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7 février 2013 4 07 /02 /février /2013 20:51

Vendredi dernier, les employés de la Freedom Press, la plus vieille librairie et maison d’édition anarchiste de Londres, ont appris au réveil que quelqu’un avait tenté de brûler leur boutique dans la matinée.

Fondée en 1886, la Freedom s’est placée au cœur de l’Est londonien radical pendant plus d’un siècle, à tel point qu’on la mentionnait au cours des visites guidées – et d’après mes observations sur place, c’était la première halte pour tout Européen un peu dégueu cherchant un squat où loger ou une raison de manifester sa colère.

La boutique se situe tout près de Whitechapel, dans l’Angel Alley, coincée entre une galerie d’art et un KFC. Si vous cherchez un truc de Bakounine de Chomsky ou de John Zerzan, cet endroit fera votre bonheur. Passez devant les têtes imprimées d’Emma Goldman et Pierre Kropotkine et n’oubliez pas de fermer la porte derrière vous, il y fait toujours très froid.

Vendredi matin, vers 5 heures, un inconnu s’est engouffré dans l’angel Alley et a éclaté une des fenêtres de la boutique pour y déverser une substance inflammable. Puis il a mis le feu aux livres, aux pamphlets et aux archives irremplaçables du journal Freedom.

La nuit dernière,je me suis introduit dans le bâtiment avec l’un des activistes les plus dévoués de la boutique, Andy. Ça sentait horriblement mauvais, il y avait de la suie partout et des tas de livres brûlés. Le bâtiment n’avait pas subi de gros dégâts, mais la Freedom n’est pas assurée. Et puis, elle se trouvait déjà dans un sacré merdier financier. En voyant ce terrifiant carnage, je me suis dit que la boutique allait devoir fermer pendant plusieurs mois, mais ils ont réouvert hier.

Avant de faire des blagues sur des anarchistes qui possèdent un immeuble ou qui organisent un grand nettoyage, renseignez-vous sur l’histoire du mouvement. À son apogée, dans l’Espagne des années trente, les anarchistes géraient collectivement des hôpitaux et faisaient tourner l’un des journaux quotidiens les plus populaires du pays.

Rob Ray, un bénévole de la Freedom, nous a expliqué ce qu’il a ressenti lorsqu’il a entendu parler de l’incendie : « C’est un mélange de sentiments très étranges, d’abord tu te rends malade en pensant aux éventuelles victimes, ensuite tu te sens soulagé que personne n’ait été sur place au moment des faits – ce qui n’est pas souvent le cas – et que le feu ne se soit pas davantage propagé. Puis, la tristesse reprend le dessus quand tu prends conscience des dégâts. »

« Mon éducation politique, je l'ai faite grâce à Mutual AidAnarchy in Action et le journal Freedom. Ces tas de cendres, ce ramassis de lettres tachées de suie sont pour moi synonyme d’ouverture sur de nouveaux mondes. Presque chaque livre qui n’a pas brûlé est recouvert de cendres. Lorsqu'on faisait le tri hier, j’avais comme un pincement au cœur à chaque livre jeté.

Le bâtiment n’abrite pas seulement une librairie. À l’étage se trouvent aussi les bureaux de la London Coalition Against Povertyl’Advisory Service for Squatters, la Solidarity Federation et la Corporate Watch. Il y a même des toilettes qui fonctionnent.

Bien évidemment, les anarchistes ont très envie de connaître les responsables de cette attaque. Combat 18 a mené une attaque similaire contre la boutique il y a vingt ans de cela. À l’époque, en mars 1993, C18 était la branche la plus violente du (déjà très violent) BNP (Parti national britannique) formé afin d'aider les fascistes à se défendre contre l'Anti-Fascist Action (AFA), un groupe qui s'était formé pour bouter l’extrême droite hors de ses bastions londoniens.

Aujourd'hui, il y a consensus pour dire que les pyromanes proviennent de l’extrême droite, et qu'ils cherchaient une cible facile ou à régler de vieux comptes. À la fin des années 1970 et au cours des années 1980, les environs de Brick Lane étaient dominés par les néonazis qui distribuaient tracts et journaux pour diffuser leurs idées. Au début des années 1990, l’AFA est descendue dans la rue et a réussi à reprendre Islington avant de migrer vers l’est de Londres. Le BNP a essayé de défendre son territoire. Peine perdue.

Éparpillés sur le sol, gisant parmi les livres calcinés, se trouvaient quelques copies de Beating The Fascists, une histoire de l’AFA récemment publiée par Freedom Press. L’ouvrage met presque mal à l'aise quant il relate la violence extrême dont les AFA ont fait preuve pour forcer de jeunes membres du BNP à se barrer.

La dernière fois que je suis passé à la boutique, ils venaient juste de recevoir par la poste un magazine ultranationaliste qui chroniquait le livre. La description des tactiques impitoyables utilisées afin de mettre les militants d'extrême droite en échec en avait apparemment agacé certains. Les has-beens vexés de Combat 18 pourraient avoir décidé de revenir pour régler de vieux comptes. La semaine dernière, ils ont organisé un concert dans un lieu secret de Londres.

Après avoir discuté avec des anarchistes du pub d’à côté, plusieurs m’ont confié craindre que les pyromanes soient peut-être liés aux fantasques England’s Golden Dawn, un nouveau groupe dissident d’extrême droite qui fait pas mal de bruit sur Facebook – il est formé des déchets de l'EDL. Aucun mouvement n'a revendiqué ni fait allusion à l'attaque, bien qu’une des organisatrices du Casuals United a posté sur son Facebook : « On n'a que ce qu'on mérite. »

Des théories moins crédibles avancent que cette attaque est le fait d'anarchistes marginaux. Par exemple, un post publié sur Indymedia avait accusé Freedom d'être des « mouchards » – ces dernières années, le collectif a fait des efforts pour mettre de côté les éléments antisociaux de la scène anarchiste.

Les anarchistes insurrectionnels ont mené une guerre verbale en ligne et ont même ravivé les tensions à Bristol. Mais Freedom est aussi ce lieu où j’ai acheté From Riot to Insurrection, la bible insurrectionnelle de Bonanno. Il semble improbable que même les radicaux les plus révoltés puissent chier de la sorte sur leur propre seuil.

Quand j'ai parlé avec Andy à la boutique, il m'a assuré que les coupables provenaient de l'extrême droite et m'a précisé qu’ils ne manquaient pas de raisons pour agir de la sorte. La caméra de surveillance  à l’entrée de la ruelle pourrait faire la lumière sur cette affaire, même si on comprend aisément que les anarchistes n'aient pas envie de se reposer ni sur ce dispositif ni sur les forces de police pour résoudre le truc.

En traînant dans la ruelle qui jouxte la boutique, le vendredi soir, j’ai croisé un vieillard apprêté venu examiner les dégâts. Il m’a confié réaliser des dessins humoristiques pour le journal Freedom. Quelques minutes plus tard, une habitante du quartier est rentrée dans la boutique pour demander en quoi elle pouvait être utile. Des commerçants sont venus adresser des témoignages de sympathie à Andy, et la galerie d’art d’à côté a tenu à me dire que les anarchistes faisaient de merveilleux voisins.

Le lendemain, près de 100 personnes bondaient la minuscule ruelle pour nettoyer les livres, frotter les murs et remettre la boutique en état. Les horloges fondues et les livres calcinés sont aujourd'hui des souvenirs en vente. Des gens du monde entier ont offert leur soutien et promis de faire des dons. Les pyromanes n’ont pas seulement échoué dans la destruction de la boutique : ils l’ont rendue plus populaire que jamais.

La boutique reçoit désormais des dons sous forme de livres et d’argent. Vous pouvez aussi contribuer en passant jeter un œil au stock restant.

 

Plus d'anarchie :

ANARCHIE ATHÉNIENNE – Les émeutes de l'austérité sentent le grec

LES ANARCHISTES ALLEMANDS DÉMONTENT LES CAMÉRAS DE SURVEILLANCE À COUPS D'EXTINCTEURS – Prenez-en de la graine, jeunes gens

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2 février 2013 6 02 /02 /février /2013 12:20

Accord contre les violences en Égypte

LE CAIRE – Les principaux dirigeants de l’opposition égyptienne et des Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi, ont signé jeudi un accord dans lequel ils rejettent toute violence, après quasiment une semaine de manifestations meurtrières.

La situation s’est globalement apaisée dans la rue mais deux hommes ont encore été tués mercredi au Caire, portant à 54 le nombre de morts à la suite des manifestations.

Les représentants des différents camps se sont retrouvés jeudi autour d’une même table, pour la première fois depuis le début des troubles, à l’initiative du recteur de l’université et de la mosquée Al Azhar, l’une des plus hautes autorités de l’islam sunnite.

Au début de la rencontre, le cheikh Ahmed al Taïeb a lu un document affirmant que le dialogue national “auquel participent tous les éléments de la société égyptienne, sans aucune exclusion, constitue le seul outil pour résoudre problèmes et divergences”.

Parmi les signataires figurent Mohamed ElBaradei, coordinateur du Front de salut national (FSN), principale coalition d’opposition, et Hamdine Sabahi, chef de file de la gauche nassériste, également membre du FSN.

“Nous sortons de cette réunion avec un certain optimisme”, a déclaré Mohamed ElBaradei. “Chacun de nous va faire ce qu’il peut, avec la meilleure volonté, pour rebâtir la confiance entre les différentes composantes de la nation égyptienne.”

Plusieurs partis, dont le Courant populaire, la formation de Hamdine Sabahi, ont cependant maintenu un appel à manifester vendredi devant le palais présidentiel au Caire.

GOUVERNEMENT D’UNION

Du côté des partisans de Mohamed Morsi, ont participé à la réunion Mahmoud Ezzat, numéro deux des Frères musulmans, et Saad el Katatni, président du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la branche politique de la confrérie.

“Il n’y a pas d’autre solution que le dialogue aux problèmes rencontrés par la transition démocratique du pays et le dialogue doit reposer sur des bases et des garanties, pas des conditions préalables”, a déclaré Saad el Katatni, saluant un jour “historique”.

Mohamed Morsi a appelé en début de semaine ses opposants à un “dialogue national”, mais le FSN refuse d’y participer tant que le président n’aura pas formé un gouvernement d’union nationale, qui inclurait aussi Al Nour, parti salafiste le plus important.

En visite mercredi à Berlin, Mohamed Morsi n’a pas évoqué cette éventualité et s’est contenté de dire que l’Égypte serait un État de droit, “ni militaire ni théocratique”, dirigé par un gouvernement dont la composition dépendra de l’issue des élections législatives prévues en avril.

L’accord conclu jeudi permet à “l’opposition officielle de se situer très clairement contre les violences”, estime Ejijah Zarwan, spécialiste de l’Égypte au Conseil européen des relations étrangères, un centre de réflexion.

Elijah Zarwan relativise cependant la portée de la rencontre sur les manifestations, soulignant que “les gens qui affrontent la police et brûlent des bâtiments ne sont des sympathisants d’aucun parti politique” [LOL - NdJL].

Mohamed Morsi a décrété lundi l’état d’urgence pour un mois à Port-Saïd, Ismaïlia et Suez, trois villes particulièrement touchées par les violences, mais les autorités ont réduit mercredi l’ampleur du couvre-feu.

Presse contre-révolutionnaire (Tom Perry & Peter Graff, Reuters, 31 janvier 2013)

 

Humour salafiste : Le parti salafiste félicite Morsi pour sa proposition d’ouvrir un dialogue

Watan Party, Brotherhood lauds ElBaradei for dialogue offer

The Salafi Watan Party commended Dostour Party head Mohamed ElBaradei for his proposal of a dialogue between President Mohamed Morsy, Defense Minister Abdel Fattah al-Sisi, Interior Minister Mohamed Ibrahim, and representatives from the Freedom and Justice Party, Salafi parties and the National Salvation Front.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/02/021.jpg

Clashes between riot forces and protesters at Kasr al-Nil bridge, near Tahrir Square, Cairo, 27 January 2013.

The party’s vice president, Youssry Hammad, said that the party welcomes calls for dialogue and unity, adding that “any patriotic figure must accept the idea.”

“We value ElBaradei’s call for dialogue and emphasize respect for constitutional legitimacy,” he added.

The offers of dialogue came as MENA quoted the Health Ministry as saying that two protesters had been killed in ongoing clashes with security forces in Cairo Wednesday.

The Brotherhood also welcomed ElBaradei’s call for dialogue and Ahmed Aref, its official spokesperson, said, “We hope to engage in all forms of dialogue for the sake of the nation and under the auspices of the presidency,” and added that political powers “should not consider the president a political opponent.”

Amr Moussa, president of the Congress Party and a member of the National Salvation Front,  had earlier called for a “comprehensive political truce” on Wednesday. In a statement posted on his Facebook page, Moussa asked key political leaders to heed the state-led National Defense Council’s invitation for talks to end the violence.

The NDC, led by Morsy, held a meeting on Saturday following the breakout of clashes nationwide Thursday during protests commemorating the 2011 uprising. In an attempt to ease the country’s current political gridlock, the council called on leading political figures to participate in the dialogue with Morsy.

Moussa’s comments come after the National Salvation Front rejected Morsy’s national dialogue offer on Monday, dismissing the offer as “not serious.” However, ElBaradei also called for an urgent meeting Wednesday, saying on Twitter that Morsy, Islamists, NSF members and government officials should come together.

Aside from the two deaths, another 52 have been injured in Cairo, Kafr al-Sheikh and other governorates since Tuesday night, officials have said. Fighting around Tahrir Square was responsible for 28 of the injuries, while 18 other people were injured in Kafr al-Sheikh. Meanwhile, three victims of clashes in Ismailia’s Mamar Square were also taken to hospital. Two more were hurt in Daqahlia and one in Sharqiya.

Since last week, at least 53 people have died in the violence. Fighting continued Wednesday near Tahrir Square.

Presse contre-révolutionnaire (Eman Helal, Egypt Independent, 30 janvier 2013)

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1 février 2013 5 01 /02 /février /2013 11:45

LE CAIRE – La justice égyptienne a annoncé jeudi l’arrestation d’un membre présumé du groupuscule obscur Black Bloc, qu’elle soupçonne d’être impliqué dans un projet israélien de sabotage.

Dans le collimateur des autorités, le Black Bloc, dont les membres portent cagoules et capuches noires, est apparu ces derniers jours en Égypte lors de manifestations violentes hostiles au président islamiste Mohamed Morsi. Mais ses effectifs, son influence et sa structure demeurent un mystère.

Dans un communiqué cité par l’agence officielle Mena, le bureau du procureur général a expliqué que le suspect avait été arrêté au Caire en possession d’un projet israélien prenant pour cible des compagnies pétrolières et des installations vitales en Égypte.

Il avait également avec lui des plans de ces lieux et des instructions pour mettre le feu à des sites, selon le texte. Le parquet de la sûreté de l’État a commencé à interroger le suspect, qui est accusé d’appartenance à un groupe illégal et d’avoir planifié le sabotage (…) de biens publics et privés.

Le suspect a admis appartenir au groupe Black Bloc et disposer d’un code secret, a affirmé la même source en précisant qu’il avait été arrêté dans un bâtiment de la place Tahrir au Caire alors qu’il portait les signes vestimentaires distinctifs des militants du groupe.

À Jérusalem, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Yigal Palmor, interrogé par l’AFP, a nié toute implication d’Israël dans cette affaire. Il a affirmé ne pas savoir si le suspect avait l’intention de mener un plan de sabotage, mais a jugé absurde le fait d’impliquer Israël dans cela.

Le bureau du procureur égyptien a en outre fait état de l’arrestation d’un autre membre présumé du Black Bloc à Mahalla (nord-est) où il a passé à une usine une commande de masques et tenues aux couleurs du groupe.

Publié par des gens qu’on ne soupçonnera pas d’être des saboteurs à la solde du Mossad (Agence Faut Payer, 31 janvier 2013)

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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 13:18

Espionnage d’Attac : la justice civile condamne Nestlé et Securitas

Nestlé et Securitas sont coupables d’avoir espionné Attac. Le Tribunal civil de Lausanne juge que l’acquisition d’informations par infiltration dans la sphère privée constitue une atteinte illicite à la personnalité. Les deux sociétés sont condamnées à payer 3000 francs par personne pour réparation morale.

Une année après le procès entre l’organisation altermondialiste Attac, Nestlé et Securitas, la justice a rendu vendredi le seul dispositif du jugement. Outre l’atteinte illicite à la personnalité des auteurs du livre Attac contre l’Empire Nestlé et d’Attac Suisse, le président Jean-Luc Genillard condamne Nestlé et Securitas aux frais de justice (4950 francs) et aux dépens (14’040 francs).

Dans un communiqué, Attac Suisse dit “être très satisfaite de cette condamnation”. “Derrière la multiplication de ces pratiques d’espionnage, ce sont des droits démocratiques essentiels comme la liberté d’expression, de réunion et d’opinion qui sont remis en question”, affirme l’organisation.

Affaire révélée en 2008

Pour mémoire, le procès civil s’est tenu fin janvier 2012 à Lausanne après le non-lieu pénal prononcé en juillet 2009. Attac demandait la reconnaissance de la collecte d’informations confidentielles et l’atteinte illicite à la personnalité, ainsi que la condamnation à 27’000 francs pour tort moral et la publication du verdict.

L’affaire avait été révélée en juin 2008 par la presse. Dans son communiqué, Attac rappelle qu’une espionne avait rejoint le groupe en automne 2003 sous la fausse identité de “Sara Meylan” et avait assisté à des réunions privées des sept auteurs du livre. Elle avait ensuite rédigé des rapports à l’attention de Nestlé. En septembre 2008, Attac avait découvert et dénoncé encore une autre agente de Securitas/Nestlé.

Publié par des espions du grand capital (ats, 25 janvier 2013)

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17 janvier 2013 4 17 /01 /janvier /2013 11:35

indonesian anticommunist purge

Tout le monde a déjà entendu parler des Khmers rouges. Ce régime représente dans l’imaginaire collectif des sociétés modernes la « barbarie communiste », tout comme la Corée du Nord. Il n’est pas question de s’interroger sur la nature du régime installé au Cambodge, ni de débattre de son idéologie (il fut pourtant bien éloigné des idées communistes, étant extrêmement droitier, raciste et nationaliste, et combattant… les communistes voisins). La référence à ces deux expériences est devenant un argument massue censé isoler et décrédibiliser toute pensée critique. Tu remets en cause les bienfaits de la société capitaliste? Alors, tu as les millions de morts du « Kampuchéa démocratique » sur les bras, voilà! On ne compte plus les usages de ce totalitarisme intellectuel. Il est l’aboutissement de la pensée libérale adaptée aux démocraties impérialistes en phase terminale. Tout le monde peut donner son avis: mais si celui ci sort du lot, si il n’est ni béat ni réactionnaire, il sera mécaniquement anéanti par les références horribles qui lui seront collées. Alain Badiou en a notamment fait les frais…

Pourtant, qui se souvient des évènements ayant agité l’Asie du Sud-Est une décennie à peine avant les Khmers rouges…? En Indonésie, un auto-génocide équivalent dans ses dimensions a eu lieu. Les chiffres sont impossibles à connaitre. On estime ses victimes à un ou peut être deux millions… Mais ce crime absolu a une particularité. Il a été favorisé et soutenu par les pays occidentaux, notamment par les USA, puis acclamé par la presse. Car les victimes étaient communistes, ou supposées telles. Et dans sa croisade menée contre la « subversion », les « démocraties » capitalistes ne prennent pas de pincettes. Ces crimes ne doivent jamais être oubliés. Nous publions donc  ici un texte tiré du journal Partisan qui évoque ces évènements. Il est disponible en entier en cliquant sur l’image, comme toujours.

Le Parti Communiste d’indonésie (PKI) comptait 3,5 millions de membres et une quinzaine de millions de sympathisants. Il était par la taille le 3ème parti communiste au monde. En 1965, la répression, couverte par l’occident et en particulier par les USA, fit entre 500 000 et 2 millions de morts. Mais comment en est-on arrivé là ?

L’Indonésie est une ancienne colonie néerlandaise. 87 % de la population est musulmane. Pendant la 2ème guerre mondiale, le Japon occupe l’Indonésie. Les Japonais sont d’abord accueillis comme des libérateurs car ils promettent l’indépendance. Rapidement, ils remplacent les colons hollandais et sont rejetés. L’indépendance est déclarée par Sukarno en 1945. Mais la guerre d’indépendance continuera jusqu’au 27 décembre 1949. Comme après beaucoup de guerres, l’économie est en ruine. Sukarno renforce son pouvoir intérieur. Il cherche la confrontation avec la Malaisie. Critiqué par l’occident, il se rapproche de plus en plus de l’URSS et de la Chine. Le PKI qui a, deux fois déjà, été anéanti par la répression (en 1926 et en 1948), se présente en 1955 aux élections et obtient 16 % des voix. Il a trois ministres dans un gouvernement qui en compte quatre-vingt .

[...]

Nous sommes à l’époque dans la guerre froide. Les USA, déjà empêtrés au Viet-Nam, ont peur qu’un second front s’ouvre en Indonésie. Le PKI est haï par les autres mouvements politiques, notamment le mouvement islamiste. La CIA établit des listes de noms de communistes, des “infidèles” à l’islam, des “sans dieu” réfractaires à l’un des cinq principes du Pancasila (constitution) édicté en 1945. Il manque un détonateur pour éliminer le PKI. Il est trouvé le 1er octobre 1965. Six généraux appartenant à l’aile droite du haut commandement militaire ont été assassinés à Djakarta. Le général anti-communiste Suharto, commandant de l’armée, en attribua faussement la responsabilité à des militaires proches du PKI. Il fait pression sur Sukarno et « obtient » la mission de maintenir l’ordre à Djakarta.

Le général lance les répressions anticommunistes. Les listes de la CIA vont servir : arrestations de masse et exécutions sommaires concernent, dans les deux années 1965 et 1966, plusieurs millions de personnes. Les évaluations précises sont difficiles à établir puisque le tout s’accomplit en dehors du système judiciaire, sous le contrôle de l’armée, qui arme des milices, celles de la Ligue Musulmane en particulier. Dans d’autres régions ce sont des chrétiens qui s’en prennent aux communistes. Des villages sont brulés, les hommes torturés, abattus, les femmes et les fillettes violées et tuées. 1 ou 2 millions de personnes sont exécutées, et de 5 à 7 millions incarcérées, pour des périodes rarement inférieures à 10 ans et pour certaines pour toute la longue durée du pouvoir suhartiste, jusqu’au printemps 1999. Un décret en septembre 1966 « bannissant le communisme » est voté par l’Assemblée Nationale à la botte de Suharto.

Noam Chomsky, faisant une compilation de la presse américaine de l’époque, en ressort ce texte : « L’événement suscita pourtant une orgie d’euphorie. Pour décrire le « stupéfiant massacre de masse », le New York Times parla d’une « coulée de lumière en Asie » et félicita Washington d’être resté discret pour ne pas embarrasser les « modérés indonésiens » qui purifiaient leur société et s’apprêtaient à recevoir une généreuse aide américaine ; c’est « la meilleure nouvelle depuis des années pour l’Occident en Asie ».

Partisan

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 12:23
http://juralib.noblogs.org/files/2012/06/001.png

La Révolution surréaliste n° 2, 15 janvier 1925

 

Record des suicides dans l’armée US

Le nombre de militaires américains en activité qui se sont suicidés en 2012 a été de 349, un nouveau record et 15% de plus que l’année précédente, a annoncé aujourd’hui le Pentagone.

Sur ce nombre, l’armée de terre a enregistré 182 suicides, la marine 60, l’armée de l’air 59 et le corps des marines 48. L’an dernier, 237 militaires américains ont été tués en opérations en Afghanistan.

Leur presse (LeFigaro.fr avec Reuters, 14 janvier 2013)

 

Des ponts anti-suicide à Séoul

Les ponts de Séoul seront peu à peu équipés de systèmes de surveillance sophistiqués censés empêcher les gens de sauter, dans une Corée du Sud qui affiche le taux de suicide le plus élevé des pays riches. Les autorités de la ville ont annoncé jeudi l’installation d’un système de surveillance par caméra en circuit fermé (CCTV) programmé pour détecter les mouvements d’une personne s’apprêtant à sauter, sur deux ponts de la ville.

En cas d’alerte, une alarme se déclenche, provoquant l’envoi sur les lieux d’une équipe médicale et d’aide psychologique dans un délai de trois minutes.

“Nous étendrons le dispositif sur les ponts enjambant le fleuve Han si les tests conduits jusqu’en mars se révèlent positifs”, a déclaré un responsable de la municipalité en charge du projet. Un des deux ponts choisis pour la période d’essai est le Mapo, un endroit choisi par 90% des 196 personnes ayant choisi de se tuer en sautant d’un pont à Séoul en 2012.

En septembre dernier, la municipalité avait installé des panneaux sur ce lieu, portant des messages tels que “La plus belle partie de votre vie est à venir” ou encore “Les soucis ne sont pas importants”. Au milieu de pont se dresse la statue d’un homme mûr qui conforte un plus jeune à l’air inquiet, en lui pinçant la joue et plaçant un bras protecteur autour de ses épaules.

La Corée du Sud affiche le taux de suicide le plus élevé des pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), avec 33,5 personnes pour 100.000 choisissant d’en finir avec la vie, selon les chiffres de 2010. Le pays se situe loin devant la Hongrie (23,3) et le Japon (21,2), 2e et 3e respectivement dans ce classement. La pression scolaire et professionnelle, un développement économique à marche forcée et la disparition du modèle familial traditionnel sont évoqués pour expliquer le taux de suicide record. S’y ajoute la réticence à demander de l’aide, dans une société qui prône le stoïcisme.

Leur presse (Agence Faut Payer, 10 janvier 2013)

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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 11:34

C’était à l’issue de la manifestation des opposants au futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, samedi soir, devant la maison d’arrêt de Nantes. Une cinquantaine de manifestants avait investi l’hypermarché Carrefour, à la Beaujoire, pour embarquer de l’alcool en neutralisant les issues de secours. Préjudice ? « Au moins 494 euros de bières », précise un policier. Une seule personne avait été interpellée, sur le parking. Ce jeune homme de 26 ans a reconnu avoir distribué des bouteilles. Mais il conteste les avoir volées. Il a été remis en liberté à l’issue de sa garde à vue.

Presse aéroportée (Ouest-France.fr, 31 décembre 2012)

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10 janvier 2013 4 10 /01 /janvier /2013 14:04

Balancé vivant dans le feu, comme on se débarrasse d’une poubelle. Quel genre d’être humain fait ce genre de chose ?

Balancé vivant dans un feu et à peine soigné, la Présidence a besoin d’un devis détaillé. Quel genre d’être humain fait ce genre de remarque ? Quel genre d’être humain tente de chiffrer la souffrance et la douleur ?

http://juralib.noblogs.org/files/2013/01/053.jpg

Helmi Khadhraoui devant une affiche à la mémoire de Mohamed Bouazizi.

Helmi Khadhraoui, 18 ans, une vie foutue. Il est là, posé sur le canapé, recroquevillé sur lui-même, et il fume. Beaucoup trop. Il est là et je me demande si, chaque fois qu’il utilise son briquet, il sent à nouveau le feu sur sa peau, si l’odeur de la chair qui brûle lui revient en mémoire, cette odeur qui donne la nausée, cette odeur atroce, âcre.

Helmi a été élevé par sa grand-mère à Kasserine. Comme beaucoup, il vient d’un milieu défavorisé. Il commence une formation professionnelle pour être technicien auto. Avec ses 10 doigts, il compte bien gagner sa vie honnêtement. En fait, il ne gagnera rien. Le 8 janvier 2011, à Kasserine, deux policiers l’attrapent et le jettent sur des pneus en feu. Il a 16 ans, son enfance s’arrête là. Il passera 8 mois à l’hôpital.

Aujourd’hui, il a le torse et le cou couvert de cicatrices, une oreille endommagée et des brûlures aux bras, aux mains et aux jambes. Le certificat médical émis à Ben Arous parle de lésions « du 2e degré superficielles au niveau de la face et du 2e degré profondes au niveau du tronc, des deux membres supérieurs et des deux membres inférieurs, évaluées à 33 % de la superficie corporelle. »

Été comme hiver, il porte un foulard autour du cou. Les gens qui ne l’ont pas vécu ne connaissent pas la honte d’un corps marqué : un évènement de notre vie qui nous suit partout, que l’on voit devant chaque miroir, que l’on voit dans le visage des autres quand leurs yeux s’égarent et insistent trop longtemps, scrutent la peau et cherchent à comprendre.

Helmi ne voit pas de lendemain, il a honte de lui-même. Il ne veut plus aller à l’école. Mais, pourra-t-il travailler un jour ? Aujourd’hui, Helmi risque de perdre un bras parce que la Présidence compte ses sous. Le 27 décembre, le ministre des Affaires sociales le reçoit. Khalil Zaouia est orthopédiste. Il explique que Helmi doit être rapidement pris en charge, il a une bride au niveau de l’aisselle et ses nerfs risquent d’être endommagés. Le ministre téléphone directement au Docteur Jmela, chirurgien plasticien, qui reçoit Helmi dès le lendemain. En deux mois, il peut lui offrir une nouvelle vie : réparer son oreille, ses cicatrices au cou, lui permettre d’utiliser à nouveau complètement son bras. Le docteur Jmela est prêt à opérer gratuitement.

Il aurait suffi que les frais de la clinique soient pris en charge. La Présidence avait dit oui. Alors, jeudi 3 janvier, Helmi s’est présenté à la clinique pour être soigné. Rien n’avait été reçu. Le lendemain, un devis a été envoyé à la Présidence. Samedi, celle-ci a exigé une version détaillée. Helmi attendra.

Quand il a été admis à l’hôpital des grands brûlés de Ben Arous, en janvier 2011, le certificat médical mentionnait que Helmi s’était immolé. Un mensonge énorme ; un crime … encore. Le cas de Helmi est pourtant cité dans le rapport Bouderbala, qui parle d’un jeune homme, violenté par des policiers à Kasserine, jeté dans le feu. Le nom de Helmi est cité dans la liste des blessés du rapport Bouderbala. Impossible donc de crier au faux blessé.

Alors qu’il aurait dû s’enregistrer au siège du gouvernorat pour bénéficier d’une prise en charge et de bons de soin, Helmi était à l’hôpital, incapable de se déplacer. Il n’a bénéficié ni de reconnaissance, ni d’indemnités. Certains au sein de l’ANC continuent de le dénigrer, prétendant qu’il s’est immolé, qu’il n’y a jamais eu de policiers, ni de pneu en feu et qu’il n’a jamais été balancé vivant dans les flammes.

En plus de devoir quémander les soins qui lui sont dus, en plus d’être laissé sans suivi psychologique, Helmi est traité de menteur. Pourtant, il est là le début de la guérison : la constatation des blessures. La reconnaissance de la vérité et les remerciements pour le courage.

M. Marzouki, seul dans votre palais et M. Jebali, chef d’un triste gouvernement, si vous ne vivez plus terrés, c’est parce que la chair de ce jeune homme a brûlé. C’est parce qu’en sortant dans la rue, il a effrayé l’ogre dont vous rêviez la chute. Aujourd’hui, vous êtes cet orge, ingrat et aveugle. C’est Helmi qui vous a permis d’exister autrement, Helmi et les autres. Aujourd’hui, votre mépris le tue. Ne soyez plus insolents Messieurs ! Helmi n’a pas peur des ogres.

Sana SbouaïNawaat, 7 janvier 2013

 

ELLES COUSENT DU BENETTON POUR 5 € PAR JOUR

Kasserine. De notre envoyé spécial

La ville, dans le centre du pays, a été l’un des foyers de la Révolution. L’emploi est rare comme une pluie d’été dans cette cité de 80’000 habitants, à l’écart du développement et des investissements. Il y a cinq ans, quand Benetton est venu en promettant des commandes si des ateliers étaient créés, ça a été la ruée. Aujourd’hui, il existe 38 de ces « usines », comme disent les habitants.

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Toutes montées par des particuliers, elles emploient environ 3000 salariés et apprentis, à 90 % des femmes. Et fabriquent, chaque année, des millions de pièces pour la marque italienne, qui n’a pas investi un dinar. Dans des ateliers bruyants et étouffants de chaleur l’été, on travaille six jours par semaine, huit heures par jour.

Les rémunérations sont au minimum de ce que prévoit la convention collective du textile : 1,46 dinar (70 centimes d’euro) de l’heure. Soit une moyenne de 130 € par mois. « Il y a eu des grèves et des manifestations pour essayer d’obtenir des augmentations. Mais ça n’a pas marché », regrette Youssef Abidi, numéro 2 du syndicat UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens) de Kasserine.

Dans cette usine de la zone artisanale, la directrice accepte de nous parler sous couvert d’anonymat. « À Kasserine, nous avons tous le même client : Benetton. Bien sûr qu’on aimerait payer davantage les ouvrières ! Mais, avec ce qu’il nous donne, c’est impossible. »

Les usines sont réglées au vêtement confectionné. À L’Orient Confection, Saïd Bartouli, le patron, montre les bordereaux de commande. Son entreprise touche 1,20 € par pantalon, coupe comprise. Mais elle doit payer le fil : «  0,60 € par pantalon. Je n’y arrive pas. » Saïd Bartouli a ouvert il y a quatorze mois. Il loue le bâtiment, un hangar aux murs de parpaings peints en blanc. Comme les autres, il a emprunté pour acheter les machines à coudre. « Quand on vient de la part de Benetton, la banque prête facilement. »

« On a le droit à 1 % de pièces avec un défaut. Au delà, Benetton nous retient 20 € pour chacune », assure la directrice de la première usine. Les clauses sont draconiennes, « on ne peut rien négocier. ». Saïd Bartouli confirme : « C’est impossible de dialoguer. Je voulais qu’ils paient au moins la moitié du fil. Ils m’ont dit : ‘c’est à prendre ou à laisser’. Tu dis oui ou tu résilies maintenant. »

« Des Français ne paient pas plus cher »

Si les commandes diminuent, comme par exemple après la Révolution, les ateliers mettent les ouvrières au chômage technique, sans indemnité. « On n’a que Benetton comme client. Il nous tient. Ce qu’il nous faudrait, c’est un autre client. Il y aurait de la concurrence, et pas ce monopole qu’il nous impose », dit la directrice de la première usine. Un monopole imposé ? « Ce n’est pas écrit dans le contrat, mais il nous interdit de travailler pour une autre marque. Sinon, il nous renvoie. »

Contactée en Italie, la direction de Benetton dément : « Nous n’imposons absolument pas aux sous-traitants de ne travailler que pour nous. » Mais le syndicaliste Youssef Abidi assure le contraire. Et Omar Ben Hadj Sliman, le nouveau gouverneur de Kasserine (l’équivalent du préfet), nous l’a confirmé. Il n’y voit d’ailleurs rien d’illégal : « Cela fait partie de la négociation commerciale. L’usine n’est pas obligée d’accepter. »

Saïd Bartouli dit avoir essayé de changer de client. « J’étais en contact avec Gap. Ils voulaient faire fabriquer à Kasserine. Ils avaient de l’ambition. En février 2010, je suis allé voir le gouverneur. Il m’a dit : ‘On a une convention : ici, c’est seulement avec Benetton’. » Aujourd’hui, le gouverneur a changé. L’ancien a été démis.

La marque italienne n’est pas la seule à surfer sur le manque de travail. « Il y a, en Tunisie, des grands donneurs d’ordres français qui ne paient pas plus cher », confie cet industriel de l’Ouest, bon connaisseur du pays. Les femmes qui acceptent ces salaires de misère sont souvent jeunes et célibataires. C’est le cas d’Ichraf, 24 ans, dont la famille a ardemment besoin du peu d’argent qu’elle rapporte chaque mois. Ou bien d’Aïda, 21 ans. « Nous sommes dix enfants ; seules ma sœur et moi qui avons un travail. Ma famille compte sur moi. » Elle vient de passer ouvrière professionnelle, après avoir été, pendant dix mois, apprentie, payée 65 € par mois.

Il y a des centaines d’Aïda dans les ateliers de Kasserine. À elles, n’allez pas parler des valeurs de partage et de diversité ethnique portées par la marque. « United colours », ça les ferait rire jaune, les petites mains de Kasserine.

Presse esclavagiste (Marc Mahuzier, Ouest-France.fr, 5 juillet 2011)

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10 janvier 2013 4 10 /01 /janvier /2013 13:58

MANUEL VALLS À MULHOUSE AUJOURD’HUI

Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a annoncé qu’il se rendrait aujourd’hui à Mulhouse (Haut-Rhin), théâtre récent de violences urbaines“inacceptables” commises par des “voyous” qui “veulent se faire des policiers”. Il y a eu des “incidents inacceptables, des violences à l’égard des forces de l’ordre”, a déclaré M. Valls dénonçant des “groupes de voyous (qui) s’en prennent à l’autorité de l’État”.

Le ministre a rappelé que trois quartiers de Mulhouse sont en Zone de sécurité prioritaire (ZSP) et qu’il irait donc “s’assurer des conditions de leur mise en place”. “Depuis la nuit de la Saint-Sylvestre”, a-t-il ajouté, ” il y a des renforts” et “l’ordre doit revenir dans cette ville où y a eu plusieurs interpellations”. “Il est inacceptable que des voyous veulent se faire des policiers”, a-t-il martelé.

Une centaine de policiers avaient été affectés provisoirement début janvier par l’Intérieur à Mulhouse, théâtre de plusieurs épisodes de violences urbaines, dont plusieurs pendant la nuit du Nouvel An. Le ministre s’était rendu à Mulhouse à la fin de l’été 2012 pour y annoncer la création de la ZSP.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 10 janvier 2013)

 

Mulhouse. Après la prise d’assaut d’un tram aux Coteaux 
UNE INFORMATION JUDICIAIRE OUVERTE POUR TENTATIVE DE MEURTRE

Deux jours après l’attaque d’une rame de tram dans le quartier des Coteaux, le parquet vient d’ouvrir une information judiciaire pour tentative de meurtre sur le conducteur de Soléa. Les trois mineurs encourent 20 ans de réclusion.

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Capture écran d’une vidéo amateur tournée à Mulhouse le samedi 5 janvier 2013 montrant l’attaque d’un Tram Soléa avec un cocktail molotov.

« Ils veulent la guerre ? Ils l’auront ! »… Les mots avaient été prononcés par le procureur de la République, Hervé Robin, vendredi après-midi à la préfecture de Colmar lors de la présentation du dispositif ZSP (zone de sécurité prioritaire) qui va être mis en place à Mulhouse. Il ne pensait certainement pas qu’il serait aussi vite rattrapé par la réalité du terrain et les événements survenus durant la nuit de samedi à dimanche. Dans le quartier des Coteaux, mais aussi ailleurs puisque l’on a appris que le samedi soir les CRS (envoyés en maintien de l’ordre à Mulhouse) étaient également la cible d’un jet de cocktail Molotov dans un autre quartier, celui de Bourtzwiller… Un acte heureusement sans conséquences.

Pour la délinquance des mineurs, les textes existent et sont d’actualité

Ce soir, le procureur de la République a tenu à faire un point sur les événements et a rappelé la position du parquet. « Depuis plusieurs mois maintenant, nous avons réévalué nos niveaux de réponse. Les textes de loi concernant la délinquance des mineurs et les violences urbaines existent depuis longtemps. Il faut savoir les utiliser et les appliquer : à la suite des événements des mois de juillet-août (dont un jet de cocktail Molotov sur un équipage de l’unité d’ordre public, notamment, Ndlr) nous sommes sortis des classiques poursuites pour des violences aggravées et nous avons remis au jour les attroupements armés, le guet-apens, la dissimulation de visage, l’utilisation de substances explosives. Illustration de la pertinence des textes, à l’audience du 30 novembre dernier, trois mis en cause dans ce type d’affaires ont écopé de trois ans de prison ferme avec mandat de dépôt».

Les mineurs encourent une peine de vingt ans de réclusion

Pour les événements survenus à la Zup des Coteaux, une nouvelle limite a encore été franchie. « Il y a manifestement eu une volonté homicide, estime le procureur de la République. D’ailleurs, comment pourrait-il en aller autrement lorsqu’un individu vient à trois mètres du tram et vise clairement la cabine du conducteur avec son cocktail enflammé ou un pavé ? Depuis cet été, ces voyous s’attaquent à tous, aux policiers, aux pompiers en service, aux équipages du Samu ou du SMUR. Le parquet a donc criminalisé l’ouverture de l’information judiciaire parce que les faits sont criminels. Il y a eu guet-apens, participation à un attroupement armé avec la circonstance aggravante de la dissimulation de visages. Nous avons aussi retenu contre les trois mineurs (âgés de 14, 16 et 17 ans) la tentative d’homicide mais également la destruction ou dégradation de biens en bande organisée à l’aide de moyens dangereux pour la sécurité des personnes. C’était vraiment l’attaque de la caravane au Far West. Des actes graves méritent des réponses significatives », martèle le procureur.

Pour ces faits, les trois mineurs encourent vingt ans de réclusion. Ils ont été déférés au parquet hier en fin d’après-midi et présentés en soirée au juge d’instruction. Le parquet a requis leur placement sous mandat de dépôt. L’enquête, qui va démarrer, devrait tenter d’identifier la dizaine d’autres individus qui ont participé à ce guet-apens.

À noter que dimanche soir Soléa a de nouveau suspendu la circulation de la Ligne 2 depuis l’arrêt Université après la découverte de barres de fer sur les rails dans la cité des Coteaux.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Alain Cheval, DNA.fr, 7 janvier 2013)

 

VIOLENCES. « ON A VOULU TUER » DES POMPIERS À MULHOUSE

Durant le réveillon, les sapeurs-pompiers intervenant à Mulhouse ont été encerclés par des groupes hostiles, insultés, visés par des tirs de feux d’artifices et des jets de pavés. Ils ont continué à assurer leurs missions et à secourir les victimes – dont une en arrêt cardiaque – avec « des prises de risque énormes », souligne leur directeur départemental. Mais être pris pour cible lorsque l’on a pour vocation d’aider les autres a été un choc rude.

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Le centre de commandement du commissariat de Mulhouse a observé une flambée de violence.

« À un moment donné, je dis même qu’on a voulu tuer », estime le maire Jean Rottner, qui a rencontré une délégation de pompiers en compagnie des représentants du Sdis, de l’État et d’autres élus, jeudi dernier.

« Les moutons que l’on mène à l’abattoir »

C’est aussi le message qu’ont fait passer les délégués CGT et FO des sapeurs-pompiers du Haut-Rhin dans un communiqué. « L’objectif des individus, qui ont lancé des pavés de plusieurs kilos à une distance de 3 mètres, est on ne peut plus clair : tuer ! Nous savons que notre métier est dangereux, nous nous entraînons pour en minimiser les risques, mais le comportement irrationnel de ces individus est imprévisible et a des conséquences directes sur la population mulhousienne. Briser le pare-brise d’une ambulance en est un exemple flagrant. Même en temps de guerre, ce type de véhicule est préservé ! »

Pour eux, ce genre de situation, « ultra-violente » et déjà rencontrée cet été, témoigne d’une « dégradation des conditions d’intervention » qui soulève des interrogations sur « le devenir de l’activité des sapeurs-pompiers dans cette ville ».

« Nous n’avons quasiment pas de droit de retrait et devons faire face à notre obligation de porter secours. Il arrivera un moment, vu les circonstances, où nous n’interviendrons plus. Il y a une limite à tout ! », préviennent-ils, avant de conclure, plutôt sceptiques sur l’effet du classement en ZSP : « Nous ne serons pas les moutons que l’on mène à l’abattoir ! Alors, Messieurs les élus et représentants de l’État, réagissez avant qu’il ne soit trop tard ! »

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LePays.fr, 7 janvier 2013)

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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 14:32

Stéphanie L. est médecin. Elle était présente le week-end dernier à Notre-Dame-des-Landes, où elle a soigné de nombreux blessés. Alarmée par la situation, elle a adressé le 26 novembre une lettre au préfet. Elle estime qu’il doit être informé des blessures constatées et des retards des secours, bloqués par les forces de l’ordre, dont il est responsable en tant que chef de police. Professionnelle sous serment, elle souhaite témoigner de manière anonyme.

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Monsieur le préfet,

En ma qualité de médecin, je suis intervenue à Notre-Dame-des-Landes samedi 24 et dimanche 25 novembre 2012. J’ai passé deux jours à soigner des blessés. Je tiens à porter à votre connaissance le nombre de blessés que nous avons eu à prendre en charge.

Pour le samedi 24 novembre :

11 blessures par flashball touchant : 
- Le thorax pour 2 personnes avec un doute sur une lésion hépatique, 
- La joue et la lèvre supérieure pour 1 personne avec probable lésion dentaire ou maxillaire, 
- Le genou pour 2 personnes, 
- Des doigts pour 2 personnes, 
- La cuisse pour 2 personnes, 
- Les côtes pour 1 personnes avec doute sur fracture de côtes, 
- Le poignet pour 1 personne,

3 traumatismes de genoux,

2 traumatismes de poignets,

1 plaie tympanique,

1 choqué par gaz,

1 plaie de crâne suturée par 2 points,

1 plaie de crâne suturée par 15 points,

6 blessures par explosion de bombes assourdissantes dont : 
- 3 impacts dans les cuisses de 3 personnes, 
- 1 impact dans l’avant-bras d’1 personne, 
- 1 impact dans la malléole d’1 personne, 
- 10 impacts dans les jambes d’1 personne, 
- 10 impacts dans les jambes d’1 personne avec probable lésion du nerf sciatique, 
- 1 impact dans l’aine d’1 personne avec suspicion d’un corps étranger près de l’artère fémorale.

J’insiste sur la gravité de ces blessures par explosions. Les débris pénètrent profondément dans les chairs risquant de léser des artères, nerfs ou organes vitaux. Nous avons retiré des débris de 0,5 à 1 cm de diamètre, d’aspect métallique ou plastique très rigide et coupant. D’autres, très profondément enfouis, ont été laissés en place et nécessiteront des soins ultérieurs. Impossible de prévoir les lésions secondaires !

Les hospitalisations n’ont pas été simples. Mon collègue a contacté le SAMU et l’ambulance des pompiers a été retardée par les barrages des forces de l’ordre, ce qui est inadmissible ! J’ai donc amené moi-même un deuxième blessé devant être hospitalisé. J’ai ainsi pu avoir des nouvelles d’une troisième personne hospitalisée dans la journée.

Pour le dimanche 25 novembre :

Une blessure par bombe assourdissante avec ablation d’un débris dans le doigt,

1 réfection d’un pansement de cuisse,

1 fracture de cheville,

1 blessure de main,

1 impact de flashball au thorax avec suspicion de fracture de côte et lésion pulmonaire.

Je ne vous fais ici que la liste des patients les plus gravement blessés. Il semble que l’on dénombre une centaine de blessés durant ces deux jours. Je vous précise également que nous tenons à votre disposition les photos des lésions constatées.

En ma qualité de médecin, je souhaite attirer votre attention sur la gravité des blessures infligées par l’utilisation des armes des forces de l’ordre et cela en dehors de toute considération partisane.

Dans l’espoir que ma description permette un usage plus mesuré de la force, veuillez croire, monsieur le Préfet, en ma respectueuse considération.

Stéphanie L., le 26 novembre 2012

Copie aux parlementaires de Loire Atlantique

Lettre manuscrite publiée sur le blog Dormirajamais

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