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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 18:42

À quoi servent les subventions des artistes du Projet 244 ?

Ce que vous nous avez pris, nous allons le reprendre.

Ils sont trop rares les espaces où on se sent bien, ou nous sommes libres d’être ce que nous sommes. C’est pourquoi ils nous tiennent à cœur, comme une rage fulgurante que nous portons et qui nous traverse un peu plus chaque jour.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/0320.jpg

On prend ce qui est vide, abîmé, et on les transperce de nos envies et de nos rêves. On en fait des courants électriques qui grenaillent dans les rues, ou dans les espaces aseptisés. On s’amuse autant que possible, car on ne sait jamais comment tout ça peut se terminer.

Par des expériences de luttes et de vies collectives, on réinvente des mondes, des zones à défendre, des rencontres offensives. Ce qui nous vaut d’être trop souvent marginalisé-es. Et alors quoi ?!? Faudrait-il se rabaisser ou se taire pour autant ? Se pacifier, pour vivre de frustration à l’égard de tout ce qui est potentiellement chargé d’intensité ? Nos couleurs sont criardes sur vos murs blancs.

Que la mairie ait choisi comme stratégie pour nous expulser de notre squat, de faire faire le sale boulot par des artistes soucieux de mettre à profit leurs zèles et leurs bonnes volontés, en dit long sur l’état de décomposition de cette société… La Culture est un monopole comme un autre, qui s’octroie et se défend au prix du spectacle de sa collaboration.

Vous avez tenté de nous virer comme des ordures à karchériser, mais rien à faire… on réapparaît toujours. Nous avons tenté de créer un consensus, d’aménager les modalités de notre « vivre ensemble », mais vous nous l’avez bien fait comprendre, il n’y a de vivre ensemble que dans les limites étroites de notre soumission commune aux modèles dominants…

Que pour finir, vous nous ayez offert le spectacle d’une telle ferveur à défendre la nécessité des transactions immobilières, de la propriété, et de l’aseptisation des centres-villes, au point d’en arriver à une telle violence, de nous foutre sur la gueule pour faire valoir votre « bon droit », ne peut que renforcer notre refus de toutes formes d’institutionnalisations, et de compromis avec celles-ci.

Alors on ne va pas faire les étonnés, ni jouer les victimes, quand des flics ou des artistes se pointent chez nous pour jouer l’inquisition, nous prendre ce que l’on a. C’est sûr on oublie vite sa vie de merde, quand il s’agit de détruire ou de contrôler celles des autres. Les prochains à vous faire expulser, c’est vous… Mais vous le savez déjà, puisque vous avez négocié, du moins pour les plus gros d’entre-vous, les conditions de votre propre karchérisation… « Vive l’art est publique. »

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/0415.jpg

On s’emmerde, on étouffe dans votre système de compromission… Alors une maison de plus expulsée, murée, saccagée, ça change rien. Mais soyez sûrs que les perturbations vont persister, quoi qu’il arrive.

On vit encore, on rit encore, au delà de vos prisons, à la recherche d’espaces hors-contrôles, de pratiques d’ensauvagement, d’histoire qui s’achève où commencent de nouvelles. Il est possible de composer avec nos vouloir vivre ensemble, mais certainement pas de s’adapter face aux contrôles, à la violence de votre « bon droit », ou à l’égard de ce que ce que nous désirons.

Thanks For The Future
mediatours.noblogs.org

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 11:30
Sophie Caillat | Journaliste Rue89

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Comment gagner encore du temps pour ne pas perdre la face ? C’est le dilemme de Jean-Marc Ayrault, grand promoteur du projet d’aéroport du Grand-Ouest à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes. Dans les couloirs de Matignon et du Parlement, il se murmure que les travaux ne pourront pas commencer avant les municipales. Soit dans plus d’un an. Alors qu’ils doivent officiellement démarrer au printemps.

Depuis ce mercredi, le dossier est devenu européen. La commission des pétitions du parlement européen (une procédure pré-contentieuse ouverte aux citoyens) a demandé à l’Etat français de lui donner, d’ici le 15 avril, des éclaircissements sur la façon dont il entend se conformer à la directive européenne sur l’eau et la protection des espèces. La direction générale de la concurrence s’est également saisie du sujet en raison des subventions publiques dont bénéficierait l’aéroport.

Ce mercredi ont été auditionnés à Bruxelles les opposants et promoteurs du projet. La commission a décidé que la « pétition » (la doléance) restait ouverte, ce qui fait dire à Sandrine Bélier, eurodéputée EELV présente à l’audition, que :

« L’Europe est saisie officiellement, ce n’est plus un dossier franco-français. Elle est à l’écoute et attend la réponse de l’Etat français, qui n’avait pas envoyé de représentant. Il est possible que la commission décide ensuite de se déplacer sur place pour constater si la France respecte le droit européen. »

Envoyer l’armée ?


Manifestation contre le projet d’aéroport à NDDL, le 20 mars 2013 (SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA)

Une étape importante a donc été franchie pour les opposants au dossier, même si la guerre de l’opinion fait rage, plus que jamais. L’Association citoyenne pour la réalisation d’un aéroport international à Notre-Dame-des-Landes (Acipran) a dénoncé ce jeudi une « agressivité inadmissible » contre l’Etat français de la part des députés européens. Et son président d’ajouter :

« Affirmer que l’Etat français ait tenté de créer sur le terrain une situation irréversible avec le recours à la forcé armée en est même une caricature. »

Pourtant, le recours à l’armée a bien été évoqué indirectement par Jacques Auxiette, président de Région et du syndicat mixte aéroportuaire, qui a déclaréà Ouest-France :

« Ce n’est pas plus compliqué qu’au Mali ! Assumer quand on expulsera. C’est ça l’Etat de droit. Le rôle de l’Etat n’est pas d’être complice. »

Une sortie très mal prise par les écologistes. Jean-Philippe Magnen, porte-parole d’EELV et vice-président de la Région :

« n’imagine pas comment Matignon, qui a témoigné d’une volonté d’apaisement, pourrait ordonner les expulsions et le démarrage des travaux comme prévu en avril ».

« On ne pourra plus construire d’infrastructure en France »

Début avril justement, le Premier ministre se verra remettre les conclusions de la « commission du dialogue » installée en décembre. Son président, Claude Chéreau, a confié au Monde ses doutes sur la pertinence des arguments des pro-aéroports.

La commission est partagée et « pourrait suggérer au gouvernement des compléments d’enquête », qui ferait prendre du retard au projet. Les écologistes ne s’attendent pas pour autant à ce que la commission plaide pour un moratoire, souhaité par eux.

Commentaire de Françoise Verchère, conseillère générale Front de gauche opposée au projet reçue par la commission du dialogue :

« Ils nous ont dit qu’ils étaient embêtés, car si on ne fait pas cet aéroport, ça veut dire qu’on ne peut plus construire d’infrastructures en France. Nous, on attend qu’ils nous justifient factuellement en quoi le bruit et les prévisions de trafic rendent nécessaire un nouvel aéroport. Les problème, c’est qu’ils n’arrivent pas à remettre en cause un choix fait il y a quarante ans, ils n’arrivent pas à changer de logiciel. »

Le lancement d’une étude sur l’optimisation de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique serait une voie de sortie honorable. Pendant que les commissions dialoguent et pétitionnent, l’occupation du terrain s’amplifie. La zone est défendue par bien plus de gens qu’en octobre, au moment des premières interventions policières.

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 11:13

Au squat-cantine des Pyrénées, menu à 5 euros et police au dessert

Parfois, c’est l’actualité qui vient à Rue89, et pas l’inverse. En 2009, la pépinière d’entreprises où nous étions installés rue des Haies, dans le bas du XXe arrondissement de Paris, avait été occupée par les mal-logés en colère.

Voilà La Cantine des Pyrénées, un squat organisé en « cantoche qui veut changer le monde » comme l’écrit Guillemette Faure dans Le Monde magazine, prise pour cible d’un impressionnant dispositif policier.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/0218.jpg

Intervention policière à La Cantine des Pyrénées, dans le XXe arrondissement de Paris, 19 mars 2013

Cela se passe toujours sous nos fenêtres, mais cette fois rue des Pyrénées, où la rédaction a déménagé en mars 2010. Même arrondissement, autre quartier populaire du nord-est parisien.

Monroe et Chaplin, reliques du Bar des amis

Le principe du lieu est simple : le plat est à 3 euros, le menu complet à 5 euros et « le reste est gratuit » : les cours de français, le ciné-club, les ateliers d’écriture… On y croise donc une population variée, du clochard au retraité, en passant par le journaliste ou le retoucheur.

Du Bar des amis, le commerce auquel le squat a succédé après plusieurs mois de vacance, sont restés les photos de Marilyn Monroe et de Charlie Chaplin accrochés aux murs vieux rose.

Les chaises ont été remplacées par des bancs, et de grandes nappes en toile cirée sont venues recouvrir les grandes tables. Chacun prend son assiette sur la pile, ses couverts sur la table, coupe son pain et remplit son auge à la marmite.

Le (maigre) stock d’alcool photographié

Mardi, il est un peu plus de midi quand deux douzaines de fonctionnaires – des policiers en uniforme et en civil, des agents de l’Urssaf et d’autres des Douanes – débarquent sous nos fenêtres.

Le commissaire du XXe arrondissement semble diriger l’opération, dont l’objectif n’est pas très clair. Il m’indique d’emblée qu’il ne communiquera aucune information « ni maintenant, ni plus tard ».

Après avoir photographié le stock d’alcool (une vieille bouteille de rhum vide et trois cubis à moitié pleins) et contrôlé les papiers d’identité, ils embarquent trois membres de l’association au commissariat.

« Ils cherchent un moyen de nous faire chier »

Une heure plus tard, de retour de l’interrogatoire, les membres de La Cantine me livreront leur récit. Blasés, les jeunes gens ont « fait les têtes de mule » face aux fonctionnaires :

« Ils cherchaient des travailleurs clandestins, mais tout le monde est bénévole.

Ils pensaient trouver des stocks de boisson, et ils ont été déçus.

Ils voulaient savoir combien coûtaient les repas, si on vendait des boissons, où on se fournissait…

Ça n’avait rien à voir avec le bail, ils savent qu’on est un squat [La Société civile immobilière propriétaire du fonds de commerce a lancé le 10 janvier la procédure en vue de l’expulsion, et une audience a été fixée au 24 mai devant le tribunal de grande instance], mais ils cherchent un moyen de nous faire chier. »

Des coups de marteau sur la vitrine

La Cantine des Pyrénées est née un jour de fin décembre, après une courtoise visite au même commissariat du XXe. « On est venus dire : “Bonjour, on est là depuis plus de quarante-huit heures” » [Lorsque des squatteurs investissent un lieu, la police peut les expulser sans délai dans les 48 premières heures. Au-delà, il faut que le propriétaire lance une procédure judiciaire.], raconte un des membres de l’association Kulture Zéphémère.

Les tenanciers du Bar des amis avaient été expulsés voilà plusieurs mois, et une trentaine de jeunes militants du quartier avaient décidé d’ouvrir une cantine. Ils avaient noué des liens autour du squat du 260, rue des Pyrénées ou sur Indymedia Paris, site communautaire de convergence entre les luttes sociales.

En choisissant de squatter illégalement un local commercial, ils savaient que leur lieu serait condamné à une existence brève. Mais grâce aux lourdeurs de la justice, ils espèrent durer au-delà de la trêve hivernale, qui prend fin le 1er avril.

En trois mois, ils ont déjà eu la visite : des policiers du quartier, venus constater l’occupation du lieu ; du propriétaire, ou plutôt de son homme de main qui, armé d’un marteau a tenté début janvier de défoncer la vitrine, debout sur une échelle – alertée par les squatteurs, la police l’a convaincu d’arrêter et l’épisode s’est terminé par une simple main courante ; des services de l’hygiène, qui ont vérifié l’installation et n’ont rien eu à redire.

Ne manquait plus que l’Urssaf, donc. Les agents de contrôle agissaient sur réquisition du procureur, probablement averti par la mairie, des voisins ou la police.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/0317.jpg

Le squat-resto La Cantine des Pyrénées

Tombés d’accord sur un seul court texte

« Je ne me fais aucune illusion sur cette police qui est là pour défendre l’ordre établi par la “bourgeoisie”… enfin, je ne sais pas quel autre mot employer », lâche l’un des responsables, dans une éprouvante tentative d’autodéfinition.

Le seul texte sur lequel ils ont réussi à se mettre d’accord est ce court document de présentation signé de « chômeurs, travailleurs, précaires, sans-papiers, habitants du quartier ou pas ».

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/0513.jpg

Ils y estiment qu’« à plusieurs, on est plus forts pour affronter nos galères, nos problèmes d’argent et nos difficultés face aux institutions et aux patrons ».

Internet et la presse ne sont pas les bienvenus. Ici on lit « Paris20, Infos et lutte de classe », et on peut consulter le livret de la Caisse d’autodéfense juridique collective à Paris, où on apprend comment s’organiser face à la répression policière.

« Il en faudrait un dans chaque quartier »

Mettre une étiquette sur La Cantine est la dernière des choses à faire. Seule certitude, celle d’innover : selon ses initiateurs, c’est le premier squat-resto de Paris, et ce n’est pas rien.

Quand l’un commence à revendiquer une filiation « avec des initiatives qu’on a vues en Argentine ou en Grèce », l’autre le renie estimant qu’il n’y a « aucun corpus idéologique commun, seulement la rencontre d’initiatives concrètes ». Puis, cet avertissement :

« Attention à ne pas dire “vous” : l’idée d’un groupe à l’identité définie est un fantasme. Moi, je viens cuisiner ici le jeudi et je ne suis pas sûre de partager beaucoup plus que La Cantine. »

Chez les clients, le sentiment d’appartenance à une expérience collective particulière s’enracine doucement. Beaucoup prennent des nouvelles de la procédure judiciaire en cours. « On sera encore là en juin », le rassure un membre.

« Il en faudrait un dans chaque quartier », dit un habitué. S’attabler tout seul ici lui permet de discuter plus facilement avec des voisins qui n’étaient jusque-là que des visages. « Ce n’est pas un lieu de rencontres mais un lieu où l’on fait des rencontres »…

Leur presse (Sophie Caillat, Rue89, 21 mars 2013)

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 11:11

Au squat-cantine des Pyrénées, menu à 5 euros et police au dessert

Parfois, c’est l’actualité qui vient à Rue89, et pas l’inverse. En 2009, la pépinière d’entreprises où nous étions installés rue des Haies, dans le bas du XXe arrondissement de Paris, avait été occupée par les mal-logés en colère.

Voilà La Cantine des Pyrénées, un squat organisé en « cantoche qui veut changer le monde » comme l’écrit Guillemette Faure dans Le Monde magazine, prise pour cible d’un impressionnant dispositif policier.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/0218.jpg

Intervention policière à La Cantine des Pyrénées, dans le XXe arrondissement de Paris, 19 mars 2013

Cela se passe toujours sous nos fenêtres, mais cette fois rue des Pyrénées, où la rédaction a déménagé en mars 2010. Même arrondissement, autre quartier populaire du nord-est parisien.

Monroe et Chaplin, reliques du Bar des amis

Le principe du lieu est simple : le plat est à 3 euros, le menu complet à 5 euros et « le reste est gratuit » : les cours de français, le ciné-club, les ateliers d’écriture… On y croise donc une population variée, du clochard au retraité, en passant par le journaliste ou le retoucheur.

Du Bar des amis, le commerce auquel le squat a succédé après plusieurs mois de vacance, sont restés les photos de Marilyn Monroe et de Charlie Chaplin accrochés aux murs vieux rose.

Les chaises ont été remplacées par des bancs, et de grandes nappes en toile cirée sont venues recouvrir les grandes tables. Chacun prend son assiette sur la pile, ses couverts sur la table, coupe son pain et remplit son auge à la marmite.

Le (maigre) stock d’alcool photographié

Mardi, il est un peu plus de midi quand deux douzaines de fonctionnaires – des policiers en uniforme et en civil, des agents de l’Urssaf et d’autres des Douanes – débarquent sous nos fenêtres.

Le commissaire du XXe arrondissement semble diriger l’opération, dont l’objectif n’est pas très clair. Il m’indique d’emblée qu’il ne communiquera aucune information « ni maintenant, ni plus tard ».

Après avoir photographié le stock d’alcool (une vieille bouteille de rhum vide et trois cubis à moitié pleins) et contrôlé les papiers d’identité, ils embarquent trois membres de l’association au commissariat.

« Ils cherchent un moyen de nous faire chier »

Une heure plus tard, de retour de l’interrogatoire, les membres de La Cantine me livreront leur récit. Blasés, les jeunes gens ont « fait les têtes de mule » face aux fonctionnaires :

« Ils cherchaient des travailleurs clandestins, mais tout le monde est bénévole.

Ils pensaient trouver des stocks de boisson, et ils ont été déçus.

Ils voulaient savoir combien coûtaient les repas, si on vendait des boissons, où on se fournissait…

Ça n’avait rien à voir avec le bail, ils savent qu’on est un squat [La Société civile immobilière propriétaire du fonds de commerce a lancé le 10 janvier la procédure en vue de l’expulsion, et une audience a été fixée au 24 mai devant le tribunal de grande instance], mais ils cherchent un moyen de nous faire chier. »

Des coups de marteau sur la vitrine

La Cantine des Pyrénées est née un jour de fin décembre, après une courtoise visite au même commissariat du XXe. « On est venus dire : “Bonjour, on est là depuis plus de quarante-huit heures” » [Lorsque des squatteurs investissent un lieu, la police peut les expulser sans délai dans les 48 premières heures. Au-delà, il faut que le propriétaire lance une procédure judiciaire.], raconte un des membres de l’association Kulture Zéphémère.

Les tenanciers du Bar des amis avaient été expulsés voilà plusieurs mois, et une trentaine de jeunes militants du quartier avaient décidé d’ouvrir une cantine. Ils avaient noué des liens autour du squat du 260, rue des Pyrénées ou sur Indymedia Paris, site communautaire de convergence entre les luttes sociales.

En choisissant de squatter illégalement un local commercial, ils savaient que leur lieu serait condamné à une existence brève. Mais grâce aux lourdeurs de la justice, ils espèrent durer au-delà de la trêve hivernale, qui prend fin le 1er avril.

En trois mois, ils ont déjà eu la visite : des policiers du quartier, venus constater l’occupation du lieu ; du propriétaire, ou plutôt de son homme de main qui, armé d’un marteau a tenté début janvier de défoncer la vitrine, debout sur une échelle – alertée par les squatteurs, la police l’a convaincu d’arrêter et l’épisode s’est terminé par une simple main courante ; des services de l’hygiène, qui ont vérifié l’installation et n’ont rien eu à redire.

Ne manquait plus que l’Urssaf, donc. Les agents de contrôle agissaient sur réquisition du procureur, probablement averti par la mairie, des voisins ou la police.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/0317.jpg

Le squat-resto La Cantine des Pyrénées

Tombés d’accord sur un seul court texte

« Je ne me fais aucune illusion sur cette police qui est là pour défendre l’ordre établi par la “bourgeoisie”… enfin, je ne sais pas quel autre mot employer », lâche l’un des responsables, dans une éprouvante tentative d’autodéfinition.

Le seul texte sur lequel ils ont réussi à se mettre d’accord est ce court document de présentation signé de « chômeurs, travailleurs, précaires, sans-papiers, habitants du quartier ou pas ».

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/0513.jpg

Ils y estiment qu’« à plusieurs, on est plus forts pour affronter nos galères, nos problèmes d’argent et nos difficultés face aux institutions et aux patrons ».

Internet et la presse ne sont pas les bienvenus. Ici on lit « Paris20, Infos et lutte de classe », et on peut consulter le livret de la Caisse d’autodéfense juridique collective à Paris, où on apprend comment s’organiser face à la répression policière.

« Il en faudrait un dans chaque quartier »

Mettre une étiquette sur La Cantine est la dernière des choses à faire. Seule certitude, celle d’innover : selon ses initiateurs, c’est le premier squat-resto de Paris, et ce n’est pas rien.

Quand l’un commence à revendiquer une filiation « avec des initiatives qu’on a vues en Argentine ou en Grèce », l’autre le renie estimant qu’il n’y a « aucun corpus idéologique commun, seulement la rencontre d’initiatives concrètes ». Puis, cet avertissement :

« Attention à ne pas dire “vous” : l’idée d’un groupe à l’identité définie est un fantasme. Moi, je viens cuisiner ici le jeudi et je ne suis pas sûre de partager beaucoup plus que La Cantine. »

Chez les clients, le sentiment d’appartenance à une expérience collective particulière s’enracine doucement. Beaucoup prennent des nouvelles de la procédure judiciaire en cours. « On sera encore là en juin », le rassure un membre.

« Il en faudrait un dans chaque quartier », dit un habitué. S’attabler tout seul ici lui permet de discuter plus facilement avec des voisins qui n’étaient jusque-là que des visages. « Ce n’est pas un lieu de rencontres mais un lieu où l’on fait des rencontres »…

Leur presse (Sophie Caillat, Rue89, 21 mars 2013)

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 21:57

Squatting Europe Kollective est un réseau transnational d’activistes et d’activistes-chercheurs réunit par la même volonté de réfléchir à des problématiques spécifiques rencontrées par les mouvements squats de nos différents pays (criminalisation/négociation/institutionnalisation, histoire et situation actuelle des mouvements dans chaque pays, genre, rapport individu/collectif, squat urbain/squat rural, etc.).

Activistes et activistes-chercheurs apportent leurs compétences particulières dans la volonté de supprimer la rupture entre des recherches de plus en plus soumises à une libéralisation massive et l’engagement politique dont nous nous réclamons. Indépendant de toute université, agence étatique, ONG, association ou compagnie privée, ce collectif autogéré a donc entre autre pour but de lutter contre l’attaque néo-libérale du savoir et entend promouvoir le partage des connaissances et des méthodes de réflexion par et pour les activistes.

Initié en 2009 par Miguel Martinez du Centro Social Casablanca de Madrid (expulsé en 2012), le réseau représenté par une mailing-list permet la création permanente de collectifs dont les buts sont fixés horizontalement et par consensus durant les rencontres en face-à-face, préparées par les débats lancés sur la mailing-list. Notre activité principale consiste à se réunir deux ou trois fois par an dans des villes différentes ou des membres du collectif organisent plusieurs jours de rencontres et de débats avec les squatteurs locaux. Les meetings permettent notamment aux individus de différents pays d’échanger et de lancer des initiatives de réflexions ou d’actions (par exemple des soutiens transnationaux) dans ou en dehors du réseau.

La prochaine rencontre aura lieu à Paris du 20 au 24 mars.

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17 mars 2013 7 17 /03 /mars /2013 09:32

Montpellier : la police expulse une douzaine de squatteurs

Présentés comme appartenant à une mouvance anarchiste par les forces de l’ordre, ils occupaient un logement situé à proximité de l’ancien site militaire de l’EAI.

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/305.jpg

L’été dernier, le GIPN était aussi intervenu pour expulser les Indignés des arbres de l’Esplanade.

Une nouvelle évacuation s’est déroulée vendredi soir, à proximité de l’ancien site militaire de l’EAI. Au 8 avenue Lepic, pour être précis. Une douzaine de squatteurs, présentés comme appartenant à une mouvance anarchiste par les forces de l’ordre, ont tenté de s’introduire dans un appartement inoccupé depuis peu.

Depuis le décès de son propriétaire, le logement fait l’objet d’une succession auprès des descendants. Il doit être rénové avant d’être vendu.

Éviter que les squatteurs montent sur le toit

Les policiers, à la demande du parquet, ont réussi à faire la démonstration que le logement n’était pas occupé depuis plus de 48 heures afin de procéder à l’évacuation dans les délais légaux.

Autre problème : éviter que des squatteurs ne parviennent à rejoindre le toit de l’immeuble, ce qui aurait nécessité l’intervention du groupement d’intervention de la police nationale (GIPN) qui vient de Marseille, comme ce fut le cas, voici trois semaines, dans la rue du Faubourg-du-Courreau.

Le logement a été évacué sans heurt et rendu à ses propriétaires non sans avoir été mis en sécurité pour éviter une nouvelle intrusion.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (MidiLibre.fr, 16 mars 2013)

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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 09:31

LA CUISINE EST BONNE. LA CAUSE EST JUSTE. Mais il y a un problème avec la musique. On peut avoir de l'empathie pour les manifestants rassemblés devant le siège de Goodyear à Rueil-Malmaison sans forcément vouloir les mettreen fond sonore au resto. "Vous pouvez être fiers de ce que vous faites, camarades !" hurle une voix retransmise sur la radio Paris Fréquence Plurielle pendant qu'on se demande si c'est de la badiane qui parfume les poires au sirop. « Sanofi ! Un milliard de bénéfices après impôts, et il y a une restructuration !"tempêtait la radio un peu plus tôt lorsque nous en étions au couscous. Le couscous, c'est le menu de ce vendredi. Salade, couscous, poires au sirop. Menu à 5 euros. Verre de vin à 1 euro. "Vous avez mangé chez Tarnac ?" blaguent des copains de Rue89 sur le trottoir d'en face.

En réalité, l'endroit s'appelle La Cantine des Pyrénées : c'est indiqué sur la bâche qui recouvre l'enseigne originale du Bar des amis, situé rue des Pyrénées, à Paris. De l'ancienne enseigne, l'ardoise avec les prix des plats du jour, les sandwichs au "camomber" et à l'"emantale" a disparu. Les petites tables ont été remplacées par trois longues tables couvertes d'une toile cirée. Les couverts sont rangés au milieu, dans des pots placés entre les carafes d'eau et les tubes de harissa. Pour les assiettes, allez les chercher, c'est "semi-self". "Servir, c'est contraire aux relations humaines" : tel est le credo de la jeune équipe. Des paquets de pâtes, des sacs de lentilles et un gros pot de Nutella sont serrés sur une étagère. Sur le comptoir, un plan de la salle à manger avec un tableau portant en abscisse les numéros des différentes tables et en ordonnée ce qui a été consommé. Une croix signale que la note a été réglée. "Nous avons besoin de couverts, cafetière, micro-onde, grands saladiers", est-il écrit sur un grand panneau. Sur un autre sont indiquées les règles à suivre pour revendre en barquettes les restes de son déjeuner, à 50 centimes d'euro. Pas de gâchis. Des "moustachus parce que c'est la mode", des "moustachus qui ont traversé toutes les modes", des "tout seuls", des "en bande de copains", une qui sort le tract anticolonialiste de la semaine et un lecteur du Parisien, on voit beaucoup de monde sur les bancs, sauf le serrurier d'à côté. A 5 euros, il préfère un sandwich-frites. Pourquoi venir déjeuner ici alors que le resto aura disparu d'ici la fin mars ? C'est le scénario qui lui semble le plus probable car il a vu passer, il ne sait plus dans quel ordre, le propriétaire, un avocat, le propriétaire, des coups de marteau aux fenêtres, le propriétaire, lapolice.

"Les squatteurs", pour reprendre les mots des commerçants de la boutique voisine, ont ouvert la cantine il y a presque deux mois. Comment ont-ils eu accès au restaurant ? Ils connaissaient les anciens locataires de l'appartement à l'étage. On n'en saura pas plus. "Vous êtes la presse nationale ? C'est pas notre priorité. Pour le moment, on essaie d'exister dans le quartier." Des affichettes ont ainsi fleuri sur les réverbères, les meubles urbains et dans les associations du quartier."La cantine est pas chère, le reste est gratuit", promet le flyer. A l'intérieur, un grand panneau récapitule les activités de la semaine. Ecrivain public le jeudi, atelier réparation le mercredi et ciné-club le dimanche - "parce qu'il y a du pop-corn et que la boxe, l'amour et la lutte des classes au ciné, c'est mieux qu'à la télé".

A un bout du zinc, un bol bleu délivre un message aux plus fortunés : "Si vous voulez, pouvez, donnez plus." Au milieu du zinc, un tronc pour soutenir les ouvriers de PSA en grève. A l'autre bout, un carnet pour s'inscrire afin de donnerdes cours de français. Le mouvement Occupy Wall Street voulait changer le monde : après plusieurs jours de campement, une cantine avait été organisée. Ici, on part d'une cantine pour changer le monde.

Guillemette Faure

 

 

 

 

 

de leur monde.fr

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11 mars 2013 1 11 /03 /mars /2013 11:12

Le 22 octobre 2012, les flics ont une fois de plus viré un squat à peine ouvert [Même s’ils ont un peu galéré : le maniement de la pince monseigneur n’est pas enseigné à l’école de police].

http://juralib.noblogs.org/files/2013/03/029.jpg

Profitant de l’inexpérience du collectif d’habitant-e-s, les keufs ont utilisé leurs sales méthodes d’intimidations et ont réussi à diviser en faisant peur à celles et ceux qui prenaient le plus de risques. Les pandores ont fini par interdire l’entrée à la majorité des habitant-e-s sorti-e-s ensembles pour discuter avec la bleusaille. Dans le squat, il ne restait plus que deux personnes : une bloquée dans la cour, l’autre sur le toit.

Ce qui devait être pour les agents sournois de l’État, une simple formalité de défense de la propriété qu’elle soit publique ou privé [Les deux en l’occurrence le propriétaire étant la S.I.E.M.P : Société Immobilière d’Économie mixte de la Ville de Paris] et d’étouffement de tout ce qui s’organise en dehors du Pouvoir, s’est transformé en une conflictualité qui a laissé bouche bée les primo-protagonistes bleutés.

Comme à son habitude quand une mouche l’asticote, le Pouvoir lui envoie une armée. C’est vrai qu’à rue des Bois les habitant-e-s du 19e ont l’habitude d’assaisonner le poulet au pot de pâte à tartiner et à la canette de bière. Cette fête de quartier, rythmée par le bal des pompiers s’est terminée, au bout de 3 heures de danse endiablée, par la mise en cage de l’oiseau qui n’a pas pu s’envoler.

Il passera en procès le 14 mars 2013 à 13h
23e chambre 1 au Tribunal de Grande Instance de Paris
Métro Cité.

Les chefs d’inculpations sont :

- Jet de projectiles
- Outrage
- Dégradation grave d’un bien public
- Refus de la signalisation (empreintes palmaires et photos)
- Refus du prélèvement ADN.

Mais surtout d’avoir refusé la banalité qui consiste à jeter à la rue des femmes, des hommes et des enfants pour ne pas avoir demandé au ministère du logement de leur ouvrir un squat.

La solidarité est la bienvenue en cette période de fin de trêve hivernale [Si elle existe ? Au vu des nombreuses expulsions de squats qui ont eu lieu cette hiver].

Le Cri Du Dodo, 5 mars 2013

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11 mars 2013 1 11 /03 /mars /2013 11:00

Procès au tribunal de Pantin

Le greffier a « l’honneur de nous aviser » du « dernier renvoi » de la procédure du 57 avenue de la République.

On ira le 12 Mars 2013 à 9h30 au tribunal d’instance de Pantin pour assister au spectacle (41 rue Delizy, Pantin (93), M° Église de Pantin).

Ceci est donc un appel à venir nombreux en soutien à notre courageux camarade qui prendra la barre. Et puis ça foutra un peu la pression à la juge, qui nous a déjà montré sa haute estime du public qui assiste à ses audiences… (dédicace au grand qui baille !)

Venez nombreux donc,

Transfo – 57, avenue de la République, à Bagnolet, Seine-Saint-Denis style. Ouvert depuis novembre 2012

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 11:57
http://juralib.noblogs.org/files/2013/02/0124.jpg

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Infos Anti-autoritaires en Cévennes à l’Assaut des Montagnes !, 23 février 2013

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