Tract fait par des Bras-Cassés, à l’occasion d’un concert de Casey
Ou la tragédie d’une trajectoire qui va se perdre dans l’industrie culturelle
Alors comme ça ton rap n’est pas à vendre? À part à la Fnac, à Virgin … et à l’Antirouille, 13 eu le cercon c’est ça? Ne pas lécher le cul des Majors ne te rend en aucun cas indépendante du
marché de la culture. Ton rap se vend de la même manière que l’on achète une place au cinoche du coin, une salade ou une pute… Casey c’est une marchandise parmi les autres, destinée à nous
divertir de l’horreur que nous subissons, à maintenir le désir de la marchandise, et à intégrer toutes les dimensions de la vie dans cette dictature de la consommation. Même les plus enragées.
Casey, c’est un peu comme un T-shirt Anarchie. De l’attitude rebelle qui se consomme. Nous allons tous écouter pendant deux heures des paroles véner et sortir en se flattant d’être aussi
critiques, puristes et hardcores tout en replongeant dans la triste banalité du quotidien. Quand tu montes sur scène tu es cette bête de foire que l’on dompte. Le loisir, le divertissement jouent
un rôle primordial dans le maintien et la reproduction de la société capitaliste. Tu y participes en tant qu’agent vedette du spectacle. Nous y participons en tant que spectateurs. Tes textes
pourtant si explicitement critiques de ce règne des choses, ton flow pourtant si hargneux, tes instrus pourtant si violentes sont happés par l’industrie culturelle dés l’instant où tu te contente
d’apparaître. Mais ne te rends tu pas compte qu’il y a un truc qui ne va pas quand tu proclames que ton rap n’est pas à vendre? Qu’il y a un antagonisme entre ta musique et ce que tu en fais ?
Et le rap actuel lui même n’est que le fantôme du Zombie qu’il était déjà à sa base. Il n’y a rien à y défendre, aucun purisme à avoir. Le rap fait partie de ce monde de morts. Même ses penchants
énervés et révoltés se rangent au fil du temps au grand musée des boites de conserve. Il n’y a pas de rap révolutionnaire, mais il peut y avoir une utilisation révolutionnaire du rap. Et c’est
aussi pour ça que nous aimons malgré tout le gros rap bien crade qui ne mâche pas ses mots. Mais nous le préférons gratuit.
Bien sur nous savons bien que tu n’es pas uniquement une marchandise, il y a bien évidemment contradiction entre ce que tu penses,vis,crées, et le cadre dans lequel cela se retrouve enfermé. Mais
la puissance de l’industrie culturelle (elle même n’étant qu’une des surfaces d’un iceberg polymorphe) annihile presque totalement cette contradiction.
T’as perdu d’avance mais on t’aime bien quand même (entre loosers il faut s’organiser).
Les personnes qui ont distribué ce tract lors du concert de Casey (il y a 1an environ, je ne sais plus) se sont heurtés dès le départ aux agents de sécurité. En effet, quand elles ont voulu
rentrer elles se sont vus refuser l’accès, alors qu’elles avaient payés leurs places, parce qu’elles avaient des bières dans le sac. Elles avaient pourtant déclaré les bières au premier vigile,
parce qu’elles savaient bien qu’elles allaient se faire emmerder, et il leur avait dit de rentrer. Mais le second n’a rien voulu savoir, ce qui a bien entendu énervé nos chers bras-cassés, et une
des personnes a laissé échapper un « niques ta mère », ce qui a bien entendu foutu en rogne notre cher viriliste de vigile. S’en suivit une bagarre avec le vigile, au cours de laquelle
deux mecs qui ont voulu les soutenir se sont pris quelques coups par les vigiles eux aussi, puis les personnes se sont retrouvés devant la porte à tracter, dégoutés de s’être fait extorquer leurs
13euros pour rien. Quand les vigiles sont partis, deux trois chansons avant la fin du concert, une des personnes est montée dans la salle avec le reste des tracts. Juste au moment où elle entre
elle entend Casey arrêter la musique pour « placer un gros « niques ta mère » à tous les flics, contrôleurs, vigiles… » … !!!
Elle a balancé les tracts sur scène et s’est barré.
vu sur:http://dialectikmusik.wordpress.com/