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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 10:26

Organisons-nous face aux contrôles domiciliaires CAF !

Aujourd’hui, dans chaque antenne CAF, un panneau d’affichage dresse une liste de condamnations exemplaires en cas de fraude (amendes, peine de prison, etc.). Des campagnes de presse mettent en avant la figure du millionnaire RSAste. Au nom de la bonne gestion de l’argent public, tout allocataire est suspect.

Soyons clairs, il s’agit de nous faire culpabiliser, de nous humilier, d’instaurer un climat de peur. De quoi nous décourager par avance en nous faisant oublier qu’il s’agit de droits et non de l’argent de poche donné par un père autoritaire, tant qu’on le mérite.

Nous sommes des millions à devoir nous serrer la ceinture, à faire des pirouettes pour payer les factures, la bouffe et les transports. Les loyers explosent et il est très dur de les payer même avec l’allocation logement. Tout le monde sait, y compris la CAF, qu’il est presque impossible de survivre avec le montant du RSA.

Et pourtant, dans un contexte de crise toujours plus marqué, le gouvernement français est encore passé à la vitesse supérieure.

Qu’il s’agisse de l’annonce du nouveau plan d’austérité qui promet la baisse des allocations sociales, ou de la campagne publique lancée depuis plusieurs mois contre la « fraude sociale », c’est toujours aux plus pauvres et aux plus précaires qu’il s’agit de s’attaquer.  Regardez, là un chômeur qui triche, là une allocataire que ne déclare pas son compagnon… ce sont eux les vrais responsables de la crise !

C’est aussi pour faire face à cette politique de culpabilisation de plus en plus agressive, que les CAFards, collectif de chômeurs et précaires, ont réalisé un petit guide pratique pour faire face aux contrôles domiciliaires de la CAF. Dispositif répressif parmi d’autres, le contrôle domiciliaire est exemplaire de ce qui se trame contre nous de l’autre côté du guichet.

Avec ce guide pratique, nous donnons quelques billes à chacun pour se débrouiller là où il se trouve, mais nous faisons surtout un appel à se rencontrer, à partager des informations, des pratiques, des idées. Là où ils voudraient nous enfermer dans la peur et l’isolement, il nous faut inventer de nouvelles formes de lutte et de solidarité.

Je me débrouille, tu te débrouilles, ils nous contrôlent…
Embrouillons-les !

CAFards – Collectif de chômeurs et précaires
Contact : cafardsdemontreuil@riseup.net

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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 10:21

Étranges coutumes et mauvaises habitudes

Arroser plus que de raison un événement familial est une tradition assez répandue dans nos contrées. En général, cela ne porte guère à conséquences.

Sauf si vous avez l’imprudence de remonter en voiture et de rencontrer une patrouille de police.

C’est pour avoir fait honneur à cette coutume bien de chez nous que messieurs Arezki Kerfali et Ali Ziri ont été embarqués dans une fourgonnette en direction du commissariat d’Argenteuil, dans la soirée du 9 juin 2009. Le premier devra, en mars prochain, répondre du délit d’outrage à agents de la force publique devant le tribunal de grande instance de Pontoise. Le second ne peut plus répondre de quoi que ce soit ; transféré vers 22 h à l’hôpital d’Argenteuil, il y est mort au matin du 11 juin.

Dès l’annonce de ce décès, les circonstances qui l’ont entouré étaient suffisamment peu claires pour que se constitue un collectif pour demander avec insistance que soit établie la vérité sur ces événements et que justice soit rendue [On trouvera quelques traces de tout cela dans trois marches d'escalier qui bibliothèque].

Si, dans cette affaire, vérité et justice semblent encore bien peu accessibles, le collectif a au moins obtenu qu’elle ne soit pas classée à grande vitesse au prétexte qu’il n’y avait « pas de suspicion de bavure » puisque, selon le parquet de Pontoise, la première autopsie pratiquée sur le corps d’Ali Ziri « exclu[ai]t que la cause du décès puisse résulter d’un traumatisme, et conclu[ai]t qu’elle [était] due au mauvais état de son cœur »…

Relevé des hématomes au cours de la contre-autopsie menée en juillet 2009
par Dominique Lecomte, directrice de l’institut médico-légal du quai de la Rapée à Paris

Un article de Louise Fessard [Cet article est réservé aux abonnés, mais, pour l'essentiel, il est consultable sur le site de l'ATMF — Association des Travailleurs Maghrébins de France — qui héberge le collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri. Il a aussi été repris, sans les illustrations, sur Danactu-Résistance.], paru dans Mediapart le 25 novembre 2011, fait un point assez complet sur les différentes étapes de l’enquête, citant abondamment les divers rapports d’experts médicaux et les déclarations des gardiens de la paix d’Argenteuil. Il est sans doute permis de dire qu’il n’est pas toujours possible d’effectuer, entre ces différents discours, des recoupements qui soient d’une netteté absolue. On oserait même affirmer que des investigations plus approfondies seraient nécessaires pour arriver à une vérité un peu plus certaine qu’une certaine vérité…

Mais le préambule de la journaliste semble bien pessimiste :

« Deux ans après cette mort et l’ouverture d’une information judiciaire pour “homicide involontaire et violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique”, trois juges d’instructions se sont succédé, sans avoir entendu un seul des policiers impliqués.

L’instruction close depuis le 2 septembre 2011, le procureur de la République de Pontoise doit rendre ses réquisitions d’ici le 2 décembre. Aucune personne n’ayant jusqu’ici été mise en examen, le collectif de soutien à Ali Ziri et Me Stéphane Maugendre, avocat de la famille et président du Gisti, redoutent un non-lieu, c’est-à-dire l’abandon de l’action judiciaire. (…) »

Autrement dit, l’affaire semble d’ores et déjà « pliée », comme l’a, semble-t-il, été Ali Ziri dans la fourgonnette de la police…

La dangereuse technique de contention, dite « du pliage », est évoquée par Louise Fessard, à la suite du témoignage d’une gardienne de la paix lors d’une audition par l’IGPN :

« Face à l’agitation de M. Ziri, je me suis retournée, dos à la route, les genoux sur le siège, j’ai attrapé M. Ziri sous l’aisselle gauche. Il ne se laissait pas faire, j’ai fait pression en le maintenant, sa tête plaquée sur les genoux. Je l’ai maintenu ainsi en mettant les deux mains au niveau de chacune de ses aisselles, mon pouce vers l’intérieur de ses aisselles, et en faisant pression vers le bas. »

Louise Fessard rappelle que cette mauvaise habitude policière est « formellement interdite depuis la mort en janvier 2003 d’un Éthiopien expulsé par la police aux frontières (PAF). Ce jeune homme de 23 ans était décédé d’avoir passé vingt minutes maintenu de force le torse plié, la tête touchant les cuisses, et menotté dans un siège d’avion à la ceinture serrée. »

Un rassemblement du collectif

Le collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri appelait aujourd’hui à un rassemblement en direction de la sous-préfecture d’Argenteuil.

À l’exception de Mediapart — et de Métro, dans un article d’aujourd’hui —, nos quotidiens, qui préfèrent sans doute de l’information plus gratinée à la sauce Sofitel, n’ont pas jugé bon d’en parler.

Il est vrai que réclamer la vérité et la justice quand des policiers aux mauvaises habitudes d’interpellation pourraient être mis en cause, cela ne fait pas vraiment partie de nos us et coutumes.

L’escalier qui bibliothèque, 29 novembre 2011.

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Leur presse (VOnews.fr), 30 novembre 2011.


Comment Ali Ziri est mort asphyxié, « plié » par les policiers

Interpellé par la police le 9 juin 2009 à Argenteuil, lors d’un contrôle de la route musclé, Ali Ziri, un retraité algérien de 69 ans, tombe le soir même dans le coma à l’hôpital d’Argenteuil, où il décédera le 11 juin.

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Ali Ziri, arrivé en France en 1959

Deux ans après cette mort et l’ouverture d’une information judiciaire pour « homicide involontaire et violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l’autorité publique », trois juges d’instructions se sont succédé, sans avoir entendu un seul des policiers impliqués.

L’instruction close depuis le 2 septembre 2011, le procureur de la République de Pontoise doit rendre ses réquisitions d’ici le 2 décembre. Aucune personne n’ayant jusqu’ici été mise en examen, le collectif de soutien à Ali Ziri et Me Stéphane Maugendre, avocat de la famille et président du Gisti, redoutent un non-lieu, c’est-à-dire l’abandon de l’action judiciaire. Et ce en dépit de plusieurs rapports mettant en cause le rôle des policiers.

Il y a en particulier cet avis de la commission nationale de déontologie de la sécuritéévoquant un « traitement inhumain et dégradant » et deux expertises médicales liant la mort d’Ali Ziri à l’utilisation de techniques de maintien sur un homme âgé et fortement alcoolisé (2,4 grammes par litre). La dernière expertise, en date du 15 avril 2011, conclut à « un épisode hypoxique (une diminution de la quantité d’oxygène apportée aux tissus – ndlr) en rapport avec les manœuvres d’immobilisation et les vomissements réitératifs ».

Pour Me Stéphane Maugendre, c’est la technique policière du pliage, consistant à plaquer le torse du prévenu sur ses genoux en exerçant une pression, « qui est à l’origine de l’asphyxie ayant conduit au décès d’Ali Ziri ».

Le 9 juin 2009, à 20h30, trois jeunes gardiens de la paix d’Argenteuil effectuent un banal contrôle sur une voiture, qui, selon leurs dépositions, faisait des « embardées sur toute la largeur de la route ». À son bord, Arezki Kerfali, le conducteur de 61 ans, handicapé à 60% suite à un accident du travail, et son « ami de 35 ans », Ali Ziri, un chibani revenu passer quelques jours en France pour effectuer des achats avant le mariage de son fils.

L’ambiance est à la fête, les deux hommes ont descendu plusieurs verres dans l’après-midi et « sentent fortement l’alcool », notera un policier. Le contrôle tourne mal. Les deux amis sont d’abord conduits au commissariat d’Argenteuil, l’un pour conduite en état d’ivresse, et l’autre pour outrage, puis à l’hôpital d’Argenteuil, où Ali Ziri meurt le 11 juin 2009.

La technique du pliage est-elle à l’origine de la mort d’Ali Ziri ?

Durant le trajet entre le lieu d’interpellation et le commissariat d’Argenteuil, les gardiens de la paix immobilisent les deux hommes menottés, qui, selon les policiers, gesticulaient, crachaient et les injuriaient.

« Face à l’agitation de M. Ziri, je me suis retournée, dos à la route, les genoux sur le siège, j’ai attrapé M. Ziri sous l’aisselle gauche, explique ainsi une gardienne de la paix lors de son audition par l’IGPN. Il ne se laissait pas faire, j’ai fait pression en le maintenant, sa tête plaquée sur les genoux. Je l’ai maintenu ainsi en mettant les deux mains au niveau de chacune de ses aisselles, mon pouce vers l’intérieur de ses aisselles, et en faisant pression vers le bas. »

Cette technique, dite du pliage, est pourtant formellement interdite depuis la mort en janvier 2003 d’un Éthiopien expulsé par la police aux frontières (PAF). Ce jeune homme de 23 ans était décédé d’avoir passé vingt minutes maintenu de force le torse plié, la tête touchant les cuisses, et menotté dans un siège d’avion à la ceinture serrée.

Interrogés par leurs collègues le 10 juin 2009, deux des policiers interpellateurs préfèrent d’ailleurs d’abord évoquer un simple maintien contre le siège. « Je me suis alors mise sur les genoux, dos à la route pour maintenir monsieur Ziri contre le siège afin qu’il ne recommence pas », explique ainsi la même gardienne de la paix.

Selon Me Stéphane Maugendre, Ali Ziri aurait en fait été maintenu plié « entre 3 minutes et demie et cinq minutes ». Les nombreux hématomes découverts sur son corps lors des autopsies pourraient avoir été causés par ce maintien forcé. En juillet 2009, une contre-autopsie menée par Dominique Lecomte, la directrice de l’institut médico-légal du quai de la Rapée à Paris, avait en effet relevé plus d’une vingtaine d’hématomes, pour certains très importants (17 cm) et pouvant « correspondre à des lésions de maintien », ainsi qu’un « appui dorso-lombaire et thoracique latéral droit, de l’épaule et du bras droit ».

Schéma montrant les multiples hématomes découverts sur le corps d’Ali Ziri lors de la seconde autopsie

Constatant également des signes d’asphyxie mécanique des poumons, elle avait conclu à « un arrêt cardio-circulatoire d’origine hypoxique par suffocation multifactorielle (appui postérieur dorsal, de la face et notion de vomissements) ».

Une troisième expertise du 15 avril 2011, demandée par le juge d’instruction, confirme que l’arrêt cardiaque constaté aux urgences est « secondaire à un trouble hypoxique en rapport avec les manœuvres d’immobilisation et les vomissements itératifs ». « Quel que soit le degré d’agressivité de M. Ziri, il s’agissait d’un homme âgé de 69 ans, pour lequel le manque de discernement a conduit à des comportements qui n’étaient pas sans conséquence sur (son) état de santé », indique sévèrement l’expert.

Reste à savoir pourquoi les policiers qui ont, semble-t-il, utilisé une technique interdite n’ont pas été inquiétés sur ce point. Dans son rapport de synthèse du 11 mars 2010, l’IGPN indique, assez benoitement, n’avoir « au cours de cette enquête (…) pas pu déterminer l’origine des hématomes dorsaux lombaires ».

Pourquoi les deux hommes sont-ils restés près d’une heure allongés dans leur vomi ?

À l’arrivée d’Ali Ziri et d’Arezki Kerfali au commissariat le 9 juin, c’est l’effervescence : le portail est grand ouvert et une dizaine de policiers, alertés par un message radio de leurs collègues (« Alpha, prévoyez un comité d’accueil, on a trop de souci dans le véhicule »), se précipitent dans la cour.

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L’extraction du véhicule de police d’Ali Ziri filmée par une caméra du commissariat.

« Il est assez rare qu’un véhicule demande à ce qu’on ouvre la porte pour lui, cela suppose que le policier ne peut pas, pour une question de danger, s’absenter de la voiture, dira par la suite un lieutenant de police d’Argenteuil, entendu par l’IGPN. De plus, la demande de renfort pour accueillir les arrivants est également très rare, cela suppose cette fois que le véhicule ramène des interpellés particulièrement virulents. »

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Cinq secondes plus tard, des policiers emmènent Ali Ziri

Les deux dangereux délinquants de 61 et 69 ans ne semblent cependant plus très agités. Ils doivent même être portés par des policiers jusqu’au commissariat. Selon les déclarations des policiers à l’IGPN, Ali Ziri, tout à fait conscient, se serait violemment débattu. « Il était lourd (82 kilos – ndlr), et se débattait avec virulence, explique ainsi un gardien de la paix entendu le 10 décembre 2009 par l’IGPN. Il ne voulait pas sortir de la voiture, il ne se calmait pas, et n’a pas cessé de nous insulter (…). Il tentait de donner des coups de pied dans le vide. »

La Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS), qui a pu visionner les images de la caméra de la cour, décrit une tout autre scène : « Ali Ziri est littéralement expulsé du véhicule (…), il est dans un premier temps jeté au sol puis saisi par les quatre membres, la tête pendante, sans réaction apparente, et emmené dans cette position jusqu’à l’intérieur du commissariat. »

Pour Me Stéphane Maugendre, les images de l’extraction d’Ali Ziri  montrent donc clairement qu’il « est arrivé quasiment inconscient au commissariat ».

À l’intérieur du commissariat, les deux hommes, toujours menottés et qui commencent à vomir par saccades, sont placés en position couchée (sur le ventre, sur le dos ou en position latérale de sécurité, selon des témoignages policiers divergents).

Toujours d’après les policiers entendus par l’IGPN, Ali Ziri et Arezki Kerfali auraient continué à s’agiter et à les injurier, traitant notamment une gardienne de la paix de « vieille salope ». Mais à ce point, Ali Ziri n’est, en fait, même plus capable de se voir notifier ses droits, comme le constate l’officier de police judiciaire (OPJ) de service. Il « n’est pas en état de comprendre ce que nous lui notifions », « titube (…) ne se déplaçant que soutenu par deux fonctionnaires de police » et « ne répond que par borborygmes », écrit-il à 20h50 dans son procès-verbal, avant de demander le transfert immédiat des deux hommes à l’hôpital d’Argenteuil.

C’est l’heure de la relève et le transfert n’aura lieu que vers 22 heures. « Les réquisitions qui auraient dû être faites par les agents interpellateurs ne l’étaient pas », justifiera un commandant de police à l’IGPN.

Entre-temps, les policiers interpellateurs rédigent deux plaintes contre Arezki Kerfali et Ali Ziri (toujours à même le sol), respectivement pour outrage, et pour outrage et rébellion.

Dans son avis de mai 2010, la CNDS considère comme « inhumain et dégradant » le fait d’avoir laissé les deux hommes « allongés sur le sol du commissariat, mains menottées dans le dos, dans leur vomi, à la vue de tous les fonctionnaires de police présents qui ont constaté leur situation de détresse, pendant environ une heure ». Pour Me Stéphane Maugendre, Ali Ziri est « resté mourant pendant plus d’une heure ».

L’hôpital est-il fautif ?

C’est la thèse initiale du parquet de Pontoise qui a d’abord orienté l’enquête sur le délai de prise en charge d’Ali Ziri aux urgences. À son arrivée vers 22h05, bien qu’Ali Ziri ait immédiatement été placé sur un brancard, l’infirmière n’a pas jugé son cas prioritaire. Ce n’est qu’à 22h45 qu’un médecin, alerté par son teint gris, l’a trouvé en arrêt cardio-respiratoire et l’a emmené en réanimation.

Un cardiologue, expert près la cour d’appel, a ainsi estimé que « le délai de 40 à 45 minutes écoulé entre l’admission de Monsieur Ali Ziri à l’hôpital d’Argenteuil et sa prise en charge a contribué au décès de l’intéressé ». Une analyse contredite par l’expertise du 15 avril 2011 qui juge que « compte tenu de l’état d’Ali Ziri à son arrivée à l’hôpital, de son motif de passage, de l’affluence à ce moment-là, de la cause retenue pour l’arrêt cardiaque, la prise en charge a été conforme à la pratique habituelle ».

Et qui ajoute que « dans ces conditions, il est scientifiquement impossible d’affirmer que la prise en charge immédiate d’Ali Ziri dès son arrivée aux urgences aurait modifié le pronostic ».

L’enquête a-t-elle été bâclée ?

Alors que le parquet doit rendre son réquisitoire d’ici le 2 décembre, aucun des policiers, pourtant mis en cause par plusieurs rapports, n’a été entendu par les juges d’instruction successifs.

Pourtant, comme le rappelle Me Stéphane Maugendre, la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme considère que « lorsqu’un individu est placé en garde à vue alors qu’il se trouve en bonne santé et qu’il meurt par la suite, il incombe à l’État de fournir une explication plausible sur les faits qui ont conduit au décès ».

En cas de privation de liberté, « la charge de la preuve pèse sur les autorités », insiste la Cour dans cet arrêt du 1er juin 2006.

Dans l’affaire Ali Ziri, c’est l’inverse qui semble s’être produit. « Sans la mobilisation d’un collectif d’associations, l’affaire était enterrée depuis longtemps », estime aujourd’hui Mohamed Nemri, de l’association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), à l’origine de la création du collectif vérité et justice.

Le jour même de la mort d’Ali Ziri, une première autopsie attribue ce décès à une hypertrophie cardiaque et un fort taux d’alcoolémie (2,4 grammes par litre). Fin de l’affaire pour le commissariat d’Argenteuil, qui s’empresse de délivrer, dès le 15 juin, un permis d’inhumer.

« Quelques jours plus tard, les policiers ont même demandé à son neveu, Nacer Kefil, le passeport algérien d’Ali Ziri pour rapatrier au plus vite son corps en Algérie », raconte Arezki Semache, cousin d’Ali Ziri.

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1322799823.jpgAlerté par Arezki Kerfali, un collectif d’associations organise le 24 juin une grande marche, qui permet de relancer l’enquête. Le 8 juillet, le parquet de Pontoise ouvre une information judiciaire pour homicide involontaire, mais la cantonne aussi sec aux « faits commis à l’hôpital d’Argenteuil entre le 9 juin 2009 à 22h13 et le 11 juin 2009 ».

En clair, la juge d’instruction désignée peut enquêter sur la prise en charge d’Ali Ziri par le personnel des urgences, mais surtout pas sur ce qui s’est passé avant, lors de l’interpellation… Intrigué par les ecchymoses constatées sur le corps d’Ali Ziri à l’hôpital par plusieurs membres de sa famille, leur avocat, Samy Skander, obtient une deuxième autopsie qui conclut à « un arrêt cardio-circulatoire d’origine hypoxique par suffocation multifactorielle (appui postérieur dorsal, de la face et notion de vomissements) ».

Il faudra encore deux demandes de la juge d’instruction, qui écrit que « les constatations médicales semblent situer les causes du décès lors de la mise en œuvre des gestes techniques d’interpellation par les policiers », pour que le procureur consente, en septembre 2009, à élargir l’enquête aux faits précédant l’entrée à l’hôpital d’Ali Ziri.

Spécificité française, tout au long de la procédure, ce sont des policiers qui enquêtent sur des policiers : d’abord des officiers de police judiciaire d’Argenteuil qui interrogent dès le 10 juin 2009 leurs trois collègues, puis l’inspection générale de la police nationale (IGPN).

L’un des seuls regards extérieurs vient de feu la commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS, une autorité administrative indépendante aujourd’hui remplacée par le défenseur de droits), qui, en mai 2010, demande à ce que des poursuites soient engagées contre plusieurs fonctionnaires de police pour « traitement inhumain et dégradant ». En vain.

Depuis juin 2009, trois juges d’instructions se sont succédé, Marie-Denise Pichonnier, puis Jean-Marc Heller, remplacé fin août 2011 par Laurène Roche-Driencourt. Une situation liée, selon Me Stéphane Maugendre, à l’« état catastrophique de l’instruction en banlieue parisienne ».

Aucun n’a jugé utile d’entendre les policiers. Même refus concernant les demandes des deux avocats d’organiser une reconstitution, et le visionnage de la vidéo enregistrée par la caméra de la cour du commissariat.

« La présomption d’innocence existe, y compris pour les policiers mais l’enquête n’a pas été menée comme dans un dossier normal, dénonce Me Stéphane Maugendre. Dans un dossier normal, trois personnes suspectées d’avoir tapé sur un policier auraient immédiatement été mises en examen. Le fait que, dans l’attente de la fin de l’instruction, les policiers n’aient même pas été déplacés d’Argenteuil renforce le sentiment d’impunité. »

Arezki Kerfali a-t-il été victime de violences policières ?

L’autre interpellé, Arezki Kerfali, affirme lui avoir fait un malaise, après avoir été mis au sol lors de l’interpellation du 9 juin. « Les policiers m’ont marché sur les pieds, sur les épaules et ont posé un pied sur ma tête », explique-t-il au téléphone. Une version démentie par les témoignages des policiers et des commerçants recueillis par l’IGPN.

« Il était dans un état épouvantable à sa sortie de garde à vue, le 10 juin 2009 », affirme cependant sa femme, Josianne Kerfali, qui a eu le réflexe de photographier les hématomes de son mari.

Le dépôt de plainte pour violences a également été un chemin de croix. « Arezki Kerfali ne voulait pas retourner au commissariat d’Argenteuil, relate Mohamed Nemri. Nous sommes allés à la gendarmerie d’Argenteuil, qui a refusé de prendre sa plainte, puis au commissariat voisin de Bezons, où le commandant de police a également refusé, au motif que des collègues étaient concernés et qu’il ne pouvait pas être juge et partie ! » Finalement déposée au tribunal de grande instance de Pontoise, la plainte n’a, d’après le dossier, donné lieu à aucune investigation.

Le 9 juin 2009 au commissariat, un jeune homme en garde à vue dit pourtant avoir été témoin d’une scène choquante. « L’un des policiers est venu vers cet homme (Arezki Kerfali – ndlr) et il a posé son pied sur la tête du Monsieur et lui a dit une phrase du genre “Tu vas essayer”, il fait bouger la tête en appuyant avec son pied comme on pourrait le faire avec une serpillière, explique-t-il, entendu par l’IGPN le 11 décembre 2009. C’est comme s’il voulait lui faire essuyer son vomi avec sa tête. »

Aucun des policiers n’a été questionné sur cette grave allégation. En revanche, Arezki Kerfali reste poursuivi pour outrage. Convoqué en mars 2011 au tribunal de grande instance de Pontoise, il a obtenu que l’audience soit repoussée à mars 2012.

Deux ans et demi après les faits, Arezki Kerfali est toujours sous antidépresseurs et suivi par un psychiatre. « On ne s’en est pas remis », soupire sa femme, qui parle d’« acte raciste ».

« Je ne dors plus, je fais des cauchemars, explique Arzki Kerfali. Je voudrais que ces policiers soient suspendus. Ça fait quarante ans que je suis en France et je n’avais jamais vu des policiers se comporter comme ça. »

Leur presse (Louise Fessard, Mediapart), 25 novembre 2011.

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 10:54

Alors que les licenciements sont devenus des plans de sauvegarde de l’emploi, ou que votre banquier se veut votre partenaire, il est temps de se poser certaines questions. Franck Lepage s’est lancé dans cette bataille très politique : celle des mots. Avec d’autres travailleurs socioculturels, lassés des euphémismes et des mensonges du langage du pouvoir, il a lancé une coopérative d’éducation populaire : la Scop Le Pavé. Leurs « conférences gesticulées » sillonnent la France... et la Toile.

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Photo : source

Les vidéos de ses « spectacles » cartonnent sur la toile. La plus connue, « langue de bois » a été vue plus de 500 000 fois sur le Net (Youtube et Dailymotion cumulés). Il s’agit d’un extrait de six minutes d’un one-man show de Franck Lepage, Inculture(s). Ce n’est pas simplement drôle, c’est incroyablement intelligent, à la fois politique et instructif. D’ailleurs, ce n’est pas un sketch. Et Franck Lepage n’est pas un humoriste. Et ce ne sont pas vraiment des spectacles, plutôt des « conférences gesticulées ». La Scop (société coopérative et participative) Le Pavé, qui les produit, n’est pas une troupe de saltimbanques mais une coopérative d’éducation populaire, créée en 2007 par des travailleurs socioculturels, écœurés par le fonctionnement des institutions publiques.


FRANCK LEPAGE - LANGUE DE BOIS par Tarnyko

« Je me suis battu pendant plus de dix ans au niveau national pour réhabiliter la question de l’éducation populaire. Et puis j’en ai eu marre. Nous étions plusieurs lassés ne pas pouvoir faire d’éducation populaire, à devoir nous prostituer dans des logiques de projets pour obtenir des subventions. Nous avons alors décidé de créer notre propre machin pour faire exactement ce que nous souhaitions », explique-t-il crûment. Franck Lepage a voulu monter sa boîte, et aussi voulu monter sur scène pour dénoncer « le mensonge de la démocratisation culturelle » : « Cette idée que balancer du fumier culturel sur la tête des pauvres, ça va les faire pousser et qu’ils vont rattraper les riches. »

Le langage, terrain de la lutte de classe

Inculture(s), son « spectacle », est parti de là. Un spectacle hybride, empreint de vulgarisation politique et de décryptage engagé. Une conférence gesticulée. Et cela a cartonné. Au point qu’il n’a plus arrêté et que toute l’équipe du Pavé a dû s’y coller. Aujourd’hui, il existe des conférences gesticulées sur l’école, le management, le travail et les retraites, la fin du pétrole, le sexisme, l’insertion… De son lieu d’ancrage au fin fond de la Bretagne (La Godais, un patelin d’Ille-et-Vilaine), l’équipe du Pavé accompagne aussi chaque année une vingtaine de personnes pour qu’elles puissent réaliser leurs propres conférences gesticulées.

En octobre dernier, Franck Lepage était invité à faire escale à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. D’abord pour présenter Inculture(s) 2 (la suite) : « Et si on empêchait les riches de s’instruire plus vite que les autres... Ou comment j’ai raté mon ascension sociale » (voir l’extrait ci-dessous). Il y explique au moyen d’un parapente, devant un public de 250 personnes, comment le système scolaire actuel perpétue invariablement les inégalités sociales. Ensuite pour animer, en compagnie de son homologue Filipe Marques, de la Scop L’Engrenage à Tours, un atelier pratique de désintoxication de la langue de bois. « L’éducation populaire, c’est aussi se réapproprier un langage critique et inventer des modes de résistance au langage positif », qui, selon Franck Lepage, n’est rien de moins qu’un nouveau visage du fascisme, « si on veut bien comprendre le fascisme comme l’élimination de la contradiction ».

Êtes-vous défavorisés ou exploités ?

Des exemples ? Le capitalisme s’appelle désormais développement, la domination se nomme partenariat, l’exploitation se dilue dans la gestion des ressources humaines et l’aliénation a l’apparence d’un projet. « Ces mots, il faut les combattre, parce qu’ils ne sont pas inoffensifs. Ils modifient profondément notre réalité et nous font penser différemment », explique Franck Lepage, en introduction de l’atelier qui a réuni à Montreuil près de 70 personnes.

« Depuis les années 1970, des mots disparaissent et d’autres apparaissent. Ça ne se fait pas comme ça. Le pouvoir mène un travail considérable sur les mots. »Avant tout parce que le langage est un enjeu de lutte et de rapport de force entre classes dominante et dominée. « Avant, les pauvres, on les appelait les exploités. Aujourd’hui, ce sont des défavorisés. Si bien que votre perception n’est pas la même suivant qu’on utilise l’un ou l’autre terme. » Pourquoi ? « Dans un cas, vous pouvez penser la situation de la personne non pas comme un état, mais comme un processus qui s’appelle l’exploitation, avec nécessairement un exploiteur quelque part. Dans l’autre cas, le pauvre, c’est simplement quelqu’un qui n’a pas eu de bol, parce que le processus de “défavorisation”, ça n’existe pas, et les “défavorisateurs” non plus. C’est ce qui fait toute la différence. »

Votre patron : un collaborateur ou un partenaire ?

Pour mieux se convaincre de la perversité du capitalisme, il suffit, poursuit Lepage, d’observer l’évolution des ouvrages de management, qui font office de référence en matière d’idéologie des puissants. « C’est la théorie de Luc Boltanski et d’Eve Chiapello, deux sociologues qui, dans Le Nouvel Esprit du capitalisme, ont cherché le mot qui revenait le plus souvent dans les manuels de management. En 1960, c’est le mot hiérarchie. Vu que les bouquins s’adressent à des dirigeants, ça paraît logique. Dans les ouvrages des années 2000 – surprise !–, le mot a disparu. Pourtant, la hiérarchie n’a pas disparu des entreprises. C’est simplement qu’on ne peut plus la nommer. Alors, à votre avis, quel est le mot qui l’a remplacé, et arrive maintenant en tête de liste ? » Dans la salle, chacun y va de sa proposition. « Participation ? Compétiton ? Collaboration ? Partenariat ? » Il y a de l’idée, mais ce n’est pas cela. « Alors vous aussi, vous sentez le piège quand on vous dit que votre patron, c’est votre collaborateur, et que votre banquier, c’est votre partenaire », ironise Lepage avant de livrer la solution. « Cela va vous surprendre, ce mot, c’est projet. Et ça, ça veut dire qu’aujourd’hui c’est lui notre nouvel ennemi. »

Pour combattre efficacement un ennemi, il faut d’abord le connaître, savoir d’où il vient et comment il se manifeste. Et nul besoin de chercher bien loin. Il suffit de se remémorer ses cours de français au chapitre « figures de style » pour décoder le mécanisme de la langue de bois. Rien de tel donc, qu’une petite séance de révision collective : « On démarre avec les euphémismes. Pour mémoire, cela sert à atténuer une réalité sociale pour nous la rendre moins violente. Je vous écoute », lance Filipe Marques, en prenant position au tableau. Dans le public, tout le monde semble se prendre au jeu. « On ne dit plus “vieux”, on dit “senior” », lance quelqu’un. « Cela, c’est magique, remarque l’animateur.Parce que dans notre esprit, un senior, c’est un vieux qui bouge encore. Avant, on parlait de personnes âgées, et puis on s’est rappelé que ça voulait dire vieux. Alors, c’est devenu troisième âge. Et maintenant c’est senior, mais ça peut encore évoluer. »

Vous êtes plutôt croissance négative ou discrimination positive ?

D’autres exemples suivent : les pays sous-développés, qui sont devenus les pays en voie de développement, puis les pays émergents. Les aveugles qui sont devenus les non-voyants, les chômeurs qui sont devenus des demandeurs et même des prospecteurs d’emploi (et maintenant des candidats à l’emploi, dixit le site de Pôle emploi). On pourrait y passer la journée, mais il y a encore plein d’autres figures de style à étudier. On passe à l’hyperbole, où chacun s’accorde à dire que « qualifier de prise d’otages une grève des transports, c’est vrai que c’est quand même un peu exagéré. »

Au tour de l’oxymore. « C’est la juxtaposition de deux réalités contradictoires, rappelle Filipe Marques, pédagogue. L’idée, c’est de mettre un terme positif à côté d’un terme négatif pour lui conférer une connotation sympathique. Ça fonctionne d’ailleurs très bien, et c’est pour ça que c’est une des principales catégories politiques », poursuit-il, en inscrivant au tableau les trouvailles de chacun : développement durable, discrimination positive, entreprise citoyenne, croissance négative... « Prenez l’égalité des chances, par exemple, intervient Lepage. Si on prend le temps d’y réfléchir calmement, on s’aperçoit que ça veut précisément dire inégalité. En gros, ça revient à dire que le lapin et la tortue, ils ont la même ligne de départ. » Après l’oxymore, on en vient naturellement au pléonasme, où l’on continue de bien s’amuser avec la démocratie participative, le lien social ou encore la solidarité active.

Licenciements collectifs ou plan de sauvegarde de l’emploi ?

Et la liste est encore longue ! Il y a même une catégorie qui n’est pas répertoriée dans la littérature française, mais très en vogue en langue de bois. Dans le lexique de l’éducation populaire, ils appellent ça des « technicisateurs ». « Il s’agit en fait de renommer de manière technique et moderne une réalité, afin de la revaloriser de manière tout à fait symbolique, en faisant croire qu’elle s’est modifiée. Plus insidieusement, ça permet aussi de passer d’une obligation de moyen à une obligation de résultat », définit Franck Lepage. Et voilà comment un balayeur devient technicien de surface, comment un distributeur de sacs poubelle devient un ambassadeur du tri ou une caissière un agent d’accueil. On s’attarde encore un peu sur la magie des anglicismes et sur la coolitude de« brainstorming, coach, team-manager et briefing ». Même chose pour les sigles, excellent moyen de faire oublier la réalité qu’ils recouvrent.

À regarder le tableau se remplir et à réaliser tous ensemble qu’aujourd’hui un licenciement collectif s’appelle un plan de sauvegarde pour l’emploi, on se dit que George Orwell dans 1984 (publié en 1949) avait déjà tout compris. Pas question d’en rester au stade du simple constat. Les révisions terminées, les participants sont tous invités à perfectionner leur pratique et leur connaissance de la langue de bois en se prêtant par petits groupes à une série d’exercices, telle que la traduction d’un article de presse en y supprimant les effets de langage, la rédaction d’une lettre de licenciement en hyperlangue de bois ou encore la réalisation d’un « ridiculum vitae »… (Un détour sur le site d’Attac, où sont répertoriés les différents travaux, est vivement conseillé…)

Résister par l’humour

« Tout ça, c’est super, parce qu’on s’aperçoit qu’on est tous lucides sur le phénomène, mais, concrètement, comment fait-on pour résister ? », interroge un participant. Car c’est bien là tout l’enjeu de cet atelier d’éducation populaire.« La première chose, c’est essayer de réinstaurer un rapport de force en se réappropriant ce langage dont on nous a privés, en appelant un chat un chat. Organisez des ateliers autour de vous, maintenant que vous avez vu comment cela fonctionne », répond Franck Lepage. Vidéos et outils méthodologiques sont disponibles sur le site Internet de la Scop Le Pavé. « Plus il y aura de gens désintoxiqués, plus nombreux seront ceux qui auront envie de résister. »

Et s’il y a quelque chose qui semble se combiner à merveille avec l’éducation populaire et que Franck Lepage manie à la perfection, c’est bien la résistance par l’humour. « Il y a un truc marrant à faire et que vous pouvez tester lors des vœux du maire, en assemblée générale, au prochain séminaire ou comité de votre entreprise, c’est de préparer des petits cartons sur le modèle des grilles de loto, où vous inscrivez des séries de concepts opérationnels, et que vous distribuez à des collègues complices. Le premier qui remplit sa grille a gagné et se lève pour crier “Bingo !” »

Linda Maziz

En savoir plus

L’agenda des conférences gesticulées sur le site de la Scop Le Pavé.

La rubrique dédiée à la désintoxication du langage, avec vidéos explicatives et un guide pratique pour animer un atelier est à télécharger directement sur le site.

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 10:24

AFP /REUTERS 
29-11-2011 - 19h18

Empoisonnements nucléaires : revendication d'un groupe terroriste japonais

Un groupe terroriste japonais a fait parvenir dans la journée aux grandes agences de presse une lettre revendiquant une vaste opération d'empoisonnement. Le groupe, "réseau de représailles populaires contre les criminels nucléaires" [核の犯罪者に対する一般的報復のネットワーク ] affirme avoir réussi à empoisonner simultanément de nombreux dirigeants de l'industrie nucléaire internationale. Selon la lettre de revendication, l'action terroriste a été rendu possible grâce à de nombreux complices parmi les "nettoyeurs" de la centrale de Fukushima-Daichi I et des "employés clandestins" de plusieurs chaînes hôtelières de luxe. Parmi les victimes supposées se trouveraient plusieurs ministres japonais, des membres des équipes dirigeantes de TEPCO, AREVA, General Electric, ainsi que des dignitaires de l'Agence Internationale de l’Energie Atomique. La lettre, transmise immédiatement aux services antiterroristes, indique: "avec les doses qu'ils ont reçues, leurs systèmes immunitaires devrait s’effondrer rapidement dans les heures qui viennent, et la mort intervenir en moins d'une semaine. Nous leur souhaitons une mort lente et douloureuse. Tant qu'ils nous empoisonneront, nous leur ferons manger leur poison". 
Le document précise que les radioéléments utilisés pour l'empoisonnement proviendraient directement des piscines de combustibles usagés de l'usine de Fukushima-Daichi I.

Les entreprises et institutions visées par ces attaques supposées se sont pour l'heure refusées à tout commentaire. Certains employés de General Electric, de Tepco et d'Areva, ont assuré, sous couvert de l'anonymat, que plusieurs "personnalités importantes" de ces entreprises ont été aujourd'hui hospitalisés en urgence.

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 10:00

hwar-anti-france.jpg

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 08:28

http://pix.toile-libre.org/upload/original/1322675888.jpg

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 20:02
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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 19:45
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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 19:25

WOW

http://zone-7.net/v3/wp-content/uploads/illusion-optique-1.png

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 18:40

SIC 1

Revue internationale pour la communisation
disponible au Malandrin (à prix libre)

http://malandrin.noblogs.org

Édito / Présentation

Cette revue se propose d’être le lieu où se déploie la problématique de la communisation. Elle est la rencontre de quatre groupes-revues existants qui, conjointement à la publication de SIC, continuent leur vie propre : Endnotes au Royaume-Uni ; Blaumachen en Grèce ; Théorie communiste en France ; Riff-Raff en Suède. S’y retrouvent également des groupes théoriques plus ou moins informels aux États-Unis (New York et San Francisco), ainsi que de nombreux individus en France, en Allemagne, ou ailleurs, engagés dans d’autres activités et se retrouvant dans la démarche théorique entreprise ici. SIC est aussi le dépassement (continuité et rupture) de la revue Meeting (quatre numéros en français de septembre 2004 à juin 2008) qui avait organisé durant l’été 2008 une rencontre internationale d’où est partiellement sorti le projet SIC comme publication réellement internationale explorant la problématique de la communisation dans la conjoncture nouvelle de la crise ouverte en 2008. Aucun des participants à ce projet ne considère sa participation comme exclusive ou permanente et SIC peut naturellement accueillir des participations théoriques extérieures.

 

La revue aura une édition en langue anglaise qui sera la publication internationale et une édition en langue française, tous les textes seront sur un site Web dans les langues disponibles. En Grèce et Suède, les camarades de Blaumachen et Riff-Raff, outre la diffusion de leurs propres textes publiés dans SIC, intégreront des traductions des textes de SIC dans leur publication ou pourront faire des éditions particulières de certains textes. Cette dernière possibilité est vivement encouragée dans tout autre pays et langue.

La communisation
Dans le cours de la lutte révolutionnaire, l’abolition de l’État, de l’échange, de la division du travail, de toute forme de propriété, l’extension de la gratuité comme unification de l’activité humaine, c’est-à-dire l’abolition des classes, des sphères privée et publique, sont des « mesures » abolissant le capital, imposées par les nécessités mêmes de la lutte contre la classe capitaliste. La révolution est communisation, elle n’a pas le communisme comme projet et résultat.

On n’abolit pas le capital pour le communisme mais par le communisme, plus précisément par sa production. En effet, les mesures communistes doivent être distinguées du communisme : ce ne sont pas des embryons de communisme, c’est sa production. Ce n’est pas une période de transition, c’est la révolution, la communisation n’est que la production communiste du communisme. La lutte contre le capital est bien ce qui différencie les mesures communistes du communisme. L’activité révolutionnaire du prolétariat a toujours pour contenu de médier l’abolition du capital par son rapport au capital, ce n’est pas la branche d’une alternative en concurrence avec la reproduction du mode de production capitaliste mais sa contradiction interne et son dépassement.

À la fin des années 1960 et début des années 1970, toute une période historique dans laquelle, de diverses manières, la révolution avait été conçue, tant théoriquement que pratiquement, comme l’affirmation du prolétariat, son érection en classe dominante, la libération du travail, l’instauration d’une période de transition, entre en crise et s’achève. C’est dans cette crise qu’apparut le concept de communisation.

Dans cette crise, critiquer toutes les médiations de l’existence du prolétariat dans le mode de production capitaliste (parti de masse, syndicat, parlementarisme), critiquer des formes organisationnelles comme le parti ou l’avant-garde, des idéologies comme le léninisme, des pratiques comme le militantisme et toutes ses variantes, tout cela apparut comme sans objet si ce n’était pas la révolution comme affirmation du prolétariat que l’on mettait en jeu. Que celle-ci soit l’autonomie ouvrière ou la généralisation des conseils ouvriers. C’est la lutte en tant que classe qui est, à l’intérieur d’elle-même, devenue le problème, sa propre limite. Par là, elle annonce et produit comme son dépassement la révolution comme communisation.

Depuis, dans le cours contradictoire du mode de production capitaliste, l’affirmation du prolétariat, la libération du travail, ont perdu tout sens et tout contenu. Il n’existe plus d’identité ouvrière propre face au capital et confirmée par lui. C’est la dynamique révolutionnaire des luttes de notre époque qui montre le refus actif – contre le capital – de la condition prolétarienne, y compris au sein de l’auto-organisation ou de manifestations éphémères et limitées d’autogestion. La lutte du prolétariat contre le capital contient la contradiction à sa propre nature d’être une classe du capital.

L’abolition du capital, c’est-à-dire la révolution et la production du communisme, est immédiatement abolition des classes et donc du prolétariat, dans la communisation de la société qui est ainsi abolie comme communauté séparée de ses membres. Les prolétaires abolissent le capital en produisant contre lui une communauté immédiate à ses membres, ils transforment leurs rapports sociaux en relations immédiates entre individus. Relations entre individus singuliers qui ne sont plus chacun l’incarnation d’une catégorie sociale, y compris les catégories supposées naturelles comme les sexes sociaux de femme et d’homme. La pratique révolutionnaire est la coïncidence du changement des circonstances et de l’activité humaine ou autochangement.

Une problématique
Cette approche minimale de la communisation ne constitue ni une définition, ni même une plateforme, mais énonce une problématique.La problématique d’une théorie, ici la théorie de la révolution comme communisation, ne se borne pas à une liste de thèmes ou d’objets conçus par cette théorie, elle n’est pas non plus la synthèse de tous les éléments qui sont pensés. Elle est le contenu d’une théorie, sa manière de penser, en regard de toutes les productions possibles de cette théorie.

- L’analyse de la crise actuelle et des luttes de classe qui lui sont intrinsèques.

- L’historicité de la révolution et du communisme.

-La périodisation du mode de production capitaliste et la question de la restructuration du mode de production après la crise de la fin des années 1960 / début des années 1970.

- L’analyse de la question des genres dans la problématique de la lutte de classe actuelle et de la communisation.

La définition du communisme comme but mais aussi comme mouvement qui abolit l’état de choses existant. Que dire maintenant du communisme ?

- Peut-on identifier une théorie de l’abolition du capital et une théorie de la production du communisme ?

- Une remise en chantier de la théorie de la forme valeur (dans la mesure où la révolution n’est pas l’affirmation du prolétariat et la libération du travail).

Par définition aucune liste des sujets relevant d’une problématique ne peut être exhaustive.

Une activité
Aucune théorie ne se contente de dire « voilà ce qui arrive », « ça parle ». Quand la théorie dit « c’est ainsi » ou « voilà comment », SIC en un mot, c’est une construction intellectuelle spécifique. Abstraite et critique par rapport à l’immédiateté des luttes, c’est là la relative autonomie de la production théorique. Dans la période actuelle, repérer, promouvoir les activités qui dans la lutte du prolétariat en tant que classe sont la remise en cause même de son existence en tant que classe, signifie que c’est ce rapport critique qui change. Il n’est plus une extériorité, il est un moment de ces luttes, il est investi en elles, c’est-à-dire qu’il est un rapport critique non vis-à-vis de la lutte des classes et de l’expérience immédiate, mais dans cette expérience immédiate.

Si agir en tant que classe est devenu la limite même de l’action de classe, si ceci tend à devenir le cours le plus banal des luttes, les luttes immédiates, pratiquement et dans leur propre discours, produisent, à l’intérieur d’elles-mêmes, une distance interne. Cette distance, c’est la perspective communisatrice comme articulation théorique concrète, objective, de l’expérience théoricienne des luttes et de la théorie dans sa formulation abstraite et critique telle qu’elle est produite et existe ici et dont la diffusion devient une activité pratique primordiale.

Porter le devenir social du concept-clé de cette théorie, la communisation, tel est l’objectif de cette revue. Cette tâche, c’est l’activité de partisans de la communisation, engagés dans des luttes de classe avec les conflits qui les traversent. Dans le moment actuel, la théorie comme ensemble d’activités concrètes (écriture, revue, réunion, diffusion sous de multiples formes, etc.) devient directement elle-même une détermination objective.

La revue papier vient d’arriver…

Le site ICI

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