Je vous transmets des témoignages sur la soirée du 6 janvier 2012, devant le bar « La Cour des Miracles » où tout ce passait bien, jusqu’au moment où la police est intervenue…
« Fin de la soirée à la Cour des Miracles, il est 2 heures du matin, comme la loi le veut, fermeture de tous les bars à 2 heures du matin. Jusque là tout va bien, très bonne soirée,
aucun problème dans le bar, on se retrouve tous devant pour parler, des gens s’en vont, nous ne sommes plus qu’une vingtaine. Une voiture arrive à notre hauteur, c’est vrai que nous bouchions la
rue, mais ce n’était pas une raison. La voiture pousse un homme qui bouchait un peu le passage, il pousse le rétroviseur. Un homme sort de la voiture, prend l’homme par le bras (un peu
violemment) et involontairement l’homme casse la vitre (et non pas une canette, comme l’expliquent nos chers médias qui bien sûr n’étaient pas là au moment des faits). L’homme se fait emmener
dans la voiture. On ne savait toujours pas que c’était la BAC. Et d’un coup on a vu toujours le même homme
sortir son talkie walkie, appeler des renforts, et, pour une fois, trois voitures (gendarmerie, et police nationale) sont arrivées en 30 secondes top chrono. Je ne les ai jamais vu aussi
efficaces. Comme quoi ils n’étaient pas bien loin. Et là branle-bas de combat, un ami se fait embarquer sans aucune raison, je vais parler au policier, il me met une gifle, je tombe par-terre, et
me met un coup de bombe lacrymo à 5 cm du visage. Une fliquette a voulu me tabasser avec sa matraque, mais vu que j’étais par-terre, elle m’a remis un coup de bombe sur le visage (et toujours pas
à la distance réglementaire). Un policier a pris une amie par les cheveux, alors qu’elle voulait juste lui demander où était son appareil photo, mais n’a rien voulu savoir et lui a mis un coup de
bombe lacrymo à même pas 2 cm de son visage, et l’a poussée par-terre. Un policier a même dit « La rue c’est moi, et c’est moi qui fait la loi » et hop tout le monde s’est refait gazer. Il y a un
policier qui a sorti son flash-ball et a visé une personne à hauteur de visage. Certes nous étions pas tout roses, certains un peu plus éméchés que d’autres, il y a eu des insultes, je nie rien,
mais j’ai rarement vu une violence pareille. Au départ, on voulait juste parler avec eux, et c’est parti en sucette. Il y avait des vidéos, et comme de par-hasard ils ont embarqués les gens qui
filmaient, et ont effacé toutes preuves. Il faut attaquer fort pour la nouvelle année qui commence, et les élections qui arrivent. BRAVO LA FRANCE. »
Émilie, 21 ans, habitante de Besançon.
« La soirée était très bon enfant, pas de rixe à l’horizon, le bar n’a pas commis d’erreur (fin du concert en accord la législation), le seul bémol serait effectivement
l’impressionnante fréquentation de ce lieu ce soir-là qui a sans doute amassé tous ces jeunes et moins jeunes à l’entrée du bar et a empêché le dissipement de la foule à la fin des festivités. Ce
qui a suivi a été pour le moins très choquant : deux voitures de police ont débarqué de part et d’autre du regroupement, l’une provenant de la rue Pasteur et l’autre de la rue du Lycée. Les
forces de l’ordre n’ont eu comme point d’appel qu’un maigre affront entre deux hommes pour la casse involontaire d’une vitre conducteur alors que celui-ci forçait le passage pour passer au milieu
de cet amas. Ce simple évènement a suffi au déclenchement d’une confrontation d’une extrême violence mais qui, selon mes faits, serait due à la provocation même des services des forces de l’odre
vis-à-vis des jeunes présents. Ceux-ci n’ont pas hésité à sortir d’entrée de jeu, matraques, chiens féroces et bombes lacrymogènes semant la terreur au milieu du groupe. Des personnes ont été
arrêtées pour avoir tenté de filmer cette scène d’une rare violence, d’autres encore ont été embarquées pour avoir ricané du déploiement de telles forces face à la passivité de l’évènement. Enfin
pour ce qui est de la moitié de la population présente à ce moment-là nous avons eu l’honneur de recevoir en pleine face l’horrible gaz lacrymogène sans comprendre pourquoi ils avaient reçu pour
ordre de nous l’infliger… Je suis encore à l’heure actuelle sous le choc de voir paraître un article de la sorte décrédibilisant une fois de plus la jeunesse et rendant raison aux pratiques de
plus en plus aggressives des forces de l’ordre à notre égard ! Je m’insurge de voir la réalité des faits censurée par les autorités et maquillée par les médias pour finalement ne jamais laisser
cette jeunesse qui va mal s’exprimer ! Merci la répression ! »
Chloé, étudiante à Besançon.
« Tout d’abord, commençons par le commencement. Fin de soirée au bar de la CDM (Cour Des Miracles), il est 2h15 du matin environ une trentaine de jeunes restent devant le bar à
discuter (et non 70 jeunes comme le précise la police), lorsqu’une voiture arrive. Celle-ci tente de forcer le passage et un jeune pousse un autre contre cette voiture. En tombant contre la
voiture, le jeune homme casse la vitre avec son coude (ce ne sont donc pas des canettes de bière qui ont été lancées contre celle-ci, comme l’indiquait la fameuse presse locale “ma commune”).
Trois hommes sortent de cette voiture (à ce moment-là personne ne se doute que ce sont des agents de la BAC car ils ne portent pas de brassards et ne se présentent même pas en tant que tels).
Nous pensions donc que ce n’était que d’autres jeunes. Ceux-ci interpellent le jeune homme “casseur” de la vitre toujours sans se présenter ce qui nous fait tout de suite penser qu’ils veulent
l’emmener plus loin pour lui régler son compte car il avait cassé la vitre. Un ami décide de s’interposer et là nous voyons un des trois hommes de la voiture sortir un talkie walkie, ce qui nous
fit tout de suite penser que ce n’était pas des jeunes comme nous mais bien des agents de la BAC en civil. Quelques secondes après leur appel au talkie walkie (et non quelques minutes), ce ne
sont pas moins de trois voitures de la police qui arrivent (un miracle qu’ils arrivent aussi vite et en même temps : remarquez nous sommes devant la Cour des miracles : ça doit être ça) ce qui
nous laisse présager qu’ils n’attendaient qu’une seule chose c’est de pouvoir intervenir !! Plusieurs agents de police interviennent (des insultes fusent de part et d’autre mais bon c’est leur
métier, normal certains d’entre nous ont bu un peu plus que d’autres, on ne se le cachera pas, de plus c’est une sortie de bar et dans un bar on ne boit pas forcément que de l’eau mais), ceux-ci
nous demandent de déguerpir de la rue (qui me semble être un lieu public et il n’y a pas de couvre-feu instauré à ma connaissance à Besançon). Ils interpellent deux ou trois personnes pour
outrage à agents et là quelques-uns d’entre nous tentent de discuter avec eux mais ne veulent rien savoir et me disent à moi qui n’ai bu qu’une seule bière à cette soirée “On ne discute pas avec
de la viande saoûle”, ce qui veut bien dire qu’on ne représente rien à leurs yeux (comment voulez-vous après qu’on puisse les respecter). Ensuite ils nous ont repoussés avec leur matraque, ont
giflé une amie qui voulait discuter avec eux et vu qu’elle ne voulait pas se laisser intimider, elle y est retournée puis à ce moment-là ils ont commencé ils l’ont gazé à bout portant et en plein
visage, ce qui n’est pas très légal me semble-t-il. Voyant cela certains ont voulu la défendre et se sont pris des coups de matraques et de gazeuses, un des policiers a même braqué son flash
ball, à hauteur de visage d’une personne le menaçant de tirer si il ne reculait pas (sachant qu’on n’a pas le droit de viser au-dessus de la ceinture avec un tel engin). Un autre policier a crié
: “La rue est à moi et la loi c’est moi” (digne d’un grand film américain) et après avoir gazé la rue complète nous nous sommes dispersés et un des policiers a rétorqué “c’est bon, on en a cinq
on peut y aller” (après on nous dit qu’il n’y a pas de quota). Cet évènement a duré environ 45 minutes. »
Anthony, 28 ans.
« Dans la soirée du vendredi 6 janvier au samedi 7 janvier 2012, je me trouvais à la sortie du bar la Cour des Miracles, il devait être environ 2 heures, puisque le bar venait de
fermer. Comme cela se passe souvent dans ces soirées, nous restons quelques minutes dehors le temps de “ratrouper” tout le monde, terminer les discussions entamées et se dire au revoir. J’étais
donc en train de discuter avec des amis un peu à l’écart du bar dans la rue du Lycée sans faire attention à ce qui nous entourait, lorsqu’un ami, pas affolé mais inquiet, arrive et nous dit de
s’éloigner rapidement. Il a toujours eu un sens très aigu de l’analyse de situation ! En quelques secondes cris et gaz lacrymogènes ont envahi la rue. Je n’ai pas eu le temps de voir grand chose,
je me suis éloignée rapidement. Quelques secondes après je croise une amie, en larmes, les yeux brûlés par les gaz lacrymogènes, qui me dit que les agents de police l’ont gazée car elle essayait
de discuter avec eux pour éviter que son compagnon soit embarqué. J’ai tenté de la consoler puis elle m’a dit qu’elle ne retrouvait plus son appareil photo et qu’elle craignait l’avoir perdu, je
suis donc allée voir les agents pour leur demander s’ils ne l’avaient pas vu, réflexe complètement idiot il est vrai, car ce n’était pas du tout le moment ! Je me suis approchée d’un agent, polie
(moi, pas elle !) et je n’ai pas eu le temps de finir ma phrase qu’elle m’adressait un regard méprisant et me disait, aboyait serait plus juste : “Dégages de là !”. Vu son regard je n’ai pas
insisté. Ensuite nous sommes partis. »
Lucie, étudiante à Besançon.
Articles de presse, Macommune.info et l’Est Républicain sur cet événement :
Confrontation violente entre jeunes et policiers à Besançon
Dans la nuit de vendredi à samedi des incidents décrits par un témoin « d’une rare violence » se sont déroulés à Besançon rue Proudhon et à l’angle de la rue Pasteur et de la rue du Lycée
entre 2 heures et 3h30 du matin.
Des dizaines de jeunes, rassemblés après la fermeture des bars, ont nargué la police qui a été rapidement débordée jusqu’à ce qu’elle utilise du gaz lacrymogène pour calmer les éléments les plus
virulents. Les vitres d’une voiture de police auraient volé en éclat sous le coup de canettes de bière.
« Le centre de Besançon va de mal en pis. Quand les autorités municipales se rendront-elles compte de ce qui se passe dans les rues de leur ville… Arrêtons d’affirmer que tout va bien quand tout
va mal plusieurs nuits par semaine.
Quand va-t-on imposer au bars de limiter et de contrôler les entrées, de respecter les règles de sécurité à l’intérieur de leurs établissements, de limiter la consommation d’alcool et d’arrêter,
par mercantilisme pur et dur, d’enfreindre les lois sur la distribution d’alcool », écrit un témoin des scènes de violence.
Leur presse (MaCommune.info), 7 janvier 2012.
Besançon : chaudes nuits d’ivresse
L’alcool est à l’origine des débordements et délits commis les nuits dernières au centre-ville. Deux personnes sont poursuivies.
Un attroupement devant la « Cour des miracles », un bar de la rue du Lycée, dont le gérant est convoqué aujourd’hui par le commissariat de Besançon. Il est 2h15 dans la nuit de vendredi à samedi.
Plusieurs dizaines de personnes sont en train de cloper ou simplement discuter après un concert. La rue est obstruée. Une voiture banalisée pointe le bout de son pare-chocs à leur hauteur. Aucun
mouvement de la foule. Impossible de franchir l’obstacle qui continue de barrer la rue. Les esprits s’échauffent même. Quelques jeunes s’approchent du véhicule, le remuent. Bousculade.
Volontairement ou non, l’un d’entre eux percute une portière. La vitre éclate en morceaux.
À l’intérieur, trois fonctionnaires de police de la brigade anti-criminalité. Ils appellent des collègues en renfort. Les fauteurs de trouble sont très alcoolisés. Six d’entre eux, âgés entre 25
et 30 ans, sont interpellés et emmenés jusqu’au commissariat, où leur audition s’est achevée seulement samedi dans l’après-midi. Pour les deux tiers, le procureur de la République fait observer
quelques rappels à la loi. Deux personnes, déjà connues des services de police pour des faits non similaires, sont en revanche poursuivies pour outrage sur agents. Des insultes et des crachats
jetés à la figure des forces de l’ordre. Elles répondront de leurs actes le 18 janvier prochain devant le tribunal correctionnel.
Une rixe a également éclaté durant la même nuit rue Proudhon. Lorsque les policiers sont intervenus, les auteurs des coups avaient disparu. Les victimes n’ont pas souhaité porter plainte.
Nuit de samedi à dimanche : accidents en série
Seconde nuit agitée, entre samedi et dimanche. Huit personnes ont été interpellées en état d’ébriété dans différents points de la ville (faubourg Tarragnoz, chemin de Bregille, rue de la
Rotonde…), dont six au volant d’un véhicule, pour des taux fluctuant entre 1,52 g et 1,88 g. Deux des automobilistes, tellement alcoolisés, n’ont pas pu se soumettre au contrôle. La grande
majorité des délits ont été constatés après un accident de la circulation sans gravité. Dont un s’est déroulé avenue Foch, en montant en direction de la gare Viotte, entre deux conducteurs qui
possédaient 1,52 g et 1,60 g. Et, cerise sur le gâteau, alors que les policiers effectuaient leur contrôle, un troisième véhicule, arrivant en trombe, était intercepté avec, au volant, un
automobiliste accusant également 1,60 g.
Leur presse (Éric Barbier, L’Est
Républicain), 8 janvier 2012.
Voilà l’article sur la condamnation de deux jeunes pour la soirée :
Deux mois de prison ferme !
Qu’on se le dise, chahuter la police un soir de beuverie peut coûter cher. Deux mois de prison ferme ont été prononcés, par le tribunal correctionnel de Besançon, aujourd’hui à l’encontre de deux
étudiants qui s’étaient particulièrement illustrés dans la soirée du 6 au 7 janvier, à deux pas du tribunal.
Ce soir-là, vers 2 heures du matin, un spectacle vient de s’achever dans la cave de la Cour des miracles, un café-concert, et environ 150 personnes occupent la rue de façon tapageuse
lorsqu’arrive fortuitement une voiture banalisée de la Brigade anti criminalité. Elle souhaite passer mais est aussitôt entourée et secouée par la foule.
Pression, insultes, crachats
Les policiers prennent leur mal en patience jusqu’à ce qu’une vitre du véhicule soit brisée, apparemment malencontreusement. Ils descendent alors, font état de leur qualité et tentent
d’interpeller le casseur. Les choses vont alors aller crescendo.
On s’interpose, on siffle, les insultes fusent. Les policiers sont obligés d’appeler des collègues à la rescousse, de repousser les plus excités avec leur tonfa. Malgré l’ordre de se disperser,
la fronde se poursuit et il est fait usage de gaz lacrymogène. Ce qui ne suffit pas à calmer les ardeurs. Une quinzaine de policiers, dont la brigade canine, seront mobilisés pendant près de
trois quarts d’heure pour ramener le calme.
Au final, 5 personnes sont interpellées parmi les plus virulentes. Une sixième parviendra à s’échapper menottée. C’est dire la confusion qui règne.
Hier, Yann, 26 ans, un Belfortain et Étienne, 24 ans, un Bisontin, payaient les pots cassés de cette nuit d’ivresse. Les poursuites envers un troisième ont été classées et les deux derniers ont
écopé d’un rappel à la loi.
1,80 g d’alcool dans le sang à 3 heures du matin, Yann est décrit comme l’un des meneurs et a été interpellé après une course-poursuite à 200 m de la scène. 1 g seulement, Étienne, a craché dans
l’œil d’un des policiers.
Si le premier maintient avoir été au mauvais endroit au mauvais moment « j’aurais outragé, j’aurais assumé », le second fait profil bas « j’ai pas pu m’empêcher, j’étais un peu énervé, j’avais un
peu bu, j’ai craché mais par terre pas dans la gueule ! »
Les policiers qui sont intervenus « se posent des questions et sont meurtris » indique Me Serri, avocate de la partie civile. « ils ont de plus en plus le sentiment d’être une cible. Ce soir-là
ça part sur trois fois rien. Il suffit de quelques meneurs et d’un troupeau de moutons de Panurge… »
Leur presse (Fred Jimenez, L’Est
Républicain), 18 janvier 2012.
Nous espérons que vous allez faire paraître un article, entre les médias qui racontent n’importe quoi, qui n’étaient pas sur les lieux et les forces de l’ordre qui se sont carrément
lâchées (et ce n’est pas la première fois)… Il faut que les gens sachent que d’accord, nous sommes jeunes, que nous aimons festoyer mais ce n’est pas pour autant que nous sommes des sous-merdes.
On a tous le droit au respect ! Et les forces de l’ordre, ne sont normalement pas là pour faire de la RÉPRESSION !
Courriel du 19 janvier 2012.