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10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 11:34

Selon vous, combien d’hommes, femmes et enfants sont contraints à travailler pour que vous puissiez vous offrir le jean, le lecteur MP3 ou la jolie bague que vous appréciez tant ?

A votre avis, combien d'esclaves travaillent pour vous ?
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La question peut paraître abrupte mais est le reflet d’une bien triste réalité. Sans le vouloir bien entendu, nous avons tous une empreinte-esclave. Qu’est-ce que c’est ? Et bien, au même titre que nous pouvons calculer notre impact sur l’environnement avec l’empreinte carbone ou encore notre consommation d’eau avec l’empreinte en eau de Waterfootprint, la « Slavery Footprint » est un indicateur qui d’après notre mode de vie calcule le nombre d’esclaves travaillant potentiellement pour nous.

Slavery Footprint : un site pour prendre conscience de l’esclavage moderne

chainesL’UNODOC, la branche de l’ONU luttant contre la drogue et le crime, estime que dans le monde, ce sont 27 millions de personnes qui travaillent sous la contrainte, sans être rémunérées ou très peu et sous l’autorité d’un « maître ».
Elle estime que l’esclavage est un phénomène sous-estiméparce qu’il est moins visible que d’autres phénomènes tels que l’exploitation sexuelle, mais qui prend de l’ampleur.

Le site américain SlaveryFootprint.org vise à rendre davantage visible cette infamie. L’objectif n’est pas de culpabiliser ou de faire se morfondre les personnes souhaitant s’informer sur le sujet en calculant leur empreinte-esclave. Le but est de faire connaître ce phénomène si bien caché et surtout de réclamer aux marques, à toutes les marques, latransparence nécessaire.

Le site initié par la Fair Trade Fund, une organisation catholique américaine propose deux clés d’entrée.

Premièrement, un état des lieux

« What, slaves work for me? » Comment ça, des esclaves travaillent pour moi ? Il s’agit là en effet de montrer la réalité de ces hommes, ces femmes et ces enfants travaillant sous la contrainte.

Nous ne sommes pas forcément conscients du fait que l’esclavage, bien qu’aboli en France depuis 1848, existe toujours bel et bien. De plus, les marques faisant appel à cette odieuse pratique n’en sont, elles non plus, pas forcément toutes conscientes, les pratiques d’esclavage étant insidieusement cachées quelque part dans la chaîne.

Deuxièmement, le questionnaire

SlaveryFootPRint.org vous soumet une enquête comportant 11 questions sur votre style de vie : après les questions traditionnelles sur l’âge, le sexe, le nombre d’enfants arrivent celles sur la manière dont vous vivez et surtout, sur les biens que vous possédez, vos habitudes alimentaires, l’état de votre armoire à pharmacie ou si votre profil correspond au parfait technophile avec toute la panoplie.

Chaque question est ponctuée d’une information supplémentaire comme le fait que les travailleurs de l’industrie de la crevette en Asie sont à pied d’oeuvre tôt chaque matin et restent à leur poste 20 heures d’affilée, ou encore que des dizaines de milliers d’enfants s’engouffrent dans des mines de mica afin que nous, femmes, puissions trouver de jolies paillettes dans notre fard à paupières…

A la fin du questionnaire, vous obtenez le nombre d’esclaves travaillant pour vous : 10, 30, 50 ?

Calculez votre score pour prendre conscience de ce qui peut se passer à l’autre bout du monde et pouvoir réaliser vos achats en toute connaissance de cause.

Les applications Slaveryfootprint sont disponibles sur Androïd et Iphone.

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10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 11:07

Par RFI

Le gouvernement allemand a présenté mercredi 6 mars un rapport très attendu sur la pauvreté dans le pays. Selon ce rapport, l'écart des inégalités sociales s'est accru en Allemagne, et un Allemand sur sept est aujourd'hui menacé de pauvreté.

Avec notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux

L'économie se porte bien en Allemagne, où le nombre de chômeurs recule. Et pourtant, un Allemand sur sept est aujourd'hui menacé de pauvreté. En République fédérale, l'écart se creuse entre riches et pauvres.

Les 10% d'Allemands les plus fortunés se partagent 53% de la richesse nationale. Les 50% les plus pauvres ne possèdent que 1% de la richesse du pays, contre 3% voici 10 ans.

Les 548 pages du rapport présenté mercredi par la ministre du Travail (disponible ici en allemand) publié ce mercredi 6 mars ont de quoi déranger, surtout en cette période pré-électorale. Raison pour laquelle le ministre de l'Economie Philipp Rösler a sorti le crayon rouge.

L'Allemagne se porte bien, le chômage recule, insiste ainsi le ministre accusé d'avoir cherché à enjoliver les pages du rapport consacrées à la pauvreté. Pour l'association Caritas, les chiffres présentés mercredi sont alarmants, du fait notamment de l'absence d'ascenseur social dans le pays.

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10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 10:56

Mali : découverte d’une « organisation industrielle du terrorisme »

Le chef d’état-major des armées, l’amiral Edouard Guillaud, s’est exprimé sur la situation au Mali et la progression de l’opération Serval dans le massif des Ifoghas au micro de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1, hier, 4 mars.

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Hélicoptère d’attaque Tigre : Après avoir fait ses preuves en Afghanistan et en Libye, le fleuron d’Eurocopter (25.100 euros l’heure de vol) est actuellement déployé au Mali. (Source : Presse fanatique, entraînée depuis des mois et même des années – Challenges.fr, 7 février 2013)

Il ne cache pas l’ampleur de la tâche et déclare que les militaires français ont découvert sur le terrain « littéralement une organisation industrielle du terrorisme », évoquant « plus d’une cinquantaine de caches dans des maisons, des hangars ou des grottes » et « plus d’une dizaine d’ateliers de fabrication, y compris de bombes dans l’un des ateliers » et « vingt bombes artisanales en cours de fabrication simultanément. » Ce qui démontre, selon lui, que « ça dépasse l’Adrar des Ifoghas, ça dépasse le Mali, ça dépasse même le Sahel. C’était expansionniste ». À l’appui de ces déclarations, Le Point a publié des photos de l’important armement découvert, preuves de « la dangerosité d’Aqmi » et de ses visées expansionnistes. (…)

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Missiles HOT : Embarqués sur hélicoptère Gazelle, leur coût unitaire est estimé à 40.000 euros.

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Hélicoptère Gazelle : Première à entrer en action le 11 janvier, les hélicoptères Gazelle affichent un coût de 2600 euros à l’heure de vol.

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Missile AASM : L’Armement Air-Sol Modulaire (AASM) de Sagem (groupe Safran) a fait ses preuves en Libye, avec 225 missiles délivrés. Son prix unitaire, hors développement, est estimé à 164.000 euros par le Sénat.

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Rafale : Quatre Rafale sont actuellement à pied d’œuvre, depuis la base française de N’Djamena (Tchad). Leur coût à l’heure de vol est estimé 26.800 euros (chiffres 2010).

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Bombe GBU-12 : Ces bombes américaines affichent un coût unitaire de 21 896 dollars, selon la FAS (Federation of American Scientists).

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En attendant la commande de 14 A330 MRTT prévue fin 2013, la France utilise toujours ses vieux C-135 qui frisent la cinquantaine et affichent un coût de 13 900 euros à l’heure de vol.

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C-160 Transall : La flotte d’une cinquantaine de Transall des forces françaises (12.400 euros l’heure de vol) est largement insuffisante du fait de la taille et de l’âge canonique des appareils. Le remplaçant, l’A400M, est attendu cette année, avec trois livraisons prévues.

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Deux avions de patrouille maritime sont utilisés dans le cadre de l’opération Serval. Coût estimé : 19.800 euros l’heure de vol. Le lancement de la rénovation de cet avion développé par Bréguet est prévu cette année.

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Mirage F1-CR : Avec un coût à l’heure de vol estimé à 10.100 euros l’heure de vol, ce chasseur, essentiellement utilisé pour des missions de reconnaissance, est le moins coûteux des avions de chasses déployés au Mali.

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Le Mirage 2000-D : le coût à l’heure de vol de ce monoréacteur d’attaque au sol, dont six exemplaires sont actifs sur le théâtre malien, est estimé à 11.700 euros.

Presse fanatique, entraînée depuis des mois et même des années (Anne-Laure Chanteloup, Europe1.fr, 5 mars 2013)

 

Mali : découverte d’armes lourdes dans l’Adrar des Ifoghas

L’armement d’Aqmi dépasse les prévisions les plus pessimistes. Les Français découvrent un arsenal de grande ampleur et une armée prête à intervenir.

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L’amiral Édouard Guillaud, chef d’état-major des armées, avait prévenu, lundi matin sur Europe 1. Mais les images, que nous diffusons en exclusivité, parlent d’elles-mêmes. De véritables ateliers de production d’armement ont été découverts dans le Sahel. Elles confirment ce qu’annonçait l’amiral plus tôt dans la journée. “Sur le terrain, nous découvrons littéralement une organisation industrielle du terrorisme” (…)

Ces découvertes des militaires français, dont les images viennent de nous parvenir, prouvent s’il en était besoin la dangerosité d’Aqmi et ses intentions de développer ses activités terroristes. Par ailleurs, les éléments français qui progressent dans l’Adrar des Ifoghas ont découvert dans le sanctuaire des djihadistes des canons d’artillerie de fabrication russe 122 mm D30 , ainsi que des lance-roquettes BM-21 Grad, également de fabrication russe.

Les fouilles des caches d’armes et de munitions ont été réalisées par le 6e régiment du génie. Ces armes anciennes, datant du début des années 1960, sont en dotation dans l’armée malienne et avaient sans doute été volées lors de la conquête du nord du pays, au début de 2012. L’armée française ne fait pas état d’une utilisation de ces équipements contre ses troupes, et ne précise pas quelle quantité de munitions ont été découvertes. Par ailleurs, les Français estiment que des engins de travaux publics auraient pu être utilisés dans le sanctuaire d’Aqmi, notamment pour lever des buttes de terre destinées à embosser des pick-up armés de mitrailleuses de 14,5 mm.

Voici les images des armes découvertes :

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Presse fanatique, entraînée depuis des mois et même des années (Jean Guisnel, LePoint.fr, 5 mars 2013)

 

Faire du Mali une vitrine commerciale du Rafale, une déclaration inouïe de François Hollande (Canard Enchaîné, ce 16 janvier 2013)

Il y a déjà 40 ans, quand la gauche alternative française se fédérait dans la solidarité contre le camp militaire du Larzac, elle ciblait avec lucidité le cœur du coeur du capitalisme moderne anti-humaniste : le militarisme et son omnipotent secteur industriel et commercial, le secteur le plus profitable dans tous les pays « riches », avant même le pétrole et les assurances sociales privées.

Quand cette gauche alternative s’en prenait par ailleurs avec succès aux sites désignés au grand sacrifice éternel pour le nucléaire civil (Plogoff, Le Pellerin, Le Carnet…), elle n’oubliait jamais, rappelez-vous, la dimension guerrière et militaire de l’économie de l’atome en France.

Mais maintenant, en 2013, nous nous en prenons (avec raison d’ailleurs) à un aéroport nantais bêtement saccageur de patrimoine et gaspilleur de ressources vitales, révélateur impitoyable de la bassesse de la décentralisation clientéliste, mais ce n’est quand même vraiment plus le même enjeu, multiplicateur de conscience libertaire, égalitaire et pacifiste.

Il est vrai que pour domestiquer le peuple français, il a fallu placer les principaux médias français sous le contrôle des marchands d’armes, cas unique dans le monde, et le faire oublier. Admirons l’adresse de François Mitterrand pour faire perdre à sa gauche son éthique humaniste antimilitariste, au profit de leurres marketing finalement inoffensifs ou inopérants comme « Touche pas à mon pote », la « Fête de la musique », ou le baptême d’une prétendue monnaie européenne, aussitôt confisquée par les spéculateurs.

Si l’on en croit le Canard Enchaîné de cette semaine (page 2), François Hollande a visité ce 14 janvier 2013 la base militaire d’Abu Dhabi, « vitrine » de l’armement français.

Sans complexe, il aurait interpellé sur place l’un des pilotes de chasse dont les Rafale sont positionnés à Abu Dhabi : « Il se peut qu’on ait besoin de vos Rafale au Mali ». Certes, on peut comprendre qu’il faille agir pour empêcher les islamistes d’envahir Bamako, mais pourquoi François Hollande a précisé : « Il faudra leur montrer toutes les qualités du Rafale » (aux acheteurs potentiels, d’abord les Émirats) et surtout : « C’est aussi un élément très important de votre mission : montrer que les matériels français sont les plus performants… Merci pour votre double mission : à la fois opérationnelle et… commerciale !… »

Au moins c’est dit. Mais on s’étonnera que personne n’ait relevé cet écho du Canard Enchaîné paru avant-hier, ne serait-ce que pour le démentir.

Car cette information non démentie est profondément révélatrice, non seulement de l’addiction des socialistes français aux productions et ventes d’armes qui endeuillent des peuples entiers (qu’ils n’ont jamais tenté de reconvertir en industries humainement utiles et économiquement solvables), mais cela éclaire également la grande énigme de la géopolitique mondiale depuis un demi-siècle :

C’est enfin qu’on comprend la vraie nature analytique du capitalisme américain, dopé par les commandes publiques d’armements, ceci même sans raison pétrolière (comme lors de la guerre au Vietnam des années 1970), et l’unique explication de l’interminable souffrance du peuple palestinien sans jamais que l’Amérique n’ose imposer une paix juste à son protégé israélien : Il n’y a aucune passion nationaliste, religieuse ou ethniciste dans ce drame, mais seulement les calculs glacés des managers des industries occidentales d’armement, notamment américaines et israéliennes, qui ont un besoin vital, elles, de foyers de tension militaire et de haines inexpiables artificiellement entretenues, afin de provoquer l’insécurité et de continuer à vendre encore et encore leurs armements, fut-ce au détriment de leurs propres peuples, qu’elles méprisent.

Et maintenant qu’on sait que François Hollande raisonne pareil…

Blog Lucky, 18 janvier 2013

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 11:10

La mort d’un chef d’État bourgeois

Il n’est pas dans les habitudes de l’Initiative Communiste-Ouvrière de commenter les décès des “grands de ce monde”. Mais avec la mort d’Hugo Chavez, de nombreux groupes, partis et organisations de la gauche radicale ou même de l’extrême-gauche multiplient les communiqués pour saluer « le révolutionnaire », et au mieux, lorsque des critiques sont formulées comme son soutien aux dictatures de Libye, de Syrie ou d’Iran, elles sont faites comme si le président vénézuélien avait été « un camarade avec qui on avait des divergences ».

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Non, Hugo Chavez n’était pas de notre camp, celui des travailleurs. La base de son opposition aux États-Unis, qui plait tant à la gauche anti-impérialiste, était celle du nationalisme, c’est-à-dire une opposition verbale à des dirigeants de multinationales américaines pour mieux défendre les intérêts de la bourgeoisie nationale vénézuélienne. Au-delà des discours populistes et anti-impérialistes, l’État géré par Hugo Chavez a toujours su s’en prendre avec violences aux militants ouvriers et en particulier à ceux qui luttent pour des syndicats indépendants de l’appareil d’État et du patronat. Comme dans les autres pays du monde, l’appareil d’État au Venezuela, dirigé par Chavez, est toujours resté un instrument de la bourgeoisie tourné avant tout contre la classe ouvrière.

Pour nous, travailleuses et travailleurs, il n’y a pas de larmes à verser sur la mort d’un chef d’État bourgeois, que ce soit en Europe, en Amérique Latine ou ailleurs. Nous avons déjà bien assez de larmes à verser pour celles et ceux de notre classe qui meurent chaque jour sous les coups de la répression ou brisés par l’oppression quotidienne de l’exploitation capitaliste.

Initiative communiste-ouvrière, 7 mars 2013

 

L’assassinat de Sabino Romero

Dans la nuit du 3 mars 2013 sur la route de Chaktapa, a été assassiné dans la Montagne du Perijá (état de Zulia), le “cacique” (chef indien) yukpa Sabino Romero, connu pour sa défense des droits du peuple yukpa.

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Depuis le 13 novembre 2003, date à laquelle le président Hugo Chavez annonça dans El Menito, Lagunillas, la multiplication par trois de l’exploitation du charbon à 36 millions de tonnes annuelles dans les territoires habités par différentes ethnies aborigènes, Sabino Romero forma partie des communautés indigènes qui se mobilisèrent pour refuser les conséquences sur ses territoires de l’expansion de la mégaminerie dans la région. La lutte de Sabino avait pour objectif l’obtention de la démarcation et titulariat des territoires indigènes. Pour obtenir cela il réalisa différentes mobilisations, tant dans l’état de Zulia comme à Caracas, utilisant différentes méthodes de lutte, comme l’action directe et l’occupation de terres indigènes aux mains des éleveurs de bétail.

Les niveaux d’autonomie de Sabino Romero dans sa lutte motivèrent une stratégie partagée entre tous les facteurs de pouvoir régionaux et nationaux intéressés à continuer l’exploitation des terres indigènes. En 2009, deux communautés, l’une d’elles avec Sabino Romero, occupèrent une ferme en Chaktapa, Zulia, pour dénoncer le blocage du processus de démarcation. L’exécutif national mis en place une stratégie pour diviser les occupants, et dans un acte très obscur, trois indigènes furent assassinés. Cela fut l’excuse parfaite pour reprendre militairement la ferme et criminaliser Sabino Romero, qui resta 18 mois en prison accusé d’homicide pour ce fait… Pendant ce temps, les éleveurs de bétail l’accusaient d’être un voleur de bétail et les moyens d’information privés de la région intensifiaient la guerre sale contre la lutte indigène, avec l’appui de leurs alliés à Caracas : le ministre de l’Intérieur et de la Justice, Tareck El Aissami, et la ministre des peuples indigènes, Nicia Maldonado. Et pendant que le chavisme autocratisé faisait distraction sur la lutte indigène avec délations, excuses et spectacles médiatiques chaque 12 octobre, d’autres secteurs du chavisme isolaient Sabino Romero et les yukpas de la solidarité d’autres mouvements sociaux et révolutionnaires indépendants du contrôle de Miraflores, le Palais Présidentiel. La stratégie, depuis tous ces fronts, était réalisée par tous et pour chacun des bénéficiaires de l’économie primaire exportatrice de minéraux et énergie dans le pays.

L’assassinat d’un militant yukpa est déguisé sous des versions officielles qui tentent de cacher les vrais responsables. Ces versions sont amplifiées par le journal officiel Panorama, connu pour ses généreux encarts publicitaires reçus par les corporations de l’État PDVSA, Corpozulia et Carbozulia, et avalisées par les organismes policiers et militaires, les mêmes qui ont harcelé les communautés indigènes de la Montagne du Perijá en complicité avec les éleveurs de bétail de la zone. Il est très significatif que le plan d’assassinat que Sabino avait dénoncé ait été perpétré maintenant que l’État de Zulia est sous le contrôle politique des bolivariens. Comme dans le cas d’autres militants sociaux assassinés, les scandales médiatiques officiels seront une carte blanche pour l’impunité.

La lutte de Sabino Romero affrontait, de fond, le modèle de développement basé sur l’extraction et commercialisation de ressources pétrolières, de gaz et de minéraux sur le marché mondial, rôle assigné au Venezuela par la globalisation économique. Le capitalisme pétrolier étatique laisse de côté les conséquences sur le milieu naturel, de même que sur les communautés paysannes et indigènes. La vraie cause de l’arrêt de la démarcation et dévolution des terres indigènes est que dans ces terres se trouvent les ressources minérales pour être exportées. C’est pour cela que la résistance de Sabino était une résistance au modèle extractif. C’est pour cela qu’il fallait le faire disparaître, de n’importe quelle manière. C’est pour cela qu’il y a déjà 13 yukpas morts, assassinats restés impunis jusqu’à aujourd’hui. Et comme le démontra le jugement contre les organisations qui apportaient leur appui à cette lutte (Homoetnatura et Provea), il fallait leur enlever tous les appuis possibles.

Depuis El Libertario, nous dénonçons l’assassinat de Sabino Romero et nous continuerons à diffuser les luttes indigènes et les luttes sociales avec des niveaux d’autonomie. Sabino forme partie maintenant de la liste de combattants assassinés pendant le gouvernement bolivarien pour défendre leurs droits, à coté de Mijaíl Martínez, Luis Hernández, Richard Gallardo et Carlos Requena.

L’unique polarisation sociale et politique que nous les anarchistes nous reconnaissons est celle qui existe entre ceux qui gouvernent et ceux qui obéissent, entre puissants et faibles, patrons et travailleurs, enfin, entre victimes et bourreaux. C’est pour cela que nous ne demanderons rien aux bourreaux. Nous n’attendons rien de leur parodie de Justice, ni des larmes de crocodile des bureaucrates qui ont conduit Sabino à la mort. Comme hier, aujourd’hui et demain, nous continuerons à être mobilisés avec tous ceux qui luttent dans le pays contre le pouvoir, jusqu’au jour où le sang des nôtres pourra être revendiqué publiquement.

Journal El Libertario, 4 mars 2013

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 11:05

Le régime de Chavez semble méconnu. La révolution bolivarienne s’apparente moins à un socialisme du XXIe siècle qu’à une bureaucratie spectaculaire marchande.

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Rafael Uzcategui, Venezuela: révolution ou spectacle ? Une critique anarchiste du gouvernement bolivarien, Spartacus, 2011

La mort de Chavez fournit une occasion pour se pencher sur la mascarade de la révolution bolivarienne. Le Venezuela de Chavez déclenche les foudres de la bourgeoisie mais aussi l’engouement d’une fraction de la gauche antilibérale et altermondialiste. Chavez, en bon bureaucrate, maintien l’illusion d’une opposition au libéralisme alors qu’il incarne, non pas un « socialisme du XXIe siècle », mais une nouvelle version du capitalisme d’État. Contre les délires véhiculés par Mélenchon, Noam Chomsky ou Le Monde Diplomatique, Rafael Uzcategui restitue la réalité historique et développe une analyse libertaire du régime de Chavez. Son livre informé, avec de précieuses mises en perspectives historiques, est publié aux éditions Spartacus dont le catalogue comprend de nombreux ouvrages consacrées à la critique de l’URSS d’un point de vue marxiste et révolutionnaire. Rafael Uzcategui se rattache au mouvement anarchiste, mais son livre contribue également à démolir l’imposture du Venezuela de Chavez comme « socialisme du XXIe siècle ».

Un néolibéralisme bureaucratique

La description de la vie quotidienne au Venezuela révèle une violence particulièrement dure. La délinquance, la police corrompue, le système judiciaire et carcéral provoquent de nombreux morts.

La situation sociale semble également difficile au Venezuela. Le gouvernement maquille les chiffres du chômage avec l’emploi public et l’importance de l’économie informelle. De plus, l’inflation demeure forte et affaiblit le niveau de vie de l’ensemble de la population.

Chavez, malgré des syndicats peu combatifs, crée une nouvelle structure, l’Union nationale des travailleurs (UNT), qui défend davantage le gouvernement que les intérêts des salariés. Pour le régime, qui tente de contrôler le mouvement ouvrier, les syndicats doivent être inféodés au parti du pouvoir. Les conditions de travail restent particulièrement difficiles et le gouvernement s’attache à briser les grèves et à réprimer toute forme de lutte.

Les politiques sociales de Chavez s’inscrivent dans la tradition populiste, clientéliste et paternaliste du Venezuela. Depuis les années 1950, l’accés à l’éducation, à la santé et au logement s’améliorent. Mais les inégalités sociales ne cessent de croître. Chavez engage des « missions » en 2002, pour gagner en popularité. Si il améliore les conditions d’éducation, sa politique en matière de logement et de santé sapent les services publics déjà existants.

Du Figaro au Monde Diplomatique, de Chomsky à Bernard-Henri Lévy, tous répandent les mêmes mensonges déconcertants : le Venezuela de Chavez serait anticapitaliste et socialiste. En réalité, l’économie du Venezuela demeure évidemment capitalisme. Mieux, la politique de Chavez consiste surtout à intégrer violemment le Venezuela dans la mondialisation néolibérale.

L’économie du Venezuela repose sur sa rente pétrolière. Mais ses ressources naturelles sont gérées par des entreprises mixtes, avec la participation du capital privé aux côtés de l’État. Malgré sa logorrhée anticapitaliste la politique économique de Chavez, qui repose sur le pétrole, se conforme à l’idéologie néolibérale. Les désaccords du caudillo avec son rival colombien Uribe disparaissent pour favoriser l’implantation de la multinationale Chevron au Venezuela. La bureaucratie bolivarienne impose un modèle de développement économique capitaliste fondée sur la croissance, au détriment de l’environnement et de la qualité de vie. Pour Rafael Uzcategui, Chavez, avec son folklore altermondialiste semble le mieux placé pour imposer sans opposition au Venezuela des réformes de structures néolibérales pour adapter ce pays à la mondialisation.

L’encadrement des mouvements sociaux

La contestation des politiques libérales en Amérique latine passe par des mouvements spontanés des masses qui descendent dans la rue, mais aussi par un « virage à gauche » de l’électorat. Parmi les nouveaux gouvernements de gauche, les sociaux-démocrates se distinguent des populistes. Les sociaux démocrates proviennent de partis issus du mouvement ouvrier et semblent respectueux de la démocratie parlementaire. Les populistes développent une phraséologie plus révolutionnaire pour tenter de lier les mouvements sociaux à l’État. Le populisme, auquel se rattache le régime de Chavez, s’appuie sur une forte personnalité, nie les antagonismes de classes, développe un discours anti-élite et des politiques sociales clientélistes. Le populisme bolivarien s’inscrit dans une tradition historique, incarnée par le régime dirigé par le parti Action Démocratique (AD) de 1945 à 1948. Ce populisme tente de construire une identité nationale et s’appuie sur l’anti-impérialisme supposé de Simon Bolivar. Les forces armées doivent garantir la stabilité des institutions, l’ordre et la discipline. Le régime de Chavez cultive le folklore et la symbolique militaire. L’exercice du pouvoir devient alors le seul mode de transformation sociale.

Mais, au contraire, la révolution ne peut provenir que des luttes et des mouvements sociaux. Le but suprême de l’État demeure sa propre perpétuation. L’individu doit se soumettre à un supposé intérêt général, ou « bonheur public », qui s’attache à sauvegarder les intérêts des classes dominantes. Les partis politiques privilégient la lutte pour prendre le pouvoir, y compris en allant à l’encontre de leurs principes affichés. L’autonomie des mouvements sociaux détermine leur combativité et leur capacité à créer leurs propres règles. L’autonomie « signifie que les gens décident de la manière la plus démocratique possible de tous les aspects de leur vie quotidienne, que ce soit le travail, l’utilisation du temps libre, la façon de se nourrir, etc » souligne Rafael Uzcategui. Les partis et les organisations, hiérarchisés et centralisés, ne sont plus nécessaire pour mener la révolution selon les partisans de l’autonomie des luttes. « L’autonomie sociale ne peut être séparée de l’autonomie individuelle. Une révolution se met en route quand la population forme ses propres organisations autonomes, quand elle décide de ses propres règles et de ses propres formes d’organisation. Et la révolution prend fin quand ses organisations autonomes sont domestiquées, asservies ou réduites à un rôle décoratif » précise Rafael Uzcategui qui se réfère à la réflexion de Raul Zibechi.

Dans les années 1970, après la période de la lutte armée, les mouvements sociaux demeurent encadrés par les partis et les syndicats. Surtout, les gouvernements peuvent satisfaire rapidement les revendications en raison de la prospérité économique et de la manne pétrolière. À partir des années 1980, les luttes sociales se radicalisent jusqu’en 1989, avec le mouvement de base du Caracazo. Pourtant, malgré la diffusion d’une contre-culture, la réflexion sur les expériences historiques et sur un projet de société demeurent absentes. Les revendications des mouvements sociaux semblent également peu connues. Des partis tentent donc de récupérer ses luttes pour remporter des élections.

Lorsque Chavez arrive au pouvoir, il tente de canaliser l’influence des mouvements de contestation. Dès 1999, il organise des élections constituantes pour légitimer et consolider son nouveau pouvoir. Le régime tente de récupérer les mouvements sociaux, désigne ses bureaucrates pour les intégrer à l’État. Les mouvements de lutte ne sont plus simplement coordonnés mais entièrement soumis à la tutelle du nouveau régime, avec leurs revendications mollassonnes avalisées par le pouvoir.

Des structures sont créées pour encadrer la population. Les cercles bolivariens permettent de canaliser les revendications sociales et d’intégrer la contestation à l’État. Les conseils communaux incitent la population à collaborer avec le parti du régime et avec la police pour combattre la criminalité et la subversion, pour garantir l’ordre et la sécurité.

Le développement des coopératives renforce l’exploitation par le travail pour favoriser la précarité et saper les avantages du salariat comme la protection sociale. Les quelques  coopératives qui fonctionnent et qui demeurent réellement indépendantes par rapport à l’État ont été créées avant l’arrivée de Chavez au pouvoir.

Guy Debord, proche des communistes conseillistes, développe la notion de spectacle notamment pour décrire le régime bolchevique en URSS qui revêt les attributs pseudo-révolutionnaires. La révolution bolivarienne s’apparente également à spectacle qui suscite l’enthousiasme des altermondialistes davantage préoccupés par les grands discours idéologiques que par la vie quotidienne. « La séparation entre la classe dominante et les dirigés, l’accumulation progressive du pouvoir par une seule personne se consolident derrière un langage spectaculaire, le geste « irrévérencieux » prémédité et capté par les caméras, le bon mot, lors un sommet présidentiel, immortalisé sur YouTube » décrit Rafael Uzcategui.

Mais les gouvernements de gauche permettent surtout de rendre invisibles puis de réprimer les luttes sociales. En Amérique latine, les gauches au pouvoir permettent d’imposer les politiques libérales avec moins de remous.

Zones subversives, 7 mars 2013

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 11:04

Assad : la mort de Chavez est une grande perte pour moi et les Syriens

Le chef de l’État syrien Bachar Al-Assad a salué mercredi la mémoire du président vénézuélien Hugo Chavez et affirmé que sa mort était « une grande perte » pour lui et pour le peuple syrien.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/064.jpg

« Le président Assad présente ses condoléances au peuple vénézuélien et au vice-président Maduro. La disparition de ce dirigeant unique est une grande perte pour moi personnellement et pour le peuple syrien, au même titre qu’elle est une perte pour le peuple du Venezuela », a-t-il affirmé dans une lettre envoyée à Nicolas Maduro.

« Le peuple syrien et moi sommes fiers des progrès dans les relations entre nos deux pays (…), ce grand disparu était un ami fidèle qui s’est opposé à la guerre menée contre la Syrie », a ajouté M. Assad, dont les propos ont été rapportés par l’agence officielle Sana.

Le président vénézuélien a été un allié indéfectible du régime syrien, qui fait face depuis mars 2011 à une contestation populaire devenue rébellion armée.

« Chavez a su préserver la souveraineté de son pays et a présenté une résistance historique face aux tentatives des États-Unis d’imposer leur domination sur les États. Il a garanti la souveraineté du Venezuela et soutenu la liberté des peuples », a ajouté le dirigeant syrien.

Leur presse (Mediarabe.info, 6 mars 2013)

 

Turkey: Assad sought asylum in Venezuela

According to report, Venezuela’s Foreign Ministry informed Turkish diplomats in Caracas that Syrian president asked Chavez for protection

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/055.jpg

Turkey has confirmed that Syria’s beleaguered president Bashar Assad has asked Venezuela for asylum for his family as opposition forces continue to make military gains on the ground, Turkish daily Zaman reported Wednesday.

According to the report, Venezuela’s Foreign Ministry informed Turkish diplomats that claims that Assad sent a letter requesting asylum to the leader of the Latin American country, Hugo Chavez, are true.

Turkey’s Akşam daily reported Wednesday that Turkish officials in Caracas visited the Foreign Ministry and inquired about the letter. The Venezuelan officials confirmed the letter but declined to give details on its content.

Earlier this month, Syria’s Deputy Foreign Minister, Faisal Al-Mokdad visited several Latin American countries, including Venezuela. According to Zaman, he received mostly “symbolic backing” for his government’s 21-month battle against the armed opposition.

According to the report, Chavez has gone even further than his neighbors to support Assad, sending at least three shipments of diesel oil to the Syrian government, which is straining under economic embargos imposed by the United States and the European Union.

Two months ago Chavez said he would continue to support the “legitimate government” in Damascus. The Venezuelan leader added: “How can I not support the government of President Bashar Assad if it is the legitimate government of Syria? Who should I support? Terrorists who want a transitional government and kill people on all sides?”

Chavez blamed the United States for the war that has raged on for nearly 19 months. “The government of the United States is one of the parties most to blame for this disaster” in Syria, he added. “Now, Mr Obama, if you are re-elected, sit back and reflect, and the governments of Europe should do the same.”

More than 45,000 people have been killed in Syria since the outbreak in March 2011 of an anti-regime revolt that became a bloody insurgency after a brutal crackdown on dissent, activists said Wednesday.

“In all, we have documented the deaths of 45,048 people,” Rami Abdel Rahman, head of the Syrian Observatory for Human Rights said, adding that more than 1,000 people were killed in the last week itself.

Leur presse (Israel News via Ynetnews.com, 26 décembre 2012)

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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 11:02

Pour Mélenchon, « ce qu’est Chávez ne meurt jamais »

Reportage – Devant les journalistes mercredi matin, le coprésident du Parti de gauche s’est présenté ému et a défendu le président vénézuélien, un homme qui « a fait progresser d’une manière considérable la démocratie ».

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Le président vénézuélien Hugo Chavez avec Jean-Luc Mélenchon, à Caracas, le 6 juillet 2012.

Il s’est présenté à la presse en cravate noire. La rouge rangée au placard le temps du « deuil ». Derrière lui, un drapeau tricolore a été installé. Signe du caractère officiel de cette déclaration : « Nous nous sentons liés de cœur plutôt qu’aux commentaires haineux, vulgaires, que nous voyons se multiplier dans les médias européens ». Ému, le visage imprégné de tristesse, Jean-Luc Mélenchon parle d’une voix grave, les yeux rougis.

Sur la petite scène rouge de l’Usine, siège éternellement temporaire du Parti de gauche (PG), il poursuit, d’un ton calme : « Uni de cœur au peuple argentin qui respectera un deuil national de trois jours, uni de cœur au peuple de Cuba qui respecte un deuil national de trois jours, uni de cœur au peuple de l’Équateur (…) à la Bolivie, qui respectera un deuil national de sept jours ». Dehors, sur la façade du bâtiment, le drapeau vénézuélien a été hissé, entouré de deux bannières du Parti de gauche. À l’intérieur, des photos d’Hugo Chávez et l’étendard du Venezuela, plié et marqué d’un ruban noir, accompagnent trois bougies sur une table nappée de rouge.

Révolution par les urnes

« Ce qu’est Chavez ne meurt jamais. C’est l’idéal inépuisable de l’espérance humaniste, de la révolution, reprend Mélenchon, le poing serré sur le pupitre, tremblant. Les Européens si prétentieux, arrogants, méprisants, l’infecte social-démocratie qui depuis 24 heures se répand en injures contre les figures progressistes d’Amérique latine feraient bien de se souvenir qu’au Venezuela contrairement à la France (…) on a fait reculer la pauvreté de manière spectaculaire, éradiqué ce qui est classé comme extrême pauvreté (…) Voilà le bilan que nous portons fièrement à l’heure où l’image de Hugo Chávez va se retirer. »

Le coprésident du Parti de gauche se montre profondément marqué par la mort d’Hugo Chávez. Pas seulement parce qu’il le connaissait personnellement. Surtout parce que le modèle vénézuélien de l’« assemblée constituante » et d’une « révolution par les urnes » est une de ses inspirations : « Chávez a été la pointe avancée d’un processus large dans l’Amérique latine, qui a ouvert un nouveau cycle pour notre siècle, celui de la victoire des révolutions citoyennes ». Formule qu’il a importée d’Amérique du Sud pour la présidentielle de 2012.

« Autocrates de notre pays »

Mélenchon n’était pas un intime de Chávez. S’il a commencé à s’intéresser à l’expérience vénézuelienne en 2001 — trois ans après la première élection du « Commandante », lors d’un voyage comme ministre de Lionel Jospin au Forum social de Porto Alegre —, ses rencontres avec lui se comptent sur les doigts d’une main. Deux « voyages d’études » à Caracas en 2006, où il met « les doigts dans la prise », et un plus récent, l’été dernier, où il reste une dizaine de jours et participe à la campagne électorale du président sortant, l’accompagnant dans ses rassemblements populaires.

Pour le coprésident du PG, Chávez « n’a pas seulement fait progresser la condition humaine des Vénézuéliens, il a fait progresser d’une manière considérable la démocratie, assume-t-il devant les journalistes. C’est sans doute sa contribution majeure à la lutte socialiste de notre siècle. » Déplorant que certains médias parlent de « dictateur » ou d’« autocrate », Mélenchon rappelle que « Chávez a mené toutes ses batailles sur le plan électoral ». « Et quand il a perdu un référendum, poursuit-il, lui, il a respecté la décision au contraire des autocrates de notre pays et du reste de l’Europe ». Référence au « non » des Français en 2005, lors du référendum sur le projet de constitution européenne, et « jamais respecté ».

Et même si Chávez a usé dans son pays des pleins pouvoirs, « la démocratie a progressé au Venezuela », défend le député européen. « La constitution a été écrite et voulue par le peuple, rappelle-t-il. Je suggèrerais aux donneurs de leçons » de créer « des référendums révocatoires permettant de faire partir un député, un gouverneur (…) voire même le président de la République. »

« Pas de pacte avec les fascistes »

Quant aux poignées de main entre Chávez et le président iranien Mahmoud Ahmadinejad — qui a évoqué la mort d’un « martyr » — ou le syrien Bachar Al-Assad, pas un mot non plus. « Jean-Luc a toujours été clair là-dessus. Il leur a dit plusieurs fois », le défend Raquel Garrido, responsable du secteur international du PG et spécialiste de l’Amérique du Sud. « On ne fait pas de pacte avec les fascistes », leur a-t-il répété.

Répondant aux « commentaires » d’un « niveau lamentable » de la « propagande », Mélenchon, face à la presse, se met à interpeler son auditoire : « Comment pouvez-vous être aussi infâmes et aussi bas ? Comment pouvez-vous être devenus à ce point aussi insensibles à ce que représente le progressisme latino-américain dans ces moments de l’histoire pour avoir pour tout commentaires des insultes ? » Sa voix se fait plus incisive : « Les cendres de Chávez sont chaudes, sont brûlantes, et nous avons au cœur non seulement l’idée que nous continuons ce combat, mais la haine intacte que nous avons contre les puissants et les puissances qui même à l’heure de la mort sont incapables du respect qu’ils manifestent pour tant d’autres qui le méritent moins ».

Mélenchon n’aura « pas le temps » de sauter dans un avion pour être présent aux obsèques de vendredi à Caracas. « Il est tout entier comme une légende qui entre dans l’imaginaire collectif des peuples de l’Amérique latine, a l’instar du Che Guevara qui n’a été célébré que quand tout le monde a été bien sûr qu’il était mort ». Pour ses proches, aucun doute : « L’impulsion de Chávez survit en France en Jean-Luc Mélenchon ».

Leur presse (Lilian Alemagna, Liberation.fr, 6 mars 2013)

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7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 13:21

LE MONDE | 28.11.2012 à 15h13 • Mis à jour le 28.11.2012 à 18h02Par Nicolas Jounin, enseignant-chercheur en sociologie à l'université Paris-VIII-Saint-Denis


Du rapport de la Cour des comptes sur l'Institut d'études politiques (IEP) de
 Pariset la fondation privée qui le parraine, alias "Sciences Po", on risque de ne retenirque les acrobaties de quelques notables destinées à "obésifier" leur portefeuille.

Mais ce n'est qu'un à-côté, une espèce de dommage collatéral de la haute idée que les gestionnaires d'une telle institution se doivent d'avoir d'eux-mêmes. L'"arrogance" relevée par un député après avoir entendu Jean-Claude Casanovaet Michel Pébereau n'est pas un vice accessoire.

Elle est la contrepartie nécessaire d'un projet d'établissement qui, depuis cent quarante ans, sape l'égalité des chances pour reconduire une classe dirigeante.

LES CLASSES POPULAIRES EXCLUES

Au-delà des irrégularités de gestion, ce rapport nous apprend que Sciences Po demeure un établissement d'où les classes populaires sont exclues. Après une décennie de matraquage médiatique sur la diversification qui aurait été entreprise par le directeur Richard Descoings, sur les "conventions ZEP", sur "Sciences Po en banlieue", voilà où nous en sommes : en 2010-2011, les enfants de "cadres et professions intellectuelles supérieures" représentent 63,5 % des étudiants entrant en premier cycle (54,1 % en second cycle), contre 57,6 % quatre ans plus tôt (55,2 % en second cycle).

Pendant ce temps, la part d'enfants d'employés et d'ouvriers a stagné : environ un étudiant sur douze, contre un peu plus d'un sur cinq à l'université, où ils sont déjà sous-représentés.

Pour sa défense, la direction de Sciences Po a le culot de souligner que le taux de réussite de ses étudiants, y compris ceux issus de classes populaires, est plus important qu'à l'université. Après avoir siphonné par ses concours les plus conformes aux exigences scolaires, c'est quand même bien le moins !

COOPTATION PATERNALISTE

On pourrait presque s'amuser de cette obstination à préserver, depuis la fondation de l'institution, un entre- soi bourgeois mâtiné de cooptation paternaliste... si elle consentait à s'autofinancer.

Car c'est le second scandale : non seulement l'Etat républicain consacre les prétentions exorbitantes de l'IEP par un statut dérogatoire, mais il les remplume. Un étudiant y coûte 50% plus cher qu'un étudiant d'université, bien que les matières enseignées ne soient pas les plus coûteuses en équipement, et que 93 % des enseignements soient assurés par des vacataires.

Malgré une vertigineuse augmentation des droits d'inscription au cours des dernières années, l'Etat débourse 20 % de plus pour un étudiant à l'IEP que pour un étudiant d'université (à disciplines comparables, l'écart est encore plus grand).

Autrement dit, à travers une fiscalité qui, reposant sur la TVA, affecte d'abord les classes populaires et moyennes, on finance les études chères des classes déjà privilégiées.

On pourrait s'amuser de cette obstination, encore, si l'entre-soi se tramait autour de la dégustation d'un cigare ou d'une chasse à la bécasse, comme y invitent certains clubs de l'association des anciens.

Mais il s'agit de quelque chose d'autrement plus sérieux : le maintien d'une domination. En 1872, juste après la Commune de Paris et le rétablissement du suffrage universel masculin, Emile Boutmy (1835-1906) créait Sciences Po en lui donnant une claire mission : "Contraintes de subir le droit du plus nombreux, les classes qui se nomment elles-mêmes les classes élevées ne peuvent conserverleur hégémonie politique qu'en invoquant le droit du plus capable.

Il faut que, derrière l'enceinte croulante de leurs prérogatives et de la tradition, le flot de la démocratie se heurte à un second rempart fait de mérites éclatants et utiles, de supériorité dont le prestige s'impose, de capacités dont on ne puisse pas se priver sans folie."

DIGUE ANTIDÉMOCRATIQUE

Dans le Sciences Po d'aujourd'hui, Emile Boutmy n'est pas considéré comme un de ces aïeux pathétiques dont il vaut mieux effacer le souvenir : il a sa notice hagiographique sur le site Internet, des bourses à son nom, un amphithéâtre, où l'institution s'enorgueillissait de recevoir Mario Monti, cet ancien de Goldman Sachs qui dirige un "gouvernement de techniciens" sans avoir jamais été élu.

Conçue comme une digue antidémocratique, Sciences Po a conservé au fil du temps sa vocation d'alchimiste qui métamorphose l'arbitraire de la naissance en capacité présumée.

Soyons transparent : j'ai étudié à l'IEP de Paris. J'en garde le souvenir de quelques enseignements stimulants, plombés par un tronc commun où prévalait une science économique recroquevillée sur le pilotage libéral des crises du capitalisme.

Cependant, peu importe la qualité de l'enseignement, qui ne changerait rien au scandale. Car, ou bien cet enseignement constitue une imposture intellectuelle, la carrosserie idéologique d'une classe dirigeante, et il n'y pas de raison que le contribuable continue de lui fournir son carburant ; ou bien il équipe ses destinataires en "capacités dont on ne puisse pas se priver sans folie", et l'on ne voit pas en quoi il devrait demeurer l'exclusivité d'une poignée d'individus bien nés.

Preuve que le contenu de l'enseignement importe peu, on ne dit pas ce qu'on a fait à Sciences Po, mais plutôt : j'ai fait Sciences Po. L'établissement n'est pas l'outil d'un apprentissage, mais une fin en soi.

Rituel d'intronisation et point de contact des futures élites de la politique, de l'administration, des entreprises, du journalisme ou de l'académie, le passage par Sciences Po constitue, d'un point de vue collectif, un moment de socialisation et d'homogénéisation de la classe dirigeante ; et, d'un point de vue individuel, une accumulation primitive de "capital" qu'il convient de faire "fructifier", selon les termes de l'association des anciens lorsqu'elle invite à la rejoindre.

REPRODUCTION DES HIÉRARCHIES SOCIALES

On pourra m'accuser de cracher dans la soupe ou d'oublier d'autres "grandes écoles", universités qui aspirent à en être, dont le rôle dans la reproduction des hiérarchies sociales n'est pas moins actif et pas plus justifié.

Mais il faut bien partir de quelque part quand on veut mettre le goût de la démocratie dans la tambouille de l'enseignement supérieur et se débarrasser des recettes nauséabondes qui font la noblesse d'Etat.

Alors, commençons par supprimer Sciences Po, c'est-à-dire : le privilège légalisé, l'écrémage social et le hold-up financier dont il est le produit.

Nicolas Jounin est l'auteur de "Chantier interdit au public" (La Découverte, 2008)

Nicolas Jounin, enseignant-chercheur en sociologie à l'université Paris-VIII-Saint-Denis

 

La Cour des comptes a rendu public, jeudi 22 novembre, un rapport cinglant sur la gestion de Sciences Po. L'Institut d'études politiques de Paris a été placé sous contrôle de l'Etat. La ministre de l'enseignement supérieur a refusé de nommer Hervé Crès successeur de Richard Descoings

 

 

Lire aussi la tribune de Bruno Latour, sociologue, directeur scientifique à Sciences Po : Richard Descoings est mort pour la seconde fois

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7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 11:28

Ikea : de la matière fécale dans des tartes au chocolat ?

Nouveau scandale alimentaire en vue chez Ikea ? Après avoir retiré ses célèbres boulettes de viande de la vente parce qu’elle contenait du cheval, le géant suédois a annoncé mardi que ses tartes aux chocolat et aux amandes allaient disparaître de ses cafétérias car elles pourraient contenir… de la matière fécale.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/00.jpg

23 pays sont concernés par ce retrait. Ikea n’a pas été en mesure fournir la liste de ces pays mais le directeur d’Ikea Food France a assuré ce mardi « qu’il n’y a ni en magasin, ni dans ses restaurants aucun de ces lots de gâteaux en vente actuellement » dans l’Hexagone.

Douanes chinoises

Les autorités sanitaires chinoises sont les premières à avoir émis des soupçons sur la qualité de ces « croquants au chocolat », baptisés « chokladkrokant » en langue originale et produites par le Suédois Almondy.

Interceptés dans le port de Shanghai, 1800 de ces gâteaux, destinés à nourrir la clientèle chinoise, n’ont pas résisté aux tests de l’Administration générale du contrôle de la qualité, de l’inspection et de la quarantaine. Selon elle, ils contenaient « un niveau excessif de bactéries coliformes », rapporte le quotidien local Shanghai Daily. Les douanes ont donc décidé de les détruire, plaçant le vendeur de meubles scandinave une nouvelle fois au pied du mur.

Les niveaux de matière fécale sont « bas », selon Ikea

Pour l’heure, le groupe essaie de minimiser la gravité de l’affaire, tout en défendant une mesure de précaution. « Il y a des indications selon lesquelles les niveaux de bactéries découverts sont bas mais nous devons évidemment connaître le chiffre exact, et savoir ce qui s’est passé », a assuré la porte-parole Ylva Magnusson.

Ces bactéries, normalement peu dangereuses pour les consommateurs, sont généralement « une indication de contamination fécale, même si ce n’est pas toujours le cas », tente de rassurer, de son côté, un microbiologiste de l’autorité de sécurité alimentaire suédoise Mats Lindblad.

« Le Groupe IKEA est en contact avec le fournisseur (NDLR : Almondy) pour obtenir une analyse complète de la situation », assuré Ikea France dans un communiqué.

Presse de merde (LeParisien.fr avec l’Agence Faut Payer, 5 mars 2013)

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7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 11:28

Ikea : de la matière fécale dans des tartes au chocolat ?

Nouveau scandale alimentaire en vue chez Ikea ? Après avoir retiré ses célèbres boulettes de viande de la vente parce qu’elle contenait du cheval, le géant suédois a annoncé mardi que ses tartes aux chocolat et aux amandes allaient disparaître de ses cafétérias car elles pourraient contenir… de la matière fécale.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/00.jpg

23 pays sont concernés par ce retrait. Ikea n’a pas été en mesure fournir la liste de ces pays mais le directeur d’Ikea Food France a assuré ce mardi « qu’il n’y a ni en magasin, ni dans ses restaurants aucun de ces lots de gâteaux en vente actuellement » dans l’Hexagone.

Douanes chinoises

Les autorités sanitaires chinoises sont les premières à avoir émis des soupçons sur la qualité de ces « croquants au chocolat », baptisés « chokladkrokant » en langue originale et produites par le Suédois Almondy.

Interceptés dans le port de Shanghai, 1800 de ces gâteaux, destinés à nourrir la clientèle chinoise, n’ont pas résisté aux tests de l’Administration générale du contrôle de la qualité, de l’inspection et de la quarantaine. Selon elle, ils contenaient « un niveau excessif de bactéries coliformes », rapporte le quotidien local Shanghai Daily. Les douanes ont donc décidé de les détruire, plaçant le vendeur de meubles scandinave une nouvelle fois au pied du mur.

Les niveaux de matière fécale sont « bas », selon Ikea

Pour l’heure, le groupe essaie de minimiser la gravité de l’affaire, tout en défendant une mesure de précaution. « Il y a des indications selon lesquelles les niveaux de bactéries découverts sont bas mais nous devons évidemment connaître le chiffre exact, et savoir ce qui s’est passé », a assuré la porte-parole Ylva Magnusson.

Ces bactéries, normalement peu dangereuses pour les consommateurs, sont généralement « une indication de contamination fécale, même si ce n’est pas toujours le cas », tente de rassurer, de son côté, un microbiologiste de l’autorité de sécurité alimentaire suédoise Mats Lindblad.

« Le Groupe IKEA est en contact avec le fournisseur (NDLR : Almondy) pour obtenir une analyse complète de la situation », assuré Ikea France dans un communiqué.

Presse de merde (LeParisien.fr avec l’Agence Faut Payer, 5 mars 2013)

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