Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 13:51

À Siliana, ville de l’ouest tunisien, il y a quelques semaines la police a tiré sur des manifestants pacifistes, causant de graves blessures et la cécité à plusieurs jeunes qui ne sont toujours pas pris en charge par l’État. D’autres sont toujours aux arrêts et ce, depuis avril 2011, et subissant les pires exactions et tortures de la part de la police politique. Leurs mères, sœurs, fiancées et épouses font la grève de la faim depuis plusieurs joursdans l’indifférence TOTALE.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/01/6.jpg

Publié sur le blog de “Méditerranéenne”, 1er janvier 2013

Partager cet article
Repost0
Published by coutoentrelesdents - dans LUTTES
2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 13:51

Des dizaines d’hommes et de femmes, coiffés de chapeaux de père Noël, ont défilé durant la nuit de lundi à mardi dans un quartier du nord de Damas pour souhaiter une année 2013 « noire » au président Bachar al-Assad, selon une vidéo mise en ligne par des militants.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/01/021.jpg

VOIR LA VIDÉO

« Nous te souhaitons une année noire Bachar et bonne année à la Syrie », ont notamment scandé les manifestants sur l’air de « joyeux anniversaire », au milieu des youyous des femmes arpentant les rues du quartier Cheikh Mohieddine.

« Dieu, la Syrie, la liberté, et c’est tout », ont-il également crié, détournant le slogan des partisans du chef de l’État depuis près de deux ans : « Dieu, la Syrie, Bachar, et c’est tout ». « Que Dieu protège l’Armée syrienne libre » (ASL, rebelles), ont également scandé les manifestants. Ils ont réclamé la « victoire pour les révolutionnaires » et brandi des pancartes demandant la « libération des détenus », estimés à plusieurs milliers, selon les organisations de défense des droits de l’Homme qui affirment qu’ils sont soumis à des tortures dans les geôles de la Sécurité syrienne.

La révolte en Syrie est née le 15 mars 2011 dans le sillage du Printemps arabe. Elle a débuté par des manifestations pacifiques réclamant plus de libertés, avant de se radicaliser, exigeant notamment la chute du régime. Face à la répression sanglante de la contestation par le régime, l’opposition s’est militarisée et le pays est désormais en proie à un conflit armé qui a fait plus de 46.000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Presse contre-révolutionnaire (RTL Infos, 1er janvier 2013) via Solidarité ouvrière

Partager cet article
Repost0
Published by coutoentrelesdents - dans LUTTES
2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 13:48

La vague de saccages soulevée dans le pays semblerait être terminée. Interférences dans la politique et les médias qui ne prennent pas en compte le principal problème : la question sociale.

Selon la Confederación Argentina de la Mediana Empresa (CAME = Moyenne entreprise), 292 locaux furent saccagés dans 40 villes d’Argentine. Bariloche, une ville marquée par une brutale inégalité sociale, a été le premier épicentre d’un mouvement qui plus tard s’est étendu jusqu’à la province de Santa Fe et de différentes localités de la conurbation de Buenos Aires, entre autres lieux. D’un autre côté, cette organisation patronale estime à 26,5 millions de pesos les pertes des locaux dévastés.

D’autre part, témoignant de la violence vécue, dans les barrios (quartiers) humbles de Rosario deux décès y ont été constatés : celui de Silvina Barnachea, supposément par hémorragie causée par les bris de vitrine, et celui de Luciano Carrizo, touché par un tir dont pour le moment on ignore s’il a été tiré par les forces répressives ou par un commerçant. De plus, environ 500 personnes  sont détenues dans tout le pays par les forces répressives.

Réponses de la politique et des médias

Face à cette situation, le débat sur le terrain politique et médiatique se focalise principalement autour de deux questions.

En premier lieu, sur qui sont les organisateurs des saccages. Il y eut d’abord les accusations du gouvernement national envers Moyano et Micheli, leaders respectivement des syndicats opposants CGT CTA. Bien entendu, la réplique  des syndicalistes ne se fit pas attendre, ils en vinrent à accuser, au cours d’une conférence de presse, le gouvernement de ces saccages à seule fin de se poser en victime. Il ne manqua pas d’autres secteurs de l’opposition pour profiter de l’aubaine et  apporter de l’eau à leur propre moulin. Ils tentent de comparer la situation sociale actuelle à celle de 2001, ignorant les importants changements qui ont eu lieu, et en dernière analyse, construisent un discours fonctionnel au kirchnérisme pour qui il n’est pas difficile d’argumenter que nous ne sommes pas dans la même situation que dix ans en arrière.

En second lieu, on discute l’action répressive des forces de sécurité puis celui de la Justice. La chef de tous les procureurs de la province de Buenos Aires, María del Carmen Falbo, déclara dans une interview dans Página/12 que “à première vue, les délits sont des larcins qualifiés et vols qualifiés, dans les deux cas, parce que commis en bande”. Elle a ajouté : “le vol qualifié est puni d’au moins six ans de prison, c’est un délit très grave”. […]

Les conditions sociales

Au-delà des possibles organisateurs ou instigateurs des saccages, il est évident qu’un phénomène d’une telle ampleur ne peut arriver sans des conditions sociales qui le rendent possible. En ce sens un débat très important s’ouvre dans le discours kirchnériste, qui omet toute référence à la continuité de la pauvreté comme donnée structurelle de notre pays. Il faudrait ajouter à cela le contexte d’inflation croissante et la détérioration conséquente du salaire réel des travailleurs, plus l’insuffisance des plans Argentina Trabaja (Arg. travaille) et des politiques sociales en général. En tenant compte des grandes marges dans le travail noir ou précaire dont souffre notre peuple, il est évident que ce ne sont plus seulement les gens au chômage qui tombent sous le seuil de pauvreté, mais aussi des secteurs importants qui travaillent tous les jours, parfois lors d’exténuantes journées. Si l’on y ajoute les récentes augmentations d’impôts et des prix des transports, nous nous trouvons dans une situation dans laquelle les fins de mois sont de plus en plus difficiles pour de nombreux Argentins et Argentines. […]

Traduction partielle faite par un cerveau humain à partir de leur presse (Ulises Bosia,Marcha, 27 décembre 2012) via La Haine

Partager cet article
Repost0
Published by coutoentrelesdents - dans LUTTES
2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 13:46

C’est dans l’emballage de pierres tombales en polystyrène que Julie Keith a découvert une drôle de lettre. Alors que cette mère de l’Oregon s’apprêtait à décorer son jardin pour Halloween après avoir fait ses emplettes au supermarché local, elle s’est retrouvée face à l’appel au secours d’un travailleur forcé chinois.

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/TOTALLY-GHOUL.jpg

On peut notamment y lire en anglais et avec quelques mots en chinois : “Monsieur : si vous venez d’acheter ce produit, pourriez-vous avoir l’amabilité de renvoyer cette lettre à l’Organisation mondiale du droit humain (…) Des milliers de personnes, qui sont persécutées par le parti communiste chinois, vous remercieraient et ne vous oublieraient pas”. Il est fait mention de journées de 15 heures de travail, sans pause dominicale ni vacances, mais également de tortures, et de salaires dérisoires. Ces travailleurs purgent une peine d’un à trois ans sans jugement.

L’auteur précise que les fausses pierres tombales ont été fabriquées au camp de travail Masanjia à Shenyang, au nord-est de Pékin. (…)

Presse esclavagiste (Le Monde, 28 décembre 2012)


http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/LETTRE.jpg 

“If you occassionally buy this product, please kindly resend this letter to the World Human Right Organization. Thousands people here who are under the persicution of the Chinese Communist Party Government will thank and remember you forever.

This product produced by Unit 8, Department 2 Mashanjia Labour camp. Shenyang, Liaoning China.

People who work here have to work 15 hours a day without Saturday, Sunday break and any holidays. Otherwise they will suffer torturement beat and rude remark. Nearly no payment (10 yuan/1 month).

People who work here suffer punishment 1-3 years averagely, but without court sentence (unlaw punishment). Many of them are Falungong practitioner, who are totally innocent people. Only because they have different believe to CCPG, they often suffer more punishment than others.”

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/MASANJIA.jpg

Dans cette séquence, huit prisonniers chinois peuvent être vus redresser des composants électriques appelés des diodes. Ce qui n’est pas visible ici ce sont les autres travaux qu’ils sont obligés d’effectuer, notamment vont de la fabrication des décorations d’Halloween comme des crânes et des pierres tombales en plastiques exportées aux États-Unis. (Vidéo mise en ligne le 26 septembre 2008) VOIR LA VIDÉO

Partager cet article
Repost0
Published by coutoentrelesdents - dans LUTTES
2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 13:45

INDE : DES OUVRIERS DU THÉ BRÛLENT LEUR PATRON

MONDE – Des travailleurs en colère ont incendié le domicile de leur patron. Ce dernier et son épouse ont trouvé la mort…

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/0145.jpg

Des centaines de travailleurs dans des plantations de thé indiennes ont mis le feu au bungalow de leur patron dans le nord-est de l’Inde, révèle ce vendredi la BBC. Le propriétaire Mridul Kumar Bhattacharyya et son épouse Rita ont trouvé la mort dans l’incendie, ont confirmé les autorités locales. Les deux corps n’ont été découverts dans les décombres que plus tard. Les deux véhicules du couple ont également été détruits.

Un conflit de deux semaines

Les 700 ouvriers en colère, en conflit avec leur patron depuis deux semaines ont entouré son bungalow mercredi soir [26 décembre], à Kunapathar, dans l’état d’Assam. (…) D’après la police, leur hiérarchie aurait demandé à certains de quitter leur logement.

Trois personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre. (…)

http://juralib.noblogs.org/files/2012/12/0332.jpg

Presse esclavagiste (20 Minutes, 28 décembre 2012) via Le Chat Noir Émeutier


(…) Une ouvrière de la plantation interrogée par une chaîne de télévision locale a déclaré que le patron « méritait d’être tué, car il nous exploitait depuis longtemps et nous torturait pour rien ».

Il y a deux ans M. Bhattacharyya a été confronté à une protestation d’ouvriers en colère dans une autre plantation. À l’époque, les ouvriers ont allumé un feu près de l’usine. Ils alléguaient que le patron avait tiré sur des ouvriers qui protestaient devant sa maison, l’accusant d’avoir agressé une femme.

De nombreux incidents ont eu lieu ces dernières années dans les plantations de thé dans l’État d’Assam. Les 800 plantations de thé de l’État d’Assam produisent 55 % du thé en Inde.

Presse esclavagiste (Radio Canada, 27 décembre 2012) via Solidarité ouvrière

Partager cet article
Repost0
Published by coutoentrelesdents - dans LUTTES
2 janvier 2013 3 02 /01 /janvier /2013 13:42

Le trafic ferroviaire entre Toronto, Ottawa et Montréal revenait à la normale lundi matin après avoir été interrompu par des autochtones engagés dans un vaste mouvement de contestation dénonçant les conditions de vie des amérindiens, métis et inuits du Canada.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/01/04.jpg

An Idle No More protest blocks the CN/CSX railway line in Sarnia, Ontario.

Quelque 2’500 passagers de 12 trains reliant ces grandes villes de l’est du Canada ont été bloqués pendant quatre heures dimanche soir au sud de Kingston (province de l’Ontario) par des amérindiens dont la démarche s’inscrivait dans le cadre du mouvement « Idle No More » (Nous ne sommes plus passifs).

« Le blocus a été levé par le groupe des Premières Nations dans la région de Marysville », a indiqué la société ferroviaire Via Rail dans un communiqué.

Un nouveau tour de force

Cette action constitue un nouveau tour de force des autochtones canadiens qui ont lancé il y a un mois ce mouvement de défense des droits indigènes.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/01/01.jpg

First Nations protesters march towards Parliament Hill during a demonstration as part of the ‘Idle No More’ movement in Ottawa December 21, 2012.

Leurs inquiétudes ont été ravivées par un projet de loi fédérale de finances C-45, dont certaines dispositions risquent, selon eux, de supprimer la protection légale dont bénéficient les cours d’eaux et les terres de leurs territoires.

Theresa Spence en grève de la faim

La grève de la faim menée par la chef amérindienne Theresa Spence depuis le 10 décembre à Ottawa, face au Parlement fédéral, est devenue l’emblème de ce combat.

Pour cesser son jeûne, Mme Spence demande une rencontre avec le Premier ministre, Stephen Harper, ou le gouverneur général, David Johnston — qui représente la Reine Elizabeth II dans cette ancienne colonie britannique — pour discuter de la situation des autochtones.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/01/05.jpg

Idle No More protest blocking the CN/CSX railway line in Sarnia by local first nations.

Soutien de députés fédéraux

Face au refus de M. Harper de la rencontrer, le mouvement n’a cessé de prendre de l’ampleur à travers le pays ces derniers jours.

Dimanche, une vingtaine de députés fédéraux sont venus apporter leur soutien à Mme Spence, tandis que des manifestations ont été organisées à Toronto, Calgary et Vancouver.

“Nous demandons la place qui nous revient ici dans notre patrie que l’on appelle Canada”, a déclaré dimanche Mme Spence, citée lundi par le Globe and Mail.

Leur presse (afp/Newsnet via TDG.ch, 31 décembre 2012)

Partager cet article
Repost0
Published by coutoentrelesdents - dans LUTTES
28 décembre 2012 5 28 /12 /décembre /2012 23:45

Selon les chiffres officiels, les entreprises tunisiennes ont été directement victimes de 11.284 actions de contestation de toutes sortes qui ont éclaté aux quatre coins de la Tunisie, rien que pour les 10 premiers mois de l’année 2012. Et si on fait la somme de ce qui s’est passé du 14 janvier 2011 au 30 octobre 2012, on se retrouve devant le chiffre effarant de 27.557 !

 

Quand on scrute attentivement les chiffres, on se demande vraiment comment les patrons peuvent-ils réussir à instituer un semblant de discipline au sein de leurs entreprises pour être en mesure de faire tourner boutique.

 

Voici :

 

• 53 incendies volontaires en entreprises (416 en 2011) ;

 

• 171 incursions sur les lieux de travail (1.003 en 2011) ;

 

• 887 entraves au travail (1.043 en 2011), c’est-à-dire 3 par jour !

 

• 1.455 barricades de routes (1.226 en 2011), c’est-à-dire 5 par jour ;

 

• 1.585 grèves réglementaires (2.366 en 2011) ;

 

• 806 grèves sauvages (1.495 en 2011) ;

 

• 230 séquestrations de personnes (145 en 2011) ;

 

• 88 coupures volontaires d’eau et d’électricité (85 en 2011).

 

Et si on fait la somme, on tombe encore plus haut car la preuve est apportée par ces chiffres que les patrons sont passés par une terrible épreuve de près de deux années (du 14 janvier 2011 au 30 octobre 2012) :

 

• 2.681 barricades de routes ;

 

• 3.951 grèves réglementaires ;

 

• 2.301 grèves sauvages ;

 

• 1.174 incursions sur les lieux de travail ;

 

• 469 incendies volontaires en entreprises.

 

Seulement, ces chiffres, qui font peur aux patrons, et qui devraient également faire peur au gouvernement, ne semblent pas susciter l’émoi de l’équipe aux commandes. Nous comprenons sans peine que, pour les politiciens de la Troïka, l’anticipation des prochaines élections est un comportement naturel mais ce qui nous semble dur à avaler, c’est leur incompréhension bizarre que leur avenir politique passe essentiellement par le sauvetage des entreprises.

 

Pour l’anecdote, et comme leur majorité est friande d’histoire de l’islam, nous leur rappelons que Abou Sofiane, leader de Macca, revenant avec une caravane de commerce avec le Châam, tomba à pic au moment de la ghazoua de Ohod. Et, alors qu’un notable de Qoreich lui demanda de rejoindre la bataille pour préserver son rang au sein de Qoreich, Abou Sofiane répondit : ”Aujourd’hui, mon rang c’est cette caravane !” et il continua son chemin vers Macca pour préserver les précieuses charges des chameaux de sa caravane !

 

Aujourd’hui, le rang de la Troïka (et singulièrement Ennahdha) est tributaire de la préservation des précieux emplois des entreprises tunisiennes.

 

Presse patronale (Meryem Omar, webmanagercenter.com, 3 décembre 2012)

Partager cet article
Repost0
Published by coutoentrelesdents - dans LUTTES
27 décembre 2012 4 27 /12 /décembre /2012 16:23

blog Maribor

Partager cet article
Repost0
Published by coutoentrelesdents - dans LUTTES
26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 12:47

Le secret d’Aurélie (Dessins E. Brouze)

« Je crois que je suis un peu cleptomane. » Eclats de rire. « Y’en a qui grattent des morpions, moi je vole des boucles d’oreille. » Aurélie rit encore. Dans des magasins de fringues, ces derniers mois, elle a glissé du toc dans ses poches : des jolies boucles rouges, un collier assorti et des petites perles vertes cernées de noir qu’elle va chercher, pour preuve.

« C’est fou ce que ça peut m’amuser. Après, j’ai la banane pendant une demi heure. »

C’est si facile. Pratiquement sans risque. Rien à voir avec l’argent : tout est dans l’adrénaline. « C’est un petit plaisir solitaire, un peu comme la masturbation. »

« Elles me vont bien, non ? »

Aurélie, 28 ans, attache ses boucles vertes en continuant de parler.

« Quand je mets le bijou, j’y pense. C’est agréable, de porter des trucs qu’on a volé. J’ai fait une chose rigolote que personne ne sait. »

Seule la sœur connait le petit secret. Aurélie a commencé au collège et puis a arrêté. Ça lui a passé et repris, il y a environ un an et demi. Elle ne le fait pas souvent car elle n’aime pas trop faire les magasins. D’ailleurs, Aurélie n’aurait pas l’idée d’acheter ce qu’elle chipe : elle porte rarement des bijoux.

« Elles me vont bien, non ? »

« A mon âge, c’est ridicule »

« J’ai honte, rigole-t-elle à nouveau. Pas du geste mais de ce qu’il pourrait signifier. Parce que j’ai déjà une réputation de râpe. Ça fait la fille qui veut passer pour une rebelle en faisant des vols de mauviette. A mon âge, c’est ridicule. »

Il est arrivé à Aurélie d’échanger les étiquettes de deux pulls dans les rayons de Zara. Et puis au supermarché, elle retient un peu le poids des légumes sur la balance, « comme tout le monde ». Aurélie adorerait qu’un jour, on lui propose un restaurant en lui disant : « Je t’invite mais on ne paiera pas. » Et de galoper au moment de l’addition.

« Je suis certaine que j’apprécierais mieux mon plat. »

Emilie Brouze

Partager cet article
Repost0
Published by coutoentrelesdents - dans LUTTES
26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 12:45

A diplôme et talent équivalents, les parcours divergent si les parents financent, ou pas, logement et projets. Louise a cumulé les jobs alimentaires et le succès tarde.


Des micros sur une scène éclairée par des projecteurs (Jos&eacute ; Goul&atilde ; o/Flickr/CC)

C’est une très belle brune à la voix enrouée, douce jusqu’au moment où elle peut exploser avec violence. Une forte personnalité. Mais début décembre, attablée à un café parisien, Louise – le prénom a été modifié, comme tous ceux de ce récit – semble un peu fanée.

Un manteau en peau de lapin « pas super beau » qui tient chaud sur le scoot’, des cheveux trop raides, des lunettes rectangle qui cassent l’ovale du visage.

Louise et son mari Nicolas sont artistes, pièces de théâtre et musique, mais ne décollent pas. Dans leur maison en banlieue parisienne, ils travaillent à quelques mètres l’un de l’autre et leur huis clos est morne. L’aigreur monte et les reproches se réinventent.

Petits boulots et dépression

HÉRITIERS ET NON HÉRITIERS

Louise se reconnaît bien dans le discours de Thomas Piketty qui parle d’une nouvelle lutte des classes, plus sourde.

Un monde séparé en deux : les enfants héritiers (propulsés dans la vie avec un appartement et de l’argent de poche) et les autres qui peuvent passer leur vie dans le fossé et qui ne seront jamais propriétaires.

« On a aujourd’hui une structure de classes qui est tout de même un peu plus méritocratique. Mais, par rapport à l’immense espoir méritocratique sur lequel sont fondées nos sociétés démocratiques, les transformations ont été plus limitées qu’on ne l’imagine souvent. Et surtout, on assiste aujourd’hui à une vraie régression. »

Louise pense que si elle et Nicolas avaient été « sponsorisés » par leur famille comme beaucoup de leurs copains de l’école de théâtre, ils n’en seraient pas là.

Ils ont du talent, plus que beaucoup d’autres qui ont « réussi » (pour qui l’avenir s’annonce bien).

Louise s’est toujours débrouillée seule. Au lycée, sa mère ne veut pas qu’elle aille en filière littéraire. Elle veut des sciences et une école de commerce pour la plus solide de ses filles.

Louise joue la provocation et se met en danger en séchant les cours tous les jours et en prenant des kilos.

Post-bac obtenu avec mention, sa mère persiste : elle l’aidera seulement pour de « vraies études ».

Louise veut chanter et jouer, le plus vite possible. Elle s’inscrit au théâtre où elle rencontre et embrasse Nicolas. Pour financer ses études, elle travaille à plein temps. Petits boulots.

« J’ai commencé à bosser à 16 ans. J’ai arrêté de sortir et d’aller boire des cafés en terrasse à 19 ans. »

Au bout de deux ans, elle décroche une bourse pour le théâtre. Ça l’allège financièrement, mais il reste le loyer et les courses à payer. Elle essaye de travailler plus que Nicolas, vendeur de musique à mi-temps, pour qu’il ait le temps d’écrire.

« Il est l’homme le plus intelligent que j’ai jamais rencontré, je me suis un peu sacrifiée. J’ai à peine été en cours la dernière année. A la fin, j’étais crevée, j’ai fait une grosse dépression. »

Nicolas est issu d’une famille d’agriculteurs : ses parents ont abandonné une partie de leur confort pour lui permettre de faire ses études à Paris. Il a envie de réussir pour eux. Quand il y pense, cela lui donne envie de pleurer.

Sans loyer, les plus belles années

A la fin de leurs études, Louise et Nicolas décident de vivre dans une vieille maison de campagne familiale. Les proches de Louise râlent et les accusent de consommer trop d’eau.

A l’époque, elle touche 7 euros d’indemnités par jour, elle n’a pas l’âge d’avoir le RMI. Elle fait du « baloche » (bal de village). Nicolas part en tournée.

Plus tard, on leur prête une maison au cœur de Paris. Il y a un studio musique et un bureau pour écrire sans bruit. Louise décrit les plus belles années de leur vie. Ils mettent de l’argent de côté pour l’avenir. Ils goûtent au confort. Deux ans plus tard, fin de la trêve, la maison est vendue.

Louise et Nicolas prennent rendez-vous à la banque pour obtenir un prêt et devenir propriétaires à leur tour.

« On avait 50 000 euros de côté à deux. La nana de la BNP était d’accord, jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’on avait ni l’un ni l’autre de CDI. Elle était désolée. »

Une collection de fausses joies

L’argent accumulé partira, en grande partie, dans les mois difficiles. Louise et Nicolas font de l’intendance dans l’événementiel, parfois ensemble. Ils font aussi du coaching en théâtre ou des publicités. Louise a aussi été mannequin grande taille, mais depuis quelques années elle « fond » et ce n’est plus possible.

Louise et Nicolas s’installent finalement en banlieue, côté est de Paris. Les années où il ne fait pas de travaux, le propriétaire leur fait un prix (1 230 euros par mois).

« Avec la crise, nos revenus ont été divisés par deux. Le loyer nous prend les trois quarts de ce qu’on gagne. De temps en temps, on se dit qu’on va partir en Belgique où il y a des baraques à 70 000 euros. Ou à la campagne, puis on réalise que ce sera un face à face insupportable. »

Ils n’ont jamais vécu de leur art. Collectionnent les fausses joies : un producteur américain a failli leur acheter un scénario de film, un livre de Nicolas a failli être publié, sa poésie ne se vend pas. Une de ses pièces a été remarquée par le milieu du théâtre. Ils pensaient que le téléphone allait sonner après ça, mais pas du tout.

Ils ont monté ensemble un groupe et enregistré un album. Mais ils essayent d’améliorer leur notoriété avant de le sortir.

« Si personne ne l’attend, ou seulement quinze potes, cela ne sert à rien. »

Ils manquent affreusement de temps. En plus des boulots alimentaires, ils s’occupent de leur fils de 3 ans qui n’a jamais eu de place en crèche. Un enfant qui sent le stress tout autour de lui, ne veut rien faire seul et se met en colère souvent. Depuis la rentrée, ils ont une nounou deux fois par semaine. Ils achètent du temps, un énorme sacrifice financier.

La vie de rêve des copains et de la cousine

Louise et Nicolas ont gardé peu d’amis du cours de théâtre. Ils étaient souvent « des faux artistes empruntés ». Parmi ceux avec lesquels ils sont restés copains, il y a beaucoup de privilégiés.

Grâce à son père, la fille d’un proche conseiller de Nicolas Sarkozy a pu jouer dans une superproduction. Louise dit que chacun a ses problèmes et que ce n’est pas non plus facile d’être « fille de ». Son amie se bat pour se faire un prénom. Mais cette bataille est assez banale, et la comédienne la livre depuis son appartement gratos de la rive gauche. Qu’elle réussisse ou non, elle est à l’abri ainsi que tous les enfants qu’elle fera.

Un très bon ami du couple a accepté et assumé l’aide de ses parents. Il a monté une boîte de production qui marche bien. Il écrit des scénarios pour la téloche, il a des bonnes idées. Sur la photo de profil de sa page Facebook, il pose sur une plage à mer turquoise. Il a l’air heureux.

Autour d’elle, Louise pense aussi à une de ses cousines qui n’a jamais eu à faire un seul boulot alimentaire. Mélanie, fille unique, vit dans un 33 mètres carrés que sa mère lui prête près de République, à Paris. Elle vient de terminer son école de design.

Pendant toutes ses études (qui ont coûté très cher), elle a bénéficié d’un appartement et de 500 euros d’argent de poche :

« Je n’aurai pas pu m’investir autant dans mes études si j’avais dû gagner de l’argent pour payer un loyer. J’ai pu passer tout mon temps à bosser et faire des stages non rémunérés très valorisants, tandis que d’autres bossaient au McDo. »

Elle a le talent et la sagesse. Mais en plus, elle a le confort, et grâce à lui, elle peut prendre des risques :

« Aujourd’hui, toujours parce que je n’ai pas de loyer à payer, j’ai pu lancer ma boîte de conseil avec une amie.

Je ne me paye pas pour le moment, la charge de travail fait des montagnes russes et je manque de réseau, mais l’année prochaine, ça devrait pouvoir se faire. Autour du smic, ce serait bien. Je commence à avoir des projets cools et stimulants. Pour les autres, je ne sais pas, j’espère que les banques osent encore prêter. »

Aujourd’hui, Mélanie se sent comme un investissement, elle doit réussir pour assurer une rentabilité : elle ne respecte pas les « fils et fille de qui ne branlent rien ». Elle a hâte d’être indépendante financièrement. Elle dit qu’il n’y a pas que l’argent, les parents peuvent aussi apporter un soutien moral, essentiel.

« Si on gagnait au Loto, on pourrait vivre »

Un samedi soir de décembre dans une salle de concert de Pigalle, le groupe de Louise et Nicolas participe à un concours.

Louise, habillée d’une robe en cuir noir, chante dans le micro que lui a offert son père (un des seuls cadeaux jamais reçus de lui). Leur musique est rythmée et onirique et les paroles sont sombres.

Habitée, Louise chante qu’il est dur d’être aimée. Le groupe n’arrive pas dans les premiers, mais il est finalement repêché. S’ils gagnent la prochaine étape, ils chanteront dans une salle très prestigieuse. Où ils seront peut-être repérés.

« Tous les jours, avec Nicolas, on parle de ce qu’on fera quand on aura de l’argent. Nous sommes des comédiens qui ne sortons jamais au théâtre. Le loisir n’existe pas, les vacances improvisées non plus. Avec notre petit garçon, on compte encore plus, on ne veut pas qu’il bouffe de la merde.

Si on gagnait au Loto, on achèterait une maison au bord de la mer, parce que notre fils fait beaucoup d’asthme. On pourrait vivre un peu et souffler. Je pense qu’on va y arriver, un jour, mais on va mettre plus de temps que nos copains qui ont été soutenus. »

RUE 89 

Nolwenn Le Blevennec 
Partager cet article
Repost0
Published by coutoentrelesdents - dans LUTTES

A L’assaut Du Ciel!

  • : coutoentrelesdents
  • : Les spectateurs ne trouvent pas ce qu'ils désirent, ils désirent ce qu'ils trouvent.
  • Contact

?

Celui Qui Ne Connaît Pas L'histoire Est Condamné À La Revivre.