabis Social Clubs ne feraient pas que le bonheur de leur membres... mais aussi celui de l'Etat. Ils seraient le meilleur moyen de couper l'herbe sous le pied des trafiquants. "Mais alors qu'on lui propose de taxer notre production locale, l'Etat préfère laisser la mafia s'en mettre plein les poches," déplore le militant.

Pour l'heure, les forces de l'ordre ne semblent en effet guère convaincues. Après plusieurs apparitions médiatiques, une saisie a eu lieu le 21 février au domicile de Dominique Broc, à Esvres-sur-Indre, (Indre-et-Loire). Les forces de l'ordre y ont saisi pas moins de 126 plants. Et leur propriétaire, placé en garde à vue, comparaîtra le 8 avril à Tours pour usage et détention illicite de cannabis. Une nouvelle occasion, dit-il, de faire avancer son combat.

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