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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 10:09

Plus de 400 personnes ont participé à la manifestation antiraciste et antifasciste à Besançon ce Samedi 23 mars 2013.

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Le point de départ était fixé à 15h place de la Révolution. C’est une vraie manifestation dynamique et populaire qui a eu lieu, où tous les âges, tous les quartiers et des sensibilités politiques très diverses ont été représentés, dans une bonne ambiance évidente.

La manifestation a entonné de nombreux slogans antifascistes, comme :

« Besançon est antifasciste », « Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos » ou encore le traditionnel « Alerta antifascista ».

La banderole de tête reprenait le titre donné à la mobilisation « Stop aux agressions racistes et fascistes ! ». On aussi pu voir une autre banderole, syndicale, où était écrit : « le fascisme c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève ».

Le cortège est passé par toutes les places du centre ville : Révolution, Huit Septembre, Pasteur, Granvelle, Victor Hugo pour prendre fin à la porte de Rivotte, quartier où ont eu lieu plusieurs des agressions nazies répertoriées.

Les passants et Bisontin.e.s ont accueilli avec joie, sourires et encouragements la manifestation. Certains passants nous ont dit « Merci de réagir, il est enfin de temps que cela cesse » (en parlant des agressions racistes et de ceux qui font de la haine raciale leur fond de boutique).

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À l’issue de la manifestation, des prises de parole ont eu lieu pour rappeler le contexte des agressions racistes et/ou fascistes (au moins 6 connues depuis début 2013), le quartier de résidence des néonazis (quartier Brégille), ou encore que le Collectif Antifasciste de Besançon a été créé pour proposer aux Bisontin.e.s un espace d’organisation et de lutte contre le racisme et le fascisme.

Pour le Collectif Antifasciste de Besançon c’est une mobilisation forte et réussie qui a été largement partagée avec la population de Besançon et alentours. Une victoire politique et une démonstration de force que Besançon reste une ville qui refuse les idées racistes et puantes véhiculées par les groupuscules d’extrême-droite.

Dans les temps futurs, nous invitons les Bisontin.e.s à se tenir informer sur notre blog, cette manifestation étant la première pierre d’une mobilisation et d’une résistance de plus longue haleine, à construire ensemble.

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QUELQUES CORRECTIONS S’IMPOSENT

Il nous faut cependant démentir une information erronée, reprise par les journalistes del’Est Républicain et de France 3.

Un groupe d’une dizaine de néonazis était effectivement présent en ville : ce qui a amené un groupe d’environ 30 antifascistes à aller sécuriser les abords de la manifestation. C’est au croisement de la rue Pasteur et de la rue d’Anvers que ce groupe d’antifascistes a décidé de sortir de la manifestation.

Pendant que la manifestation continuait son chemin rue Mégevand puis rue Granvelle, les antifascistes mobiles sont passés par la rue d’Anvers pour rejoindre la Grande Rue, la place du Huit Septembre, puis rue de la République, rue Proudhon et enfin rue Bersot, rue des Granges et rue de la Bibliothèque, dans le but de rejoindre le cortège de la manifestation Grande Rue.

Ce qui aurait dû se réaliser à ce moment là, c’est que les deux groupes (la manifestation et le groupe qui en était sorti 10/15 minutes auparavant), à moins de 70 mètres l’un de l’autre, se retrouvent. Cela a été empêché par l’intervention policière : soit générée par de la malveillance, soit par une incompréhension de la situation, en tout cas dû au manque évident de coordination des forces de police.

À noter que tout au long de l’excursion du groupe d’antifascistes, deux motards au moins de la police nationale ont suivi le groupe, entendant distinctement les slogans antifascistes chantés dans le centre ville.

Ce sont les deux policiers en tête de manifestation qui semblent ne pas avoir compris la situation : croyant voir arriver en face des néonazis/opposants lorsque le groupe d’antifascistes a souhaité rejoindre le cortège, ils ont alors appelé les renforts très proches, qui ont déboulé en fourgon et ont chargé sans sommation le groupe d’antifascistes, appuyé par la BAC. Un camarade a alors pris un coup de matraque sur le bras, au niveau du poignet. Il n’y a pas eu d’arrestation. Toute une partie du groupe d’antifascistes n’a alors pas pu rejoindre le cortège, ce qui a été finalement fait rue Rivotte.

Les affirmations des journalistes de l’Est Républicain et de France 3 sont ainsi erronées : ce qui est manifestement une intervention maladroite (et/ou une provocation policière) s’est transformée en une attaque des néonazis, permettant ainsi de titrer « Manifestation antifasciste sous tension », alors que cette manifestation était parfaitement détendue et bon enfant.

Le CAB corrige les affirmations de la presse :

Un groupe de néonazis était effectivement présent en ville ce samedi après-midi, en début de manifestation. Ils se sont retrouvés dans un bar non loin de la place de la Révolution. Ils étaient 11 néonazis, les mêmes qui commettent les agressions depuis presque 3 ans maintenant. Au moins 2 d’entre eux se sont fait interpellés au centre ville, pendant que la manifestation avait lieu, et plusieurs étaient en possession d’armes.

En fait, la manifestation et ses abords n’ont à aucun moment été perturbés par ces néonazis ; l’ampleur de celle-ci leur démontrant clairement la résistance des habitant.e.s de Besançon face à leur idéologie de violence et de haine.

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Collectif Antifasciste de Besançon, 25 mars 2013

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Published by coutoentrelesdents - dans LUTTES
26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 10:05

Égypte : la peur et l’initiative changent de camp

Les derniers évènements du 22 mars baptisés “bataille de la colline”, lors de laquelle des milliers de manifestants ont tenté de mettre à sac le Quartier Général des Frères Musulmans dans le quartier de Moqattam au Caire et l’ont fait réellement dans le quartier de Monial ou dans les villes de Mahalla, Alexandrie ou Mansoura, ont mis au grand jour les évolutions souterraines de la conscience politique des Égyptiens ces derniers mois.

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Les policiers et les islamistes ont peur

Lors de la révolution du 25 janvier 2011, les Égyptiens disaient que le principal acquis de la révolution était qu’ils n’avaient plus peur.

Deux ans et deux mois après, sous le régime militaire du CSFA ou celui des Frères Musulmans et leurs alliés salafistes et jihadistes, malgré l’utilisation régulière par les forces de police de balles réelles contre des manifestants pacifiques faisant des milliers de blessés et des centaines de morts, malgré les 12 à 15’000 condamnations à la prison de manifestants, malgré les tribunaux militaires pour les civils, les violences des milices islamiques, les détentions illégales, la torture y compris à l’encontre des enfants, les centres de détentions illégaux livrés au sadisme de tortionnaires, les obligations aux tests de virginité pour les manifestantes, leurs viols fréquents, malgré les arrestations arbitraires, des procureurs aux ordres, les mensonges, les fabrications de preuves, les faux examens médicaux, les multiples lois qui restreignent ou interdisent grèves et manifestations, malgré les lois martiales et les couvre feux, malgré les chars dans les rues, devant les écoles et les usines, malgré les menaces des chefs religieux musulmans ou chrétiens que les manifestants finissent brûlés en enfer, malgré les appels de l’opposition laïque du FSN au calme et aux manifestations pacifiques, malgré sa dénonciation des manifestants qui se défendent comme ils peuvent face à la violence institutionnelle, malgré ses projets actuels de co-gouverner avec les salafistes et les Frères Musulmans, malgré tout cela, la violence policière du régime ne fait plus rentrer les gens chez eux, terrorisés, mais les fait au contraire descendre dans la rue encore plus nombreux, encore plus en colère, encore plus déterminés et conscients.

Au point que le sport national est en passe de devenir l’incendie de préfectures, commissariats, véhicules de police et tous bâtiments appartenant à la police mais aussi aux Frères Musulmans et leur parti ainsi que le blocage des routes et des voix ferrées. Et il ne s’agit pas du passe temps de jeunes militants révolutionnaires dans les grandes villes mais de celui de tout un peuple jusque dans le plus petit village du pays.

Cela fait que maintenant — on l’a vu tout particulièrement en ces mois de février et mars 2013 — la peur a changé de camp : les policiers et les islamistes ont peur et tout le monde le voit. Il y a encore peu, même après la révolution, contre les violences de l’État ou des islamistes, on courbait le dos, on espérait au mieux une enquête et on protestait pacifiquement dans la rue. La police usait de violences contre ces manifestations et on recommençait. Une minorité seulement osait relever vraiment la tête et répondre. La presse, le plus souvent, s’accordait alors pour dénoncer la fatigue du peuple égyptien qui n’aurait plus supporté les violences exagérées de ses jeunes révolutionnaires. Aujourd’hui, cet état d’esprit est très largement dépassé et c’est tout un peuple qui a à l’esprit, “sang pour sang” et justice populaire directe.

Les policiers humiliés, apeurés, incertains de leur avenir, sous les ordres de Frères Musulmans qu’ils pourchassaient hier, se sachant haïs par un peuple qui n’a plus peur d’eux, remplissent les hôpitaux psychiatriques ou font grève comme en mars, face à un choix d’une logique infernale pour eux : soit le droit d’encore plus tuer et torturer soit leur fuite avec drapeau blanc comme on a vu certains policiers le faire à Port-Saïd en février soit encore faire pression sur le gouvernement comme ils l’ont fait en mars en demandant la démission du ministre de l’intérieur et une autre politique sociale qui ne fasse plus d’eux les boucs émissaires de la colère populaire. Quoi qu’il en soit, l’État policier est en faillite.

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Il en va de même en ce qui concerne les islamistes. On voit des taxis au Caire portant l’écriteau “interdit aux Frères Musulmans”, des prédicateurs en mosquée dénoncer les islamistes qui sont de faux musulmans, ces croyants scander dans les mosquées “À mort M. Badie” (le dirigeant des Frères Musulmans), des manifestants brûler des drapeaux du Qatar, des femmes lyncher des salafistes qui tentaient de les harceler, des femmes encore défiler armées de couteaux de cuisine en en menaçant tous les harceleurs, islamistes en premier lieu, des femmes toujours se dénudant devant les écrans d’internet et criant la libre disposition de leurs corps contre toutes les religions, des jeunes conférenciers de 18 ans faire des exposés très suivis sur l’athéisme dans des mosquées, des centaines de milliers de manifestants scander des slogans identifiant islamisme et fascisme…

Le score électoral des frères Musulmans en milieux professionnels illustre cette transformation radicale des esprits. En mars 2013, après son effondrement dans les élections politiques, il s’écroule aux élections professionnelles chez les étudiants, les journalistes, les pharmaciens avant probablement qu’il ne s’effondre aussi chez les avocats, médecins ou enseignants… alors que les étudiants et les professions libérales étaient le fief des islamistes et leur moyen d’influencer les milieux plus populaires.

La “bataille de la colline” est la partie visible de ce séisme mental. La religion d’obédience saoudienne, conçue comme une police des esprits est devenue tout aussi insupportable que l’État policier lui-même. Cet islam, imposé au peuple par les régimes militaires de Sadate et Moubarak par de multiples pressions jusqu’aux primes aux familles qui voilaient leurs filles et l’abandon volontaire aux Frères Musulmans, dans un partage des pouvoirs, des syndicats professionnels et de la charité publique, toute cette prison mentale se désagrège.

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Une anecdote révélatrice : à l’université Al Ahzar du Caire, l’épicentre moyen-oriental prestigieux du conservatisme religieux dominé par les Frères Musulmans et les Salafistes, où le rire et la musique ne sont pas bien vus, un étudiant à joué de la guitare comme on l’imagine d’un hippie des années 60 et autour de lui tout le monde s’est mis à chanter, pendant que dans ce temple de la spiritualité et de la misogynie, un mouvement de grève dure depuis une semaine… pour l’amélioration de la nourriture, des dortoirs et plus de respect pour les femmes. À l’université britannique privée du Caire où les études commerciales comptent pour beaucoup, les étudiants ont fait grève, demandant le départ du directeur pour exiger qu’on n’y fasse plus l’apologie du profit dans les études. Le saint Coran ou le saint Capital… tout fout le camp !

Désagrégation de l’autorité de l’État, crise économique, révolution de la faim et embryons de démocratie directe

Mais il y a plus. Avec la désagrégation de la police et de l’autorité des frères Musulmans et autres islamistes, c’est l’ autorité de l’État lui-même qui se désagrège ouvrant la porte à la démocratie directe comme l’espèrent certains ou au chaos comme le craignent d’autres.

Selon Hani Shukrallah, un des éditorialistes les plus lus dans le pays, l’Égypte est entrée dans une nouvelle trajectoire historique du même type que celle qui a suivi la défaite de Napoléon sous les pyramides avec Mohamed Ali ou le moment qui a suivi l’indépendance avec Nasser. Avec la désagrégation de l’autorité de l’État et de la religion, l’apparition de milices islamistes, il craint certes la possibilité d’une évolution somalienne et de ses seigneurs de guerre comme la Chine et la Russie post-révolutionnaires en ont connu la tentation en leur temps. Mais il croit plus à l’Égypte de la haute culture multi-millénaire et à une sorte de démocratie directe où le peuple prendrait plus pleinement en mains son avenir.

On a vu à Mahalla el Kubra ou à Kafr el Sheikh en février et mars mais aussi dans certains villages, des tentatives de manifestants de prendre en main l’autorité municipale. Il semblerait que ces expériences aient été plus symboliques et momentanées que réelles et durables. Il en a été de même avec la police du peuple à Port-Saïd et ses prisons pour islamistes. Mais l’orientation est donnée, l’idée gagne les esprits. D’autant plus que cela rejoint une revendication populaire posée depuis le début de la révolution, celle d’une deuxième révolution qui dégagerait tous les petits Moubarak à tous les niveaux de l’administration, de l’État ou de l’économie.

Bien sûr l’opposition laïque regroupée dans le FSN, des libéraux à certains trotskystes ou facebookers connus, s’oppose de toutes ses forces à cette démocratie directe qu’elle assimile au chaos et ne continue à jurer que par l’État et les élections même si tous les Égyptiens ont pu vérifier par expérience que les élections n’ont rien de démocratique et que du coup la participation aux élections s’effondre.

Mais ce qu’il y a eu de particulier dans la “bataille de la colline” comme déjà un peu dans les manifestations de décembre 2012 et janvier 2013, c’est que, comme l’écrivait un blogger (Bigpharaoh), on n’avait plus affaire aux “protestataires chichis et facebookers d’Héliopolis (quartier chic du Caire). Le quartier de Moqattam où est installé le siège des Frères Musulmans étant entouré de quartiers populaires et de bidonvilles, l’opposition raffinée et les membres sophistiqués du FSN n’arrivaient pas à contrôler la classe ouvrière en colère… Un des candidats socialiste d’extrême gauche à la présidentielle a eu le bras cassé par les manifestants alors qu’il essayait de protéger des Frères Musulmans et des milices populaires d’auto-défense voient le jour comme la plus médiatisée d’entre elles, les Black Blocs égyptiens. […] Il en va de même à Alexandrie où ceux qui ont saccagé le siège des Frères Musulmans venaient de ces mêmes quartiers populaires, en ayant assez de voir comment les Frères Musulmans et les salafistes contrôlent la distribution du pain et du gaz. […] C’est le début d’une révolution de la faim.”

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L’Égypte connaît en effet une grave crise des bouteilles de gaz, du gas-oil et du pain subventionnés qui sont à la base de la vie des classes populaires.

L’Égypte importe 60% de son gas-oil, l’État en subventionne les deux tiers pour les prix à la consommation, soit environ 55 milliards de Livres Égyptiennes chaque année. Or les réserves en dollars de l’État égyptien se sont effondrées et il n’est plus en situation de payer l’importation de gas-oil. En échange de son aide, le FMI a demandé une libéralisation encore plus importante de l’économie égyptienne (en partie encore dans les mains de l’État et surtout de l’armée) et des coupes draconiennes dans les subventions aux produits de première nécessité. Pour le moment, avant de passer aux baisses de subventions, l’État a augmenté des taxes et diminué la distribution de bouteilles de gaz et de gas-oil provoquant de graves pénuries et des hausses de prix sauvages au marché noir dans de multiples secteurs.

Il faut parfois faire la queue des heures et des heures voire une journée entière pour faire le plein de gas-oil subventionné. Bien des camionneurs, des chauffeurs de bus, microbus ou des paysans avec leurs tracteurs ne peuvent plus trouver le carburant nécessaire à leur travail. Le marché noir se développe. Certains pensent que hauts fonctionnaires et stations services trichent, ces dernières recevraient plus qu’elles ne vendent officiellement et écouleraient une partie de leurs stocks au marché noir à des prix beaucoup plus élevés. La conséquence, ce sont des hausses de prix considérables, ce qui renchérit les prix de multiples autres produits. Les fruits et légumes par exemple dont le prix a été souvent multiplié en peu de temps par deux ou trois en même temps qu’ils deviennent plus rares faute de distribution.

Mais ce sont aussi les bus scolaires, qui, faute de gas-oil, n’ont pu assurer le transport des élèves, beaucoup d’entre eux ayant manqué l’école, en particulier dans les petits villages, posant de nombreux problèmes aux parents. Or on approche du temps des examens où 18 millions d’élèves et d’étudiants vont vouloir se déplacer dans le pays.

Un des gros problèmes pour les gens, vient des coupures d’électricité du fait que les usines de production marchent au gas-oil. Le ministère du pétrole a déjà menacé le ministère de l’électricité de cesser de lui livrer du gas-oil si ce dernier ne lui payait pas ses 50 milliards de dettes. L’été dernier avait déjà été marqué par des coupures importantes dans les quartiers populaires (pas les riches) à un moment où les températures atteignent des sommets et où on a d’autant plus besoin des réfrigérateurs ou des climatiseurs. Cela avait provoqué tout l’été des émeutes populaires et des refus de payer les factures. Or déjà durant les trois dernières semaines, il y a eu des coupures d’électricité.

Mais le plus gros des problèmes est celui des boulangers et du pain. En effet les boulangers publics qui font et vendent le pain subventionné, base de l’alimentation des plus pauvres, n’ont pas reçu leur quota de gas-oil subventionné ce qui a déjà provoqué des pénuries. Mais ils craignent surtout ce que le gouvernement a annoncé, des cartes de rationnement du pain subventionné dans deux mois, en commençant à Port-Saïd. Ils n’ont guère envie de servir de boucs émissaires à la colère populaire. Aussi ont-il saccagé la semaine passée, pour la deuxième fois, le ministère de l’alimentation, comme des dizaines de minis émeutes, blocages de routes et voies ferrées, attaques de stations service ont traversé cette même semaine tout le pays, du sud au nord, pour exiger du gas-oil subventionné.

À cela s’ajoutent les hausses de taxe multiples qui ont déjà alimenté la colère populaire en décembre 2012 devant laquelle le gouvernement avait reculé. Mais il revient à la charge sous la presion du FMI. Il a annoncé ce mois-ci une hausse des taxes de 200% sur la bière et de 100 à 150% sur le vin. Et bien sûr, il justifie cela par des raisons religieuses. Lundi dernier le ministre de l’aviation a annoncé qu’il interdisait l’alcool dans les boutiques “duty-free” des aéroports. Le gouvernement pour sa part, a annoncé que les licences pour les débits d’alcool ne seraient pas renouvelées facilement et qu’il bannirait sa consommation dans les banlieues cairotes. Ainsi déjà dans la cité populaire du 6 octobre au Caire, cité de 1 million d’habitants, on ne trouve plus qu’un seul débit autorisé de boissons alcoolisées vendant les bières locales Sakara, Meister, Rex et Stella et les alcools étrangers. Mais l’Égypte est loin d’être fondamentaliste, des dizaines de millions d’Égyptiens boivent, surtout de la bière. Même les intégristes islamistes ou coptes boivent en cachette ou même pas. Ce qui fait que les distilleries et les fabrications diverses d’alcool plus ou moins clandestines, familiales ou plus larges, se multiplient. Ce qui n’est pas pour rien dans le rejet de l’islamisme rigoriste des Frères Musulmans ou des salafistes et dans l’incendie ou le saccage des sièges des Frères Musulmans. Après tout, la révolution française a commencé par des protestations et des émeutes aux barrières de Paris contre les taxes supplémentaires qu’on voulait imposer aux vins. Et Engels a décrit en son temps les émeutes de la bière en Bavière.

Dans tous les cas, les Égyptiens savent que le gouvernement ne pourra pas imposer plus que ça sa police des mœurs et des esprits. L’échec total du couvre feu qu’il a voulu imposer en février dans les villes du canal de Suez montre que sa perte d’autorité ne fait que dresser un peu plus le peuple égyptien contre tous les fondamentalismes et le pousser vers ce que ce dernier a appelé la “désobéissance civile”, qu’on appellerait plutôt ici “grève générale”, puisque le refus de payer les taxes, impôts et factures d’électricité, le refus d’obéir aux autorités d’État se mêlait au refus d’obéir aux patrons par de multiples grèves associant ouvriers, employés, étudiants, journalistes, enseignants, avocats, médecins, boutiquiers et artisans dans la recherche de leur propre administration directe. Le glissement du noyau central de la révolution des questions politiques vers les questions économiques, la prise en main progressive de la révolution par les couches les plus pauvres n’est autre que la transformation progressive de la révolution démocratique en révolution sociale, la recherche non seulement d’une démocratie politique directe mais aussi d’une démocratie économique, la remise en cause de la propriété.

La révolution égyptienne ne fait que commencer.

Jacques Chastaing, le 25 mars 2013

 

Anger rises against the Muslim Brotherhood

On March 22, thousands marched in protest outside the Muslim Brotherhood’s national headquarters. In retaliation, police and Muslim Brotherhood supporters unleashed a torrent on violence on the protesters, injuring nearly 200 people.

But this is only the most recent—and most visibleexpression of growing bitterness at the direction of Egypt under the rule of President Mohamed Morsi and his Freedom and Justice Party, which is the political wing of the Muslim Brotherhood.

Mostafa Ali is a journalist for Ahram Online and member of Egypt’s Revolutionary Socialists. Here, he talks with Eric Ruder about what these clashes represent in Egypt’s ongoing revolutionary process.

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What triggered the recent protests against the Muslim Brotherhood?

The recent protests were triggered by the sheer brutality of the police and the Muslim Brotherhood in dealing with anti-Brotherhood demonstrations over the last few months. There was a demonstration in mid-March outside of the Brotherhood’s headquarters, and Brotherhood supporters organized themselves in militias and beat a few dozen peaceful protesters who were simply drawing anti-Brotherhood graffiti on the asphalt. In fact, they’ve carried out this kind of attack a number of times.

So a number of different currents came together to protest the Muslim Brotherhood’s national headquarters, which is located on top of a hill in Cairo. But this isn’t the first time that the Brotherhood has been the target of protests. For the past two or three months, there have been numerous demonstrations outside of and attacks on Brotherhood offices across the country.

But most of the demonstrations in the last few months have taken place in the industrial Nile Delta region to the north. The locus for the movement and the protests, therefore, has not been Cairo or Alexandria so much as the provinces, especially in the north. There have been attacks on police stations and other symbols of governmental and Brotherhood power, and in response, the violence against the protesters has been extreme.

Then on March 22, thousands marched on the Brotherhood’s headquarters. The demonstration was not called by the National Salvation Front, the coalition of mainstream opposition parties. In fact, most of the demonstrations and protests that have turned violent in recent months were organized locally and in a decentralized way. There have dozens or scores or hundreds or sometimes even thousands of angry people pouring into the streets in cities such as Mansoura and Mahalla.

And in the economically strategic city of Port Said (near the Suez Canal), an even more remarkable campaign of civil disobedience succeeded in kicking the police out of the city for several days. After high-school students and teachers spearheaded the initial protests, the movement spread, and the citizens defeated the police and took over control of everything in the city–from traffic control to the administration and distribution of services and other goods. The rest of the civil servants joined the teachers on strike bringing the city to a halt, and then port workers went on strike in solidarity with the public sector. Eventually, the army arrived and restored control of the city.

The backdrop to this citywide revolt is the massacre of more than 70 soccer fans, known as ultras, last year. Since then, the city has been essentially scapegoated for this crime, even though everyone knows that it was the remnants of the old regime and the police who orchestrated the violence. The city objected to being held responsible and is demanding that the old regime be put on trial instead of the residents of the city.

This seems like a significant shift since the victory of Morsi and the Brotherhood during last year’s elections.

Since taking power last June after Morsi won the presidential elections, the Brotherhood has indeed squandered widespread support as well as the hopes of millions of people. Of course, they inspired support from their hardcore supporters, but many millions more were hopeful that the Brotherhood would continue fighting for the goals of the revolution—bread, justice and freedom. That all evaporated very quickly in the last few months.

The level of anger had been rising since Morsi was forced to back down from grabbing vast new powers for himself last November, but now it’s beginning to boil over.

Two aspects of what the Brotherhood has pursued really stand out. First, Morsi and the Muslim Brotherhood want to preserve the state apparatus as it existed under Hosni Mubarak, who was the U.S.-backed dictator overthrown in Egypt’s 2011 revolution. Sure, they want to change some faces by replacing some of those whose loyalties to the old regime are most obvious, but they wish to keep intact the fundamental state structures, including its repressive powers such as the army and police. In that way, they have betrayed all hopes of reform.

In particular, there has been the return of police brutality on a scale unheard of even during the Mubarak years. Police kidnap, torture and even kill activists and demonstrators with impunity.

Second, Morsi and the Brotherhood have made clear their intention to continue with all of the neoliberal economic policies of the Mubarak regime—and worse, to push these policies even further. So the anger has been building up tremendously.

Morsi’s government has also announced a plan to ration the distribution of bread, limiting each individual to three loaves—but this is a population that relies primarily on bread in place of meat and vegetables, which are now quite expensive. And due to the plummeting of foreign currency reserves and the drying of foreign direct investment, they’ve decided to compensate for this by introducing an “Islamic bond law,” whereby the government will sell off major state assets, including factories and various municipal services, to international investors in the hopes of bringing in billions of dollars to turn the economy around.

These are really symptoms of a serious deterioration in Egypt’s economic situation during the past few months. The country’s foreign reserves are now at $15 billion, down from $25 billion at the time of the outbreak of the revolution. There’s been no new investment coming into the country for two years now. Worse yet, there’s been massive capital flight out of the country. For example, at least 50 percent of the building and construction industry has collapsed, either ceasing operations or moving out of the country altogether. This is a huge section of the economy.

Mubarak also left behind a very fragile infrastructure, and it has continued to crumble—with lethal consequences—in the last two years. For example, safety measures on the nation’s railroads are in a complete shambles. We’ve had a number of train accidents that killed dozens of people in the last few months.

The railway system’s atrocious safety record has led to dozens of strikes by local unions up and down the country. In some cases, workers have cut the tracks, and because most people live along the Nile, this has led to a shutdown of national rail traffic several times in the last few months.

We also have a serious diesel shortage that has caused massive traffic jams in city after city, leading to numerous strikes in recent weeks by microbus drivers—the main form of transportation for tens of thousands of workers. Power outages are now a daily occurrence in Egypt for the first time in decades. You’re lucky if you lose power for one hour. In the poorer parts of the country, it could go out for two or three hours. Not to mention the disastrous state of health care, in a country that has the highest rate of Hepatitis C transmission in the world. The government has refused to increase the investment in education and health care.

The economic situation is so chaotic that international financial ratings agencies, such as Moody’s, have downgraded the rating of Egyptian bonds to very low levels. Now the government wants to line up a loan from the International Monetary Fund (IMF) for $5 billion in order to upgrade its credit and be able to re-invite international investors into the country. But in order to secure this loan, the U.S. and the IMF are insisting that the government carry out a massive neoliberal program that would get rid of fuel and food subsidies.

The government has been putting these measures on hold for as long as possible, because they are afraid of a massive popular reaction against the removal of subsidies for a population that already lives on $2 a day. This will accentuate and deepen the economic crisis and raise the level of political unrest in the country.

In sum, Mubarak and 30 years of neoliberalism have left the country in a shambles, and the Brotherhood has taken over this legacy and this system. Instead of reform, they have decided to continue these policies, but on steroids.

What is the relationship of the National Salvation Front (NSF) to these current mobilizations against the Brotherhood?

The National Salvation Front has not called for any protests since the second anniversary of the revolution on January 25. It’s an ironic situation, really, because most of the parties in the NSF—the liberal parties in the NSF—do not have fundamental disagreements with the Brotherhood when it comes to social and economic priorities.

In fact, the leader of the NSF, Mohamed ElBaradei, has said on more than one occasion that he agrees with the Muslim Brotherhood’s determination to secure an IMF loan and to continue with the program of “economic reform”—in other words, to impose neoliberal measures to privatize the national economy.

While some of the youth in the NSF do participate in the demonstrations, the NSF leadership is hoping to reach some kind of a compromise with the Brotherhood. The problem, from their point of view, is that the Brotherhood is refusing to sit down and talk to the opposition to reach a middle ground.

Many people think that the Brotherhood’s leadership is convinced that this is its chance to not only run the country, but to secure its own unilateral control over the state apparatus. And believing that it has the support of the United States, they figure that this is a golden opportunity that should not be squandered—and thus their lack of interest in sharing power with other political forces.

Indeed, the NSF garners the support of mostly middle-class and upper-middle-class elements, which do not want to see the Brotherhood rule the country because they oppose Islamic rule for political and/or social reasons. But they don’t have a serious problem with the economic priorities of the Brotherhood.

So the NSF is cut off from the masses of people who are suffering the brunt of this deep economic crisis. Neither the Islamists of the Muslim Brotherhood nor the liberal leaders of the NSF are able to address the day-to-day needs of the working class and the poor peasants in terms of bread, in terms of fuel, in terms of education or health care.

The NSF does not have an economic program that it could articulate as an alternative to the Muslim Brotherhood. For this reason, many people think of recent events as nothing more than a power struggle among rival ruling factions, and rightly so.

It seems like whatever popularity Morsi and the Brotherhood once enjoyed was because they were considered to be an “opposition” to the Mubarak regime. But now they’ve become the ruling force in society, and so the Brotherhood itself is now the target of people’s grievances about the economic situation and falling living standards. At various points, there were some cleavages in the Brotherhood that expressed these same dynamics—where the upper leaders of the party were more conservative, big businessmen and committed to the economic program of neoliberalism, versus the poorer, downtrodden elements that are Brotherhood members and supporters. Do you see any of those cleavages today? And if so, what form is that taking?

The failure of the Brotherhood to address popular needs, and the fact that the Brotherhood is using the state apparatus—the hated police force, the remnants, which are still intact, of the old security apparatus—and the fact that this is all causing massive popular anger, has led to serious divisions among the Islamists as a whole.

The Brotherhood, the Salafists and various other Islamic currents are going in very different directions. For example, the main Salafist party, the Al-Nour Party, which is to the right of the Muslim Brotherhood in many ways, has been distancing itself from the Brotherhood. They’ve seen that the Brotherhood is sinking the ship, so the alliance between the two main parties—the Brotherhood and the Salafist Al-Nour—is now on hold. Al-Nour has been critical of the Brotherhood and has been flirting with the liberals.

On the other hand, there are the very right-wing Islamist groups. The main group—the al-Gama’a al-Islamiyya—are the old jihadists from the 1970s. They were responsible for the assassination of President Anwar Sadat, and they carried out many terrorist operations in the ’80s and the ’90s against tourists and the police apparatus. They have decided that the Muslim Brotherhood is unable to use the old police force to maintain security in the country, so it has formed “security militias” in various parts of the country, especially in upper Egypt.

But while there have been divisions between various Islamic currents, there haven’t been any obvious fissures within the Brotherhood itself.

So the Muslim Brotherhood and Morsi are hanging onto power through the use of the repressive apparatus of the state, but enjoying very little popular support. Meanwhile, the political opposition in the form of the NSF is unable to galvanize the broad anti-Brotherhood sentiment into anything approaching an effective force that might be able to fight for real change.

Finally, there’s the left and other such organizations made up of the most steadfast revolutionaries, but at the moment their forces are too small to move things forward. The left has actually tried to build a third alternative to both the Brotherhood and the NSF. At least 10 or 15 different revolutionary groups—youth groups and other radical organizations–have attempted to build a revolutionary front as an alternative to both groups.

Unfortunately, there has been tremendous pressure from the NSF on the younger and more radical elements within the liberal and leftist parties to not break with the NSF, and this has derailed—so far, anyway—the formation of a third force in Egyptian politics.

On the ground, however, the left and the revolutionaries—the youth sections of a number of liberal and radical parties—have coordinated from the bottom up in some places and have built a united front that actually stood up to the old state apparatus and the Brotherhood.

The best example of this was in the universities, where broad coalitions of leftist, liberal and revolutionary students managed to score an unprecedented victory over the Muslim Brotherhood in the elections to the student councils. Of course, with millions of Egyptian students in universities and in local colleges, this is a huge victory—especially given that, during 30 years of the Mubarak regime, the Muslim Brotherhood, despite persecution by the state apparatus, managed to control most of the student councils in the universities around the country.

Now, despite having the Brotherhood in power running the state apparatus and despite a student election carried out under a Brotherhood administration, the revolutionaries still managed to trounce the Brotherhood, which did not win more than 20 percent of the seats in the student councils.

This actually points to a great potential for revolutionaries, radical students and the left in general to build an alternative to both the liberal NSF and the Brotherhood from the bottom up.

Of course, it’s going to be a very difficult and long process in the absence of revolutionary political parties that can continue to generalize the lessons of the struggles in the universities and to connect those struggles on a daily basis with the flood of strikes and popular struggles that take place in poor neighborhoods. That’s a challenge that remains to be met, and it’s of course happening in the context of constant political unrest and threats from far-right Islamist groups.

Even more important is the threat of a coup by the army—in the context of the inability of the Brotherhood to provide any kind of rational management of the state that would meet people’s needs. For the time being, however, the Brotherhood maintains the loyalty of the police and the army in a clear deal with the U.S. The Egyptian military is completely bound to the wishes (and orders) from Washington, and it seems that they have not been given any green light to carry out a military coup against the Brotherhood, at least in the near future.

This gives the far-right Islamists the chance to organize on the ground, but it also creates some space for revolutionaries and the left to try to build organizations and to relate to the struggles that are going on.

In early March, Secretary of State John Kerry travelled to Egypt and announced $250 million in aid. What is the U.S. role in Egypt?

The U.S. government has discovered a hidden treasure in the Muslim Brotherhood’s rule in Egypt. The U.S. was always allies with Mubarak, and Mubarak, for the most part, secured U.S. interests in the area: in particular, use of the Suez Canal as a trade route for the benefit of multinational corporations, and secondly, protection of the state of Israel (for example, through enforcement of the siege of Gaza).

But the United States, to its delight, has found that the Brotherhood is doing what Mubarak used to do, but more effectively. I’ll give you an example. For the very first time in years, the Egyptian military has been demolishing the hundreds of tunnels that have been used to smuggle both food and arms to Gaza. They’re bombing these tunnels with jet fighters.

Even though Hamas—long considered one of the Brotherhood’s closest regional allies—is protesting these actions of the Egyptian military, the Brotherhood has continued with this operation. Israel couldn’t be more pleased that the Brotherhood is demolishing the tunnels; after all, this has been an objective that Israel wanted to accomplish for years.

The Brotherhood has kept up the pressure on Hamas in the last few months in other ways as well, despite Operation Pillar of Cloud, which was the last Israeli assault on Gaza. For example, Hamas has been abiding by a ceasefire with Israel, which was brokered with the help of the Brotherhood.

Secondly, the close relationship between the Brotherhood and Turkey has allowed the Brotherhood to mediate a reconciliation between Turkey and Israel in recent days. The Brotherhood also has a very good relationship with Qatar, which is one of the main and most enthusiastic allies of the United States in the Gulf at the moment.

The United States is really looking at a bigger regional role for an Egypt ruled by the Brotherhood, and the Brotherhood is absolutely enthusiastic about this. They want to prove to the United States that they can do a better job than Mubarak, and so far, they have been performing admirably.

It’s one of the main reasons that they remain in power, and it’s why John Kerry, when he met with the head of the Egyptian army during his recent visit, made it clear that the army must respect the political will of the Brotherhood, despite its failures at imposing domestic order.

Looking forward, Morsi had called for elections that were to run from April to June. Now there seems to be a judicial challenge to that. What is the significance of these elections, and what’s next in terms of the struggle to safeguard the revolution?

The Brotherhood and the army made a deal two years ago at the outbreak of the revolution, whereby the army would facilitate the holding of elections, and these would enable the Brotherhood to come to power.

The Brotherhood now has pushed through a referendum on the constitution, in which they won 63 percent of the vote, and there have been five different elections, which the Brotherhood has won time and again. They now control the upper house, and they control the presidency. They also wanted to force through an election for a lower house in an undemocratic way.

But now situation is changing. The judiciary has challenged the Muslim Brotherhood’s new election law for the lower house, so that’s been put on hold. That would not have been possible without growing popular disillusionment with the idea of holding “democratic elections” as a way of solving the country’s economic and political problems.

I’ve talked to many people who were enthusiastic about going to the polls at the outbreak of the revolution. They went time and time again and stood in line for five and 10 hours to vote. But that excitement—the hope that liberal democratic elections would bring magical solutions—has waned among many people.

So the Muslim Brotherhood figured they would buy some time and postpone the elections for a few months, hoping to stabilize the situation economically and politically. But it’s not clear that they will be able to do so—given that they’ve supported a revamped, rearmed police force that is constantly angering people on the streets through the use of torture while simultaneously backing economic policies and an IMF loan that, if secured, will cause a massive outbreak of tremendous popular anger.

The situation remains in flux. No one side—not the Brotherhood, not the liberal opposition—seems to have a way out or a solution.

As the electoral route now appears hopeless, some people have concluded that direct action—against the state and against the Muslim Brotherhood—is the only way to get rid of the Brotherhood’s resuscitation of the old regime. And the sentiment is that even if we don’t get rid of the Brotherhood, we can at least wreak havoc. Many of these forces have courageously confronted the police in city after city, and in the Delta, they courageously marched on the Brotherhood headquarters and burned it.

But fortunately there’s also a large section of people, and of revolutionaries, who realize the shortcomings of this strategy of direct action and understand that the state apparatus and the Muslim Brotherhood will not be defeated through direct action alone. They will hold onto their power and use a tremendous amount of repression to defend themselves.

So there’s an open debate now about which way to go forward, because direct action and attacks on the Brotherhood headquarters and constant daily confrontations with police and attacks on police stations—justified as they are, of course—are not the way forward. If the old liberal, and current liberal, political parties can’t provide a way forward, there has to be a third way—a revolutionary alternative.

If it’s not direct action on the Muslim Brotherhood’s headquarters, what kind of strategy is needed to move the revolution forward?

A good example is in the democratic struggles that have taken place in a number of institutions. One example of course is what happened in the universities, whereby the students formed a coalition and participated in an undemocratic election and beat the Muslim Brotherhood candidates, but they’ve also have been able to organize to stop physical attacks and defend themselves against Brotherhood supporters who attack leftists and revolutionary students.

You also see it in the elections to the journalists’ syndicate, whereby the left and non-Islamists defeated the Muslim Brotherhood, which didn’t win a single seat on the executive board. This is also happening in the pharmacists’ union, which is a big union, where the Brotherhood couldn’t win more than 20 percent of seats on the executive board for the first time in a long time.

So you have democratic struggles that are happening in a number of different areas, whereby the power of organizing, the power of numbers, shows itself as the key way to defeat the Brotherhood and to expose how rightwing, how pro-business and how anti-worker their agenda is.

So on the one hand, we have examples of what needs to be done, but we also have a very volatile situation. There’s a daily level of class struggle that is quite high—such as strikes or people in poor neighborhoods ripping up rail lines because they’re getting killed and there are no signals to stop the trains. We have a great number of small struggles around the country, especially in the last few months, but they’re not connected in a way that allows them to build on one another. The lessons are not being generalized.

You need revolutionary organizations and political parties that can actually connect these struggles and generalize the lessons that are learned from certain strikes—whether it’s in the universities or the Suez Canal.

That remains the way forward, and it’s not utopian—the struggle does exist and there is a rejection among a lot of workers of both the liberal program and the Islamist program. But the alternative has to be built, and it’s not impossible or too late.

Entretien avec Mostafa Ali, propos recueillis par Eric Ruder, Socialist Worker, 25 mars 2013

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 16:28

Besançon : Manifestation contre les agressions racistes et néo-nazies

Ce samedi 23 mars, environ 400 personnes ont manifesté dans les rues de Besançon pour dénoncer les récentes agressions racistes et fascistes commises par des néo-nazis au centre de la ville.

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Appelée entre autres par le Collectif Antifasciste de Besançon, la CNT, l’AMEB, l’Initiative Communiste-Ouvrière et SOS Racisme ainsi que par de nombreuses personnes non-organisées et révoltées par les agissements de nostalgiques de la terreur fasciste, la manifestation est partie place de la Révolution. Après avoir traversé les rues du centre-ville, la manifestation s’est dirigée vers la Porte Rivotte où des agressions ont récemment eu lieu.

Malgré les provocations de quelques nazillons, très vite protégés par les CRS, la manifestation s’est déroulée normalement sous les slogans antiracistes et antifascistes.

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En fin de manifestation, un militant du Collectif Antifasciste de Besançon a pris la parole pour rappeler les différentes agressions commises ces derniers mois par des néo-nazis à Besançon. Un militant de l’Initiative Communiste-Ouvrière est intervenu pour dire que dans le contexte de la crise, du chômage et de l’austérité, l’extrême-droite, mais aussi Sarkozy hier ou Valls aujourd’hui tentaient de diviser les travailleurs en stigmatisant les immigrés, les Arabes ou les Rroms, et qu’il était nécessaire de travailler à l’unité dans nos entreprises et nos quartiers face au racisme, aux licenciements et à la misère.

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Extraits de la presse locale du 23 mars :

Plein Air : « Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos ! », c’est ce qu’on pouvait entendre cet après-midi dans les rues du centre-ville de Besançon. Près de 400 personnes s’y sont rassemblés. Objectif de cette manifestation : lutter contre les discriminations raciales et le fascisme.

Le collectif antifasciste de Besançon, la CNT, un syndicat étudiant, SOS Racisme et l’Initative Communiste Ouvrière ont appelé à manifester en « réaction à une série d’agressions commises par un groupuscule de néo-nazis » ces derniers mois à Besançon selon un militant antifasciste. En effet, parmi ces agressions, celle du du 25 janvier 2013, au « Ze Music All », un bar du quartier Rivotte. Il a été la cible d’une dizaine d’individus aux « crânes rasés et bombers » qui ont débarqué et lancé des bombes lacrymogènes lors d’une soirée concert.

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« Le racisme est partout. C’est important de montrer que des gens se préoccupent encore de ce fléau. Il ne faut pas que Besançon s’enclave dans un climat de peur. On est prêt à se battre » a affirmé une militante antifasciste.

Une brève altercation entre quelques militants antifascistes et les CRS en dehors du cortège s’est produite. Deux « militants cagoulés » auraient été interpellés [Deux fachos, selon les flics - NdJL].

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VOIR LE REPORTAGE DE FRANCE 3 FRANCHE-COMTÉ

L’Est Républicain : Organisée par le collectif antifasciste de Besançon, la manifestation de samedi après-midi a connu un moment de tension vers 16h quand une quinzaine d’individus sont venus se livrer à des provocations à hauteur de la rue de la Bibliothèque. Des renforts de police ont été demandés pour assurer la sécurité.

Selon la police, 200 personnes participaient cet après midi à cette manifestation antifasciste. 400 selon le collectif.

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Solidarité ouvrière, 23 mars 2013

 

Besançon : 500 manifestants protestent contre le fascisme

Ils étaient environ 500 manifestants mobilisés dans les rues du centre historique ce samedi à Besançon, au sein de partis, syndicats, associations, ou comme beaucoup en tant que simples citoyens. Une démonstration populaire pour clamer haut et fort que la ville n’appartiendrait jamais à des groupuscules d’extrême-droite, dont la recrudescence des actions violentes ces dernières semaines a choqué une partie de la population qui n’imaginait pas de tels faits dans leur cité pourtant paisible.

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Le cortège rue de la Préfecture.

Un contexte édifiant

400 à 500 participants selon les organisateurs, un chiffre honorable dans une petite ville de Province un jour pluvieux. Une date qui dépasse de loin les rassemblements similaires, une centaine de personnes l’année dernière contre le Bloc identitaire, et les 200 pro-choix de 2010. Mais le contexte local est devenu pour le moins édifiant, de nombreuses agressions sonnant comme une prise de conscience que des individus pourtant marginaux cherchent à tout prix à faire régner leur vision de haine et de violence sur la ville. Bien que les actes de ces mouvances existent depuis déjà quelques années, c’est une escalade sans précédent qui est constatée par les militants antifascistes et les habitants depuis le début de l’année. Tout commence le 25 janvier dernier, où une division paramilitaire armée, entraînée, et motivée, surgit dans le secteur de Rivotte et prend à partie les clients d’un bar sortis à l’extérieur fumer et/ou discuter.

L’établissement accueille alors en concert le chanteur Prince Ringard, avec un public issu du mouvement punk et alternatif. Quelques coups et un gazage général à la bombe lacrymogène, et la bande de loubards disparaît comme elle est venue. Plusieurs victimes reconnaîtront des ultranationalistes locaux, et une action judicaire est engagée. Mais l’enchaînement se poursuit, avec au moins trois nouveaux actes signalés. C’est le cas le 28 janvier où un libertaire qui promenait son chien est agressé à coup de chaîne et triplex, puis le 5 février lorsqu’un étudiant d’ascendance maghrébine est menacé avec un couteau pour ses origines. Entre-temps, un jeune Noir est agressé rue des Granges sous des cris de singe. D’autres agressions présumées sont également à déplorer, mais malheureusement invérifiables faute de témoins déclarés.

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Exemple d’ultranationalistes, à Besançon en 2010

Une mobilisation nécessaire

C’est en réponse à ces actes inadmissibles que la justice ne semble pas prendre au sérieux, mais aussi parce que les discours xénophobes se banalisent de plus en plus dans notre société, que des militants libertaires et de gauche ont décidé de réagir en organisant cette manifestation populaire. Un coup de poing sur la table pour réveiller les acteurs politico-médiatiques, mais aussi prouver le rejet d’une frange large de la population locale envers ces idées et ces comportements. D’ailleurs la foule était bien à cette image, les structures locales présentes étant nombreuses, avec des membres du collectif antifasciste de Besançon, de la CNT, du Front de Gauche, du NPA, du Parti socialiste, de l’AMEB, d’ATTAC, du MoDem, de Communisme-ouvrier, ou encore d’SOS Racisme, aidées de camarades venus de Montbéliard, du Jura, de Dijon, et de Lyon. Mais la majorité des participants était bien sans appartenance particulière, principalement des habitants touchés par un sujet qui ne peut que bouleverser. Le cortège s’est réuni place de la Révolution à 15h, et a entamé une parade dans les voies du centre historique.

Rue des Granges, place Pasteur, Mairie, rue Megevand, rue de la Préfecture, Grande rue, rue Rivotte, pour atteindre symboliquement la Porte Rivotte, zone dans laquelle les attaques ont commencées. Avec plusieurs banderoles, la première affichant « stop aux agressions racistes et fascistes » et incorporant une croix gammée barrée, alors que la seconde reprenait le classique « le fascisme c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève ! », quelques pancartes, et plusieurs slogans tels que « pas d’fachos, dans nos quartiers, pas d’quartier pour les fachos ! » et « racistes, fascistes, assassins ! » Un accrochage a apparemment eu lieu au niveau de l’église Saint-Maurice, une dizaine d’individus se réclamant de l’extrême-droite radicale ayant tenté de provoquer des troubles, avant de se réfugier derrière un cortège de policiers solide devant le nombre de manifestants. Plusieurs d’entre eux ont été fouillés et écartés du cortège, de même que des antifascistes. Mais aucun problème majeur n’est à déplorer.

Pour les participants et le milieu antifasciste, c’est une réussite tant pour le nombre de personnes atteintes, que par le message envoyé. Car pour chacun, pouvoir vivre paisiblement sans devoir être inquiété pour des raisons ethniques, confessionnelles, ou politiques, est un droit imprescriptible. Mais devant la poignée d’énergumènes qui tentent d’exister par ces travers, il est toujours consternant de constater qu’il faille encore aujourd’hui se battre pour obtenir cette garantie.

Toufik de Planoise, 23 mars 2013

 

Appel à mobilisation pour les droits des familles en situation irrégulière

De plus en plus d’enfants scolarisés dans les établissements de votre ville sont sous le joug d’ordres de quitter le territoire français et/ou dorment dehors depuis des mois, parfois même depuis des années.

Nous sommes quotidiennement les témoins directs de ces situations familiales dramatiques pour lesquelles nous ne cessons de chercher des solutions. Malheureusement les efforts engagés n’aboutissent qu’à des résultats éphémères et partiels.

Il est urgent et nécessaire de réunir l’ensemble des forces vives susceptibles d’amener des réponses positives, définitives et globales que nous ne pouvons obtenir seuls.

Merci de nous contacter

Flyer distribué lors de la manif

 

Manifestation sous tension

Une quinzaine d’individus sont venus faire de la provocation, hier, face au cortège antifasciste.

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Deux cents personnes selon la police. Plus de quatre cents selon les organisateurs ont participé à la manifestation.

Sans tomber dans la dramatisation, beaucoup craignaient le terme de la manifestation antifasciste, hier rue Rivotte ; là où a eu lieu le gazage d’une dizaine de clients d’un bar en février dernier.

Finalement hier, c’est à hauteur de la rue de la Bibliothèque le cortège est monté en pression lorsqu’une dizaine d’individus, encagoulés pour certains, sont venus se livrer à des actes de provocation qui auraient pu vite dégénérer si la police n’était intervenue très rapidement pour cloisonner les deux camps et disperser les éléments perturbateurs. Par sécurité, des renforts ont d’ailleurs aussitôt été demandés. Et c’est accompagnés de policiers solidement casqués et harnachés que les manifestants partis de la place de la Révolution ont pu terminer leur parcours porte Rivotte après être passés par la place Saint-Pierre, la place des Droits de l’homme et la place Grandvelle.

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Une montée en puissance inquiétante

Pour le coup, les organisateurs du collectif antifasciste bisontin (CAB) ne pouvaient trouver meilleure démonstration des dangers qu’ils entendent aujourd’hui dénoncer en décidant de poser le problème ouvertement sur la place publique afin de faire réagir l’opinion et les autorités.

Ce qui les inquiète, c’est la montée en puissance des actes de violence de groupuscules se revendiquant ouvertement de l’idéologie d’extrême-droite. Quand il ne s’agit pas de théories nazies ou négationnistes avec vente de matériel sur le web.

Jeunesses nationalistes révolutionnaires. Werwolf Sequania. Leur nom est connu. Leurs agressions aussi. Depuis début janvier, on en dénombre au moins six. Et certaines sont même filmées et diffusées sur internet. Hier, ils étaient deux cents selon la police, plus de quatre cents selon les organisateurs à être descendus dans la rue pour dire « non ».

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Si les heurts ont pu être évités, deux individus ont en revanche été interpellés munis de matraques télescopiques et de bombes lacrymogènes. Ils devront répondre prochainement de leurs actes devant le parquet.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (EstRepublicain.fr, 24 mars 2013)

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 16:26

Chartres-de-Bretagne. Mobilisation contre une réunion d’identitaires

À l’appel de plusieurs organisations de gauche, plus de 300 personnes ont manifesté, dans le calme, hier à Chartres-de-Bretagne (35), contre la tenue d’une réunion du groupe identitaire régionaliste Jeune Bretagne. Cette association organisait, dans cette commune touchée par la crise économique (à travers l’usine PSA Citroën de La Janais), une conférence intitulée « Que faire face à la crise sociale européenne ? ».

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Les manifestants de gauche souhaitaient dénoncer « l’idéologie d’extrême droite identitaire ». En effet, la conférence regroupait, entre autres, des membres de l’organisation italienne néo-fasciste CasaPound, du syndicat nationaliste flamand NSV, du mouvement français d’extrême droite Riposte laïque ou encore du Parti socialiste unitaire national-européen (Psune). « Nous sommes 227 et c’est un succès pour un tel rassemblement » expliquait hier Yann Vallerie, président de l’association Jeune Bretagne.

Après avoir défilé dans les rues, les manifestants de gauche se sont rendus sur la place de la Mairie pour des prises de paroles. « Je condamne les idéologies d’extrême droite qui véhiculent des propos xénophobes et violents et qui viennent exploiter la crise économique et sociale », a expliqué le maire de la commune, Philippe Bonnin.

Alors que la réunion de Jeune Bretagne devait prendre fin hier, vers minuit, de nombreux gendarmes étaient présents pour éviter tout débordement, notamment aux abords du lieu de rassemblement situé sur un terrain privé.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeTelegramme.com, 24 mars 2013)

 

Environ 300 personnes défilent contre “l’extrême droite” près de Rennes

Environ 300 personnes ont défilé samedi “contre l’extrême droite” à Chartres-de-Bretagne, à l’occasion d’une journée de débats organisée par le mouvement identitaire Jeune Bretagne dans cette commune proche de Rennes, a constaté un journaliste de l’AFP.

Une vingtaine de partis politiques, d’associations ou de syndicats avaient appelé à cette manifestation, dont le Comité antifasciste rennais, EELV, la Gauche anticapitaliste, la Gauche unitaire, le PCF ou l’Union démocratique bretonne (UDB).

“Pas de fascistes dans nos quartiers, pas de quartier pour les fascistes”, ont notamment scandé les manifestants dans les rues de la commune, avant un rassemblement et des prises de parole devant la mairie, sur l’Esplanade des droits de l’homme, située à environ un kilomètre du lieu de la conférence de Jeune Bretagne, une propriété privée.

Cette journée de débats organisée par ce “mouvement breton pour l’identité, l’autonomie et la sécurité” était intitulée “Que faire face à la crise sociale européenne ?”. Une dizaine d’organisations devaient y participer, dont Casapound Italia.

Pour le maire (PS) de Chartres-de-Bretagne, Philippe Bonnin, “l’expression xénophobe” véhiculée par les organisations participant aux débats “n’est pas acceptable”, a-t-il déclaré.

“L’extrême droite radicale est venue souiller notre terre de Bretagne”, a pour sa part déclaré le représentant de la Gauche anticapitaliste. “Le fascisme est une tumeur cancéreuse qui progresse dans le corps d’une Europe gangrénée par la crise économique”, a-t-il déclaré.

“Ce débat sur la crise à Chartres-de-Bretagne n’est pas un hasard”, a souligné le représentant de l’UDB. C’est dans cette commune qu’est implantée l’usine PSA La Janais, où 1.400 postes doivent être supprimés.

“L’Histoire a montré que les crises économiques étaient propices à la montée de l’extrême droite”, a rappelé l’UDB.

Des orateurs se sont félicités de cette manifestation unitaire. Toutefois, Corentin, pour le Syndicat des Travailleurs de Bretagne, après avoir déclaré que “les fascistes ont toujours été du côté de la bourgeoisie la plus réactionnaire”, a aussi dénoncé “la politique xénophobe et raciste du gouvernement” et taclé le Parti socialiste et EELV, qui “continuent à expulser les Roms et virer des squats où des pauvres gens tentent de se protéger du froid”.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer, 23 mars 2013)

 

Chartres-de-Bretagne. Meeting identitaire : 300 contre manifestants dans les rues

Environ 300 personnes d’organisations de gauche sont rassemblées depuis 15h dans le centre bourg de Chartres-de-Bretagne pour protester contre l’organisation, dans une ferme pédagogique de la commune, d’un meeting privé du réseau régionaliste et identitaire Jeune Bretagne.

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Les manifestants ont défilé tranquillement de l’espace culturel à la mairie où il est prévu plusieurs discours. Le Maire de Chartres, Philippe Bonnin, a d’ailleurs déjà condamné la tenue de ce meeting « de posture idéologique d’intolérance et de xénophobie ».

Beaucoup de gendarmes

De son côté, dans un communiqué, Yann Vallerie, président de l’association Jeune Bretagne, a précisé que le meeting « était privé et organisé dans un lieu privé ». Il a conseillé à tous les participants inscrits, plus de 300, de ne pas passer par le centre bourg de Chartres : « Nous rappelons que l’objectif de la journée est la réussite du meeting et de la soirée uniquement ».

Le lieu du meeting, une ferme pédagogique route de Pont Péan, est sous bonne garde avec la propre sécurité de l’association. De nombreux gendarmes quadrillent la ville également pour éviter tout problème. Certains commerces, en plein centre ville, avait décidé de baisser le rideau.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Ouest-France.fr, 23 mars 2013)

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 16:24

Saint-Patrick tendue à Toul

Deux cents personnes ont participé hier soir à une soirée musicale un peu particulière sur la zone industrielle de Toul. Aucun débordement n’a été signalé.

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Il faut montrer patte blanche à l’entrée.

La nuit tombe. Il est 20 h hier soir. Les premiers véhicules s’engouffrent dans la rue de l’Escadrille des Cigognes au beau milieu du Pôle industriel Toul-Europe sous le regard des multiples patrouilles de police disposées tout autour du site. Le flot de voitures s’intensifie entre 20 h 30 et 21 h. Beaucoup de véhicules immatriculés dans le nord-est de la France mais aussi des berlines allemandes, belges et même suisses passent l’imposant service de sécurité mis en place par les organisateurs. Matraques et lampes en main, ces agents scrutent l’intérieur des habitacles. L’un des molosses porte d’ailleurs un masque qui ne donne guère envie de plaisanter. La tension est palpable. Il faut visiblement montrer patte blanche pour pénétrer à l’intérieur de la Taverne de Thor… Après avoir de nouveau décliné son identité sous le petit chapiteau, les invités triés sur le volet peuvent entrer dans cette grande salle de 270 m² où se produisent deux groupes de musique. Un repas irlandais est servi sur quelques tables. Et les plus motivés vont participer à un concours de bière qui les emmènera jusqu’au bout de la nuit. Ici, le cheveu est rasé de près. Quelques filles ont fait également le déplacement pour accompagner des amis.

CRS et gendarmes

« Pour le moment, il n’y a rien à signaler. C’est calme ! », note vers 22 h Gérard Kointz, directeur départemental de la sécurité publique adjoint après avoir fait le point avec le chef de la circonscription de Toul, le commandant Jean-Luc Petitbois. « Nous ne sommes pas du tout dans la même configuration qu’à l’automne dernier avec l’arrivée de 1.500 néonazis, venus surtout d’Allemagne. À cette heure-là, il y avait déjà plus de mille personnes sur place et on entendait de loin de la musique hard-métal à fond… »

Le dispositif de police mis en place a, il est vrai, largement calmé les esprits. Dès 16 h, les premières patrouilles de Toul et Nancy ont en effet sillonné la zone. À 21 h, une compagnie CRS de Reims (80 hommes) et une douzaine de véhicules se sont positionnés sur le parking d’un hypermarché voisin : « La relève sera assurée à 5 h du matin par les gendarmes mobiles de Sarreguemines », précise le directeur. « Nous sommes de toute façon en contact régulier avec les organisateurs du Chardon. Selon nos informations, la majorité des participants devraient rester sur place et ne repartiront qu’au petit matin ».

Reste à savoir si l’ambiance sera aussi sereine ce matin avec la fatigue d’une longue nuit de la Saint-Patrick et quelques grammes d’alcool dans le sang.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (EstRepublicain.fr, 23 mars 2013)

 

Des associations demandent l’interdiction d’un concert néonazi en Lorraine

Plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l’Homme, ont demandé à la préfecture de Meurthe-et-Moselle l’interdiction d’un concert de rock néonazi samedi à Toul, ont-elles indiqué vendredi à l’AFP.

Les services de l’État n’ont pas interdit la manifestation, mais ont précisé à l’AFP qu’un “dispositif de surveillance et de sécurisation” serait déployé sur place, sans indiquer le nombre exact d’agents qui seraient mobilisés.

La préfecture a rappelé aux organisateurs, l’association “Le chardon”, que le lieu du concert, un hangar privé dans un quartier périphérique de Toul, ne pouvait accueillir que 200 personnes. Au cours des dernières années, d’autres rassemblements de cette association avaient attiré plusieurs milliers de personnes. “Ce sont des groupes de rock identitaire, qui appellent à la haine raciale et à l’antisémitisme : nous réclamons l’interdiction de ce concert”, a expliqué à l’AFP un porte parole du Comité antifasciste et antiraciste (Cafar), Patrice Mangin.

La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) a également demandé l’interdiction de la manifestation pour trouble à l’ordre public, en estimant que ce rassemblement était l’occasion de diffuser des chants nazis et des propos antisémites, et de faire l’”apologie de crimes contre l’humanité”. La préfecture a pour sa part insisté sur le caractère privé de la soirée, ce que conteste la LDH.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (LeQuotidien.lu, 22 mars 2013)

Posted in Antifascisme | Tagged antifaCafarComité antifasciste et antiracisteGérard KointzJean-Luc Petitbois,LDHLigue des droits de l'HommePatrice ManginToul | Leave a comment

Manifestation contre la venue de Le Pen à Saint-Étienne

Le président d’honneur du Front National, Jean-Marie Le Pen, était dans la Loire ce samedi 23 mars. Une manifestation contre sa venue a été organisée le jour même dans les rues de Saint-Étienne.

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Ils étaient des centaines à défiler dans la Grand’rue. Le rendez-vous a été donné à 15h place Jean Jaurès. Les manifestants ont ensuite rejoint l’hôtel de ville puis la place du Peuple.

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Leur presse (Zoom d’Ici, 23 mars 2013) via Solidarité ouvrière

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 16:21

Des familles se disant victimes de bavures policières manifestent à Paris

Environ 150 personnes ont manifesté samedi à Paris pour dénoncer les “crimes policiers” et réclamer “vérité et justice”, à l’appel d’un collectif de familles qui ont perdu un proche après l’intervention des forces de l’ordre.

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La manifestation réunissait de nombreuses familles, comme celle d’Amine Bentounsi, tué d’une balle dans le dos à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) en avril 2012, mort pour laquelle un policier a été mis en examen pour homicide volontaire.

Toutes ces familles dénoncent la lenteur des enquêtes, voire le classement sans suite de leur dossier comme Yamina Mahdi, dont le fils Youssef est mort noyé en juin 2012 à Melun alors qu’il avait sauté dans la Seine pour échapper à un contrôle de police.

“Les policiers n’ont rien fait pour sauver mon fils. Au lieu d’appeler les secours, ils ont appelé la BAC, car il craignaient les jeunes (…). Mon fils est mort bêtement, à cinq minutes de l’hôpital”, a-t-elle regretté.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (BFMTV.com avec l’Agence Faut Payer, 23 mars 2013)

 

Millau : la famille de Nabil Mabtoul manifeste à Paris contre les bavures policières

À l’appel d’un collectif de familles qui ont perdu un proche après l’intervention des forces de l’ordre, environ 150 personnes ont manifesté ce samedi à Paris pour dénoncer les “crimes policiers” et réclamer la vérité. La famille de Nabil Mabtoul, tué à Millau en 2012, était parmi eux.

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Abdelmajid Mabtoul, le père de Nabil, tente d’établir la vérité.

Environ 150 personnes ont manifesté samedi à Paris pour dénoncer les “crimes policiers” et réclamer “vérité et justice”, à l’appel d’un collectif de familles qui ont perdu un proche après l’intervention des forces de l’ordre. Parmi eux, la famille de Nabil Mabtoul, ce jeune Villefranchois de 26 ans tué par balle lors d’un contrôle de la brigade anticriminalité dans la nuit du 25 au 26 juin 2012 à Millau. Un drame que ne s’explique toujours pas sa famille. “Mon frère avait un casier blanc comme neige, pas même un délit mineur”, témoigne ainsi sa sœur.

Les familles dénoncent la lenteur des enquêtes

Comme les proches de Nabil, d’autres familles sont venues manifester dans la capitale pour exprimer leur incompréhension et leur mécontentement. Celle d’Amine Bentounsi notamment, tué d’une balle dans le dos à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) en avril 2012, mort pour laquelle un policier a été mis en examen pour homicide volontaire, ou de Wissam el-Yamni, qui était mort après une interpellation musclée à Clermont-Ferrand, le 31 décembre 2011.

Tous dénoncent la lenteur des enquêtes, voire le classement sans suite de leur dossier, comme Yamina Mahdi, dont le fils Youssef est mort noyé en juin 2012 à Melun alors qu’il avait sauté dans la Seine pour échapper à un contrôle de police. “Les policiers n’ont rien fait pour sauver mon fils. Au lieu d’appeler les secours, ils ont appelé la BAC, car il craignaient les jeunes (…). Mon fils est mort bêtement, à cinq minutes de l’hôpital”, a-t-elle regretté.

Publié par des larbins de la maison Poulaga (Agence Faut Payer via MidiLibre.fr, 23 mars 2013)

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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 12:31

Le 22 mars, environ 3.000 personnes ont manifesté devant le bureau central des Frères Musulmans au Caire où ils se sont affrontés avec quelques centaines de réactionnaires partisans de Morsi et des forces de répression.

Reportage d’Euronews (en anglais) :

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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 12:29

AFP, 22 mars 2013 :

Une cinquantaine de syndicalistes ont exprimé vendredi leurs revendications au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, devant la gare de Belfort, à l’occasion de l’inauguration du Train de l’industrie, que des salariés de PSA Aulnay avaient empêchée mardi à Paris.

Les syndicalistes, qui agitaient majoritairement des drapeaux de la CGT et dont quelques-uns arboraient des logos de Lutte ouvrière, attendaient le ministre devant la gare en scandant des slogans comme « le train-train du baratin, il n’y en a pas besoin » ou « aucune usine ne doit fermer ».

A son arrivée, M. Montebourg, qui venait de se réunir avec une délégation de la CGT loin des caméras, est allé directement à leur rencontre et a écouté pendant plusieurs minutes leurs revendications, notamment de la part d’un représentant de la Fédération des cheminots.

 

Une syndicaliste, munie d’un porte-voix, a pu lire une déclaration de deux minutes. « Je suis contente de vous avoir en face de moi », a-t-elle dit, avant de demander: « Le changement pour lequel nous avons voté, où est-il? »

Quand M. Montebourg a souhaité répondre, une minorité de manifestants a continué à scander des slogans et à huer ses propos, malgré la demande des autres manifestants de mettre fin au chahut. « Il est l’élu du peuple, les gars. Ecoutez! », a lancé l’un d’entre eux, sans succès.

Voyant qu’il ne pouvait s’exprimer, M. Montebourg a coupé court à la réunion improvisée. « J’avais plein de choses à vous dire, mais je reviendrai une autre fois », a-t-il lancé, avant de se diriger vers le bâtiment de la gare et d’inaugurer le Train de l’Industrie.

Auparavant, le ministre était déjà allé à la rencontre des délégués du personnel pendant une visite de l’usine Alstom de Belfort, réalisée dans le cadre de la troisième Semaine de l’industrie. Il avait écouté leurs revendications et tenté de les rassurer sur les politiques du gouvernement.

Mardi dernier, une centaine de salariés du site PSA d’Aulnay avaient manifesté Gare de Lyon et empêché le ministre d’inaugurer le Train de l’industrie, qui parcourt le pays pour promouvoir les emplois et les vocations dans ce secteur.

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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 12:08

Égypte : les sièges des Frères Musulmans brûlent

Aujourd’hui vendredi 22 mars 2013, des manifestations ont été appelées par une vingtaine de partis d’opposition devant les quartiers généraux des Frères Musulmans pour dénoncer la violence dont ces derniers ont fait preuve samedi dernier contre des journalistes devant leur siège et des auteurs de graffiti sur les murs de leur quartier général au Caire. La principale des manifestations, qui dure toujours à l’heure où j’écris, a eu lieu au Caire et s’est vite transformée en affrontements d’une violence jamais atteinte, après que les jeunesses des Frères Musulmans aient attaqué un des cortèges.

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Les manifestants ont mis le feu à un Frère Musulman.
Mais les Frères Musulmans tabassent de la même manière les manifestants qu’ils capturent.

Le siège des Frères Musulmans à Alexandrie a été complètement saccagé par les manifestants. Les meubles, ordinateurs, ont été jetés dans la rue. Des rumeurs disent aussi que le bureau des Frères également à Alexandrie dans la quartier d’Asafra a été brûlé pendant que les affrontements continuent ce vendredi soir à Sidi Gaber, juste en dehors de la zone militaire nord d’Alexandrie et dans la rue Feld Maréchal Ismail ainsi que dans les rues avoisinantes. À Mahalla le siège du parti Justice et liberté (parti des Frères Musulmans) a été brûlé pendant que des affrontements opposent manifestants et Frères Musulmans qui tentent de protéger leur siège à Tanta. Les quartiers généraux des Frères Musulmans auraient été brûlés dans 5 villes pendant que des affrontements ont lieu dans de nombreuses villes.

À Zagazig, la maison de Morsi a été encerclé par le mouvement du 6 avril qui appelle les habitants à venir les rejoindre et empêcher la famille de Morsi de rentrer chez elle. Le trafic des trains entre le Caire et la Haute Égypte a été bloqué par des barrages sur la voie à hauteur de Giza, Al Ayat et Al Badrasheen.

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Au Caire plusieurs marches ont été organisées de différents endroits de la ville, place Nafoura (où ont eu lieu des affrontements), et place Sayeda Aisha par exemple, pour se rejoindre dans la banlieue de Moqattam où est situé le quartier général des Frères. Beaucoup de femmes dans les manifestants. Les manifestants ont brûlé sur leur route le bureau des Frères à El-Manial avant de se rendre à Moqattam, 6 km plus loin.

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A protester who opposes the Muslim Brotherhood throws a burning tyre towards police guarding the Brotherhood headquarters in Cairo

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Egyptian policemen write a report at a destroyed branch headquarters of the Muslim Brotherhood after protesters broke in to the building in the Manial neighborhood in Cairo

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Un aspect de la grande marche vers Moqattam

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Checkpoint on the road up to #moqattam

Les Frères Musulmans avaient mobilisé les Frères de tout le pays pour protéger leur quartier général. Quand les manifestants sont arrivés à Moqattam, les jeunesses des Frères Musulmans ont commencé à les attaquer violemment puis se sont réfugiés derrière les 3000 policiers qui protègent le quartier général des Frères Musulmans en scandant “État islamiste”, “Sharia contre l’État séculier” ou “Police et islamistes, front commun” pendant que les manifestants crient “Les Frères ne sont pas des musulmans”. Et toujours “Le peuple veut la chute du régime” ou “À mort Mohamed Badie” (le chef de la confrérie).

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Une véritable guerre civile dans les rues autour de Moqattam a lieu actuellement entre manifestants et habitants d’un côté et la police et les Frères de l’autre. Les affrontements pourraient bien durer tout la nuit. Les habitants du quartier ont créé des milices pour protéger les maisons et pour empêcher les bus de Frères venant de tout le pays, d’approcher le quartier. Ce qui oblige ces derniers à venir à pied ou à être déposés à une station de métro pour ensuite rejoindre leur quartier général. Sur le trajet, des gens depuis leurs balcons encouragent les manifestants et injurient les Frères Musulmans ou leur jettent des objets sur la tête ou encore de l’urine. Le niveau de violence atteint est selon des participants hallucinant. Des Frères Musulmans tirent avec des armes à feu. Du coup, des bus qui les transportent ont été brûlés, des ambulances qui transportent des Frères blessés sont bloquées. Des Frères Musulmans qui ont été capturés par les manifestants sont lynchés, battus violemment par les manifestants, torturés même disent certains, et leurs corps ensanglantés abandonnés sur la chaussée.

Des Frères Musulmans ont enfoncé les portes de la mosquée de Moqattam pour s’y réfugier.

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Vidéo de bus des Frères Musulmans qui brûlent (il y en aurait à cette heure 4 de brûlés et des microbus)

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Manifestant devant un bus des Frères Musulmans qui brûlehttp://juralib.noblogs.org/files/2013/03/0413.jpg

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Manifestations dans la semaine avant ce vendredi

Jeudi 21 mars, à Port-Saïd des milliers de manifestants ont accompagné pour ses funérailles Salah Abdel Azim assassiné par la police. Les gens chantaient “Le peuple veut la chute du gouvernement” et “Aussi longtemps que le sang égyptien vaudra aussi peu, nous ferons tomber les gouvernements”.

À Suez, mercredi 20 mars, la troisième armée de campagne a procédé à l’évacuation de 120 familles qui occupaient illégalement des logements, pendant qu’un groupe de protestataires se rassemblait pour dénoncer la répression d’une manifestation de sans emplois par l’armée la veille mardi.

Mercredi toujours, les employés du Sénat au Caire ont manifesté pour dénoncer les appointements supérieurs de 90 membres qui ont des places plus importantes parce qu’ils font partie des Frères Musulmans et leur attitude persécutrice à leur égard.

Les résidents de Salloum dans le gouvernorat de Matrouh ont bloqué la route dans la semaine reliant l’Égypte et la Libye pour protester contre les règles imposées par les nouveaux visas de Tripoli. Les autorités libyennes exigent maintenant que les Égyptiens d’acquérir un visa de 10 jours coûte l’équivalent de LE500. Les manifestants ont bloqué la route aux camions libyens entrant et sortant du pays.

Les étudiants de l’université religieuse Al Azhar qui forme les principaux religieux du pays, ont manifesté toute la semaine pour dénoncer les mauvaises conditions d’hébergement dans les dortoirs, la mauvaise nourriture et les violences faites par la police aux étudiantes en grève de la faim pour les mêmes raisons. Ils réclament la démission du responsable des résidences étudiantes.

Mardi 19 mars, les journalistes photos ont manifesté devant le Sénat pour dénoncer les attaques croissantes dont les salariés des médias sont victimes.

Le 19 mars également les amis de Okacha présentateur télé ont manifesté devant la Haute Cour pour demander l’annulation de sa condamnation à 6 mois de prison pour avoir insulté le président.

Lundi soir 18 mars, deux personnes sont mortes lors d’affrontements au Caire dans le quartier de Shubra. Un jeune de 15 ans a été assassiné par le fils de Gamal Saber, coordinateur du Lazem Hazem — un groupe de soutien salafiste à l’ancien candidat à la présidentielle Hazem Salah Abou-Ismail.

Aussitôt environ 200 personnes, avec les parents du garçon mort, ont voulu venger cette mort en essayant de lyncher l’assassin salafiste en tirant grenaille, lançant des cocktails Molotov et brandissant des armes blanches contre les policiers qui le protégeaient. Soixante-dix voitures particulières ont été brisées et quatre magasins ont été attaqués au cours des violences. Deux personnes ont été tuées dans les affrontements. Le criminel a été finalement arrêté. Les habitants du quartier de Shubra ont salué l’arrestation du criminel par la police, un certain nombre d’entre eux formant des chaînes humaines autour de la station de police dans lequel le fils de Saber était détenu pour empêcher qu’il soit libéré par les salafistes.

Lundi 18 mars aussi a eu lieu une manifestation à Alexandrie en solidarité avec le militant Hassan Mustafa, qui a été condamné à 2 ans de prison sans raison.

La contestation se déplace sur le terrain social

Des milliers de travailleurs de la Société Idéal ont protesté contre le Conseil d’État lundi 18 mars demandant l’annulation de la décision de privatisation de l’entreprise.

Idéal était une société d’État jusqu’à sa privatisation en 1997. Les nouveaux propriétaires de l’entreprise ont donné aux travailleurs le choix de continuer à travailler pour eux ou de quitter l’entreprise avec une indemnité de deux mois de salaire pour chaque année travaillée.

Mais les travailleurs privatisés ont un salaire mensuel de 900 LE, pouvant être licenciés à tout moment alors que les employés de la société d’État recevaient 1200 LE sans pouvoir être licenciés.

Mais surtout dimanche 17 mars, la violence dans différents gouvernorats a été causée par les conditions que le FMI a mis à l’Égypte pour lui donner son aide. Le gouvernement a accentué ses restrictions du gasoil subventionné, ce qui a eu comme conséquence la hausse de son prix au marché noir et rendu la vie des gens de plus en plus difficile. Il y a eu plusieurs dizaines de blessés et 1 tué dans des affrontements à Beni Suef, Qalyubiya et Assiut. Plusieurs automobilistes ont coupé la route entre Beni Suef et Gharbiya. À Qalyubiya, les affrontements ont eu lieu les armes à la main. Le train et les véhicules ont été complètement bloqués à Mahalla al-Kobra pour la deuxième journée consécutive. À Kafr el Sheikh, les manifestants ont bloqué la mairie avec des chaînes. Les paysans à Beheira se disant incapables de payer le gasoil ont attaqué une station pour se servir. Pareil à Daqahliya. La route a été coupée à Hurghada. Des bagarres ont également eu lieu entre automobilistes provoquant la mort de l’un d’entre eux à Giza.

Parmi les mesures récemment évoquées pour satisfaire le FMI, il y a le fait de relever de 9000 à 12’000 LE le plafond de l’exonération d’impôts sur le revenu, l’augmentation des tarifs douaniers sur les produits de luxe ainsi que les taxes sur les alcools, les cigarettes, l’acier et le ciment qui avaient provoqué un soulèvement en décembre et d’autres mesures encore. Outre ces mesures, le gouvernement entend augmenter les prix du carburant, de l’essence et du gasoil, ce qui entraînerait une hausse des prix de 50 % d’après les experts. Ce qui serait une catastrophe. Déjà 20 % des Égyptiens vivent avec à peine plus d’un dollar par jour.

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Mais surtout ce qui inquiète toute l’Égypte ce sont les restrictions ou la hausse annoncée du prix du pain, par l’abandon d’une partie des subventions d’État. Or le pain subventionné est la base de l’alimentation égyptienne. Ce qui rendra la situation hautement explosive dans toute l’Égypte. Tout le monde ayant le souvenir des émeutes du pain en 1977 et 2008. Une première expérimentation devrait avoir lieu dans deux mois à Port-Saïd.

Déjà des centaines de boulangers subventionnés ont saccagé pour la deuxième fois ce mardi 19 mars le ministère de l’alimentation pour protester contre les restrictions de gasoil qui font monter les prix en criant “À bas Morsi, à bas Bassem Ouda” (le ministre).

Après les étudiants, les islamistes perdent les élections chez les journalistes

Dans les élections professionnelles étudiantes, sur 21 universités publiques (Port-Saïd n’a pas encore voté), les groupes d’opposition laïcs ont obtenu 66% des sièges contre 34% aux Frères Musulmans, ces derniers n’obtenant la majorité que dans une seule université semble-t-il, alors qu’ils ont mis tout leur poids pour influencer le vote, leur base sociale se trouvant surtout là et sachant que l’an passé ils avaient la majorité dans 12 universités.

Pour les élections professionnelles dans la presse, malgré une violente campagne hostile du pouvoir, les journalistes ont élu un opposant au régime des Frères, Diaa Rashwan, qui a remporté la présidence du syndicat des Journalistes avec 1280 voix contre 1015 voix pour son principal concurrent Abdel-Mohsen Salama.

Quant aux 6 membres élus du conseil du syndicat, ils représentent tous le « courant de l’indépendance » opposé à l’intervention de l’État dans les affaires du syndicat et connu pour son hostilité au régime des Frères Musulmans.

Les résultats de ces élections sont perçus comme un message fort adressé au régime des Frères Musulmans, accusé de vouloir mettre au pas les journalistes indépendants.

Pour Gamal Fahmi, membre réélu du conseil, ces élections sont le début d’un combat crucial. “Aujourd’hui, le syndicat des Journalistes s’est libéré de la poigne des Frères musulmans et de leurs tentatives de le kidnapper.”

Depuis l’élection du président Mohamad Morsi il y a près de huit mois, deux journalistes ont été tués sur le terrain, plus de 150 ont été convoqués par le Parquet général pour des délits de publication, dont 25 accusés de diffamation du président de la République. Les agressions corporelles contre les journalistes hostiles aux islamistes se sont multipliées, alors que plusieurs publications ont vu leurs numéros confisqués et leurs locaux assiégés ou incendiés. Sous une nouvelle Constitution qui n’exclut pas la peine de prison pour les délits de publication et qui autorise la fermeture des journaux, les journalistes se sentent sans défense.

À l’annonce des résultats, des centaines de journalistes en liesse ont investi les locaux du syndicat et des slogans hostiles aux Frères Musulmans y ont retenti.

Après les élections des unions estudiantines, celles des journalistes viennent confirmer la tendance et le poids réel des Frères Musulmans avec une base populaire en pleine érosion. L’incendie des sièges des Frères Musulmans de ce soir en est une illustration. Comme le disait un écrivain connu “le compte à rebours pour le départ des Frères Musulmans a commencé”.

Jacques Chastaing, 22 mars 2013 – 23h22

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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 12:07

Mali : la guerre de la cocaïne

Depuis dix ans, le nord du pays est une plaque tournante de l’acheminement de la poudre blanche sud-américaine vers l’Europe. Militaires, politiques, ethnies… Le trafic a trouvé des relais dans tous les camps, djihadistes inclus. L’intervention française a coupé la route [sic - NdJL]. Jusqu’à quand ?

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Les villas de “Cité cocaïne”, à Gao, désertées par leurs propriétaires enrichis par le trafic et pillées par la population

À l’angle de deux rues en latérite, dans le centre de Bamako, la villa en impose. De style méditerranéen, elle comprend plusieurs appartements ouvrant sur des balcons et des terrasses ombragées. Voilà des mois que l’ensemble est désert : ses occupants, espagnols et latino-américains, ont quitté la capitale… À Gao, la grande cité du Nord, les villas du quartier arabe sont aujourd’hui vides. La population les a pillées dès le 26 janvier, jour où les forces armées franco-maliennes ont chassé les djihadistes de la ville. Les propriétaires de ces demeures luxueuses — essentiellement des Lamhar, un clan arabe de la région — avaient déjà déguerpi, craignant des représailles. Ici, même les gamins savent d’où provient la fortune de ces grands commerçants, étroitement liés aux islamistes. Le quartier, désormais en ruine, est surnommé Cocaïnebougou. “Cité cocaïne.”

Parmi les multiples racines de la crise que traverse le Mali, en voie d’être sauvé par l’intervention militaire, le trafic international de drogue a joué un rôle important. En moins de dix ans, le pays est devenu l’une des principales zones de transit de la coke sud-américaine vers l’Europe. Une montée en puissance orchestrée par les cartels colombiens et vénézuéliens. Au début des années 2000, ceux-ci décident de contourner les routes maritimes et aériennes directes, trop surveillées à leur goût, pour faire de l’Afrique de l’Ouest la plaque tournante du trafic destiné au marché européen. Les cargaisons, acheminées à travers l’Atlantique par bateau ou avion, seront désormais débarquées dans les pays côtiers : Guinée-Bissau, Gambie, Ghana… À partir de là, les immensités désertiques du nord du Mali, frontalières de la Mauritanie, de l’Algérie et du Niger, offrent un “boulevard” pour convoyer les chargements jusqu’aux rives de la Méditerranée. “Au fil des années, la présence de l’État n’a cessé de se réduire dans le nord du territoire, déplore un ancien ministre, originaire de Gao. Le pouvoir de Bamako y était déjà fragilisé par la rébellion touareg, les rivalités ethniques, la contrebande ”traditionnelle” et la présence d’Aqmi, et les narcotrafiquants se sont engouffrés dans cette brèche.”

15 milliards d’euros depuis dix ans

Selon le dernier rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Unodc), 18 tonnes de cocaïne auraient transité par l’Afrique de l’Ouest en 2010, après un pic de 47 tonnes en 2007. D’autres sources avancent une moyenne annuelle oscillant entre 40 et 80 tonnes. “Un flou absolu règne sur les quantités, mais elles sont forcément sous-estimées car toutes les filières ne sont pas connues”, estime pour sa part Mathieu Pellerin, spécialiste des questions de sécurité au Sahel.

La valeur totale de la cocaïne ayant traversé depuis dix ans le Sahara avoisinerait les 15 milliards d’euros. De quoi s’assurer bien des complicités… Les narcos graissent la patte de douaniers, policiers, militaires, mais aussi de chefs de milices communautaires. Sans oublier les politiciens, toutes ethnies confondues, dont certains proches d’Amadou Toumani Touré, alias ATT, l’ex-président de la République, déposé par un coup d’État le 22 mars 2012 et actuellement réfugié au Sénégal.

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Les voies du traffic de cocaïne en Afrique de l’Ouest

Cette chaîne de corruption est indispensable pour assurer le transit des cargaisons de drogue sur des milliers de kilomètres de piste. Il faut recruter des guides et des chauffeurs de 4×4 chevronnés, souvent des Touareg, ainsi que des gardes armés. À chaque portion de territoire traversée, chefs de tribu et de milice réclament un droit de passage. Ils se font aussi payer pour assurer la sécurité du convoi jusqu’à l’étape suivante. Parfois, la marchandise change plusieurs fois de mains en cours de route : les sacs de coke sont alors déposés dans une maison abandonnée ou enterrés en plein désert, à un endroit identifié par sa position GPS. Pour une livraison acheminée à bon port, un chauffeur peut percevoir 2500 euros. Après deux ou trois allers-retours réussis, le véhicule lui est offert. Une vraie fortune à l’échelle locale : beaucoup de jeunes désœuvrés se pressent pour jouer les “petites mains” des réseaux.

Un temps en retrait, les terroristes d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) ont fini par entrer à leur tour dans le circuit. Avant la guerre, ils prélevaient une dîme équivalant à 10 % de la valeur des convois pour les escorter de l’extrême nord du Mali vers le Maroc, la Libye ou le Tchad. “Ce n’était pas leur revenu principal”, précise toutefois, au téléphone, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, un cadre du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), groupe touareg séparatiste qui a déclenché la dernière rébellion en janvier 2012. Cet ancien député de la région de Gao, poursuivi par la justice malienne pour “sédition” et “atteinte à l’intégrité du territoire national”, a observé de près les connexions entre narcos et djihadistes. “Les terroristes d’Aqmi reversaient aux trafiquants de drogue une partie des rançons reçues pour libérer les otages occidentaux, poursuit-il. En retour, ils se faisaient ravitailler en logistique : véhicules, armes, médicaments, matériel électronique…”

De juteuses commissions à chaque libération d’otage

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Baba Ould Cheikh

Dans cette “Mali connection”, quelques personnages ont joué sur tous les tableaux. Parmi eux, Baba Ould Cheikh, 45 ans, maire de la commune de Tarkint. Issu de la communauté Lamhar, “Baba”, comme on le surnomme, dirige depuis les années 2000, à Gao, deux entreprises de bâtiment et de transport. Grâce à sa flotte de camions, il importe illégalement d’Algérie tous les produits de consommation courante qui alimentent le nord-est malien. Autant dire qu’il connaît du monde… Dès 2003, il devient ainsi l’un des négociateurs officieux chargés par les autorités de Bamako d’obtenir la libération des premiers otages enlevés par Aqmi. Il noue des liens de confiance avec les Algériens Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, deux des principaux chefs djihadistes (qui auraient été tués les 22 février et 2 mars derniers). À chaque libération obtenue, Baba Ould Cheikh s’octroie de juteuses commissions. Il est dans les petits papiers du président ATT, qu’il peut joindre directement sur son portable. Mais Baba fait aussi dans la “poudre”. Avec des “hommes d’affaires” espagnols, latino-américains et libanais bien établis à Bamako, il organise en 2009 un coup énorme. Trop, peut-être… L’affaire est si incroyable qu’elle va attirer l’attention des services secrets occidentaux et de la presse internationale.

Nous voici en novembre 2009, en plein désert. Un Boeing 727-200 atterrit près de Tarkint, après avoir coupé ses systèmes de communication. En provenance du Venezuela, cet avion transporte au moins 5 tonnes de cocaïne. Quelques jours plus tard, la sécurité d’État malienne “découvre” son épave, calcinée. En fait, l’appareil n’a pas pu redécoller : les narcos l’ont incendié après avoir transbordé la cargaison sur des 4×4. Durant trois semaines, les autorités tentent d’étouffer le scandale d’”Air Cocaïne”. L’enquête débouchera un an plus tard sur l’arrestation, à Bamako, de neuf personnes. Dans le lot, un Français, mais également un proche du fameux Baba : Mohamed Ould Awainat, un entrepreneur de Gao, l’homme qui avait fait aménager la piste d’atterrissage du Boeing. Depuis, tous ces suspects ont bénéficié d’un non-lieu et d’une remise en liberté, en janvier et en août 2012. Entre-temps, plusieurs sources ont certifié que le même avion avait déjà atterri, et à plusieurs reprises, à Tarkint… Au-delà de l’enrichissement personnel, ce business a nourri bien des intérêts politiques. “Les narcos achetaient les élections locales et faisaient élire certains députés”, raconte Mohamed Ould Mahmoud, consultant pour des ONG. Drapé d’un boubou blanc, ce membre d’une grande famille berabiche (arabe) de Tombouctou, poursuit : “Le régime d’ATT a laissé certains clans, liés au trafic, armer des milices pour combattre les rebelles touareg. Quitte à attiser les rivalités entre communautés et à faire du Nord une “narco région”…”

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Pour Mohamed Ould Mahmoud, consultant pour des ONG, le régime de l’ex-président Amadou Toumani Touré a sciemment laissé le nord du Mali devenir une “narco région”

Ainsi, les tribus nobles touareg des Ifoghas, acteurs majeurs de la rébellion, ont trouvé face à elles l’armée régulière malienne mais aussi deux groupes paramilitaires : l’un recrutant chez des clans touareg de rang inférieur ; l’autre parmi les Arabes de Gao [Pour enraciner leur business, les narcotrafiquants et leurs alliés politiques ont joué délibérément sur les tensions ethniques et les rivalités à l'intérieur même des communautés du nord du Mali. Depuis 2006, afin de contrer la rébellion touareg menée essentiellement par les lignées nobles du massif des Ifoghas, deux milices communautaires ont ainsi été formées et armées grâce à l'argent de la cocaïne. La première recrute parmi les Imghad, des tribus touareg vassales, autrement dit considérées de rang "inférieur". La seconde milice regroupe certains membres des clans Lamhar (arabes), originaires de la vallée du Tilemsi, dans la région de Gao. Ces derniers ont aussi profité de leur nouvelle puissance pour contester la suprématie des Kountas, autre tribu arabe réputée pour son savoir religieux. "L'argent de la drogue a déstructuré la société traditionnelle au profit d'intérêts personnels et d'arrières pensées politiques, explique un fin connaisseur des chefferies du nord malien. D'autant plus que les djihadistes se sont appuyés sur ces manœuvres pour instaurer leur nouvel ordre politico-religieux." Le même phénomène s'est déroulé dans la région de Tombouctou, entre différents clans berabiche (arabes) dont certains, impliqués dans le trafic de cocaïne, se sont alliés à Aqmi.]. Ces milices, commandées par deux officiers de haut rang toujours en activité, agissent aussi bien sous les couleurs de l’armée malienne que pour leur propre compte. Quand, au printemps 2012, les groupes islamistes armés s’emparent des villes du Nord, le trafic de drogue connaît une nouvelle embellie. Un autre avion suspect atterrit près de Gao. Baba Ould Cheikh et son ami Mohamed Ould Awainat s’associent au Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), lié à Aqmi. D’autres narcos locaux, dont un ancien député et le beau-fils d’un ex-ministre, pactisent avec le chef djihadiste Mokhtar Belmokhtar… “Dans ces groupes hybrides, chaque partie a trouvé son avantage : un ancrage local pour les djihadistes, un “parapluie” en remplacement de l’État malien pour les trafiquants”, commente le chercheur Mathieu Pellerin. Le 4 février dernier, sur le marché de Gao, ville libérée, le maire, Sadou Diallo, se promenait en compagnie d’un invité encombrant : Baba en personne… Menacé d’être lynché, ce dernier a été remis à la gendarmerie malienne. Il est parvenu à s’enfuir, la nuit suivante. Contre une enveloppe, semble-t-il, de 750’000 francs. Soit 1150 euros.

“Une culture de l’impunité a longtemps régné sur ces affaires de trafic, tempête Daniel Tessougué, le nouveau procureur général de la cour d’appel de Bamako. J’ai demandé que l’on me transmette le dossier d’Air Cocaïne, je l’attends toujours…” Précédé d’une réputation d’incorruptible, ce magistrat de 54 ans a rendu publics, en février, 28 mandats d’arrêt lancés contre des ressortissants maliens, dont huit pour “trafic international de drogue”. D’autres poursuites sont en cours. À ce jour, toutes les personnes recherchées sont dispersées dans la nature. Certes, depuis l’intervention militaire dans le nord du Mali, les routes de la cocaïne sont paralysées [sic - NdJL]. Mais les narcos planchent déjà sur d’autres itinéraires, en particulier via le nord du Niger. La poudre et le sable n’ont pas fini de voisiner.

Publié par des larbins du narcotrafic (de notre envoyé spécial Boris Thiolay, avec Dorothée Thiénot, LExpress.fr, 21 mars 2013)

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Published by coutoentrelesdents - dans LUTTES

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