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2 février 2012 4 02 /02 /février /2012 12:16

Soif de justice à Cherbourg

On se souvient que, devant « l’ampleur de la menace, son caractère protéiforme et le caractère très étendu des lieux », monsieur Adolphe Colrat, préfet de la Manche, avait pris un « arrêté portant interdiction de [la] manifestation » prévue pour s’opposer, autant que faire se pouvait, au départ du dernier convoi ferroviaire de déchets nucléaires CASTOR entre La Hague (France) et Gorleben (Allemagne). Des centaines de policiers et gendarmes avaient été mobilisées et envoyées face à un demi millier de manifestants. Ainsi avait pu être fièrement déployée toute l’agressivité nécessaire au maintien de l’ordre.

Et si le train avait pu partir, ce fut avec plusieurs heures de retard.

Malgré les craintes si clairement exprimées par le soucieux préfet, aucun dangereux activiste protéiforme ne fut arrêté dans le bocage…

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Valeureuse action anti-anti-nucléaire, détail.

Des poursuites furent pourtant engagées, par le parquet de Cherbourg, contre six personnes interpellées dans les parages. Le procureur de la République, monsieur Éric Bouillard, avait aussitôt tenu à leur faire une réputation :

« Il s’agit de personnes qui sont plus dans la mouvance altermondialiste voire casseurs que dans la mouvance écologiste. »

Deux de ces « voire casseurs » comparaissaient hier au tribunal de Cherbourg — qui s’occupera des quatre autres le 7 février.

Le premier, un étudiant belge de 23 ans, est « accusé de s’être introduit sur la voie ferrée et d’avoir agité un fumigène en direction des CRS ». Il nie les faits qui lui sont reprochés, mais la justice n’est pas là pour l’écouter. Madame Sarah Huet, substitut du procureur de la République, a requis trois mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende afin de le punir bien comme il faut.

Il faudra compter un mois de prison avec sursis supplémentaire et 500 euros de plus, pour refus de prélèvement ADN.

Le second était une seconde, une militante parisienne de 65 ans, qui avait à répondre du « vol de neuf canettes de soda provenant d’un fourgon de ravitaillement CRS qui avait été ‘caillassé’ et ‘intégralement détruit par le feu’ au cours de la manifestation ». Elle a reconnu s’être emparée de quelques canettes, puisqu’elle avait « très soif » et que « les militants n’avaient pas de ravitaillement ». Bien que les sodas aient été restitués inentamés, madame Huet a requis 300 euros d’amende.

Il faut y ajouter un mois de prison avec sursis et 500 euros supplémentaires, pour refus de prélèvement ADN.

Les membres du collectif Valognes Stop Castor, qui appelaient à se rassembler devant le palais de justice, ont sans doute raison d’affirmer que « tout cela ne devrait donner lieu qu’à un grand éclat de rire »…

Si madame Huet, substituée au procureur, a dû reconnaître, dans le cas de la militante assoiffée, que « bien évidemment c’est le contexte qui nous conduit à poursuivre », elle a, au cours de son réquisitoire, cru bon de lancer :

« Caillasser deux CRS et brûler un fourgon, c’est ça un mouvement démocratique mais on est où là ? »

Elle devait probablement trouver cette remarque très intelligente, mais ce n’est qu’une bien grossière façon d’amalgamer un vol de canettes et l’incendie d’un fourgon.

Pour rester dans le même registre de langage que madame Huet, disons qu’on peut trouver le procédé assez moyen…

P.-S. : Verdict le 7 février, date fixée pour la comparution des quatre autres prévenu(e)s.

P.-P.-S. : Et si l’un(e) ou l’autre des six inculpé(e)s se sentait venir une petite soif en passant vers Trifouillis, je leur ouvrirai la porte de ma cave. Il n’y a pas de sodas, mais on se débrouillera.

L’escalier qui bibliothèque, 1er février 2012.


Déchets nucléaires allemands : la suite pénale

Le premier procès des antinucléaires du collectif « Stop Castor Valognes » s’est tenu hier à Cherbourg. Il a été aussi celui de l’industrie nucléaire. Le tribunal rendra sa décision le 7 février.

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Les combinaisons utilisées le 23 novembre étaient sorties de nouveau hier devant le tribunal de Cherbourg.

Le 23 novembre, plusieurs centaines de militants antinucléaires, unis derrière un énigmatique [sic] collectif « Stop Castor Valognes », sont parvenus à retarder le départ vers l’Allemagne d’un convoi de déchets nucléaires conditionnés à l’usine Areva La Hague. Six personnes ont été interpellées ce jour-là. Deux comparaissaient hier devant le tribunal correctionnel de Cherbourg, les quatre autres seront jugées mardi prochain. Le parquet leur reproche des délits qui semblaient en décalage avec les enjeux de leur action. « Vous avez un train qui transporte des tonnes de déchets radioactifs et on nous parle d’un vol de cannettes », a ironisé Me Jérôme Bouquet-Elkaïm, avocat au barreau de Rennes, qui défendait les deux militants.

Pour « un débat démocratique »

L’une des personnes poursuivies, une retraitée parisienne, l’était pour le vol de neuf canettes de soda dans le seul fourgon de CRS qui ait été incendié. « Ces cannettes traînaient par terre. Nous avions soif. Je les ai ramassées. On n’a même pas eu le temps de les boire », a-t-elle expliqué. L’autre prévenu, un étudiant belge âgé de 23 ans, était accusé d’avoir tenu un fumigène sur la voie ferrée. Il a contesté. « Je n’étais pas sur la voie, mais à ses abords. » Pour l’avocat de la défense, « le dossier pénal est vide. Il n’y a pas de PV de constatation des faits, pas une photo pour identifier. » Même le fumigène, absent, relève de l’écran de fumée. « Qu’est-ce qui empêchait les gendarmes de le ramasser ? »

Pour l’avocat, cette action était inévitable parce que « le nucléaire n’a jamais fait l’objet d’un débat démocratique, alors que 70 % de la population est contre. La République, dans certains cas, ne fonctionne pas. C’est le cas du nucléaire, des OGM. Areva, c’est une métastase de notre République. »

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Sarah Huet, au nom du ministère public, a rappelé que la SNCF avait chiffré le coût de ses réparations à 500’000 €. « On n’est pas dans la contestation démocratique, mais dans le saccage. » Elle a requis trois mois de prison avec sursis et 500 € contre l’étudiant, 300 € d’amende contre la retraitée. Les deux prévenus étaient également jugés pour avoir refusé un prélèvement d’ADN, par « opposition à la criminalisation des militants ». Le parquet a requis un mois de prison avec sursis et 500 € d’amende. Le tribunal rendra sa décision le 7 février.

Europe Écologie-Les Verts, qui avait désapprouvé, comme Greenpeace, le mode d’action choisi par ces antinucléaires, leur a apporté son soutien, considérant que « le recours à la justice contre les militants devient le moyen d’en finir avec un débat public ». Le Crilan, mouvement historique en Cotentin, a également dénoncé « la criminalisation des luttes ».

Leur presse (Gilles Collas, Ouest-France), 1er février 2012.

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 12:13

Mort d’une gendarme en colère

Myriam Sakhri dénonçait des dérives racistes dans sa caserne lyonnaise. Le 24 septembre dernier, elle était retrouvée chez elle, une balle en plein cœur. Suicide, ont conclu les enquêteurs. Mais sa famille doute et veut comprendre.

Avant de se loger une balle de 9 mm en plein cœur, Myriam Sakhri a jeté sur une feuille un dernier message rageur à son supérieur hiérarchique. « Merci à G… le connard ». Puis la jeune gendarme de 32 ans s’est étendue sur son lit et a pressé la détente. Sa main devait un peu trembler car la douille ne s’est pas éjectée correctement. D’ailleurs, elle avait un peu bu ce 23 septembre 2011. Les enquêteurs ont retrouvé dans ses poches la note d’un bar où elle était allée passer la soirée avec ses copains pompiers. Personne n’a rien entendu dans la caserne Delfosse, à Lyon, où Myriam avait son appartement. Le coup de feu n’a pas fait plus de bruit qu’un volet qui claque, diront les experts. Son chien, un dalmatien récupéré à la SPA, n’a pas aboyé. Sinon, la voisine serait descendue taper à la porte, comme elle le faisait habituellement, quand Glasgow donnait un peu trop de la voix.

L’alerte a été donnée le lendemain matin. Ses collègues, inquiets de ne pas la voir, ont dû forcer une fenêtre pour entrer chez elle. Sa clef était restée dans la serrure. Suicide, ont-ils conclu rapidement. Suicide, a également assuré l’Inspection générale de la gendarmerie, qui a été saisie d’une enquête préliminaire par le procureur de Lyon. Les résultats de ces investigations ont été communiqués le 20 janvier dernier à la famille de la jeune femme, mais ses sœurs doutent encore de la thèse que la justice paraît retenir. Car, pour elles, comme pour les amis de Myriam, la mort de la jeune gendarme est la conséquence directe du bras de fer qui l’opposait depuis des semaines à ses supérieurs.

Elle n’avait qu’une idée : servir les autres

Belle brune aux traits fins et au regard profond, Myriam Sakhri aurait pourtant pu devenir une figure emblématique de la gendarmerie nationale. Des parents algériens, une enfance dans la banlieue lyonnaise aux côtés de ses sept sœurs… La jeune femme n’avait qu’une idée: servir les autres. À 16 ans, elle s’enrôle comme pompier volontaire. L’été, elle rejoint les casernes du Var pour lutter contre les feux qui dévorent la forêt. Plus tard, elle organise la collecte des vêtements pour les victimes du tremblement de terre à Haïti ou participe à des distributions de nourriture pour les SDF à Perrache. Sportive, elle encadre une équipe féminine de basket et s’entraîne pour le marathon.

Avec la gendarmerie, dans laquelle elle était entrée à 21 ans, elle disait avoir trouvé le métier idéal, celui qui lui permettait de se « sentir utile ». « Myriam était une excellente gendarme qui adorait sa profession, elle était humaine, courageuse et passionnée », témoigne Elisabeth Moulin, son amie depuis les débuts de Myriam sous l’uniforme. En juin 2010, « la beurette » est affectée au Centre d’opérations et de renseignement de la gendarmerie nationale (Corg) de la caserne Delfosse, à Lyon. L’endroit est stratégique. C’est là que, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, aboutissent les appels d’urgence.

Rapidement pourtant, l’ambiance de son service se dégrade. C’est du moins ce que rapporte Myriam, qui s’ouvre à son entourage des difficultés liées au comportement de quelques-uns de ses collègues. Certains, parmi les gendarmes du Corg, n’hésiteraient pas à afficher un racisme « franchouillard ». À des étrangers qui peinent à s’exprimer, elle aurait entendu un des militaires répondre qu’on les aiderait le jour où ils sauraient parler français. « Tu restes une bougnoule comme eux », lui aurait répondu un autre, alors qu’elle se révoltait contre ces pratiques. Des dérives racistes que l’enquête des services d’inspection de la gendarmerie n’a pas établies.

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Note de la direction générale de la Gendarmerie nationale, 19 janvier 2012

Dans un premier temps, la gendarme tente de régler le conflit en interne. Elle cherche le soutien de sa hiérarchie, en particulier du colonel G., qui commande le groupement de gendarmerie. Mais celui-ci refuse de la croire, et même de l’écouter, d’après ce que Myriam a rapporté à ses proches. Du coup, l’ambiance de travail se détériore. La jeune femme se sent isolée. Elle encaisse des remarques désobligeantes; on lui impose, selon sa soeur, des horaires impossibles. Bref, alors qu’elle demandait de l’aide, elle a l’impression d’être ciblée, harcelée.

Que faire? Sur les conseils d’une amie, Myriam contacte un avocat parisien, William Bourdon, qui l’aide à rédiger une lettre à destination de sa hiérarchie. Puis elle s’adresse à une association d’aide aux militaires. L’ancien gendarme à la tête de ce syndicat officieux lui suggère de recueillir des témoignages parmi ses collègues afin de monter un dossier. Enfin, la jeune femme est sélectionnée pour devenir officier de police judiciaire, une qualification lui laissant espérer une réelle progression professionnelle. D’autant que, à la suite du courrier rédigé avec son avocat parisien, Myriam a finalement pu quitter le Corg. Elle est mutée dans une brigade de la banlieue lyonnaise tout en conservant son appartement dans la caserne.

Alors que sa situation paraît s’améliorer, la jeune femme commet une erreur lourde de conséquences. À la demande d’une amie de sa mère en quête d’une parente disparue, elle consulte les fichiers de la gendarmerie sans en avoir l’autorisation. La faute est modeste mais Myriam doit en répondre devant l’inspection interne, qui l’entend, le matin du 22 septembre, pendant cinq heures. À cette occasion, la jeune femme réitère les accusations contre certains de ses collègues. Plusieurs d’entre eux sont même auditionnés, à leur tour, par les gendarmes enquêteurs. Mais Myriam en est convaincue : la procédure qu’on diligente contre elle participe du harcèlement qu’elle dénonce depuis plusieurs semaines…

Déterminée à porter plainte pour harcèlement moral

À peine sortie de son audition, elle prend contact avec un avocat lyonnais, Sylvain Cormier. Celui-ci se souvient de cette rencontre imprévue : « Elle souhaitait se défendre de la faute professionnelle qui lui était reprochée et elle voulait attaquer la gendarmerie pour harcèlement moral. Nous avions décidé d’un plan d’action pour porter plainte dès la semaine suivante. » L’avocat la trouve résolue, prête à livrer bataille.

Le lendemain, la jeune femme lui annonce par téléphone qu’elle a commencé à recueillir des témoignages de ses compagnons de caserne. Elle joint ensuite sa sœur Farida et lui confirme vouloir porter plainte. Quelques heures plus tard, pourtant, Myriam met fin à ses jours. « La famille a l’intention de se porter partie civile et de demander l’ouverture d’une information judiciaire », indique Me Ilié Négrutiu, l’avocat des sœurs de la gendarme. Celles-ci auront peut-être de nouveaux éléments importants à verser au dossier. Car la mort de Myriam semble avoir ravivé les souvenirs. Un ancien collègue serait prêt à témoigner. « Tout ce qu’elle a dénoncé est bien réel, j’ai moi-même assisté à des scènes de discrimination raciste », assure-t-il à L’Express. Et de conclure : « On a voulu la faire craquer parce qu’elle disait la vérité. »

Leur presse (Laurent Chabrun et Chloé Henry, LExpress.fr), 28 janvier 2012.

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 12:10

Des militants neuchâtelois dénoncent les méthodes de la police bernoise

ANTI-WEF • Deux manifestants ayant participé à la mobilisation bernoise contre le Forum de Davos témoignent d’un dispositif policier musclé et disproportionné.

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Samedi dernier, huit membres du collectif anti-WEF Neuchâtel se sont rendus à la manifestation non autorisée de Berne. Étouffée dans l’œuf par un important dispositif policier, celle-ci n’a jamais eu lieu. Rémy Jeanloz et Noémie Treichel font partie des cent septante-deux personnes interpellées par la police et des cent cinquante-trois dénoncées pour émeute : « Les bottes nous ont fait taire avant même que nous ayons pu manifester. Il n’y a pas eu d’émeute ni de dégâts. Nous n’avons pas été autorisés à nous déplacer librement. La liberté d’expression et la démocratie sont en danger », dénoncent-ils.

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Témoignages choquants

Leurs témoignages sont accablants. Les contrôles d’identité ont commencé à la gare. Vers 13h45, les deux manifestants se trouvent à la Reithalle. C’est en sortant du centre alternatif, pour se rendre au lieu de rendez-vous à la Heiliggeistkirche, qu’ils ont été encerclés par la police anti-émeute. « On était une centaine, tandis que les policiers étaient au moins deux cents. On a attendu une heure, puis on a essayé de négocier pour retourner à la Reithalle. On nous a dit que ceux qui le souhaitaient pouvaient sortir de la manifestation. On a accepté. On s’est rendu un à un. Mais au lieu de nous relâcher, ils ont pris nos identités, nous ont fouillés, menottés, puis enfermés dans un fourgon. On nous a trompés. On ne savait pas ce qu’ils allaient faire de nous. On a finalement été emmené dans un parking où des cages avaient été installées. On nous a sortis du fourgon un à un, fouillés, tatoué un numéro sur le bras, photographiés avec une pancarte numérotée autour du cou, puis entassés dans ces cages. Certains se sont même urinés dessus, car pendant tout ce temps, il n’a pas été possible d’aller aux toilettes », relate Rémy Jeanloz.

Noémie et Rémy sont restés enfermés huit heures. La police semblait bien décidée à impressionner les manifestants : « Elle a fait aboyer des chiens devant les cages. Certains ont été gazés au poivre, et d’autres — comme dans notre cage — ont été menottés car on ne se tenait pas assez bien. Ils avaient des caméras pour nous filmer à l’intérieur. C’est très inquiétant. Que font-ils de ces images ? », s’interroge Rémy.

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Mesures d’intimidation

Les manifestants ont tous subi un interrogatoire avant d’être relâchés au compte-goutte. « On m’a libéré juste après le départ du dernier train. Comme on était interdit de périmètre dans Berne, j’ai passé la nuit à la gare, au froid. Ce n’est pas correct », explique Rémy.

Pour les représentants du collectif anti-WEF Neuchâtel, la police cherche clairement à discréditer les manifestants en les décrivant systématiquement comme des agitateurs. « Cette politique d’intimidation a pour but d’éviter que les médias reconnaissent le mouvement comme légitime. Ce que nous souhaitons, c’est avoir le droit d’exprimer notre opinion contre un forum qui fait selon nous partie du problème et pas de la solution », conclut Rémy Jeanloz. Selon la BernerZeitung, la facture de la police bernoise pour cette intervention musclée se monterait à un demi-million de francs.

Leur presse (Claude Grimm – LeCourrier.ch), 27 janvier 2012.

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31 janvier 2012 2 31 /01 /janvier /2012 12:01

Italie – Vague d’arrestations contre les No-TAV

Le matin du 26 janvier, à travers une bonne partie de l’Italie, les flics politiques italiens (Digos) en coordination avec les autres corps de police, ont arrêté 39 camarades italiens et un camarade français. Jusqu’à maintenant l’identité de ce dernier et le lieu de son arrestation restent inconnus.

L’opération policière a visé des centres sociaux, des squats et des maisons d’habitation. Les personnes ont été arrêtées sous des accusations graves (notamment agression contre des policiers) en lien avec les événements du 27 juin et du 3 juillet entre Chiomonte et Giaglione, dans le Val de Susa. Des habitants de la vallée et des activistes de toute l’Europe y étaient venus pour défendre la Libre République de la Maddalena et s’opposer à l’installation du chantier pour la réalisation de la ligne de TGV Turin-Lyon (TAV).

Malgré les milliers de policiers et de militaires, installés dans un campement-chantier fortifié, la résistance populaire pour l’auto-détermination des terres n’a pas faibli. Mais aujourd’hui, la répression de l’État se durcit. Les arrestations ont eu lieu dans les villes suivantes : Asti, Milan, Trente, Palerme, Rome, Padoue, Gênes, Pistoia, Crémone, Macerata, Biella, Bergame, Parme et Modène. Deux mineurs, une femme enceinte et un homme âgé de Bussoleno font partie des personnes arrêtées.

Liste des arrêtés :

TORINO – Carcere Lorusso Cotugno – via Pianezza 300 – 10151 Torino  Gabriela Avossa, Matteo Grieco, Giorgio Rossetto, Giuseppe Conversano, Jacopo Bindi, Luca Cientanni, Tobia Imperato, Federico Guido, Michele Del Sordo, Mario Nucera, Guido Fissore et Maja ont été assignés à résidence, Fabrizio Maniero (introuvable)

MILANO – Carcere San Vittore – Piazza Filangeri – 20123 Milano  Maurizio Ferrari, Niccolò Garufi, Kalisa Lorenzo Minani, Marcelo Damian Jara Marin, Filippo Marco Baldini (introuvable)

TRENTO – Casa Circondariale – Via Beccaria, 134 – Loc. Spini di Gardolo – 38014 Gardolo – TN  Juan Antonio Sorroche Fernandez

PISTOIA – Casa Circondariale – Via dei Macelli 13 – 51100 Pistoia  Antonio Ginetti

ASTI – Casa Circondariale Località Quarto Inferiore 266 – 14030 Asti  Samuele Gullino

ROMA – Carcere di Rebibbia – via Majetti 70 – 00156 Roma  Damiano Calabrò

PADOVA – Casa Circondariale – via Due Palazzi 25a – 35100 Padova  Zeno Rocca

GENOVA – Carcere di Marassi – Piazzale Marassi 2 – 16139 Genova  Gabriele Filippi

PALERMO – On ne sait pas dans quelle prison est enfermé Nicola Arboscelli

D’après Informa-Azione, 26 janvier 2012.

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28 janvier 2012 6 28 /01 /janvier /2012 13:32

Qui nous protège de la police ?

Nous sommes trois étudiants et vivons en collocation à Nancy. Ce matin, le 26 janvier 2012 à 7h30, des policiers en uniforme et en civil sont venus tambouriner violemment à notre porte en nous sommant d’ouvrir, sans aucune explication ni preuve d’autorisation justifiant leur présence. Pris de panique, nous n’avons pas ouvert la porte.

Devant notre réaction ils sont montés chez nos voisins du dessus. Ceux-ci ont ouvert alors que les policiers leur signifiaient qu’ils recherchaient un individu, leur ordonnant de les laissé rentrer à l’intérieur. Nos voisins ont demandé un document justifiant leur requête, les policiers ont rétorqué qu’ils n’étaient pas « aux États-Unis ». Ignorant leurs droits nos voisins les ont laissés entrer. Après un rapide état des lieux et voyant qu’il n’y avait personne, ils sont ressortis. Suite à cela, ils sont revenus à notre étage pour recommencer leurs sommations.

Au bout de trente minutes ils ont enfoncé la porte et environ quatre ou cinq policiers en civil et en uniforme sont entrés. Nous étions deux dans une chambre (une habitante et l’un de ses amis) et le troisième dans une autre. L’un des policiers est alors entré arme au poing dans la première des chambres sans demander nos identités. Une personne était dans le lit et l’autre debout, voyant que cette dernière n’était pas l’individu recherché le policier l’a écarté et s’est précipité sur le lit. La personne qui s’y trouvait lui faisait face et a immédiatement levé les mains en l’air ce qui n’a pas empêché le policier de le gifler violement, de l’immobiliser sur le lit avec ses genoux avant de braquer son arme sur sa tempe. Ne l’identifiant pas comme la personne recherchée, il a relâché son étreinte et l’a menacé du poing.

En même temps, d’autres policiers fouillaient l’appartement (fouille des placards, matelas retournés, toutes les pièces visitées et une valise d’ouverte). Une chambre dont la propriétaire était absente a été fouillée. À ce moment l’une des habitantes a demandé si ils avaient un mandat pour perquisitionner et un policier lui a simplement rétorqué que « nous n’étions pas dans une série TV » et que de toutes façons ils « avaient l’autorisation du parquet pour ouvrir la porte ». Cependant aucune autorisation officielle ne nous a été présentée. Après avoir pris nos identités et celles de nos voisins, ils sont ensuite repartis comme ils sont arrivés, sans plus d’explications.

En tant que militants politiques nous prenons part depuis un certain temps aux luttes sociales sur Nancy et ailleurs et sommes exposés à la répression policière. Depuis un an cette répression va crescendo, entre coups de pression dans la rue et convocations officieuses, les coups tordus se multiplient. Mais aujourd’hui nous avons franchi un nouveau cap et cela nous pousse à sortir de notre mutisme, à dénoncer cet usage abusif et illégitime de la force, cette violence policière tant psychologique que physique. Nous condamnons ces actes, malheureusement trop répandus à Nancy comme ailleurs.

Des personnes révoltées

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 13:17

 

Crédits photo:  La place du Vieux Marché, à Rouen (Google Street View)

Le Stardust, café populaire de la place du Vieux-Marché, à Rouen. Vendredi soir, c’est soirée électro. Quatre DJ locaux doivent s’y succéder. Musique numérique et bières belges au programme. Tout commence bien. Il est environ 20h00. Jusqu’à 23h30, rien à signaler. Le bruit est limité, les gens profitent de leur week-end. La soirée va pourtant dégénérer.

Vers 23h30, deux clients sortent du bar pour uriner sur une place située en face. Un premier véhicule de police arrive sur les lieux et interpelle dans le calme les deux contrevenants. «Vous êtes en train d’uriner sur le site historique de Jeanne d’Arc", annonce l’un des policiers. Les papiers d’identité sont confisqués, les deux fauteurs de trouble attendent de recevoir leur amende. Les flics font durer le plaisir.

Pendant une demi heure, les deux clients fautifs « poireautent »… D’autres clients du bar se rapprochent de la scène, demandent des explications. Le contrôle s’éternise. A ce moment, deux autres véhicules de police arrivent. Les forces de l’ordre annoncent qu’ils interpellent les deux « pisseurs » pour ivresse manifeste sur la voie publique. Tollé général. Les deux fautifs sont embarqués.

Une dizaine de clients se placent en face d’une des voitures, pour l’empêcher de repartir. Sans violence ni insulte. Mais les policiers sont nerveux. Ils sortent du véhicule et gazent à bout portant plusieurs personnes. Présent au concert, je me retrouve moi-même, après m’être manifesté comme journaliste auprès des policiers, pris dans les effluves de lacrymo. Une fois le « ménage » accompli, les voitures repartent avec les deux délinquants. Fin de l’histoire ? Pas encore...

Plusieurs véhicules restent en faction à 100 mètres du bar, tous feux allumés. Vingt minutes plus tard, sans raison apparente, l’assaut reprend : une vingtaine de policiers en tenue de « Robocop » arrivent en trombe sur la terrasse du café. Matraques, chiens, lacrymos… c’est reparti.

Sans distinction, des gens sont frappés, un jeune homme a le crâne en sang. Des grenades sont tirées. Un client du bar, rageur, jette une bouteille sur l’une des fourgonnettes de police. Au bout d’une heure, c'est le seul acte violent à déplorer côté fêtards. Les policiers, de leur côté, frappent les quelques femmes venues leur parler pour que cessent les violences. Ils éructent des insultes sexistes : « Bande de morue, salopes… »

Un des DJ qui repartait avec son matériel est poussé dans le dos par un policier. Il s’étale au sol avec ses affaires. Une jeune femme est violemment interpellée, traînée par terre, son pull et son tee shirt déchirés. Un policier lance : « Sale pute de gauchiste, on va te niquer. » La place est finalement « nettoyée ». Il est presque deux heures du matin.

Bilan de l’opération : trois personnes interpellées pour ivresse manifeste sur la voie publique (aucun taux d’alcoolémie n’a été communiqué aux contrevenants, aucune amende n’a été dressée pour cette infraction). Deux autres personnes devront répondre de dégradation de bien public, outrage, rébellion et violence sur agent de la force publique.

Contacté lundi, le commissariat principal de Rouen explique sommairement que «les policiers ont été pris à partie et ont du faire usage de la force».L’officier en charge de la communication n’a pas eu connaissance d’éventuelles violences et insultes policières.

Les deux principales victimes, après constatation d’un médecin légiste du CHU de Rouen, devaient rencontrer un avocat mercredi. Elles présentent des hématomes, des brulures au visage et une entaille au crâne. Une ITT (incapacité totale de travail) de trois jours a également été retenue. De leur côté, les deux « pisseurs » ont écopé d’une amende de 68 euros pour miction sur les ruines de la place du Vieux-Marché. Jeanne d’Arc peut donc reposer en paix.

Manuel Sanson

tiré des inrocks (lol)

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 12:39

Après deux mois de détention une des quatre personnes écrouées dans l’affaire de Labège a été libérée vendredi. Cette libération, inattendue, prouve encore la vacuité des charges qui pèsent sur les personnes mise en cause dans cette affaire.

« Affaire » qui consiste en une action de protestation ayant visé la direction départementale de la protection judiciaire de la jeunesse à Labège, cette institution qui sert de justification éducative à l’enfermement des mineurs dès l’âge de 13 ans. Depuis l’ouverture de sept de ces établissements en 2007, suicides, mutineries, automutilations n’ont cessé de rappeler qu’il s’agit avant tout d’une prison avec son cortège de vexations. En mai 2011 l’établissement pénitentiaire pour mineur de Lavaur avait été agité par une émeute promptement matée par une équipe régionale d’intervention et de sécurité.

Le 15 novembre 2011, armes au poing et cagoulés, une centaine de pandores avaient fait irruption dans sept domiciles à Toulouse et ce de manière simultanée. C’était l’aboutissement de quatre mois d’enquête où tous les moyens techniques avaient été mis en œuvre pour identifier les coupables. Très vite il devient évident que le dossier est plus que vide, l’essentiel tenant à une présomption de culpabilité. Les mis en cause sont contre l’enfermement des mineurs, voire même ils et elles chercheraient à faire en sorte que ce monde change de bases.

La machine répressive est bien rodée, elle fonctionne au quotidien sur diverses cibles qui toutes ont en commun d’appartenir au prolétariat. La surpopulation carcérale, que la construction régulière de nouvelles places ne résout (et ne résoudra) jamais, et les récents meurtres policiers sont là pour le démontrer. Cette incarcération est un épisode de plus dans cette logique. La dégradation programmée des conditions sociales d’exploitation de notre force de travail ne va pas arranger nos affaires. La solidarité qui s’est déployée depuis deux mois tant financière que politique, a permis dans un premier temps que la détention soit plus vivable et nous rend plus fortEs. Elle n’est sans doute pas pour rien dans cette première libération et elle doit perdurer jusqu’à la libération des trois autres et l’arrêt total des poursuites. Des procès sont à venir, en mai pour refus d’ADN et à une date indéterminé sur le fond. Ce sont six personnes qui se trouvent mises en cause dans le cadre d’une instruction, qui n’étant toujours pas close, pourrait impliquer d’autres personnes. La machine répressive n’est pas une fatalité, nous pouvons l’enrayer aussi souvent qu’elle nous attaque.

Leurs matraques ne nous ont toujours pas fait taire…
Ni marcher d’un seul pas et ce n’est pas prêt d’arriver, con.

Liberté pour les inculpé-e-s de Labège (Contact), 26 janvier 2012.

CAJ c/o Canal Sud 40 rue Alfred Duméril 31400 Toulouse
chèque à l’ordre de Maria

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20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 17:26

Je vous transmets des témoignages sur la soirée du 6 janvier 2012, devant le bar « La Cour des Miracles » où tout ce passait bien, jusqu’au moment où la police est intervenue…

« Fin de la soirée à la Cour des Miracles, il est 2 heures du matin, comme la loi le veut, fermeture de tous les bars à 2 heures du matin. Jusque là tout va bien, très bonne soirée, aucun problème dans le bar, on se retrouve tous devant pour parler, des gens s’en vont, nous ne sommes plus qu’une vingtaine. Une voiture arrive à notre hauteur, c’est vrai que nous bouchions la rue, mais ce n’était pas une raison. La voiture pousse un homme qui bouchait un peu le passage, il pousse le rétroviseur. Un homme sort de la voiture, prend l’homme par le bras (un peu violemment) et involontairement l’homme casse la vitre (et non pas une canette, comme l’expliquent nos chers médias qui bien sûr n’étaient pas là au moment des faits). L’homme se fait emmener dans la voiture. On ne savait toujours pas que c’était la BAC. Et d’un coup on a vu toujours le même homme sortir son talkie walkie, appeler des renforts, et, pour une fois, trois voitures (gendarmerie, et police nationale) sont arrivées en 30 secondes top chrono. Je ne les ai jamais vu aussi efficaces. Comme quoi ils n’étaient pas bien loin. Et là branle-bas de combat, un ami se fait embarquer sans aucune raison, je vais parler au policier, il me met une gifle, je tombe par-terre, et me met un coup de bombe lacrymo à 5 cm du visage. Une fliquette a voulu me tabasser avec sa matraque, mais vu que j’étais par-terre, elle m’a remis un coup de bombe sur le visage (et toujours pas à la distance réglementaire). Un policier a pris une amie par les cheveux, alors qu’elle voulait juste lui demander où était son appareil photo, mais n’a rien voulu savoir et lui a mis un coup de bombe lacrymo à même pas 2 cm de son visage, et l’a poussée par-terre. Un policier a même dit « La rue c’est moi, et c’est moi qui fait la loi » et hop tout le monde s’est refait gazer. Il y a un policier qui a sorti son flash-ball et a visé une personne à hauteur de visage. Certes nous étions pas tout roses, certains un peu plus éméchés que d’autres, il y a eu des insultes, je nie rien, mais j’ai rarement vu une violence pareille. Au départ, on voulait juste parler avec eux, et c’est parti en sucette. Il y avait des vidéos, et comme de par-hasard ils ont embarqués les gens qui filmaient, et ont effacé toutes preuves. Il faut attaquer fort pour la nouvelle année qui commence, et les élections qui arrivent. BRAVO LA FRANCE. »

Émilie, 21 ans, habitante de Besançon.


« La soirée était très bon enfant, pas de rixe à l’horizon, le bar n’a pas commis d’erreur (fin du concert en accord la législation), le seul bémol serait effectivement l’impressionnante fréquentation de ce lieu ce soir-là qui a sans doute amassé tous ces jeunes et moins jeunes à l’entrée du bar et a empêché le dissipement de la foule à la fin des festivités. Ce qui a suivi a été pour le moins très choquant : deux voitures de police ont débarqué de part et d’autre du regroupement, l’une provenant de la rue Pasteur et l’autre de la rue du Lycée. Les forces de l’ordre n’ont eu comme point d’appel qu’un maigre affront entre deux hommes pour la casse involontaire d’une vitre conducteur alors que celui-ci forçait le passage pour passer au milieu de cet amas. Ce simple évènement a suffi au déclenchement d’une confrontation d’une extrême violence mais qui, selon mes faits, serait due à la provocation même des services des forces de l’odre vis-à-vis des jeunes présents. Ceux-ci n’ont pas hésité à sortir d’entrée de jeu, matraques, chiens féroces et bombes lacrymogènes semant la terreur au milieu du groupe. Des personnes ont été arrêtées pour avoir tenté de filmer cette scène d’une rare violence, d’autres encore ont été embarquées pour avoir ricané du déploiement de telles forces face à la passivité de l’évènement. Enfin pour ce qui est de la moitié de la population présente à ce moment-là nous avons eu l’honneur de recevoir en pleine face l’horrible gaz lacrymogène sans comprendre pourquoi ils avaient reçu pour ordre de nous l’infliger… Je suis encore à l’heure actuelle sous le choc de voir paraître un article de la sorte décrédibilisant une fois de plus la jeunesse et rendant raison aux pratiques de plus en plus aggressives des forces de l’ordre à notre égard ! Je m’insurge de voir la réalité des faits censurée par les autorités et maquillée par les médias pour finalement ne jamais laisser cette jeunesse qui va mal s’exprimer ! Merci la répression ! »

Chloé, étudiante à Besançon.


« Tout d’abord, commençons par le commencement. Fin de soirée au bar de la CDM (Cour Des Miracles), il est 2h15 du matin environ une trentaine de jeunes restent devant le bar à discuter (et non 70 jeunes comme le précise la police), lorsqu’une voiture arrive. Celle-ci tente de forcer le passage et un jeune pousse un autre contre cette voiture. En tombant contre la voiture, le jeune homme casse la vitre avec son coude (ce ne sont donc pas des canettes de bière qui ont été lancées contre celle-ci, comme l’indiquait la fameuse presse locale “ma commune”). Trois hommes sortent de cette voiture (à ce moment-là personne ne se doute que ce sont des agents de la BAC car ils ne portent pas de brassards et ne se présentent même pas en tant que tels). Nous pensions donc que ce n’était que d’autres jeunes. Ceux-ci interpellent le jeune homme “casseur” de la vitre toujours sans se présenter ce qui nous fait tout de suite penser qu’ils veulent l’emmener plus loin pour lui régler son compte car il avait cassé la vitre. Un ami décide de s’interposer et là nous voyons un des trois hommes de la voiture sortir un talkie walkie, ce qui nous fit tout de suite penser que ce n’était pas des jeunes comme nous mais bien des agents de la BAC en civil. Quelques secondes après leur appel au talkie walkie (et non quelques minutes), ce ne sont pas moins de trois voitures de la police qui arrivent (un miracle qu’ils arrivent aussi vite et en même temps : remarquez nous sommes devant la Cour des miracles : ça doit être ça) ce qui nous laisse présager qu’ils n’attendaient qu’une seule chose c’est de pouvoir intervenir !! Plusieurs agents de police interviennent (des insultes fusent de part et d’autre mais bon c’est leur métier, normal certains d’entre nous ont bu un peu plus que d’autres, on ne se le cachera pas, de plus c’est une sortie de bar et dans un bar on ne boit pas forcément que de l’eau mais), ceux-ci nous demandent de déguerpir de la rue (qui me semble être un lieu public et il n’y a pas de couvre-feu instauré à ma connaissance à Besançon). Ils interpellent deux ou trois personnes pour outrage à agents et là quelques-uns d’entre nous tentent de discuter avec eux mais ne veulent rien savoir et me disent à moi qui n’ai bu qu’une seule bière à cette soirée “On ne discute pas avec de la viande saoûle”, ce qui veut bien dire qu’on ne représente rien à leurs yeux (comment voulez-vous après qu’on puisse les respecter). Ensuite ils nous ont repoussés avec leur matraque, ont giflé une amie qui voulait discuter avec eux et vu qu’elle ne voulait pas se laisser intimider, elle y est retournée puis à ce moment-là ils ont commencé ils l’ont gazé à bout portant et en plein visage, ce qui n’est pas très légal me semble-t-il. Voyant cela certains ont voulu la défendre et se sont pris des coups de matraques et de gazeuses, un des policiers a même braqué son flash ball, à hauteur de visage d’une personne le menaçant de tirer si il ne reculait pas (sachant qu’on n’a pas le droit de viser au-dessus de la ceinture avec un tel engin). Un autre policier a crié : “La rue est à moi et la loi c’est moi” (digne d’un grand film américain) et après avoir gazé la rue complète nous nous sommes dispersés et un des policiers a rétorqué “c’est bon, on en a cinq on peut y aller” (après on nous dit qu’il n’y a pas de quota). Cet évènement a duré environ 45 minutes. »

Anthony, 28 ans.


« Dans la soirée du vendredi 6 janvier au samedi 7 janvier 2012, je me trouvais à la sortie du bar la Cour des Miracles, il devait être environ 2 heures, puisque le bar venait de fermer. Comme cela se passe souvent dans ces soirées, nous restons quelques minutes dehors le temps de “ratrouper” tout le monde, terminer les discussions entamées et se dire au revoir. J’étais donc en train de discuter avec des amis un peu à l’écart du bar dans la rue du Lycée sans faire attention à ce qui nous entourait, lorsqu’un ami, pas affolé mais inquiet, arrive et nous dit de s’éloigner rapidement. Il a toujours eu un sens très aigu de l’analyse de situation ! En quelques secondes cris et gaz lacrymogènes ont envahi la rue. Je n’ai pas eu le temps de voir grand chose, je me suis éloignée rapidement. Quelques secondes après je croise une amie, en larmes, les yeux brûlés par les gaz lacrymogènes, qui me dit que les agents de police l’ont gazée car elle essayait de discuter avec eux pour éviter que son compagnon soit embarqué. J’ai tenté de la consoler puis elle m’a dit qu’elle ne retrouvait plus son appareil photo et qu’elle craignait l’avoir perdu, je suis donc allée voir les agents pour leur demander s’ils ne l’avaient pas vu, réflexe complètement idiot il est vrai, car ce n’était pas du tout le moment ! Je me suis approchée d’un agent, polie (moi, pas elle !) et je n’ai pas eu le temps de finir ma phrase qu’elle m’adressait un regard méprisant et me disait, aboyait serait plus juste : “Dégages de là !”. Vu son regard je n’ai pas insisté. Ensuite nous sommes partis. »

Lucie, étudiante à Besançon.


Articles de presse, Macommune.info et l’Est Républicain sur cet événement :

Confrontation violente entre jeunes et policiers à Besançon

Dans la nuit de vendredi à samedi des incidents décrits par un témoin « d’une rare violence »  se sont déroulés à Besançon rue Proudhon et à l’angle de la rue Pasteur et de la rue du Lycée entre 2 heures et 3h30 du matin.

Des dizaines de jeunes, rassemblés après la fermeture des bars, ont nargué la police qui a été rapidement débordée jusqu’à ce qu’elle utilise du gaz lacrymogène pour calmer les éléments les plus virulents. Les vitres d’une voiture de police auraient volé en éclat sous le coup de canettes de bière.

« Le centre de Besançon va de mal en pis. Quand les autorités municipales se rendront-elles compte de ce qui se passe dans les rues de leur ville… Arrêtons d’affirmer que tout va bien quand tout va mal plusieurs nuits par semaine.

Quand va-t-on imposer au bars de limiter et de contrôler les entrées, de respecter les règles de sécurité à l’intérieur de leurs établissements, de limiter la consommation d’alcool et d’arrêter, par mercantilisme pur et dur, d’enfreindre les lois sur la distribution d’alcool », écrit un témoin des scènes de violence.

Leur presse (MaCommune.info), 7 janvier 2012.


Besançon : chaudes nuits d’ivresse

L’alcool est à l’origine des débordements et délits commis les nuits dernières au centre-ville. Deux personnes sont poursuivies.

Un attroupement devant la « Cour des miracles », un bar de la rue du Lycée, dont le gérant est convoqué aujourd’hui par le commissariat de Besançon. Il est 2h15 dans la nuit de vendredi à samedi. Plusieurs dizaines de personnes sont en train de cloper ou simplement discuter après un concert. La rue est obstruée. Une voiture banalisée pointe le bout de son pare-chocs à leur hauteur. Aucun mouvement de la foule. Impossible de franchir l’obstacle qui continue de barrer la rue. Les esprits s’échauffent même. Quelques jeunes s’approchent du véhicule, le remuent. Bousculade. Volontairement ou non, l’un d’entre eux percute une portière. La vitre éclate en morceaux.

À l’intérieur, trois fonctionnaires de police de la brigade anti-criminalité. Ils appellent des collègues en renfort. Les fauteurs de trouble sont très alcoolisés. Six d’entre eux, âgés entre 25 et 30 ans, sont interpellés et emmenés jusqu’au commissariat, où leur audition s’est achevée seulement samedi dans l’après-midi. Pour les deux tiers, le procureur de la République fait observer quelques rappels à la loi. Deux personnes, déjà connues des services de police pour des faits non similaires, sont en revanche poursuivies pour outrage sur agents. Des insultes et des crachats jetés à la figure des forces de l’ordre. Elles répondront de leurs actes le 18 janvier prochain devant le tribunal correctionnel.

Une rixe a également éclaté durant la même nuit rue Proudhon. Lorsque les policiers sont intervenus, les auteurs des coups avaient disparu. Les victimes n’ont pas souhaité porter plainte.

Nuit de samedi à dimanche : accidents en série

Seconde nuit agitée, entre samedi et dimanche. Huit personnes ont été interpellées en état d’ébriété dans différents points de la ville (faubourg Tarragnoz, chemin de Bregille, rue de la Rotonde…), dont six au volant d’un véhicule, pour des taux fluctuant entre 1,52 g et 1,88 g. Deux des automobilistes, tellement alcoolisés, n’ont pas pu se soumettre au contrôle. La grande majorité des délits ont été constatés après un accident de la circulation sans gravité. Dont un s’est déroulé avenue Foch, en montant en direction de la gare Viotte, entre deux conducteurs qui possédaient 1,52 g et 1,60 g. Et, cerise sur le gâteau, alors que les policiers effectuaient leur contrôle, un troisième véhicule, arrivant en trombe, était intercepté avec, au volant, un automobiliste accusant également 1,60 g.

Leur presse (Éric Barbier, L’Est Républicain), 8 janvier 2012.


Voilà l’article sur la condamnation de deux jeunes pour la soirée :

Deux mois de prison ferme !

Qu’on se le dise, chahuter la police un soir de beuverie peut coûter cher. Deux mois de prison ferme ont été prononcés, par le tribunal correctionnel de Besançon, aujourd’hui à l’encontre de deux étudiants qui s’étaient particulièrement illustrés dans la soirée du 6 au 7 janvier, à deux pas du tribunal.

Ce soir-là, vers 2 heures du matin, un spectacle vient de s’achever dans la cave de la Cour des miracles, un café-concert, et environ 150 personnes occupent la rue de façon tapageuse lorsqu’arrive fortuitement une voiture banalisée de la Brigade anti criminalité. Elle souhaite passer mais est aussitôt entourée et secouée par la foule.

Pression, insultes, crachats

Les policiers prennent leur mal en patience jusqu’à ce qu’une vitre du véhicule soit brisée, apparemment malencontreusement. Ils descendent alors, font état de leur qualité et tentent d’interpeller le casseur. Les choses vont alors aller crescendo.

On s’interpose, on siffle, les insultes fusent. Les policiers sont obligés d’appeler des collègues à la rescousse, de repousser les plus excités avec leur tonfa. Malgré l’ordre de se disperser, la fronde se poursuit et il est fait usage de gaz lacrymogène. Ce qui ne suffit pas à calmer les ardeurs. Une quinzaine de policiers, dont la brigade canine, seront mobilisés pendant près de trois quarts d’heure pour ramener le calme.

Au final, 5 personnes sont interpellées parmi les plus virulentes. Une sixième parviendra à s’échapper menottée. C’est dire la confusion qui règne.

Hier, Yann, 26 ans, un Belfortain et Étienne, 24 ans, un Bisontin, payaient les pots cassés de cette nuit d’ivresse. Les poursuites envers un troisième ont été classées et les deux derniers ont écopé d’un rappel à la loi.

1,80 g d’alcool dans le sang à 3 heures du matin, Yann est décrit comme l’un des meneurs et a été interpellé après une course-poursuite à 200 m de la scène. 1 g seulement, Étienne, a craché dans l’œil d’un des policiers.

Si le premier maintient avoir été au mauvais endroit au mauvais moment « j’aurais outragé, j’aurais assumé », le second fait profil bas « j’ai pas pu m’empêcher, j’étais un peu énervé, j’avais un peu bu, j’ai craché mais par terre pas dans la gueule ! »

Les policiers qui sont intervenus « se posent des questions et sont meurtris » indique Me Serri, avocate de la partie civile. « ils ont de plus en plus le sentiment d’être une cible. Ce soir-là ça part sur trois fois rien. Il suffit de quelques meneurs et d’un troupeau de moutons de Panurge… »

Leur presse (Fred Jimenez, L’Est Républicain), 18 janvier 2012.


Nous espérons que vous allez faire paraître un article, entre les médias qui racontent n’importe quoi, qui n’étaient pas sur les lieux et les forces de l’ordre qui se sont carrément lâchées (et ce n’est pas la première fois)… Il faut que les gens sachent que d’accord, nous sommes jeunes, que nous aimons festoyer mais ce n’est pas pour autant que nous sommes des sous-merdes. On a tous le droit au respect ! Et les forces de l’ordre, ne sont normalement pas là pour faire de la RÉPRESSION !

Courriel du 19 janvier 2012.

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19 janvier 2012 4 19 /01 /janvier /2012 18:01

Une centaine de personnes s’était réunie ce soir à partir de 19h place du Pont. Au bout de 40mn le petit groupe s’ébranle.

Après un tour dans la Guill’ aux sons de « flics porcs assassins », « police partout justice nulle part », « la police assassine, ni oubli ni pardon » et compagnie, le cortège s’est arrêté quelque temps devant le comico de Jean Macé avec quelques jets de pétards.

Les Baceux se sont alors mis en fin du cortège qui a redémarré direction Saxe, puis des camions sont rapidement arrivés par les côté, les flics en descendant rapidement en mode chaud.

Le cortège a accéléré de manière groupée avant d’éclater dans les petites rues de la Guill’ qui se remplissaient à vitesse grand V de keufs de toutes sortes.

Beaucoup de gens avaient des codes d’allées ou des apparts amis et sont hors de portée de la répression à l’heure qu’il est. Mais effectivement on peut pas exclure que des gens aient été chopés dans le quadrillage final du quartier, affaire à suivre.

Une belle énergie collective en tout cas.

Rebellyon, 17 janvier 2012.


L’État assassine ! Rassemblement
Ici comme en Corée du Nord, la police tue !

Wissam El Yamni est mort, ce lundi 9 jan­vier suite aux bles­su­res occa­sion­nées par des offi­ciers de police la nuit du 31 décem­bre 2011 à Clermont-Ferrand. Le mardi 10 un autre homme, Abdel, mour­rait lors d’un contrôle dans le hall d’un immeu­ble d’Aulnay-sous-bois. Une fois encore la police tue ! Ces « évènements » ne sau­raient être consi­dé­rés comme le résul­tat d’une erreur, d’une « bavure », impu­ta­ble à des indi­vi­dus isolés parmi les forces de police. L’erreur, c’est la police ! Parce que chaque jour, en vue d’assu­rer la paix sociale, elle appli­que une guerre sys­té­ma­ti­que contre le Pauvre/Marginal/Minoritaire. La bavure c’est que la police, par­tout sur le ter­ri­toire, appli­que un ordre néo-colo­nial et main­tient des per­son­nes, parce que stig­ma­ti­sées comme étrangères, sous le règne de la sus­pi­cion. Ces phé­no­mè­nes résul­tent de la fonc­tion même de la Police : le main­tien des rap­ports de domi­na­tions exis­tants, et la mort de ces deux per­son­nes n’en est que l’abou­tis­se­ment sor­dide.

Si la police est le bras armé du racisme, c’est d’abord par ce que l’État fran­çais est une ins­ti­tu­tion raciste. La mise en place de poli­ti­ques de chasse aux béné­fi­ciai­res d’aide sociale et aux immi­gré-e-s, de stig­ma­ti­sa­tions eth­ni­ques, reli­gieu­ses ou« des ban­lieues », rap­pelle que tous les coups sont permis. Il s’agit pour le pou­voir de s’assu­rer que la divi­sion sociale ne se fasse pas entre celui qui pos­sède et celui qui ne peut comp­ter que sur lui (ou pres­que). Tout est fait pour éviter l’entraide, pour acti­ver la peur de l’autre et de la dif­fé­rence. Si l’État devait n’avoir qu’un seul but, ce serait encore et tou­jours celui d’assu­rer la repro­duc­tion des iné­ga­li­tés à tra­vers le temps, et les géné­ra­tions. Les forces de l’ordre sont donc là pour assu­rer la stig­ma­ti­sa­tion et la répres­sion au quo­ti­dien des vic­ti­mes des iné­ga­li­tés économiques et socia­les, pour atti­ser la peur, l’ins­crire dans nos corps et nos esprits… et ainsi éviter que la ques­tion des iné­ga­li­tés ne devienne cen­trale sur la scène publi­que !

Nous n’atten­dons pas que l’État « rende jus­tice » pour les assas­si­nés ! Il n’y a rien à atten­dre de lui. S’il ne condamne pas, et ne condam­nera pas les assas­si­nats c’est parce qu’il en est le com­man­di­taire. Condamner ses flics serait désap­prou­ver leur mis­sion, et par là même ris­quer de perdre leur fidé­lité. Ses flics sont trop néces­sai­res au main­tien de leurs pri­vi­lè­ges pour qu’il prenne le risque de les condam­ner !

Ces crimes ne doi­vent pas rester dans l’ombre, bien que leurs médias les tai­sent pour empê­cher tout acte de soli­da­rité et toute révolte ! Mais il ne s’agit pas de s’indi­gner ou de seu­le­ment dénon­cer les vio­len­ces poli­ciè­res. Il s’agit aussi et sur­tout d’en pren­dre acte pour mieux com­bat­tre l’État et le sys­tème capi­ta­liste qu’il sert.

Qu’elle soit phy­si­que ou sym­bo­li­que la vio­lence est quo­ti­dienne ! Et si nous vou­lons y mettre un terme nous ne devons pas seu­le­ment nous défen­dre face à ses expres­sions les plus visi­bles et évidentes (flics, fachos…), mais atta­quer ses causes pro­fon­des. Et la cause pro­fonde de cette situa­tion est le sys­tème économique capi­ta­liste, qui pour être main­tenua besoin de divi­ser les opprimé-e-s, en dési­gnant des enne­mis qui seront tour à tour, « le com­mu­niste », « le musul­man », « l’Afri­cain », « le Rrom », en fonc­tion des lubies du pou­voir en place. Pour ce faire, les pou­voirs s’atta­chent ainsi à déve­lop­per le mythe de l’insé­cu­rité, dans un pays où la « cri­mi­na­lité » recule depuis 50 ans, en déve­lop­pant un dis­cours de peur de l’autre. Tout ce qui est dif­fé­rent étant pré­senté comme un danger poten­tiel, à tenir loin du corps social…

Dans nos vies tous les jours c’est le capi­ta­lisme qui assas­sine ! Tuons-le !

Manifestation mardi 17 jan­vier à 19h
place du Pont (Lyon 7e)

Rebellyon, 15 janvier 2012.

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 13:04

Récit. Les témoignages restent incomplets sur l’interpellation du jeune chauffeur-routier de Clermont, qui est mort après neuf jours de coma.

La vie de Wissam El-Yamni, 30 ans, chauffeur-routier à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), a basculé le soir du 31 décembre, entre 3h15 et 3h55 du matin. Entre l’instant où il a jeté une pierre sur une voiture de police et celui où les médecins du Samu ont déclaré son pronostic vital engagé suite à un arrêt cardiaque « prolongé ».

Il est un peu plus de 3 heures du matin, la nuit du réveillon, lorsque la première voiture de police arrive sur le parking du centre commercial de la Gauthière, quartier populaire au nord de Clermont-Ferrand. Les policiers disent avoir été alertés par un appel signalant un corps inanimé sur la voie publique. Sur le parking, il n’y a qu’une brochette de garçons du quartier, entre 20 et 30 ans, qui fêtent le nouvel an, assis sur un banc. Le véhicule de pompiers dépêché parallèlement est renvoyé à la caserne. Les policiers expliqueront plus tard aux enquêteurs avoir eu le sentiment de tomber dans un guet-apens. Le procureur de la République de Clermont-Ferrand renforcera cette version en disant que le coup de fil aux secours avait été passé depuis le portable de Wissam El-Yamni. Les copains de Wissam démentent. Et disent eux avoir eu l’impression que les policiers viennent leur chercher des histoires. « Toute la soirée, ils n’avaient pas arrêté de tourner autour de nous », raconte Marwan, un ami d’enfance de Wissam El-Yamni présent ce soir-là.

Le ton est monté. Wissam El-Yamni se lève et jette une pierre sur la voiture des policiers. Plusieurs véhicules de police arrivent aussitôt en renfort. Dont la Ford Mondeo blanche de la brigade canine. Selon les policiers, Wissam El-Yamni aurait jeté une deuxième pierre avant de s’enfuir en courant derrière un ensemble d’immeubles en cours de destruction, situés à moins de cent mètres de là. La suite est plus confuse.

Chien lâché. À partir de cet instant, entre les policiers, les copains de Wissam El-Yamni et les voisins qui ont assisté à la scène depuis leur fenêtre, aucun ne décrit le même déroulement. Tous ont témoigné depuis devant l’IGPN (Inspection générale de la police nationale la « police des polices »), dépêchée dès le surlendemain des faits. Selon les policiers, les deux agents de la brigade canine auraient commencé la course-poursuite en voiture, avant de continuer à pied en lâchant un chien.

C’est le chien qui aurait fait tomber à terre Wissam El-Yamni par des coups de museau. L’un des policiers l’aurait ensuite maintenu au sol pour le menotter, pendant que l’autre remettait le chien dans le coffre. Les policiers évoquent un individu particulièrement agité, excité et difficile à maîtriser. Selon des voisins qui ont assisté à la scène depuis le dernier étage de l’immeuble jouxtant les lieux, et notamment deux femmes qui fumaient à ce moment-là une cigarette à la fenêtre, Wissam El-Yamni serait sorti en courant d’une voiture « blanche de style familial » et aurait été rattrappé aussitôt par deux hommes en civil qui l’ont « plaqué au sol ».

Les deux femmes décrivent une scène de tabassage, avec des coups de pied au dos et au thorax, puis des coups de poing au visage. Selon elles, les deux hommes l’ont ensuite soulevé et mis dans le véhicule avant de repartir. Elles sont incapables de dire s’il était à ce moment-là conscient ou inconscient. Les amis de Wissam n’arrivent qu’après l’interpellation. Plusieurs d’entre eux décrivent des policiers qui « fument à côté de leur voiture » et « ont mis de la musique fort depuis leurs voitures ». Les voisines n’ont rien vu de cette scène. La suite se déroule durant le transfert de Wissam El-Yamni au commissariat de la rue Pélissier, à moins de trois kilomètres. Sans témoins. À son arrivée, aucun PV de notification de garde à vue n’est rédigé. Une femme policière donnera l’alerte à 3h40, s’inquiétant de la présence d’un homme inanimé dans un couloir du commissariat, face contre terre, menotté dans le dos. L’équipe du Samu emmène Wissam El-Yamni à l’hôpital d’Estaing dans un état grave. Sa femme ne sera prévenue que le lendemain. Il décédera neuf jours plus tard sans avoir quitté le coma.

Visage tuméfié. Le premier certificat médical atteste de plusieurs traces de violences « récentes », sur le visage, le cou et le thorax. Des photos prises le lendemain par la famille montrent un visage tuméfié, mais, surtout, un hématome sur un côté du cou et une longue trace rouge de l’autre côté. Jean-François Canis, l’un des avocats de la famille El-Yamni, attend désormais les résultats de l’autopsie pour connaître les causes du décès. Il s’interroge : « Les traces de violences semblent peu compatibles avec des techniques policières normales. Cette interpellation, c’est une certitude, ne s’est pas déroulée normalement. »

Une information judiciaire a été ouverte pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Elle vise deux « dépositaires de la force publique », les deux policiers de la brigade canine qui ont emmené Wissam El-Yamni au commissariat. Vendredi, par la voix de leurs avocats, les policiers ont fait savoir qu’ils démentaient tout violence.

Leur presse (Alice Géraud – envoyée spéciale, Liberation.fr), 14 janvier 2012.

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A L’assaut Du Ciel!

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  • : Les spectateurs ne trouvent pas ce qu'ils désirent, ils désirent ce qu'ils trouvent.
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Celui Qui Ne Connaît Pas L'histoire Est Condamné À La Revivre.